Racialisation du mouvement anti-réforme des retraites par Mehdi, militant Révolution permamente, un étudiant étranger et révolutionnaire

Les décoloniaux, récupérés par les anticapitalistes racisés trotskistes, émeutiers tous azimuts

Mehdi Zenda, « étudiant » fantôme, étranger boursier
et activiste révolutionnaire en action anti-française

Au risque d’être fascisé, on peut pointer des amalgames à tiroirs et souligner un empilement de faussetés de raisonnement. Mais peu importe à la gauche subversive dès lors que la colère gronde, monte et déborde dans la rue : toute fureur est bonne à l’extrême gauche. Elle est meilleure, si elle est mue par la haine et s’exprime dans la violence.

Alors que la droite nationale se tient en embuscade pendant les émeutes révolutionnaires en cours et que les cyniques de l’Elysée comptent en tirer profit, pensant en tirer des dividendes électoraux, comme le montrent les sondages, lien PaSiDupes, la NUPES répand le chaos dans la rue pour obtenir, dans les urnes, sa revanche sur la macronie en 2027 et, au pire, comme en 2017 et 2022, sur le RN.

Des gilets jaunes aux anti-bassines, en passant par les anti-réforme, la constante de la racialisation des actions légitimes des forces de l’ordre

Les révolutionnaires trotskistes de Révolution permanente répandent l’idée que  » la fachosphère a lancé une offensive raciste contre un militant étudiant [étranger et boursier] mobilisé pour les retraites et contre la loi immigration, allant jusqu’à demander son expulsion. » Ce lundi 27 mars, ils appellent à la « Solidarité ! »

« C’est suite à son intervention lors de la manifestation antiraciste contre la loi immigration ce samedi, dans laquelle l’étudiant et militant rappelait l’histoire coloniale de la France et dénonçait le traitement infligé aux immigrés et sans-papiers, que Mehdi a reçu les attaques du média de la fachosphère FdeSouche, relayée par des figures de l’extrême-droite comme l’ancien lepéniste, désormais zemmourien, Gilbert Collard, le député RN Julien Odoul ou le militant d’extrême-droite Philippe Vardon, ouvrant la voie à un flot d’insultes racistes sur les réseaux sociaux », toujours dixit les anti-républicains, pacifistes et vertueux.

Ce lundi, Mehdi Zenda, étudiant étranger à Paris 8 et militant du collectif des étudiants étrangers de Paris 8, ainsi que du Poing Levé – collectif étudiant anticapitaliste et révolutionnaire animé par des militants Révolution permanente de la nébuleuse trotskiste, enregistré en septembre 2019 à Saint-Denis (PCF jusqu’en 2020 et PS depuis) et subventionné par les subventions des Français à la Seine-Saint-Denis – a dû faire face à une offensive raciste et puante comme sait en lancer l’extrême-droite, assure RP.

Enragés par le fait qu’un étudiant algérien ose évoquer l’histoire raciste et coloniale de l’État français et appelle à lier le combat contre la réforme des retraites en cours à celui contre la loi immigration, soulignant la situation des travailleurs immigrés en France, l’extrême-droite cherché à décrédibiliser l’étudiant. « Mehdi, étudiant étranger à Paris 8 (militant Révolution Permanente) pense que la loi sur la réforme des retraites est raciste et discriminatoire. Ses grands-parents auraient non seulement construit la tour Eiffel mais aussi le métro ».

Cet étudiant algérien sait-il que son pays a été colonisé par la Turquie: pendant la colonisation ottomane en Algérie, des Turcs, principalement d’Anatolie, se sont installés dans la régence d’Alger. Parmi les populations issues de ces mélanges, on compte les kouloughlis (« fils de serviteur »), issus d’unions entre des Ottomans, souvent des janissaires (« nouvelle milice », des militaires turcs, sorte de colonne Wagner russe actuelle en Afrique !), et des femmes maghrébines locales jusqu’en 1830. Le mélange des sangs au Maghreb expliquerait une certaine ouverture d’esprit, si n’était venu interférer la haine raciale et religieuse.

Et avec des mises en cause ad hominem, chair à guillotine, de poursuivre. « Dans la foulée, en direct sur CNews lors d’une émission dont le sujet était « gouvernement : le péril jeunesse », Jean Messiha, raciste notoire [Egyptien de naissance], ancien membre du RN [comme le trésorier de deux associations de collecte de fonds du Front national dans les années 90, Jean-Pierre Mouchard, père de Laurent Joffrin, ex-patron de Libération], puis de Reconquête et aujourd’hui invité vedette des chaînes du groupe Bolloré [donc exclu des chaînes du service public, dont France inter et France 2 ou de France 5, et de Quotidien, du groupe TF1], a été jusqu’à appeler à l’expulsion de Mehdi [puisque la parole est libre sur CNews, comme pour le socialiste Laurent Joffrin ou Fabien Villedieu, syndicaliste SUD rail, trotskiste lui aussi…]: « je n’ai qu’une réponse : interruption de son visa étudiant et retour à l’expéditeur ». En d’autres termes, un appel raciste [d’Egyptien à Algérien] à la « rémigration », mot d’ordre cher à l’extrême-droite [concept anglo-saxon introduit en France en 2010].

Face à ces attaques il faut que les organisations du mouvement étudiant et du mouvement ouvrier se solidarisent en défense de Mehdi et envoient un signal : l’extrême-droite n’intimidera pas un étudiant mobilisé. Cette attaque rappelle une fois de plus le rôle de poison de l’extrême-droite, qui sert le pouvoir en place en cherchant à diviser travailleurs étrangers et Français, quand les travailleurs sans-papiers sont une composante active de la mobilisation depuis le 19 janvier, et de nombreux travailleurs mobilisés contre la réforme des retraites étaient mobilisés samedi [contre la réforme de l’immigration, dont ne sait pourtant quasiment rien, sinon qu’elle adaotera à notre époque les dispositifs du droit de l’asile et de l’immigration].

