L’acteur Dylan Robert, de la prison à la prison, en passant par un César

Trois ans de prison ferme pour l’acteur Dylan Robert, révélé par « Shéhérazade » en 2019.

Dylan Robert,
Marseillais de la Belle de Mai dans le 3e, César du meilleur espoir masculin

En 2019, quelques mois à peine après son César du meilleur espoir masculin, Dylan Robert participait à une série d’arrachages de colliers à Marseille.

« Moitié irakien, moitié tunisien, presque une allure de gitan, » selon la presse, le jeune homme a été condamné, vendredi, à quatre ans de prison, dont trois ferme.

« Aujourd’hui je suis limite gâché », se défend le jeune acteur de 24 ans, barbe de trois jours bien taillée, natte retenant sa chevelure noire, dans le box du tribunal correctionnel de Marseille.

« J’avais besoin d’argent »

Février 2019, il remportait un César pour son rôle de petite frappe dans le film Shéhérazade. Sa carrière était lancée. « Je vivais des choses extraordinaires d’un côté », explique-t-il. Mais d’un autre, dans son quartier de Marseille, il retombait dans « une spirale ». « J’avais besoin d’argent » et « le Festival de Cannes, ce n’est pas rémunéré », explique-t-il, cinq ans après les faits, à la présidente, en évoquant sa montée des marches en mai 2018.

Alors qu’il est incarcéré pour des faits de délinquance, une éducatrice lui parle d’une audition du réalisateur Jean-Bernard Marlin pour la distribution de rôles du film Shéhérazade. Selon lui, le film alors en projet a été « un bon dossier devant le juge ». Durant tout le tournage, un éducateur pénitentiaire l’accompagne. Dylan Robert effectue plusieurs séances d’orthophonie avant le tournage. Il obtient à 18 ans le César du meilleur espoir masculin pour le film Shéhérazade.

Entre avril et juillet 2019, il a commis une série de vols, le juge d’instruction en retenant une quinzaine. Avec un de ses amis du quartier, désormais en fuite, condamné lui en son absence à cinq ans de prison, ils procédaient toujours de la même façon : approche en scooter, arrachage d’un bijou, avec violence s’il le fallait, et fuite.

Parmi les blessés, une dame de 59 ans s’est cassé le col du fémur pour trois bracelets volés. Le butin était ensuite revendu à 25 euros le gramme de métal précieux. Pendant l’enquête, il avait expliqué qu’il avait été sous l’emprise de l’alcool et de la drogue. Il voulait aussi prouver à ses amis du quartier qu’il faisait toujours partie des leurs.

« La vie n’est pas un cinéma »

Dylan Robert et Kenza Fortas, les deux acteurs principaux, nominés aux César 2019, du film Shéhérazade

Son avocate, Me Valérie Coriatt, a tenté d’expliquer comment ça avait « disjoncté dans sa tête », quand on lui a proposé, à lui, le minot qui ne savait alors ni lire ni écrire, le casting de Shéhérazade, alors qu’il se trouvait dans une prison pour mineurs. Les conséquences de comportements, sans les causes…

« Je n’y ai jamais vraiment cru à cette chance-là. C’est une fois qu’elle a été gâchée que j’ai commencé à comprendre », commente le le chanceux qui a grandi en milieu polygame, avec une mère célibataire décrite par l’avocate comme maltraitante. Vendredi, seule sa compagne s’était déplacée pour le soutenir à l’audience.

« La vie n’est pas un cinéma, surtout pour les victimes », dont certaines sont réellement traumatisées, a jugé de son côté Me Christian Bellais, pour les parties civiles. Dylan Robert s’est excusé devant le tribunal.

Dans le cadre de l’enquête sur le braquage d’un restaurant de Marseille en 2018, Dylan Robert est interpellé le 24 janvier 2020 à la gare de Marseille-Saint-Charles, puis placé en détention provisoire à la prison des Baumettes. Après être passé par le centre pénitentiaire de Draguignan, Dylan Robert est libéré en février 2021 par un juge qui le place sous contrôle judiciaire dans l’attente de son procès prévu en 2022.

Il est incarcéré le 5 janvier 2022 après avoir reconnu deux vols avec violence à Gardanne et Peypin en mars et mai 2021 et condamné le 31 janvier 2022 par le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence à trente mois de prison.

Mi-novembre 2023, il est mis en examen pour assassinat ettentative d’assassinat. Il est suspecté d’être le conducteur du scooter à partir duquel ont été tirés les coups de feu qui ont tué un adolescent de 14 ans, cité des Marronniers dans le 14e, le 18 août 2021.

Il est condamné le vendredi 15 mars 2024 à quatre ans d’emprisonnement, dont trois ans ferme et un an avec sursis probatoire pendant deux ans, avec mandat de dépôt, pour des délits d’arrachage de colliers commis entre avril et juillet 2019.

Tournage avec Maïwenn ou Jean Dujardin

Après son prix, l’acteur avait multiplié les tournages, entre ses divers séjours derrière les barreaux : une série sur Netflix, Vampires, ADN, un film de Maïwenn – elle-même auteure de menaces à l’encontre de l’actrice Julie Gayet et condamnée pour l’agression d’Edwy Plenel, ou Sur les chemins noirs, tiré du roman de Sylvain Tesson, avec Jean Dujardin.

Mais, à chaque fois, il rechute dans la délinquance : « Il fait son anniversaire avec Jean Dujardin et il retourne en prison », raconte son avocate, après une condamnation à 30 mois pour d’autres vols. Désormais d’autres échéances judiciaires l’attendent : un procès le 25 octobre dans une histoire de car-jacking.

Et une enquête en cours dans laquelle il est mis en examen et placé en détention provisoire à la prison de Draguignan pour l’homicide d’un adolescent en août 2021 à Marseille, dans une affaire de stupéfiants. Des poursuites qui, selon son avocate, sont « une honte judiciaire sur le terrain de la preuve ».

