Gabriel Attal annonce des mesures fortes pour le monde de la santé. 

32 milliards d’euros soi-disant « supplémentaires » dans la santé

Vautrin n’a encore pas pu
prendre la parole

Accompagné de sa nouvelle ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités Catherine Vautrin, Gabriel Attal a visité le centre hospitalier universitaire de Dijon ce samedi. C’était notamment l’occasion pour le premier ministre de faire quelques promesses au monde de la santé, mais aussi de se faire chahuter par une soignante.

« Dans les cinq ans qui viennent [ce sui mène à 2029…], c’est 32 milliards d’euros supplémentaires qui vont être investis dans notre système de santé », a-t-il déclaré face à la presse à l’issue de sa visite. « Le prochain budget que mon gouvernement aura à présenter sera un budget historique pour l’hôpital public », a ajouté le premier ministre, en promettant de poursuivre « un investissement massif pour l’hôpital ».

L’entourage de Gabriel Attal a indiqué que les promesses concernent l’hôpital, mais aussi la médecine de ville. « Sur l’hôpital spécifiquement, la hausse de moyens sera de 3 milliards d’euros en 2024 par rapport à 2023 », ajoute-t-on du côté de Matignon.

Ces mesures brandies sont un leurre. Les sommes annoncées ne sont pas nouvelles: elles ont déjà été votées… Quant aux réformes structurelles, elles restent dans le flou, alors que le Ségur de la santé – qui a consacré 8,2 milliards d’euros à la revalorisation des métiers des établissements de santé et des EHPAD et à l’attractivité de l’hôpital public, n’a rien réglé.

« L’hôpital est en train de mourir »

Le chef du gouvernement a également abordé le cas des adolescents. « Sur la santé mentale des jeunes et des ados, il faut vraiment qu’on avance avec la médecine scolaire, probablement avec davantage de ponts entre l’école, la ville, l’hôpital », a-t-il noté, déplorant que cette médecine scolaire soit encore peu attractive.

A l’aise, comme à son habitude, devant le parterre de journalistes, le tout frais premier ministre avait pourtant été chahuté durant la visite du CHU. Une soignante n’a pas hésité à l’interpeller : « On a beaucoup de patients étrangers, qui sont en situation irrégulière. L’hôpital prend tout. On est obligé de tout absorber. L’hôpital est en train de mourir, je ne sais pas si vous en avez conscience. »  Gabriel Attal a alors assuré qu’il a « conscience des difficultés » et a expliqué qu’il y a « aussi des raisons d’espérer régler un certain nombre de problèmes ».

Guadeloupe: l’obligation vaccinale provoque des tensions grandissantes

La grève « illimitée et générale » fait planer la menace d’un blocage total

L’opposition au passe sanitaire et à l’obligation vaccinale des soignants ne faiblit pas en Guadeloupe. Plusieurs incidents se sont produits sur les routes de l’île où des barrages de pneus ont été dressés.

Les pompiers sont au premier rang des manifestations.

La Guadeloupe a continué jeudi à voir ses routes, tout comme l’accès au CHU, bloquées par des manifestants lors du quatrième jour d’une mobilisation lancée par un collectif d’organisations syndicales et citoyennes pour protester contre le passe sanitaire et l’obligation vaccinale des soignants contre la Covid-19.

Plusieurs incidents ont été signalés au cours de la journée, notamment aux abords du CHU où, dès 6 h (11 h à Paris), un barrage de pneus avait été érigé par des manifestants, « la plupart cagoulés », a constaté une vidéaste.

Un pompier interpellé

La barrière a été plusieurs fois démontée par les forces de l’ordre et remontée par les manifestants, avant d’être enflammée sur l’un des deux axes. Le feu a ensuite été éteint, la route a été débloquée et la circulation a repris. Cependant, sur le piquet de grève du CHU, les seuls véhicules autorisés à entrer sont les ambulances.

Un pompier, transportant des pneus vers un barrage enflammé, a été interpellé et présenté à un juge avant d’être placé sous contrôle judiciaire, a indiqué le procureur de la République, Patrick Desjardin.

Ce vendredi, un jeune sera déféré devant le Parquet en comparution immédiate pour jets de projectiles et attroupement, a ajouté le procureur qui a précisé qu’un policier avait été blessé durant la journée.