L’heure est, comme le rappelait Mehdi, à faire le lien entre les mouvements antiracistes [racisés, comme les antifas sont fascisés] et le mouvement ouvrier, et à unir la colère contre le gouvernement [ou/et la République ?]. C’est surement ce qui effraie l’extrême-droite ! »

#SoutienMehdi !

Soutien à Mehdi du  » Réseau pour la grève générale  » (constitué suite à une tribune parue dans le JDD le 28 janvier 2023, signée par 300 syndicalistes, militants et personnalités appelant à préparer des grèves reconductibles partout où c’est possible ) « face aux attaques de l’extrême-droite »…

Irène Karalis (RP), cheffe mousse à Revolution permanente

« On a besoin d’une jeunesse qui refuse de baisser la tête” (Irène Karalis)…

Ses grands-parents auraient non seulement construit la tour Eiffel (1874-1886) mais aussi le métro (la première ligne est inaugurée en juillet 1900).

Entendre la « coach sportif » éructer ?

Poing levé était déjà présent à Sainte-Soline, preuve que le sort des sans-papiers n’est qu’un détail de l’action subversive du collectif :

Qui sont les tireurs de ficelles derrière les marionnettes, outre Olivier Besancenot et Philippe Poutou (NPA), Frédéric Lordon (chercheur au CNRS, altermondialiste et Nuit debout), l’un des signataires d’une tribune défendant la candidature d’Anasse Kazib, délégué syndical de SUD Rail et militant trotskiste français, porte-parole de …Révolution permanente à l’élection présidentielle?

Le Black bloc défile en France, semant partout violence et désolation

Black bloc : en cendres, tout devient possible »

Romain Huet émeute
« En cendres, tout devient possible »

Article (22/9/2019) de Radio parleur, « un média » qui se dit indépendant, mais qui propose de « suivre l’actualité des luttes sociales, environnementales et politiques » et qui publie des articles de Reporterre, cofondé à Paris 20e par Hervé Kempf (ancien journaliste de Courrier internationalLa Recherche et du Monde, qu’il quitte faute de carte blanche pour réaliser des reportages sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes)…

« Tout de noir vêtu·es [sic], ils et elles [iels ?] prennent la tête des cortèges des manifestations, hier en première ligne des défilés contre la loi travail, aujourd’hui acclamé·es par les Gilets Jaunes. Qui sont ces militant·es qui, pour lutter contre le capitalisme et la violence sociale, enfilent par centaines des cagoules et des k-ways noirs ?

Les yeux sont rouges. Et les esprits irrités. Le sérum physiologique, qui stoppe l’irritation des gaz, passe de main en main. “Vous voulez du sérum physiologique, madame ?” En tête du cortège, une femme âgée est prise en charge par un groupe de manifestant·es masqué·es. Quelques mètres plus loin, les projectiles commencent à voler en direction des forces de police, qui ne tardent pas à répondre, ciblant indifféremment les manifestant·es qui leur font face. Une fumée blanche et opaque, annonciatrice de lacrymogènes apparaît près du carrefour. Des pavés sont arrachés par les plus radicaux, des poubelles sont renversées au milieu de la chaussée. Au milieu de la foule, quelques dizaines de militant·es profitent du mouvement pour tirer leur attirail de leur sac à dos. Cagoulé·es et vêtu·es de noir, ils commencent à casser des vitrines et visent des cibles symboliques. Ceux-là rêvent de révolution et de soulèvement et manifestent dans la tradition de l’action directe. Bien vite, la foule prend parti : elle les acclame ou les conspue. La rue est plus que jamais un espace politique. Mais qu’est ce que le “black bloc” ? Et pourquoi attire-t-il ainsi objectifs et caméras ?

Cagoules noires, imperméable Decat’ et gants en cuir

1er mai, sur le boulevard du Montparnasse. Les camions des syndicats et leurs ballons siglés crachent plein pot des tubes militants tandis que le cortège se met en place. En tête du cortège, ils et elles sont plusieurs centaines, tout de noir vêtu·es. Les premiers slogans sont lancés : « Anti ! Anticapitaliste a-ha ! » et « Tout, le monde, déteste la police ! ». Sur les trottoirs et à intervalles réguliers, des effectifs de police sont déployés avec leur équipements coqués et renforcés. Très vite, la tension monte. BRAV-M, CRS et policiers en civil : pour cette fête des travailleurs, la préfecture de Police a sorti le grand jeu. En face, les manifestant·es alignent des bâtons, des frondes, des mortiers et des feux d’artifice. Et aussi parfois, des bombes agricoles.

“La banderole renforcée ça sert à se protéger des attaques de la police et des flashballs”, explique Camille. “En même temps, ça porte notre message : c’est du sens en action.” Cet étudiant est venu avec plusieurs ami·es pour participer à la grande manifestation parisienne. Un 1er mai qui s’inscrit dans un contexte social tendu par le mouvement des Gilets Jaunes. “On met du bois derrière des bâches, on peut mettre toute sorte de choses.” Quant aux messages qui sont inscris dessus, “chaque collectif a sa méthode, mais la plupart du temps ça fait consensus en fonction du contexte”. Non sans un certain lyrisme, le black bloc emprunte parfois ses slogans à des rappeurs en vogue, comme Booba ou PNL. Et à l’occasion, à l’actualité des séries télé, comme Game of Thrones.

En fonction de ces dispositifs, il est parfois plus intéressant de se changer directement au cœur de la manifestation, où la solidarité entre manifestant·es permet d’enfiler discrètement les tenues noires. Régulièrement des sympathisant·es, tous âges confondus, se positionnent autour d’eux, afin de les cacher des regards de la police. Lorsque la manifestation se met en branle, imperméables noirs et lunettes de piscine sont tirés hors des sacs à dos pour préserver l’anonymat. “Moi personnellement je les cache sous mon pull. J’ai moins de chances de me faire fouiller, parce que j’ai une tête toute mignonne”, sourit Vixen, qui précise toutefois que pour les masques à gaz ou des objets volumineux, “c’est plus compliqué”. Mais face aux contrôles de la police, les manifestants trouvent régulièrement le moyen de s’adapter. Sur le parcours, les tenues et le matériel sont parfois dissimulés à l’avance. “On s’échange beaucoup d’infos, pour savoir où se situent les points de contrôles”, confie Vixen, en enfilant un T-shirt noir par le col, jusqu’au nez.