Edwy Plenel, victime de quasi ‘masculinicide’ par la comédienne Maïwenn Le Besco

Le trotskiste a-t-il porté plainte pour violences ?

Maïwenn, avec Luc Besson,
au temps où elle n’était rien.

Les articles publiés par Mediapart sur les soupçons de viol visant Luc Besson, ancien compagnon et père d’un des enfants de la cinéaste, pourraient avoir motivé « l’agression qu’il dit avoir subie dans un restaurant parisien fin février, » selon la presse, alors même que la comédienne admet les faits, dans Quotidien. Le statut d’artiste confère-t-il un droit spécial de se faire justice soi-même ?

Le cofondateur du journal en ligne – révolutionnaire trotskiste – Mediapart, Edwy Plenel, a déposé une plainte en mars contre la comédienne et réalisatrice Maïwenn Le Besco, ex-épouse de l’homme d’affaires Jean-Yves Le Fur, qu’il accuse d’agression dans un restaurant à Paris. Sur TMC, la harpie affirme en mai que la plainte ne lui a pas été notifiée, refusant toutefois de motiver son geste.

Dans sa plainte déposée le 7 mars, le président et directeur de publication du site d’investigation révolutionnaire trotskiste relate que, le 22 février, alors qu’il dînait avec un avocat dans un restaurant du 12e arrondissement de Paris, « une femme, précédemment assise, seule, à une autre table (…), a surgi et, dans un laps de temps, très court a saisi ce dernier par les cheveux avec violence, lui renversant la tête en arrière et esquissant [?] un crachat sur son visage« .

La femme, identifiée ensuite par le personnel du restaurant comme étant Maïwenn Le Besco, « est sortie précipitamment du restaurant sans que personne n’ait pu intervenir vu la rapidité de l’action ». Aucun mot n’a été prononcé lors de cette agression, qui a laissé le journaliste « très traumatisé par la haine » manifestée. L’acte a été sans conséquence sur le plan physique mais « tout à fait attentatoire sur le plan moral et psychique », est-il souligné dans la plainte.

« Il ne peut y avoir d’impunité »

« L’acte est unique mais n’en est pas moins violent, et d’une certaine manière traumatisant même en l’absence de dégât physique », a réagi Me Pierre-Emmanuel Blard, l’avocat du journaliste. « Même pour ce genre d’acte, il ne peut y avoir d’impunité », a-t-il ajouté. Quant à l’avocate de Maïwenn Le Besco, Me Julia Minkowski, épouse Benjamin Griveaux, elle n’a pas souhaité réagir.

Selon les déductions d’Edwy Plenel, qui « n’a personnellement jamais eu maille à partir » avec la réalisatrice franco-algérienne, est-il souligné dans la plainte, les articles publiés par Mediapart sur les soupçons de viol visant Luc Besson, ancien compagnon et père de Shanna Besson, l’un des enfants du réalisateur et de la cinéaste, elle-même fille de l’actrice Catherine Belkhodja et petite-fille de combattant FLN, pourraient avoir motivé son geste.

Accusé de viol par l’actrice Sand Van Roy, le réalisateur et producteur a bénéficié d’un non-lieu confirmé en appel au printemps 2022. La comédienne a déposé une plainte pour viol auprès de la justice belge, qui doit examiner sa recevabilité.

Mediapart subit la censure préalable d’un magistrat

Texte de la riposte de Edwy Plenel dans Mediapart

Saisi par l’avocat de Gaël Perdriau [maire de Saint-Etienne], le président du tribunal judiciaire de Paris [Stéphane Noël] a fait injonction à Mediapart de ne pas publier de nouvelles révélations sur les pratiques politiques du maire de Saint-Etienne, après celles du chantage à la sextape. Cette censure préalable, décidée sans débat contradictoire, est une attaque sans précédent contre la liberté de la presse.

Les précédentes enquêtes de Mediapart ayant mis au jour cette affaire, sous la plume d’Antton Rouget, n’ont fait l’objet d’aucune contestation en justice. Elles ont provoqué un grand émoi à Saint-Étiennedans la région Auvergne-Rhône-Alpesau sein du parti Les Républicains (LR) et du gouvernement, et ont été largement reprises dans les médias nationaux.

Elles ont provoqué la démission de l’adjoint à l’éducation de la municipalité et le licenciement du directeur de cabinet de Gaël Perdriau, le maire de Saint-Etienne annonçant pour sa part sa mise en retrait (sans démission) de ses fonctions de représentation à l’hôtel de ville et à la métropole, qu’il préside.

Surtout, elles ont conduit le parquet de Lyon à ouvrir une information judiciaire confiée à deux juges d’instruction pour « atteinte à l’intimité de la vie privée, chantage aggravé, soustraction de bien public par une personne chargée d’une fonction publique, abus de confiance et recel de ces infractions ». Les investigations de la justice sont en cours, après de premières gardes à vue mi-septembre, dont celle de Gaël Perdriau.

Vendredi 18 novembre, un huissier est venu au siège de Mediapart nous délivrer un acte judiciaire sans précédent de mémoire de journaliste comme de juriste.

Il nous ordonne de ne pas publier une enquête d’intérêt public à la demande expresse de la personnalité concernée sans qu’à un seul instant les arguments de Mediapart aient été sollicités. Mediapart n’était pas informé de cette procédure et l’ordonnance a été prise par un juge sans que notre journal n’ait pu défendre son travail et ses droits. 

Faisant ainsi fi du principe du contradictoire, cette décision de censure préalable est un acte arbitraire qui utilise, en la détournant, une procédure totalement étrangère au droit de la presse afin de porter atteinte à une liberté fondamentale, régie par la loi du 29 juillet 1881.

Rendue le même 18 novembre par Violette Baty, vice-présidente, agissant en tant que magistrate déléguée par le président du tribunal judiciaire de Paris, Stéphane Noël, cette ordonnance fait droit dans l’urgence à une requête déposée le même jour par l’avocat de Gaël Perdriau, Me Christophe Ingrain.