Situation insurrectionnelle au centre hospitalier

« Cette violence ne peut être ni tolérée ni acceptée et doit même être condamnée par tous », a commenté jeudi soir dans un communiqué le préfet de Guadeloupe, Alexandre Rochatte, menaçant: « les auteurs des violences continueront à être interpellés et poursuivis. »

« La situation est compliquée au CHU de Guadeloupe. Les barrages, les suspensions, les arrêts maladie mais aussi le blocage et les manifestations devant l’hôpital etc., perturbent le bon déroulement des soins […] Les chimiothérapies par exemple n’ont pas pu être administrées aujourd’hui. Les médecins ne peuvent rallier leur poste », a expliqué Cédric Zolezzi, DG adjoint du CHU de Guadeloupe.

« Il y a du filtrage à l’entrée, notamment pour les internes, dont certains sont empêchés de passer. L’un d’entre eux a même été agressé par une personne cagoulée », a-t-il ajouté, affirmant qu’« il n’y a pas de dialogue possible ».

La rectrice de région académique, Christine Goff-Ziegler, a également condamné jeudi dans un communiqué « l’ensemble des actes de vandalisme et les entraves à la circulation » ou « à l’accès des établissements », dont les élèves « sont les premières victimes ».

Des barrages démontés

Sur les autres axes routiers, y compris dans les petites routes des Grands Fonds, dans la campagne guadeloupéenne, des barrages bloquaient le passage.

Nombre d’entre eux ont été démontés, « par des riverains ou des automobilistes », a constaté Steve Salim, entrepreneur spécialisé dans les circuits courts agricoles. L’entrepreneur, qui sillonne l’île pour assurer la livraison de ses paniers de légumes, n’a pas pu travailler normalement : « C’est une grosse perte, 60 paniers me restent sur les bras. Mais j’ai aussi plusieurs palettes de paniers qui doivent partir à Saint-Martin et Saint-Barthélémy : le camion frigorifique ne peut pas prendre les petites routes ».

Une « spirale de l’autodestruction »

L’Union des Entreprises-Medef a condamné « fermement les entraves à la liberté de circuler »« Après des mois de mesures restrictives pour notre population et pour l’économie du pays, il est inacceptable de laisser prospérer cette spirale de l’autodestruction », a-t-elle dénoncé dans un communiqué.

Par ailleurs, l’épidémie de Covid reprend légèrement en Guadeloupe, bien que « la situation reste stable au niveau hospitalier », selon un communiqué de la préfecture, avec un taux de positivité à 1,5 %. « Le respect des mesures de protection individuelle et collective est impératif », rappelle le communiqué.

CHU de Nantes: un commando exfiltre un caïd connu des services de police

Ce voyou venait d’être interpellé pour refus d’obtempérer

L'entrée de l'hôpital Hôtel Dieu du CHU de Nantes en janvier 2021.

Plusieurs policiers et agents de la sûreté de l’hôpital ont été malmenés dans la nuit de jeudi 21 à vendredi 22 janvier: le commando a fait irruption en force dans le CHU de Nantes pour libérer un individu qui avait été interpellé, peu de temps auparavant, à Malakoff.

Quatre agents ont été blessés. « Ils font leur loi », gronde un policier nantais effaré et marqué par cette agression physique en milieu hospitalier.

Huit agresseurs encagoulés

Hospitalisé à la suite de sa rébellion, plus tôt dans la soirée, l’individu se trouvait dans un 4×4 partiellement plaqué et fait l’objet de plusieurs fiches de recherches, se trouvait, plus tôt dans la soirée, dans un 4×4 partiellement plaqué, révèle Presse Océan . Repéré, le conducteur du véhicule a refusé d’obtempérer au contrôle d’une patrouille et a tenté de fuir. Seul la mise en place d’un dispositif d’interception qui perce les pneus a permis de freiner le véhicule. Deux hommes ont été placés en garde à vue.

L’un des deux interpellés a déclaré aux secours souffrir d’un mal de ventre. Les pompiers l’ont donc transporté au CHU. Vers 1 h du matin, moins d’une heure après l’arrivée du gardé à vue et de son escorte policière, huit hommes encagoulés ont fait irruption dans le hall des urgences, pendant que d’autres se trouvaient, semble-t-il, à l’extérieur, selon les témoins.