Les conversations via des messageries chiffrées, comme Signal, permettent de se protéger de l’action des services de police et de renseignement. La jeune femme tire les manches en arrière et les nouent ensemble. Avant de rabattre le bas du T-shirt sur le front, de tirer les bords et de les renouer à l’arrière, improvisant ainsi une cagoule. A quelques mètres de là, des chariots sur lesquels se dressent d’imposant volatiles, réalisés en carton pâte et à l’effigie de cygnes, tentent de prendre place en tête de cortège, poussés par des étudiants. Les chars-volatiles ne sont pas une nouveauté. En 2016, un phénix, monté lui aussi sur un caddie, avait été brûlé place de la Nation. Dans le black bloc, les symboles et l’imaginaire collectif brillent de mille feux. “Il y a des caddies décorées avec du bois, avance Camille. Ça permet de se protéger. Et on a mis une catapulte derrière. Ça s’appelle la spatule, ça permet d’envoyer un pavé de deux ou trois kilos sur un pare-brise.”

La particularité du black bloc, c’est aussi et d’abord sa dimension esthétique [sic] qui passe par la dissimulation du visage et le fait de s’habiller tout de noir. “Je suis d’abord venu dans le Cortège de tête, j’ai trouvé que c’était sympa et j’ai acheté un K-way noir”, sourit Camille. Le coupe-pluie imperméable noir, pas cher et facilement dissimulable, est distribué chez les grandes enseignes de sport. Plus généralement, n’importe quel·le manifestant·e habillé·e de noir peut en principe rejoindre le cortège.

“Avec des copains qui ont fait le même parcours, on a décidé de se coordonner”

Le plus souvent, on vient dans le black bloc par “groupe d’affinité” ou en binôme. Le cortège se constitue ainsi par grappes d’individus. Anarchistes, communistes, féministes, queers ou militants autonomes et antifascistes. “Ce qui nous réunit, c’est une notion de soin très importante : tu ne laisses jamais quelqu’un par terre.”

Pas de manif statique, une émeute magnifique

Alors que les gaz lacrymogènes commencent à envahir l’avenue, quelques militant·es s’élancent vers l’enseigne JC.Decaux d’un abribus et brisent les vitres à coups de marteaux brise-glace. En principe, aucune cible n’est choisie au hasard. “C’est une casse ciblée”, explique Camille. Parfois, le choix des cibles manque de clarté, aux yeux du grand public ou du reste des manifestant·es. La charge symbolique de ces dernières varient en effet selon chacun·e. En 2016, c’est une boutique Emmaüs qui est brièvement prise pour cible, au grand étonnement de nombreux·ses manifestant·es, qui observent la scène un peu dépité·es. Des participant·es au black bloc s’expliquent : quelques semaines plus tôt, des salarié·es de l’enseigne ont dénoncé les conditions de travail que leur imposait Emmaüs. Une pancarte donne le ton : “Pas de manif statique, une émeute magnifique.” [affaire de préférence « esthétique » !]

Une agence de la Banque Populaire attaquée durant le parcours d’une manifestation. Photographie : Sylvain Lefeuvre pour Radio Parleur.

“Il arrive quelquefois que des gens fassent des erreurs, parce qu’ils n’ont pas encore compris le principe”, précise l’étudiant. Une minorité, selon lui : “95% du temps, ce sont des symboles de ‘l’enfer des pauvres’ qui sont visés.” D’autres concèdent qu’il existe une attirance pour la violence chez certain·es, lorsqu’ils viennent manifester. Interrogé durant les manifestations contre la Loi Travail par Street Press, Ahmad, participant au black bloc confiait : « Quelques-uns vont en manif comme à un match de foot. L’équipe adverse, c’est les flics. »

Un distributeur automatique de billets détruit et repeint près des Champs-Elysées, samedi 12 janvier 2019 à Paris. Photographie : Pierre-Olivier Chaput pour Radio Parleur.

Attention toutefois aux généralités. Dans le black bloc, l’usage de la violence n’est pas systématique. Le même Ahmad confie ainsi : « La question n’est pas seulement d’avoir des milliers de personnes qui descendent dans la rue, mais de savoir combien de personnes vont continuer à s’organiser après ce mouvement pour penser une autre société. » Et de citer d’autres modes d’action : « C’est plus fort de bloquer économiquement une usine que de casser une banque. Investir un lieu, ou organiser une soupe populaire, c’est aussi radical. » Le 22 avril 2001, lors des manifestations pour les droits des femmes à Washington, le noir cortège défile pacifiquement. Ce type de manifestation “calme” du black bloc s’est reproduit à plusieurs reprises durant les années 2000, en Italie par exemple. Lien TikTok

Alors que le cortège des manifestant·es [!] continue son chemin boulevard du Montparnasse, une silhouette masquée s’approche tranquillement d’une vitrine. D’un coup sec de marteau brise-vitre volé dans un bus, Mathias fait voler en éclat la glace d’un support publicitaire. Aussitôt l’action accomplie, il réintègre la manifestation et se perd dans la foule des anonymes. Presque aussitôt, un autre jeune homme, lui aussi cagoulé de noir et muni d’une bombe de peinture jaune, recouvre un mur d’un slogan anticapitaliste. Lien TikTok

Les images du black bloc, où sont visibles des individus vêtus de noir en tête de cortège, défraient régulièrement les chroniques des médias et les déclarations des politiques. Pour le politologue Francis Dupui-Déri [spécialiste de l’antiféminisme et de l’anarchisme], « depuis le XIXème siècle, l’anarchiste est associé à l’image du terroriste mangeur d’enfants et dévoreur de grand-mère. Aujourd’hui, c’est le black bloc. » Une mauvaise publicité due à l’usage de la « violence ». Or, ce professeur en science politique à l’Université du Québec rappelle que ces destructions de biens matériels symboles de domination et les frappes ciblées contre la police, ne sont qu’une stratégie de la mouvance anarchiste parmi d’autres. Pour Vixen, c’est la question de la violence elle-même qu’il faut interroger : “J’ai envie de sortir de ce paradigme de la violence (…), j’ai pas l’impression d’aller faire violence à quelqu’un quand je participe au black bloc.