Ne pas publier sous astreinte de 10 000 euros par extrait publié. (Président du tribunal judiciaire de Paris)

Elle nous enjoint « de ne pas publier sous astreinte de 10 000 euros par extrait publié » de nouvelles révélations sur les pratiques politiques du maire de Saint-Étienne, appuyées notamment sur les mêmes enregistrements qui nous ont permis de révéler le scandale du chantage à la sextape dont a été victime son premier adjoint centriste, Gilles Artigues.

Les précédentes enquêtes de Mediapart ayant mis au jour cette affaire, sous la plume d’Antton Rouget, n’ont fait l’objet d’aucune contestation en justice. Elles ont provoqué un grand émoi à Saint-Étiennedans la région Auvergne-Rhône-Alpesau sein du parti Les Républicains (LR) et du gouvernement, et ont été largement reprises dans les médias nationaux.

Elles ont provoqué la démission de l’adjoint à l’éducation de la municipalité et le licenciement du directeur de cabinet de Gaël Perdriau, le maire de Saint-Étienne annonçant pour sa part sa mise en retrait (sans démission) de ses fonctions de représentation à l’hôtel de ville et à la métropole, qu’il préside.

Surtout, elles ont conduit le parquet de Lyon à ouvrir une information judiciaire confiée à deux juges d’instruction pour « atteinte à l’intimité de la vie privée, chantage aggravé, soustraction de bien public par une personne chargée d’une fonction publique, abus de confiance et recel de ces infractions ». Les investigations de la justice sont en cours, après de premières gardes à vue mi-septembre, dont celle de Gaël Perdriau.

Poursuivant son enquête, Antton Rouget a découvert des faits inédits qui, de nouveau, mettent en cause les pratiques du maire de Saint-Étienne, notamment dans le recours à la rumeur comme instrument politique. Mais, cette fois, leur victime est une personnalité notable de la droite, Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, dont l’ambition présidentielle est notoire.

Comme les précédentes, ces révélations s’appuient notamment sur des conversations de travail, tenues dans le bureau du maire à l’hôtel de ville de Saint-Étienne, et enregistrées afin de se protéger par la victime du chantage à la sextape, son premier adjoint Gilles Artigues, qui ont toutes été remises à la justice par ce dernier.

Une décision prise sans audience publique ni débat contradictoire, dans le secret d’un échange entre seulement deux personnes : l’avocat du demandeur et le président du tribunal.

Quand nous a été notifiée l’ordonnance de censure préalable, cette enquête n’était pas encore publiée, même si nous avions rempli toutes nos obligations, aussi bien professionnelles que légales : son intérêt public, sa base factuelle et matérielle, son respect du contradictoire.

Plusieurs personnalités concernées par ces nouvelles révélations, au premier rang desquelles Laurent Wauquiez, ont été sollicitées et ont transmis leurs réactions. Contacté en début de semaine par Antton Rouget pour répondre sur ces faits nouveaux, Gaël Perdriau avait pour sa part demandé un délai supplémentaire jusqu’au vendredi 18 novembre à 13 heures, qui lui fut volontiers accordé.

Trois heures après que nous eûmes reçu, à 12 h 57 par courriel, ses réponses détaillées, un huissier venait nous délivrer l’ordre de ne rien publier, obtenu par le même Gaël Perdriau auprès du président du tribunal judiciaire de Paris. Le maire de Saint-Étienne sait donc pertinemment quelles informations il ne veut pas voir publiées.

Cette censure préalable provient d’une décision prise dans l’urgence, sinon la précipitation, sans audience publique ni débat contradictoire, dans le secret d’un échange entre seulement deux personnes : l’avocat du demandeur et le président du tribunal. Dans ses motivations, la requête de Gaël Perdriau, qui a été ainsi satisfaite, invoque fallacieusement une atteinte à la vie privée dont nous aurions démontré, dans une audience publique, qu’elle n’existe aucunement.

Au début de l’affaire, fin août, le maire de Saint-Étienne nous avait déjà accusés – sans toutefois saisir la justice, cette fois – de procéder à un « déballage de [la] vie privée » de son adjoint Gilles Artigues, la victime du chantage à la vidéo intime. Nous lui avions alors répondu que si atteinte à la vie privée de M. Artigues il y avait dans cette histoire, elle n’était pas de notre fait mais imputable aux pratiques en vigueur à l’hôtel de ville.

Mieux encore, lorsque nous avions, dans nos précédents articles, révélé des extraits des enregistrements qu’il nous est aujourd’hui impossible de publier, Gaël Perdriau n’avait engagé aucune procédure, reconnaissant ainsi le caractère d’intérêt général de nos informations. Pourtant, le procédé, ses circonstances et son contexte étaient les mêmes, confirmant l’intérêt public de ces informations.

Cette procédure expéditive s’appuie sur deux articles du Code de procédure civile : l’article 493, qui concerne toutes les juridictions, selon lequel « l’ordonnance sur requête est une décision provisoire rendue non contradictoirement dans les cas où le requérant est fondé à ne pas appeler de partie adverse » ; l’article 875, qui relève des « dispositions particulières au tribunal de commerce » : « Le président peut ordonner sur requête, dans les limites de la compétence du tribunal, toutes mesures urgentes lorsque les circonstances exigent qu’elles ne soient pas prises contradictoirement. »

Du jamais-vu dans notre histoire républicaine depuis la loi du 29 juillet 1881 qui a enfin instauré en France, et régit encore, le droit d’information et la liberté d’expression.

A notre connaissance, jamais ce moyen exceptionnel n’a été utilisé dans une affaire de presse. À lui seul, le fait qu’un des deux articles de loi invoqués relève des tribunaux du commerce souligne, jusqu’à l’absurde, ce détournement de procédure. De fait, l’injonction de ne pas publier signifiée à Mediapart est adressée à la directrice générale de notre entreprise et non pas à son directeur de publication, pourtant seul responsable légal des contenus d’un journal.

