Les représailles de Moscou s’abattent sur les entreprises françaises
![](https://pasidupes.wordpress.com/wp-content/uploads/2022/03/blog-decathlon-en-russie.png?w=700)
Dommage collatéral de la politique belliciste du septuagénaire Joe Biden, président américain resté vitrifié dans la « guerre froide », Decathlon, groupe français spécialisé dans les articles de sport, est l’une des cibles du camp du Bien depuis le début du conflit entre l’Ukraine et la Russie. Les atlantistes ont fait miroiter à l’Ukraine son entrée dans l’Union européenne et à l’OTAN pour fragiliser la Russie sur son flanc occidental. Le président Zelensky a cru Biden mais, dès l’entrée en guerre de la Russie, l’Américain a prévenu qu’il n’enverrait pas de GI en soutien de Kiev et ses suiveurs européens se sont retrouvés seuls au front, face aux représailles qu’ont suscitées les sanctions économiques décidées par les Occidentaux. Or, plusieurs états membres de l’UE résistent d’autant plus résolument à la cooptation de l’Ukraine qu’elle est en guerre et dicte aux Occidentaux ce que devrait être leur stratégie face à Poutine, oscillant entre appels à l’aide, exhortations et admonestations.
Decathlon prétexte des problèmes d’approvisionnement pour annoncer mardi la suspension de ses activités en Russie
![](https://pasidupes.wordpress.com/wp-content/uploads/2022/03/image-2.png?w=612)
s’est implantée en Russie en février 2002
« Respectant scrupuleusement les sanctions internationales, Decathlon constate que les conditions d’approvisionnement ne sont plus réunies pour poursuivre son activité en Russie. Decathlon est amené à suspendre l’exploitation de ses magasins« , écrit dans son communiqué l’enseigne de la galaxie Mulliez, qui a, jusque-là, maintenu en Russie les activités de ses marques Auchan et Leroy-Merlin, contre vents et marées.
Le prix sur l’emploi et le commerce extérieur de l’ingérence française dans le conflit russo-ukrainien ?
En dix ans, Auchan a ouvert ou signé l’exploitation de 231 magasins. Auchan Holding, via sa filiale Auchan Retail – qui a pour principal actionnaire AFM (Association Familiale Mulliez), parmi une galaxie de filiales et d’enseignes – avait en effet lancé au début des années 2000 son expansion sur de nouveaux marchés, surtout émergents (Taïwan, Chine, Pologne, Espagne, Maroc, Roumanie, Ukraine…). L’histoire de l’enseigne en Russie est ensuite tumultueuse avec, en 2020, des soupçons de corruption. En 2004, c’est l’enseigne Leroy Merlin (groupe Adéo) qui s’implante en Russie. Decathlon arrive ensuite en 2006.
Vingt ans plus tard, avec la nouvelle opération russe de sécurisation de sa frontière occidentale en Ukraine, zone-tampon russophone et orthodoxe, la galaxie Mulliez se trouve plongée dans la tourmente. Alors que la pression montait de Kiev pour qu’il cesse ses activités et ferme ses magasins, le distributeur français avait décidé de se maintenir en Russie.
Avec un chiffre d’affaires de 3,2 milliards d’euros,
soit plus de 10% de son produit des activités ordinaires total en 2021,
30,5 milliards d’euros, en Russie, Auchan réalise 10% de ses ventes mondiales.
Or, la semaine dernière, des salariés ukrainiens de l’enseigne Leroy Merlin ont appelé Adeo (Groupe Leroy Merlin) et AFM de cesser leurs activités: dans un message au Parlement français, le président Zelensky avait exhorté les entreprises françaises implantées en Russie à cesser de soutenir « la machine de guerre » russe et à quitter ce pays. Renault – dont l’Etat français est l’actionnaire principal – avait fini par céder, mais le groupe Mulliez avait résisté, car le marché russe est pour l’enseigne leader stratégique. « Partir de Russie serait inimaginable du point de vue humain », affirmait dimanche Yves Claude, le PDG du distributeur.
« Le plus important à nos yeux est de préserver nos collaborateurs et d’assurer notre mission première qui est de continuer à nourrir les populations dans ces deux pays », ajoutait le PDG, alors que le groupe n’avait pas encore communiqué un mois après le début du conflit. « Nous avons un positionnement de discounter et nous pensons contribuer en période de forte inflation à protéger le pouvoir d’achat des habitants« , ajoutait-il, précisant ne pas vouloir priver ses salariés, dont 40% sont actionnaires, de leur emploi et ses clients de leur pain quotidien. »
De son côté, sous le coup de sanctions économiques depuis 2014 et du retour de la Crimée dans le giron russe, des proches de Vladimir Poutine se sont en effet dits prêts à aller jusqu’à la nationalisation de certains outils de production d’entreprises qui auraient fui le pays. Les alternatives russes ou de pays « amis » sont aussi privilégiées face aux sanctions et reprises en boucle par les media russes.
En 2020, le chiffre d’affaires de Leroy Merlin a été de 4,2 milliards d’euros, soit son deuxième marché derrière la France (6,7 milliards d’euros). Adeo, la holding de Leroy Merlin, a réalisé en 2020 un chiffre d’affaires total de 22,3 milliards d’euros. Plus de 18% de son activité est donc réalisée en Russie, ce qui rend l’enseigne particulièrement exposée à la Russie.
De son côté, Decathlon est présent au travers de 60 magasins et un site d’e-commerce dans 25 villes russes.
Le ministre du Commerce extérieur, Franck Riester, défend-il notre balance commerciale ?
Avec 160.000 salariés russes, la France est le premier employeur étranger en Russie et les enseignes Mulliez y participe pour beaucoup. A lui seul, le groupe représente près de la moitié de ce contingent, avec 77.500 personnes. Dans le détail, Auchan emploie plus de 30.000 personnes, Leroy Merlin revendique sur son site internet, 36.000 salariés opérants dans 107 hypermarchés et 62 villes (contre 464 dans le monde, dans 12 pays).
Le canadien Couche-Tard a annoncé début mars qu’il suspend ses activités en Russie, avec effet immédiat, et des enseignes alimentaires américaines ont décidé de baisser le rideau, telles McDonald’s (850 restaurants en Russie) et Starbucks. Le mouvement de défection se poursuit, après Coca-Cola, Ikea… C’était lundi le brasseur néerlandais Heineken. Mais des enseignes concurrentes d’Auchan ont décidé de rester ouvertes, telles les low-cost allemand Metro ou néerlandais Spar…
En Ukraine, Auchan n’emploie que 6.000 personnes et compte seulement 43 magasins et Decathlon exploite 4 magasins, ainsi qu’un site de ventes en ligne. : les pressions occidentales ne font pas les affaires du groupe français.