« repeindre la vitrine d’une banque en jaune, c’est parfois plus violent que de lancer un pavé dedans »

“Dans l’image du bloc qui est donnée, il y a un côté viriliste, mais ce n’est pas voulu”, assure Vixen, pour qui la pratique du black bloc s’inscrit dans la diversité des luttes. “C’est un filtre qui est mis dans le regard sur les actions du bloc. Il faut se ré-approprier des stratégies et des tactiques qui sont reconnues comme viriles et masculines, alors qu’elles ne le sont pas par essence.” La jeune femme précise que d’autres formes de mobilisations radicales peuvent aussi côtoyer des black blocs en manifestation, par exemple une fanfare militante ou des équipes de street medics. Des pratiques qui se sont souvent développées en parallèle du Bloc. “Le Bloc créé une zone d’autonomie temporaire”, souligne Camille.

Une zone autonome entretenue, de fait, à coup de pavés d’un côté et par des grenades et des canons à eau de l’autre. Reprendre la rue et la tenir. Ou plutôt, tenir gendarmes et policiers à distance et affirmer ainsi qu’une pratique militante offensive peut exister malgré une présence policière. Quand le black bloc se met en place “on reprend le contrôle. On n’est plus sur la défensive face à l’État”, explique Mathias qui, lorsqu’il n’est pas en manifestation, travaille dans la restauration. “C’est un moment joyeux”, sourit le militant. Ainsi le 1er mai 2018, sur le pont d’Austerlitz, à Paris, le black bloc danse, chante et rit au départ de la manifestation. “On a le sentiment d’exister à ce moment là. Le cortège de tête et le Bloc, c’est là que ça se passe : que ça pulse”, explique le jeune militant. [rendez-vous des peine-à-jouir ?]

Proclamer la fête et la jouissance pour vivre la révolte

Un an plus tard, le même sentiment anime toujours le noir cortège, alors que résonnent les paroles de Freed from Desire, de la chanteuse italienne Gala. Les paroles de ce tube des années 90 ont trouvé un retour en grâce sur le pavé ces dernières années, avec une forte dimension d’émancipation des genres et des normes sociales. “My lover has got no money, he’s got his strong beliefs” (Mon amour n’a pas d’argent, il a de fortes convictions). C’est aussi l’un des aspects de la pratique du black bloc, un côté émancipateur d’une part et de l’autre : une sorte de subversion joyeuse. Portée par une jeunesse radicale.

“C’est hyper important de repenser ces cortèges de tête et ces manifs avec cette notion de joie et de fête”, avance Vixen, alors que le cortège de tête essaie d’entraîner le gros de la manifestation en ballade sauvage par une rue détournée. Sur des itinéraires pas connus à l’avance, même par les manifestant·es. Le pire scénario pour la police, qui s’échine aussitôt à stopper l’avance de ces derniers à coups de grenades à gaz. Avec succès. Les manifestant·es crachent et toussent. Les yeux pleurent. Le coup est manqué. Pourtant chez les ingouvernables, les visages sont souriants. “On est aussi là pour partager des moments festifs.” Dans l’Italie des années 1970, les indiens métropolitains, qui étaient une branche du mouvement autonome, considéraient déjà que le rire était une forme de subversion et la dérision, une arme politique.

Black bloc
Un manifestant écrit sur un portail durant le mouvement des Gilets Jaunes. Photographie : Sylvain Lefeuvre pour Radio Parleur.

Dans la manifestation syndicale proprement dite, sous les ballons floqués et derrière les banderoles étirées, environ 40 000 manifestant·es défilent en rangs serrés derrière leurs directions. C’est peu dire qu’en quelques années, depuis la Loi travail, les syndicats se sont laissés déposséder de la tête du cortège. Devant, derrière et autour de celui-ci, parmi les centaines de cagoulé·es en imperméable noir, on observe plusieurs milliers de manifestant·es solidaires du black bloc. Il y a des gilets jaunes, des étudiant·es, quelques écolos, des radicaux et de plus en plus de militant·es affublé.es de chasubles aux couleurs des grandes centrales syndicales. De manif en manif, les rangs de ces dernières se sont clairsemés. “On arrive à rendre solidaires de nous plus de gens que les syndicats”, résume Camille. “Et maintenant on prend le contrôle des cortèges, parce que les gens se rendent compte que leurs stratégies ne marchent plus.”

Un symptôme de l’impuissance du militantisme classique ?

Avenue des Gobelins, la tête du cortège s’est scindée … et quelques militant.es syndicaux se retrouvent parmi les ingouvernables. C’est le cas d’Albert, 31 ans. Ce militant à la CGT observe le black bloc, disséminé autour de lui. L’heure est à l’accalmie et la police campe sur ses positions. Lorsqu’on lui demande ce qu’il pense de cette pratique, l’ouvrier métallurgiste est un peu gêné : “Je comprends le ras-le-bol et je comprends que la méthode pacifique ne fonctionne plus.” De là à la soutenir ? Albert hausse les épaules et soupire. “On nous a parlé de violences, moi je ne regarde pas BFM-TV, je ne sais pas de quelle côté elle est.”