Totalement extérieure au droit de la presse, la procédure d’exception choisie est destinée, selon la jurisprudence, à créer « un effet de surprise » qui, en l’occurrence, consiste à tuer dans l’œuf la publication d’une information sans que le journal ne puisse défendre devant des juges indépendants l’intérêt général qui justifie sa publication.

A la demande d’une personnalité politique qui est le principal protagoniste d’une affaire faisant l’objet d’un débat public et d’une enquête pénale, dans laquelle les méthodes utilisées pour déstabiliser un rival politique sont au cœur du débat judiciaire, le président du tribunal judiciaire de Paris a donc décidé, dans la solitude de son cabinet, de restaurer une arme d’Ancien Régime contre la liberté de la presse : la censure préalable.

Excepté les périodes d’éclipse démocratique, c’est du jamais-vu dans notre histoire républicaine depuis la loi du 29 juillet 1881 qui a enfin instauré en France, et régit encore, le droit d’information et la liberté d’expression.

En proclamant, dès son article premier, que « l’imprimerie et la librairie sont libres » sans y ajouter de restriction, autrement dit à l’époque par l’un de ses législateurs que « la presse et la parole sont libres », elle signifiait que le droit fondamental de diffuser des informations et des opinions ne pouvait être entravé a priori.

Mettant fin à l’autorisation préalable, à la censure et au cautionnement – les armes utilisées par tous les régimes pour contenir la liberté de la presse –, la loi de 1881 abrogea ainsi d’un coup 325 articles de 42 lois précédentes sur la presse et amnistia toutes les condamnations, sans exception, prononcées en leur nom.

Ses dispositions politiquement libérales ont permis la construction progressive d’une jurisprudence profondément démocratique, avec des tribunaux et des magistrats spécialisés, qui veille à la protection d’une liberté qui n’est pas celle des journalistes mais celle des citoyennes et des citoyens : le droit de savoir tout ce qui est d’intérêt public.

L’esprit qui l’anime est qu’on ne saurait y porter atteinte en interdisant la révélation au grand jour de vérités contribuant à un débat général, aussi dérangeantes soient-elles. Quant aux éventuels abus commis par la presse dans l’exercice de cette liberté, ils ne peuvent être sanctionnés qu’a posteriori, par des juges indépendants, après un débat public et, répétons-le, contradictoire.

C’est cette conquête démocratique essentielle, vieille de 141 ans, que jette aux orties la censure préalable de l’enquête de Mediapart par une ordonnance rendue sur requête. Tant qu’elle n’aura pas été annulée, cet acte liberticide empêche nos lectrices et lecteurs, et au-delà l’opinion publique tout entière, de connaître des faits nouveaux dans un scandale politique majeur, d’ampleur nationale.

Cette censure préalable est d’autant plus alarmante qu’elle survient quelques semaines après une décision similaire rendue, le 6 octobre, par le tribunal de commerce de Nanterre au nom du secret des affaires : saisi par le groupe Altice et son président Patrick Drahi, il n’a pas hésité à interdire à Reflets.info de publier « de nouvelles informations ». Le site d’investigation a fait appel.

Nous avons évidemment demandé à notre avocat Me Emmanuel Tordjman, du cabinet Seattle, de mettre en œuvre tous les recours juridiques possibles pour qu’il soit mis fin, au plus vite, à cette censure préalable, autrement dit à ce désordre démocratique qui porte une atteinte gravissime à une liberté fondamentale, « l’un des droits les plus précieux de l’homme », selon l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Et qu’ainsi, vous puissiez enfin découvrir les nouvelles révélations d’Antton Rouget dans l’affaire de Saint-Etienne.

Edwy Plenel

NB – Mediapart sait publier des articles gratuits, quand est en cause son intétêt…

Lien Edwy Plenel

Quatre Français ciblés par des tentatives d’espionnage supposément commanditées par le Qatar

La Coupe du monde au Qatar agite la gaucho-sphère

Michel Platini suite au verdict de son procès pour un paiement frauduleux présumé, au Tribunal pénal fédéral suisse, le 8 juillet 2022.
Michel Platini suite au verdict de son procès pour un paiement frauduleux présumé,
au Tribunal pénal fédéral suisse,
le 8 juillet 2022.

Dans une enquête menée conjointement et publiée ce 5 novembre, les journalistes britanniques du Sunday Times et du Bureau of Investigative Journalism révèlent avoir eu accès à une base de données secrète d’un gang de hackers indiens agissant sous le nom de WhiteInt, dont les piratages informatiques ont ciblé «les adresses e-mails privées de plus d’une centaine de victimes» pour le compte de détectives privés travaillant pour des Etats autocratiques, d’avocats britanniques et de leurs riches clients.

L’origine de ces révélations repose sur un fichier de commandes de victimes, ainsi que sur le témoignage d’Aditya Jain, un informaticien indien à la tête de WhiteInt, obtenu par les journalistes sous couverture du Sunday Times. En se faisant passer pour des détectives travaillant pour des entreprises britanniques à la recherche d’un hacker, les journalistes ont fait sa rencontre en début d’année. L’homme leur a expliqué qu’il pouvait pirater l’adresse e-mail d’une cible dans un «délai moyen de 20 à 30 jours» et indiqué qu’il avait «réussi à obtenir des données de messageries électroniques de quelques personnes très en vue», à la demande d’un client financé par le Qatar. Décidé à mouiller certains, Aditya Jain leur a indiqué que ce client est Jonas Rey, un détective privé vivant en Suisse.