Deux membres du groupe ont trouvé sans peine l’individu dans un box de traumatologie surveillé par des fonctionnaires de police. Agressés, deux ont été blessés. Pour leur porter secours, quatre agents de sûreté de l’hôpital se sont interposés et ont subi des coups. Trois plaintes de fonctionnaires de police, dont l’un a été blessé au genou, ont été déposées, ainsi que cinq par le personnel hospitalier, pour violences. La direction du CHU de Nantes a pris des mesures, telles que « la sécurisation de la zone soins, la prise en charge médicale et psychologique des agents agressés », alors que les syndicats demandent  « des sas anti-intrusion ».

Un autre malfrat arrêté

Le patient a arraché ses perfusions et est parvenu à s’enfuir avec un membre du commando, en forçant les portes automatiques du sas d’accueil. Les forces de l’ordre sont parties à la poursuite du fugitif et de ses complices. Dans ce moment d’extrême violence et de confusion, le service de sécurité est parvenu, malgré tout, à plaquer au sol un membre de la bande. Agé de 21 ans, « formé » par l’Education nationale, il se trouve en garde à vue pour complicité d’évasion et violences aggravées.

Tous les autres sont parvenus à quitter les lieux avec celui qu’ils venaient soustraire à la surveillance policière. Le fuyard, établi dans le quartier Bellevue, est soupçonné d’être un caïd du grand banditisme. « Il est extrêmement connu des forces de l’ordre et des autorités judiciaires », dit-on à Waldeck. Cet homme né en 1997 a été mouillé dans des affaires de stups, des affaires de violences. « Dans le passé, il a été grièvement blessé dans un règlement de compte… »

Entre indignation et fureur

Le pire, après l’attaque des urgences du CHU de Nantes, c’est le sentiment d’impuissance, sourd, poisseux et bien plus ravageur que la colère.

Environ 450 personnes ont défilé de la Place du Commerce au Palais de Justice.

Il y a dix jours, un gang tuait un ado en arrosant de chevrotine les abords d’un point de deal, aux Dervallières. Une tragédie. Le lendemain, les vendeurs de shit et de cocaïne rouvraient boutique dans la cage d’escalier, comme si de rien n’était. Des tirs ont repris au même endroit, y compris le jour de la marche blanche à la mémoire d’Abdelghani Sidali, lycéen de 15 ans. Une jeune, âgée de 20 ans, avait été atteinte à une jambe.

Les mères de famille du voisinage sont terrorisées.

Les gangs de stups se sentent tellement puissants que l’un d’entre eux a osé ce coup de force au CHU, un lieu qui devrait être sanctuarisé, alors qu’il affronte la troisième vague mortifère de la covid-19…

Tout le mois de novembre 2019, après une série de meurtres, la rédaction de Ouest-France Nantes avait publié une enquête au long cours, inédite dans une ville française, sur les 30 supermarchés de la drogue à Nantes, la consommation de cannabis banalisée, la police noyée et la justice asphyxiée.

Rassemblement de soutien aux soignants (et policiers?), organisé mercredi 27, devant les urgences

L’association Sécurité nocturne Nantes, composée de professionnels de la nuit, de commerçants et de riverains, organise un rassemblement de soutien au personnel du CHU après l’intrusion aux urgences d’hommes cagoulés pour délivrer un homme arrêté par les forces de l’ordre.

« Il faut que ça s’arrête, » martèlent Cyril et Guillaume, les co-présidents de l’association Sécurité nocturne Nantes (S2N). On a passé un nouveau stade dans la violence. Les personnels soignants, les pompiers, les policiers et de la Semitan (Société d’économie mixte des transports en commun de l’agglomération nantaise) se retrouvent aujourd’hui face à des individus qui n’ont peur de rien. Ils ont fracturé les portes d’un hôpital, frappés des forces de l’ordre et des soignants pour libérer l’un des leurs. C’est extrêmement choquant.

Pour soutenir tous ces personnels en première ligne face à l’insécurité, l’association organise un rassemblement ce mercredi 27 janvier à 15 h devant les urgences du CHULes personnels sont à bout ou en état de choc, ​souligne Cyril.