Depuis 2016, le nombre de militant·es syndicales·aux présent·es dans le Cortège de tête ne cesse de croître. Ceux-là participent peu aux “violences”, mais les cautionnent et refusent de s’en désolidariser. Parfois même, ils les applaudissent. De fait, manifester dans cette portion du cortège, affranchie des bannières et des services d’ordre syndicaux, c’est accepter de façon plus ou moins implicite la diversité des modes de luttes. Une position qui n’est pas partagée par tout le monde. Beaucoup craignent que la présence de manifestant·es violent·es dans les cortèges ne restreigne leurs libertés, justifiant la répression policière ou l’interdiction des manifestations par le gouvernement.

La retraité assure avoir été bousculée par les militant.es masqué·es [sic], ses lunettes renversées. “Ils m’ont dit : ‘mais madame, si on casse pas on nous entendra pas’.” A l’instar d’Odile, beaucoup redoutent que les militant·es radicales·aux ne discréditent les mobilisations générales et leurs revendications. Du politicien au porte-parole de certains groupes altermondialistes, les détracteur·ices du black bloc s’évertuent à lui nier toute rationalité politique. Susan George, vice-présidente d’ATTAC en 2001 déclarait ainsi à Libération lors du G8, à Gènes : “Ces violences d’anars ou de casseurs sont plus antidémocratiques que les institutions qu’ils combattent soit-disant.” En mai 2018, c’est un élu communiste, Fabien Roussel, qui appelle le ministre de l’Intérieur à prendre des mesures pour prévenir les violences des black blocs. Tandis que le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, avant de se rétracter, dénonce “sans doute des bandes d’extrême-droite”.

Lors de la manifestation du 1er mai à Paris, les service d’ordre syndicaux établissent un cordon entre le Cortège de Tête et le cortège syndical. Photographie : Pierre-Olivier Chaput pour Radio Parleur.

A Paris et dans d’autres villes, il arrive que le black bloc et les services d’ordre de certains syndicats en viennent carrément aux mains. Ainsi en 2016, des accusations émanent de militant·es de la mouvance libertaire : “le SO de la CGT a livré des jeunes aux flics”. Là encore, on assiste à deux visions différentes. Entre les syndicats et leurs adhérents il existe un accord tacite, ceux-ci peuvent venir manifester en famille sains crainte de se faire charger par la police. Pas question alors de laisser les “casseurs” pénétrer le cortège syndical et donner un prétexte à des policiers pour intervenir dans celui-ci. En avril 2016, les militant·es cagoulé·es dépassent le cortège syndical qui s’est mis en branle, CGT en tête. Ils crient “SO collabos !” Casqués, armés de matraques et de manche en bois, le service d’ordre de la CGT charge le black bloc. “Entre le service d’ordre de la CGT et les autonomes, ça a toujours été ce genre de rapport”, sourit Annie*, une militante autonome d’une cinquantaine d’années. D’autres syndicats entretiennent des rapports un peu moins conflictuels avec le cortège ingouvernable.

En juin 2016, lorsque le black bloc de la manifestation en hommage à Clément Méric se disloque sous les charges policières et les grenades, ses participant·es refluent vers l’arrière de la manifestation jusqu’au cortège de l’Union syndicale Solidaires. Le service d’ordre syndical signifie alors à deux personnes encagoulées d’arrêter de jeter des pierres depuis leur cortège, mais avancent côte à côte avec l’une des banderoles du bloc, pour progresser dans les gaz lacrymogènes. De même, lorsque le service d’ordre de Solidaires protège la sortie des ses manifestations de ses militant·es face à la police, nombre de participant·es au black bloc empruntent également ce sas bienvenu après s’être changé, pour éviter de potentielles interpellations.

Mathias “confrontés à la violence de la police, des manifestant·es au départ pacifiques soutiennent de plus en plus les manifestant.es radicaux”. Mais à quel prix ? En 2016, des habitué·es du black bloc, habillés en blanc et masqués de rouge pour l’occasion, brandissaient une banderole sur laquelle était inscrite : “Pour l’unité, il faut des ennemis communs”. Une manière de rappeler aux syndicats qui est l’adversaire.

Ces actions sont largement médiatisées, diffusant à l’échelle mondiale l’existence de cette pratique, et les blacks blocs essaiment à travers la planète, essentiellement en Europe et en Amérique, au cours des années 2000. Ils se forment surtout lors des manifestations contre les sommets organisés par les grandes puissances de la planète (G8, Otan, etc.), et c’est à cette occasion qu’ils font irruption en France, à Evian en 2003 et surtout à Strasbourg en 2009.

Une charge menée par le black bloc lors de l’Acte 18 des Gilets Jaunes à Paris, le 16 mars 2019. Photographie : Viktor Poisson pour Hans Lucas

Ces trois dernières années, les plus importants black blocs ont eu lieu le 20 janvier 2017 à Washington DC, lors de la manifestation Disrupt J20 contre l’investiture présidentielle de Donald Trump, en juillet 2017 à Hambourg en réponse au sommet du G20, et surtout en France depuis 2015. Lorsque l’état d’urgence est proclamé après les attentats du 13 novembre au Bataclan et à Saint-Denis, plusieurs manifestations sont interdites, et notamment celle en opposition à la COP21 qui se tient en Île-de-France. Plusieurs milliers de personnes bravent l’interdiction et se réunissent sur la place de la République à Paris. Un black bloc se forme et tente sans succès de forcer un barrage policier pour lancer la manifestation, ce qui entraînera plusieurs heures d’affrontements, de nombreux blessés et plus de 300 arrestations.

A peine quelque mois plus tard, le mouvement contre la loi Travail au printemps 2016 voit le black bloc réapparaître régulièrement en tête des manifestations à Paris, Nantes et Rennes pour ne citer qu’elles, formant la première partie de ce qu’on appelle désormais le cortège de tête. Le nombre de participants à ces black blocs augmente avec la durée du mouvement et la dureté de la répression des manifestants. Le phénomène atteint son apothéose le 14 juin 2016, à Paris, où un cortège de plusieurs milliers de personnes s’oppose à la police sur des avenues entières. Depuis, on le trouve régulièrement dans les manifestations antifascistes et dans les défilés du 1er mai, mais c’est avec le mouvement des Gilets Jaunes qu’il revient durablement sur le devant de la scène médiatique.