Les discours critiques à l’égard du Qatar dans le viseur des hackers

A partir de cette identité et de la base de données obtenue indiquant les noms des victimes et leur commanditaire, les deux journalistes britanniques d’investigation ont détecté des affaires de piratage en lien avec la Russie, touchant au milieu de la Formule 1 ou encore ciblant des personnalités politiques au Pakistan. Mais les révélations les plus développées par ces media concernent des piratages visant des personnalités qui ont tenu un discours critique à l’égard du Qatar ou qui représentaient un risque pour le pays organisateur du Mondial de football en 2022. Parmi les noms cités dans ce dossier, émergent quatre Français : le célèbre footballeur et ancien président de l’Union des associations européennes de football (UEFA) Michel Platini, la sénatrice Union centriste Nathalie Goulet, le journaliste de Mediapart Yann Philippin et la journaliste et la militante féministe et antiraciste, éditorialiste et réalisatrice, Rokhaya Diallo, cofondatrice de l’association anti-raciste Les Indivisibles, plusieurs fois condamnée en justice.

Dans leurs enquêtes, les journalistes développent surtout le piratage de Michel Platini, qui a eu lieu le 10 mai 2019, peu de temps avant qu’il ne soit entendu par le Parquet national financier dans l’enquête sur l’attribution du mondial au Qatar et les allégations de corruption. Les journalistes en déduisent que le Qatar cherchait à se renseigner sur la défense de l’ancien footballeur, soupçonné d’avoir été «acheté» pour voter en faveur d’une organisation dans l’émirat.

Concernant la sénatrice Nathalie Goulet, les deux media la présentent comme une femme politique française «qui a vivement critiqué l’Etat du Golfe pour son financement présumé du terrorisme islamique» et pour laquelle le hacker indien avait même fait figurer le mot de passe de sa messagerie dans la base de données. Contactée par CheckNews, cellule de fact-checking de Libération, la sénatrice de l’Orne Nathalie Goulet confirme avoir reçu un appel téléphonique «anonyme et en anglais» d’un homme lui ayant donné le code d’accès à son compte Gmail. Suite à cet appel, l’élue avait modifié son mot de passe et installé un nouveau modem crypté, mais n’avait pas fait le lien avec le Qatar jusqu’aux révélations des media britanniques.

According to @TBIJ I was hacked by #Qatar 🥊Thanks @TBIJ for this investigation , with others victimes of #Hackers paid by #Qatar we are working legal aspects https://t.co/Pn8cKZcSX5— Nathalie Goulet زن زندگی آزادی, (@senateur61) November 6, 2022

A propos des deux journalistes ciblés, le Sunday Times (de Rupert Murdoch) et le Bureau of Investigative Journalism (organisation non gouvernementale britannique consacrée à la production d’articles d’investigation) indiquent que Rokhaya Diallo avait été prise pour cible en tant qu’«éminente militante qui avait critiqué publiquement le fait que l’Etat du Golfe ne payait pas les travailleurs migrants qui construisaient les stades de la Coupe du monde». Une référence sans doute à un tweet de septembre 2018, dans lequel la journaliste, déjà très suivie sur les réseaux sociaux, relayait un article de France Info en citant l’extrait suivant : «Des dizaines d’étrangers qui travaillent au Qatar, sur l’un des chantiers de la prochaine Coupe du monde de football, n’ont pas été payés depuis février 2016. C’est ce que dénonce Amnesty International.» Contactée par CheckNews, la journaliste estime avoir été prise pour cible « parce que j’en avais parlé dès 2018 » alors que de nombreuses critiques ont émergé à l’approche du mondial. Elle précise avoir appris ce piratage « il y a deux mois quand les journalistes du Sunday Times m’ont contactée » et indique avoir pris contact avec son avocat afin de déposer plainte.

« Des dizaines d’étrangers qui travaillent au Qatar, sur l’un des chantiers de la prochaine Coupe du monde de football, n’ont pas été payés depuis février 2016. C’est ce que dénonce Amnesty International. » https://t.co/ANt0hmyl70— Rokhaya Diallo (@RokhayaDiallo) September 26, 2018

Concernant Yann Philippin, de Mediapart, l’enquête précise que la tentative de piratage «a échoué» car le journaliste «a repéré les courriels de phishing et a changé de téléphone et d’ordinateur». Cet hameçonnage avait été lancé «peu de temps après» la parution d’un article en décembre 2019 à propos de l’enquête judiciaire française concernant l’attribution de la Coupe du monde au Qatar. Dans un article publié dimanche, le directeur de Mediapart, Edwy Plenel, a estimé que ces révélations «renforcent les soupçons que nous avions en 2020, lorsque notre journaliste Yann Philippin a été victime d’une tentative de hacking sophistiquée suite à ses nombreuses révélations dans ce dossier» et appelé à ce que la justice française «fasse au plus vite toute la lumière sur ces atteintes gravissimes à la liberté de la presse, au droit de savoir et d’enquêter».

Une note manuscrite lie l’embauche du fils Platini au rachat du PSG par le Qatar, opération dont la justice soupçonne qu’elle a été conclue grâce à Platini lors du dej de l’Élysée de nov 2010 avec Sarkozy et l’émir. Révélations @mediapart #Qatargate https://t.co/JpQA0NYB2j pic.twitter.com/fFeEVHaGog— Yann Philippin (@yphilippin) December 20, 2020

Joint par CheckNews, le journaliste du TBIJ Franz Wild, cosignataire de l’enquête, affirme que «ce sont les quatre seuls individus français ciblés en lien avec le Qatar, à notre connaissance». Il ajoute que la publication professionnelle sur la communauté du renseignement «Intelligence Online, qui est également française, a été visée par une attaque par déni de service en octobre 2018. La base de données montre que l’ex-banquier suisse Jonas Rey (directeur de Athena Intelligence) était le détective privé qui a donné des instructions à Aditya Jain pour ce travail. Mais nous ne savons pas si cela est lié au Qatar».