Un Black Bloc applaudi pour le 1er mai 2019

D’ordinaire, on trouve des black blocs dans les manifestations dites “de gauche” où il cohabite en général avec des groupes et partis allant des communistes aux sociaux-démocrates. Son apparition dans le mouvement des Gilets Jaunes dont l’hétérogénéité inclut des franges de la droite et de l’extrême-droite n’avait initialement rien d’évident. D’autant plus que de nombreuses personnes manifestaient pour la première fois et n’étaient par conséquent pas familières avec la pratique, si ce n’est par ce qu’ont pu en transmettre les médias. Autant dire que ça n’encourage pas un a priori positif. Le pacifisme largement affiché s’accompagnait régulièrement du rejet des mystérieux·ses cagoulé·es. Pourtant, à une vitesse fulgurante, rencontre et nécessité ont fait leur œuvre.

C’est notamment à travers le mouvement des Gilets Jaunes que de nombreux·ses manifestant·es ont commencé à afficher leur solidarité avec celles et ceux qui pratiquent le black bloc. Photographie : Pierre-Olivier Chaput pour Radio Parleur.

Devant l’ampleur et la férocité de la répression, les Gilets jaunes ont dû passer, très rapidement, à un autre niveau d’organisation. Ça tombait bien, juste à côté d’eux s’agitaient des personnes ayant une certaine habitude de ces situations, et toute une série de tactiques, à l’efficacité éprouvée, à transmettre. Mais l’inspiration n’est pas allée que dans une direction. La tenue sombre est restée de rigueur, mais le cortège noir s’est étoilé de gilets jaunes par dessus les pardessus. Et réciproquement. Les émeutes des Gilets Jaunes, éclatées en plusieurs cortèges et multiples points de pillage et d’affrontement ont également bousculé l’habitude du grand cortège-black bloc uni, dont la force vient de son nombre et de sa résistance aux charges.

Cette perméabilité des pratiques combinée à l’indignation unanimement partagée des Gilets Jaunes contre les brutalités policières ont contribué à faire bouger les lignes sur la violence, les moyens d’y faire face ainsi que d’y recourir. De la place de l’Étoile à celle d’Italie, le slogan « Tout le monde déteste la police ! » est repris en cœur par les uns et les autres. Et s’il est difficile d’évaluer le nombre de Gilets Jaunes ayant “rejoint” le bloc, il est clair que les échanges entre ses participant·es et le reste des Gilets Jaunes a, en large partie, établi les bases d’une relation. Celle-ci ne s’étend pas systématiquement jusqu’à la coopération, mais constitue au moins l’acceptation d’une coexistence. Ainsi, conspuée en 2018, la constitution du Bloc s’est effectuée sous les applaudissements au printemps suivant.

Nantes, le 6 avril 2019, un black bloc aux rangs unis et serrés se forme. Signe de convergence avec le mouvement social en cours : certain·es portent des gilets jaunes. Photographie : Pierre-Olivier Chaput pour Radio Parleur.

Face à la montée du Black Bloc, un arsenal de répression toujours plus fort

Une grande force des services de renseignement est de feindre qu’ils savent tout. De donner l’impression qu’ils sont au cœur des intrigues, alors qu’ils en ignorent souvent le détail. Et d’intimider et frapper de manière invisible l’imaginaire collectif, afin que ce dernier ne pense même pas à se rebeller. Ces dernières années, les renseignements ne manquent pas de communiquer sur le danger que représenteraient les “black blocs”. A coup de fichages et d’arrestations, parfois préventives, la répression s’est abattue sur les imperméables noirs un peu partout en Europe.

Les 7 et 8 juillet 2017, les chefs d’État et de gouvernements du G20 se rencontrent dans la ville allemande de Hambourg. Plus de 20 000 policiers et militaires sillonnent la ville, transformée en forteresse pour l’occasion. Certaines manifestations se déroulent pacifiquement, d’autres tournent à l’affrontement ciblé avec la police. Dès la fin du sommet, la police de Hambourg lance une commission d’enquête spéciale appelée « Black Block ». Plusieurs milliers de procédures pénales sont ouvertes contre des suspects allemands, français, espagnols et suisses. Certain·es militant·es sont en détention depuis, comme le rapporte Bastamag.

Black Bloc
Paris, près de la place de l’Étoile, une street medic prend en charge un participant au black bloc blessé. Photographie : Sylvain Lefeuvre pour Radio Parleur.

“Il y a des veilles de manif’ qui sont plus difficiles que d’autres”, concède Vixen. “La peur fonctionne.” Car en face, l’arsenal répressif ne manque pas de se renforcer. En France, la dernière loi “anti-casseurs”, “visant à renforcer et garantir le maintien de l’ordre public lors des manifestations”, cible particulièrement les adeptes de l’action directe et leurs soutiens. Avoir le visage masqué, même partiellement, à proximité d’une manifestation peut désormais coûter un an de prison et 15 000 € d’amende. Et l’interpellation sur ce motif, qu’elle soit pour un simple foulard ou une cagoule, n’est souvent que la première étape d’une grand boucle répressive. Viennent régulièrement s’ajouter les accusations d’outrage et rébellion.

La parole des manifestant·es fait rarement le poids pour la Justice face à celle du policier, preuves matérielles ou pas. Et surtout, le délit de groupement en vue de commettre des dégradations ou des violences, voté par la droite en 2010. Prévu selon ses instigateurs pour lutter contre les bandes violentes, il sert désormais massivement à justifier les arrestations de manifestant·es, que ce soit des Gilets Jaunes, des opposant·es au G7 de Biarritz ou bien les convoyeuses d’un homard en papier mâché à Nantes. Avec ce délit, on ne juge pas d’actions commises, mais de l’intention supposée de les commettre, une accusation dont nul n’est à l’abri et encore moins les participant·es au bloc, dont la simple tenue peut être considérée comme un élément à charge. Si l’on y ajoute encore le refus de donner son ADN, on aboutit à des procès où les militant·es font face à quatre ou cinq chefs d’accusation dont aucun ne porte sur le fait d’être l’auteur ou l’autrice de la moindre violence.

Le Bloc compte aussi son lot de blessures. Bras et mains cassées par des coups de tonfa, des éclats de grenades dans les jambes et des hématomes, dus aux tirs des LBD 40. Sur le pavé, les street médics ont parfois fort à faire. A seulement 22 ans, Mehdi* compte déjà pas mal de manifestations à son actif. Il a été dans les cortèges de tête contre la loi Travail, en 2016, sur les barricades de la Zad de Notre-Dame-des-Landes et présent au contre-sommet du G20 à Hambourg. Mais lorsqu’il parle du mouvement des Gilets Jaunes, le jeune homme ne peut s’empêcher de grimacer : « En ce moment c’est chaud. Il y a des tirs de flash-ball dans la tête. Quand tu vois les manifestants avec des yeux crevés, ça fait peur. Les flics veulent terroriser en marquant les gens sur leur corps, pour les dissuader de venir en manif. » Débuté il y a neuf mois, le mouvement social des gilets jaunes a mis sur le devant de la scène une répression judiciaire inédite et des blessures graves, causées par l’armement des forces de police.

Après six mois de mouvement, les chiffres officiels, forcément parcellaires, donnent le vertige : 3 830 blessés. Pas de quoi décourager Mehdi pour autant : “Ça a jeté un froid pour beaucoup de monde, c’est sûr. Il y a des potes qui flippent : lancer un caillou et te recevoir un LBD, ça fait réfléchir… On fait plus trop les fous comme avant. On fait plus gaffe.” Plus résolu que jamais, ce jeune ouvrier ajoute : “Ça renforce aussi notre colère et la détermination des gens. En étant confrontés à cette violence de la répression, ils se radicalisent. Ils prennent conscience des méthodes de la police dans les Quartiers.”

*Les prénoms ont été modifiées [sic].

Un reportage de Tristan Goldbronn [Reporterre], Pierre-Olivier Chaput [Reporterre] et Etienne Gratianette [musicien, « Je sévit dans l’Hebdo Parleur (sic) ]. Réalisation : Tristan Goldbronn. Photo de Une : Sylvain Lefeuvre pour Radio Parleur« 

La CGT appelle à une enquête sur son agression par le Black bloc

Le syndicat qui se dit victime, le 1er mai, réclame l’aide de la police

Ciblée par des activistes violents du ‘Black bloc’ et des manifestants revêtus de noir de pied en cap, pour certains, de gilets jaunes, pour d’autres, la CGT accuse la Préfecture de Police d’avoir mal géré un défilé censé être une fête. Mais le syndicat d’extrême gauchee n’oublie pas ses homologues et Catherine Perret, secrétaire nationale du syndicat, signale aussi sur une forte mobilisation de l’extrême droite, selon elle. Côté Gilets Jaunes, on avance d’autres arguments, tandis que la droite radicale laisse parler…

Samedi 1er mai à Paris, 21 militants de la CGT, des volontaires de son service d’ordre, pourtant aguerri, mais aussi de simples militants, ont été blessés en fin de manifestation, place de la Nation par des ultras du Black bloc, et des manifestants  encagoulés de noir et, pour certains vêtus de jaune ; quatre d’entre eux ont dû être hospitalisés. Une vitre et un rétroviseur de camionnette du syndicat ont également été brisés, un ballon de baudruche détaché, récupéré par des autonomes. « C’est un véritable guet-apens qu’on a tendu à mes camarades » s’est indigné Philippe Martinez, secrétaire général du syndicat, pour soutenir ses troupes, outrées d’être qualifiées de « collabos » du pouvoir par certains de ses attaquants.

Dans la soirée, la centrale écrivait donc, noir sur blanc dans un communiqué, qu’elle ne reculerait pas plus devant ce type d’agressions « que face aux politiques libérales menées par le gouvernement actuel, dont les lois veulent nous priver de notre liberté. ».

Et, soutenue par Force ouvrière et la CFDT, elle appelait « l’ensemble du monde du travail à rejeter toutes formes de haine et de division. »

Attaqués par des groupes identitaires, pourtant non violents ?

« Nous devons réfléchir à froid, au délitement [sic: cf. la tribune des généraux « putschistes »] du climat des manifestations dans les grandes villes, confie Catherine Perret, secrétaire nationale. Et de mettre en cause la police à Paris: « la gestion de la manifestation par la Préfecture de Police nous a empêchés d’évacuer nos camions dans de bonnes conditions ; leur immobilisation a permis leur attaque. »

Et puis de s’en prendre à la droite: « Mais, sur le terrain, depuis des mois, nous relevons une forte mobilisation de l’extrême droite, » assure-t-elle après tous ces mois de silence. « A Lyon, d’ailleurs, des syndicats ont déjà été attaqués par des groupes identitaires, » insinue-t-elle, sans plus de précisions.

De fait, ce 1er mai, la CGT Uber Eats/Deliveroo Lyon, a également déploré que des manifestants encagoulés, « munis en amont de gants de motos et bâtons, » aient interpellé des militants du syndicat qui leur demandaient de ne pas jeter de projectiles à proximité du cortège, pour éviter une intervention policière risquée pour leurs collègues en situation irrégulière. « Rien à foutre de tes collègues sans papiers, » leur aurait-on alors répliqué. Très lourde ambiance.

La CGT inspire la colère…

Que s’est-il passé exactement à Paris ce 1er mai, place de la Nation, en fin de manifestation ? Secrétaire général de la CGT Commerce, Karl Ghazi a déclaré sur BFM-TV et dans Le Monde, qu’un amalgame s’était formé « entre une frange de l’extrême droite qu’on trouvait dans certaines manifs de « gilets jaunes » et des autonomes », assure-t-il en écho.