A la fin de leur enquête, les journalistes du Sunday Times et du Bureau of Investigative Journalism précisent avoir contacté le hacker indien Aditya Jain et son supposé commanditaire Jonas Rey pour les faire réagir aux informations qu’ils allaient publier. Tous deux nient être à l’origine de ces tentatives de piratage. Jonas Rey assure qu’il s’agit de fausses informations pour porter atteinte à sa réputation.

Interrogé par Mediapart, un porte-parole du gouvernement du Qatar a démenti être à l’origine de ces opérations de piratage, indiquant que les informations des deux media britanniques sont des «allégations sans fondement» et «fausses».

Mediapart: le Maroc aurait espionné le site trotskiste français

L’agitation révolutionnaire permanente

Espionne par le Maroc, Mediapart porte plainte
Mediapart soupçonne le Maroc de l’espionner et porte plainte

Un logiciel espion israélien, Pegasus, est incriminé: des Etats l’utilisent pour cibler des politiques, des journalistes, des avocats… y compris des Français et Mediapart se dit visé…

Le site d’information trotskiste français Mediapart a annoncé lundi le dépôt d’une plainte à Paris, suite à des informations complotistes assurant que les téléphones de deux de ses journalistes ont été espionnés par un service marocain.

« Les numéros des téléphones portables de Lénaïg Bredoux et d’Edwy Plenel (cofondateur du site) figurent parmi les dix mille que les services secrets du Maroc ont ciblés en utilisant le logiciel espion fourni par la société israélienne NSO », a affirmé Mediapart dans un article publié lundi, après la diffusion de ces révélations dans plusieurs media (dont Le Monde, le Guardian et le Washington Post, triade de presse sur la même ligne islamigauchiste).

« Pendant plusieurs mois, l’appareil répressif du royaume chérifien a ainsi violé l’intimité privée de deux journalistes, porté atteinte au métier d’informer et à la liberté de la presse, volé et exploité des données personnelles et professionnelles. Aucun autre téléphone d’un membre de l’équipe de Mediapart n’a été espionné », accuse le journal révolutionnaire en ligne.

Le medium de propagande explique, détails fantasmés à l’appui, comment cet espionnage de téléphones aurait coincidé avec « la répression du journalisme indépendant au Maroc », et notamment à l’encontre du journaliste d’investigation Omar Radi. Une vieille lune réapparue au creux de l’été: Amnesty International et Forbidden Stories ont des soupçons, depuis 2019, que le téléphone du journaliste d’opposition marocain est attaqué par ce logiciel espion. L’agitateur est fondateur du mouvement de contestation M20, né lors du printemps arabe.

Le 20 février 2011, l’extrême gauche et les islamistes appelèrent à marcher a travers le royaume pour des réformes politiques et sociales et une plus grande… liberté, une valeur sûre révolutionnaire !

Pour Mediapart, le but était clairement de chercher à « faire taire les journalistes indépendants au Maroc, en cherchant à savoir comment nous enquêtions dans ce domaine« .

Mediapart entend ainsi soutenir le mouvement révolutionnaire international au Maroc

C’est pourquoi le site indique avoir décidé de déposer plainte dès ce lundi au nom de ses deux journalistes, auprès du procureur de la République à Paris, pour que la justice puisse « mener une enquête indépendante sur cet espionnage d’ampleur organisé en France par le Maroc« .

« Au-delà des suites judiciaires, il va sans dire que cette atteinte aux libertés fondamentales, menée par une puissance étrangère à l’encontre d’un journal indépendant [accroc à la révolution], exige une ferme réaction des autorités françaises qui aille au-delà d’une condamnation de principe. Nous l’attendons », ajoute le medium d’investigation, prétendant fixer le montant de la peine et espérant faire coup double en mobilisant les révolutionnaires hexagonaux aux abords du tribunal français.

Tariq Ramadan, un homme fini en musique

Sa diatribe anticolonialiste le ridiculise auprès des musulmans eux-mêmes.

Poursuivi pour six viols en France et en Suisse, le prédicateur islamiste tente de mobiliser les islamo-gauchistes, musulmans et extrême gauche, avec un slam violemment anticolonialiste. Pitoyable!

En mars 2020, Tariq Ramadan publiait Malcolm X, de l’exclusivisme noir à la spiritualité universelle (éditions Albouraq). Dans ce livre, il affirme que son père, Saïd Ramadan, a eu « une influence majeure sur l’évolution de la pensée » de ce prêcheur musulman afro-américain. Libéré alors après neuf mois de détention, l’ancien professeur d’études islamiques contemporaines à l’université d’Oxford tentait, pour redorer son blason, de s’identifier à Malcolm X.

Ce fut un flop, l’ouvrage passant totalement inaperçu. Tariq Ramadan vient de récidiver, cette fois en chanson, avec « Qu’est-ce que vous croyez ? » Dans ce slam complotiste, il menace carrément les Occidentaux, les Blancs, les désignant à la vindicte islamique: une incitation à la haine. « Vous avez peur ? Vous allez perdre vos privilèges et votre identité, menace-t-il. Soit vous partagez, soit on se servira (…) Il n’est pas voleur, le pauvre et l’affamé ».

« Tartuffe »

Un hymne révolutionnaire susceptible, selon lui, d’enflammer les banlieues et de mobiliser les « islamo-gauchistes ». Comme il savait si bien le faire avant que des plaintes pour viols ne le rattrapent en 2017. Au Bourget, lors des Rencontres annuelles des musulmans de France, l’organisation tricolore des Frères musulmans, des foules immenses venaient l’écouter religieusement.

Mais une fois encore, sa diatribe anticolonialiste ne prend pas. Pire, les musulmans se moquent de lui. Sur le site Saphirnews, l’un d’entre eux parle de « poisson d’avril ». Un autre lâche qu’« il est triste de voir quelqu’un faire n’importe quoi pour exister après s’être discrédité à la manière d’un Tartuffe ».

« Plus une mosquée ne veut plus l’inviter »

Saïd Branine, le responsable d’Oumma.com, le principal site musulman francophone, est catégorique : « Tariq Ramadan ne représente plus rien. Il a perdu tous ses relais. Plus une mosquée, plus une association, plus personne ne l’invite. Non seulement il est grillé, mais il est devenu toxique. Son drame, c’est qu’il n’arrive toujours pas à l’admettre. Il n’a plus guère que sa famille derrière lui ».

Même Yamine Makri, son plus ancien lieutenant, patron des éditions Tawhid, l’a lâché, allant jusqu’à retirer les ouvrages du prédicateur suisse de son catalogue. Même abandon de la part du Franco-Tunisien Lotfi Bel Hadj, qui avait pourtant dédié son site, Le Muslim Post à sa défense. Quant à ses compagnons de route, le sociologue Jean Ziegler (altermondialiste et sociologue suisse, ex-rapporteur spécial auprès de… l’ONU sur la question du droit à l’alimentation dans le monde) ou les journalistes Alain Gresh (ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique) et Edwy Plenel (Mediapart), ils se gardent bien de signer les pétitions en faveur de l’auteur du « Génie de l’islam ».

Mégalomane insupportable

Les raisons de cet abandon ? Après beaucoup d’hésitations, la puissante confrérie des Frères musulmans, créée par son grand-père, Hassan al-Banna, en 1928 en Égypte, a fini par désavouer Tariq Ramadan. C’était elle qui, depuis un quart de siècle, remplissait ses salles, achetait ses ouvrages, menaçait ses opposants.

Au sein de cette organisation, la famille du fondateur était sacrée. Hassan al-Banna (fondateur des Frères musulmans et grand-père de Tariq Ramadan et Hani Ramadan) lui-même avait couvert l’un de ses frères soupçonné de piquer dans la caisse, et l’un de ses gendres qui abusait sexuellement les épouses de certains frères. La confrérie avait fermé les yeux sur la vie dissolue de Saïd Ramadan (panislamiste, gendre et héritier spirituel du fondateur des Frères musulmans Hassan el-Banna et lui-même fondateur de la branche palestinienne du mouvement).

Dans « Pourquoi j’ai cessé d’être islamiste » (Les Points sur les i, 2015), Farid Abdelkrim raconte que les dirigeants de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) – devenue Musulmans de France – supportaient très mal la mégalomanie de Tariq Ramadan. Mais ils ne trouvaient pas le courage de rejeter le petit-fils d’Hassan al-Banna. Jusqu’à ce que Tariq Ramadan franchisse la ligne jaune.

Après Tariq, Hani Ramadan, son frère?

« Les musulmans n’ont pas attendu qu’il soit jugé pour viol pour le désavouer. Du point de vue de la moralité islamique, il est déjà coupable en raison des multiples liaisons extraconjugales qu’il a été contraint de reconnaître », constate Saïd Branine. A Doha, au Qatar, le Centre de recherche sur la législation islamique et l’éthique a même gommé le nom de son ancien directeur… Tariq Ramadan.

En revanche, son frère, Hani Ramadan, directeur du Centre islamique de Genève, bénéficie toujours de puissants appuis. Il vient d’obtenir du canton de Genève l’autorisation d’agrandir sa mosquée, créée par son père Saïd Ramadan. Un investissement de 5 millions de francs suisses (4,55 millions d’euros). En revanche, Hani Ramadan est interdit de séjour en France depuis avril 2017.

La Tribune de Genève publie ce texte

« Tariq Ramadan fait indéniablement partie de cette génération des boomers, les soixante, septante ans – dont je suis – nés au moment du baby-boom et que la génération Z, apeurée par le réchauffement climatique et la dureté de la vie économique, dont on l’a préservée en multipliant les patrouilleuses scolaires et autres coaches, dénoncent comme profiteurs et responsables du monde déglingué, selon eux, dont ils sont les héritiers involontaires. Ok boomer, n’insiste pas, t’es coupable. Surtout si en plus t’es un mec, occidentalisé, biogenré, et que tu n’as pas vu venir la vague #Metoo.

C’est un slam publié sur la chaîne YouTube de notre professeur, dont la famille apparentée au créateur des Frères musulmans a fait souche à Genève, où elle a trouvé refuge, qui cette semaine émeut Le Figaro et interloque Alexis Favre, dans sa chronique du Temps.

Qu’est-ce que vous croyez est une dénonciation en règle du monde occidental, coupable de tous les maux dont le monde souffre, surtout les opprimés, les migrants, hommes et femmes. Ce réquisitoire n’est pas nouveau en soi. Mais la forme importe. Ce n’est pas un sermon ni un cours ni un séminaire, dont l’islamologue est coutumier, c’est un texte de combat qui appelle à non pas une résistance mais une injonction servez-vous!

Le poème défile à l’écran, façon stroboscopique. Les mots tonnent, glissent, entrent en collision, basculent. On ne voit pas Ramadan. Ce n’est pas lui, c’est une voix, la voix des opprimés, la voix de la vengeance, la voix de la justice.

Le single fait partie d’un album qui sortira fin mai.

Ramadan, dont le procès pour viols est toujours à venir, ce qui n’est pas à la gloire de la justice française, s’inscrit dans cette autre peur qui fracture la société française, la peur de l’islam, et cette théorie complotiste du grand remplacement qui serait déjà en marche et réduirait les Français de souche en citoyen de seconde zone dans une société conquise par l’islam radical.

Les stances de Ramadan, signée Loyal, un auteur inconnu, choqueront les Occidentaux, persuadés des bienfaits de leur civilisation, partout dans le monde. Elles sont une douce musique sans doute aux oreilles des opprimés, des humains pleins de rancœur qui pensent comme notre prêcheur suisse que la face noire de l’impérialisme et de la main invisible du marché reflète mille fois mieux la réalité de leur monde.

La guerre des civilisations, un Kulturkampf, est ainsi relancée.

Il ne suffit pas de se moquer de Ramadan ou de le dénigrer au vu des accusations portées contre lui – qui reste présumé innocent jusqu’à justice dite -, ou de le dénoncer comme un Tartuffe, qu’il est assurément, un Janus, qui porte beau mais qui promeut un islam fondamentaliste tenant les femmes et les incroyants pour rien ou pas grand-chose et qui combat la laïcité.

Même si Tariq Ramadan est critiquable à bien des égards et que son propos est caricatural et même dangereux, il faut lire son chant. C’est le cri sourd de centaines de millions d’hommes et de femmes. Il ne suffira pas de condamner le prêcheur pour les réduire au silence. Et puis sa chute promet une bonne nouvelle, un vent de liberté.

Qu’attend-il donc pour être le héraut de cette liberté dans les mondes où règne l’islam?

*Ian Hamel a publié en 2020 « Tariq Ramadan, histoire d’une imposture » (Flammarion). L’ouvrage a été traduit en arabe sous le titre : « Scandale des Ramadan : les sombres histoires des Frères musulmans en Suisse et dans l’Union européenne ». Il sera distribué en mai prochain au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Islamo-gauchisme: une tribune d’Alexis Corbière (LFI), en soutien

Gérald Darmanin et l’«islamo-gauchisme», qualificatif usé jusqu’à la corde

Le journal Libération héberge cette tribune anti-républicaine.

A l’Assemblée nationale, le ministre de l’Intérieur a accusé La France insoumise d’être aveugle à l’islamisme. Il doit cesser cette musique dangereuse qui travestit en suspects tous les concitoyens musulmans et se préoccuper des fractures sociales que le gouvernement aggrave.

Tribune. Un député de l’opposition a l’habitude que les ministres esquivent ses questions et se réfugient dans la polémique quand ils sont mis en difficulté. Je ne veux cependant pas banaliser la réponse que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin m’a faite mardi 6 octobre à propos du récent discours du président de la République sur le «séparatisme» «Dans votre circonscription, vous le savez fort bien, […] la situation monsieur le député est extrêmement grave et je ne m’excuse pas qu’un parti comme le vôtre, qui a dénoncé pendant longtemps l’opium du peuple, en soit désormais lié avec un islamo-gauchisme qui détruit la République. Voilà la réalité monsieur Corbière !»

Je serai [serais] donc aveugle devant le séparatisme dans ma circonscription de Montreuil et Bagnolet. Je mets pourtant au défi M. le ministre de l’Intérieur d’énoncer les faits qui justifient qu’il parle d’une «situation extrêmement grave». Non seulement depuis 2017 et mon élection comme député, personne n’a jamais avancé cette thèse, ni M. le préfet de Seine-Saint-Denis, ni les commissaires de police de ma circonscription. Mais au contraire, ces derniers ont généralement répondu à mes questions que, fort heureusement, il n’existait pas de faits significatifs dans cette partie du département. De quoi parle donc le ministre de l’Intérieur ?

Mesure-t-il, dans sa grande légèreté, le mépris qu’il témoigne pour les habitants de Montreuil et Bagnolet [sont-ils tous musulmans ou le député balaie-t-ils les autres de son esorit partisan ?], devenus «un corps électoral» passivement complice d’opposants à la République ? Quant à moi, je fermerais les yeux pour des raisons électoralistes et clientélistes ? Le militant républicain et laïque que je suis ne peut tolérer aucune de ces attaques.

Progression de la pauvreté

Car, oui, depuis trois ans, je ne cesse d’interpeller le gouvernement sur les véritables «faits graves» qui se passent dans ma circonscription : la progression de la pauvreté, le recul de l’accès aux soins, les logements insalubres, le développement du trafic de drogue, les violences faites aux femmes, les écoles publiques qui manquent de moyens, l’absence de commissariat à Bagnolet, le nombre insuffisant de policiers, choses qui devraient préoccuper au premier chef le ministre de l’Intérieur mais que la politique du gouvernement auquel il appartient aggrave !

La charge du ministre de l’Intérieur est accompagnée d’un autre qualificatif : «Islamo-gauchiste.» Le voilà donc collé sur le front, le stigmate à la mode, pris à Madame Le Pen, repris par la droite, puis par le pitoyable Manuel Valls ou quelques responsables, hélas, du PS à la dérive, et maintenant, usé jusqu’à la corde, par le gouvernement LREM.

J’informe M. Darmanin et sa meute d’insulteurs en cadence, que je ne suis ni islamiste – dois-je vraiment le prouver ? – ni gauchiste. Je rappelle au passage que ce dernier terme, popularisé par Lénine en 1920, désigne une «maladie infantile du communisme» qui menace ceux qui refusent le parlementarisme. Accusation un peu comique donc, un siècle plus tard, contre un député qui ne revendique que davantage de droits pour le Parlement !

Discours obsédant

S’indigner que l’on tire au fusil sur une mosquée et des fidèles, défendre une laïcité qui ne soit pas à géométrie variable, considérer que les lois actuelles permettent déjà de lutter contre la progression du fanatisme religieux mais que les services de l’Etat manquent de personnels et de moyens pour remplir cette mission, affirmer que l’affaiblissement de la République sociale et des services publics est le terreau de l’islamisme [terreau déjà du « printemps arabe »], s’opposer au discours obsédant venu de l’extrême droite contre les musulmans, ce serait donc là être «islamo-gauchiste» ?

Le ministre Darmanin doit cesser cette musique dangereuse qui travestit en suspects tous nos concitoyens musulmans, ou supposés l’être. Ils ne réclament pourtant qu’une chose, vivre en paix et en République sans être confondus avec les islamistes meurtriers qui ont endeuillé trop de fois notre pays.

Il est temps d’en finir avec ces propos détestables et infamants, au nom de la concorde nationale ou, c’est la même chose, de l’idéal de laïcité.

Par Alexis Corbière, député de la Seine-Saint-Denis (LFI) — 9 octobre 2020 à 11:20

Tribune creuse de déni personnel.

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