Sur place, des Black bloc anticapitalistes interrogés en fin d’après-midi, déclaraient à la presse qu’ils ne voulaient plus de manifestations ballon. Et qu’à leurs yeux, la CGT « faisait partie du problème ».

Mais, plus tard dans la soirée, à visage découvert, un gilet jaune, trentenaire brun, s’affirmant non radicalisé, égrenait pour sa part, au fil d’un long Facebook live, d’autres motivations. Saluant au contraire l’engagement de nombre de militants CGT impliqués dans les entreprises, il concentrait sa colère sur le service d’ordre de la centrale de Montreuil. Il affirmait que la rancœur des Gilets Jaunes à son endroit était montée au fil de la manifestation, parce qu’à plusieurs reprises, le service aurait empêché certains d’entre eux, jeunes et moins jeunes, de se replier autour du carré de tête des syndicats pour s’écarter des échauffourées avec la police. Ce militant en chasuble s’offusquait aussi d’avoir entendu des syndiqués railler « le retour de la jaunisse, alors que la CGT appelle à la convergence des luttes ». Arrivé avant les camionnettes de la CGT place de la Nation, il n’aurait pas davantage apprécié d’être délogé pour les laisser passer…

UNE ENQUÊTE OUVERTE

« Insultes homophobes, sexistes, racistes, ont précédé des actes de vandalisme des véhicules des organisations, et, bien plus grave, la haine s’est exprimée par un déchaînement de coups et de jets de projectiles. » accuse de son côté la CGT.

On ignore si l’enquête ouverte par le parquet de Paris pour « violences volontaires en réunion » permettra de tirer au clair ces violentes altercations. Cependant une chose est sûre : en France, à un an de l’élection présidentielle et des ambitions qu’elle attise, le mouvement social va devoir pousser ses revendications – notamment la lutte contre la réforme de l’assurance chômage – dans un climat de tension particulière. Car sur le terrain, la CGT n’est pas la seule à s’inquiéter de la forte mobilisation des extrémistes… Dans la manifestation parisienne du 1er mai, Bruno* (prénom modifié), gilet jaune du 93, confiait lui aussi, que les dissensions au sein des Gilets Jaunes s’aggravent fortement depuis que certains de leurs membres font primer leurs engagements politiques, notamment en faveur du Rassemblement National, sur les revendications centrales du mouvement populaire comme le RIC, le référendum d’initiative citoyenne.

Radicalisation : peut-on encore nier la “montée en gamme” de l’ultra-gauche ?

Le gouvernement prévient d’“un regain de la mouvance survivaliste”

Anarcho-révolutionnaires dans leurs oeuvres, mais
qualifiés de « casseurs » « en marge » des manifs

La mouvance survivaliste et l’ultra-gauche sont clairement identifiés comme un danger, au moins par l’ancien directeur général de la Sécurité intérieure (DGSI) et ex-secrétaire d’Etat à l’Intérieur.

Alors que les dernières semaines ont été jalonnées par de nombreux débordements lors des manifestations contre la loi sécurité globale, Laurent Nuñez affiche son inquiétude dans les colonnes du Parisien. Le coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme observe en effet « un regain de la mouvance survivaliste ou suprémaciste ». Et de préciser : « Ce sont des gens qui s’organisent en dehors des courants traditionnels. Dans la clandestinité et par un système de codes, ils s’entraînent pour être en capacité de se défendre le jour où nous serions attaqués par les islamistes, ou à réagir à un attentat islamiste en ciblant des objectifs musulmans. »

« L’ultra-gauche a déjà un important terreau de passage à l’acte violent »

Nuñez assure également avoir « toujours pris au sérieux l’ultra-gauche qui, depuis Action directe, a une histoire en France ». Selon l’ancien garde-fou de Christophe Castaner, il y a eu une « montée en gamme, si j’ose dire, de l’ultra-gauche. Mais avec un peu moins de 200 dégradations depuis le début de l’année, elle a déjà un important terreau de passage à l’acte violent. » Pour rappel, le 13 décembre, sept militants présentés comme appartenant à la mouvance de l’ultra-gauche ont été mis en examen à Paris pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Ils sont soupçonnés d’avoir voulu commettre une action violente contre les forces de l’ordre ou des cibles militaires.

Sept suspects ont été présentés à un juge. La police a saisi des éléments pouvant entrer dans la composition d’un engin explosif.

Des terroristes d’extrême gauche voulaient s’en prendre à des policiers! Ils s’attaquent à l’uniforme de la République qui est le dernier obstacle à leur dictature et leur soif de chaos.» Le tweet du député LR des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, n’a pas tardé après l’annonce de la présentation à un juge d’instruction antiterroriste de sept suspects considérés comme des membres de l’ultragauche, ce vendredi, à Paris, en vue d’une mise en examen pour «association de malfaiteurs terroriste».

Par ailleurs, «l’ultradroite a essayé de prendre le leadership du mouvement des «gilets jaunes» sur la voie publique, poursuit Laurent Nuñez, notamment à Paris. Mais, rapidement, elle a été évincée par l’ultragauche qui a vu l’intérêt d’infiltrer les Gilets jaunes et de leur apprendre à constituer des black blocks». Et de conclure : « Force est de constater que l’on retrouve quand même une espèce de convergence idéologique avec l’ultradroite dans les prises de position d’un certain nombre de Gilets jaunes. Notamment des ultra-jaunes qui adhèrent à des théories complotistes, anticapitalistes dénonçant les élites ou le pouvoir judéo-maçonnique 

Sept personnes ont été mises en examen à la mi-décembre

Soupçonnées d’avoir voulu préparer une action violente, elles sont poursuivies pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle». La police a saisi des éléments pouvant entrer dans la composition d’un engin explosif.

Les autorités estiment à 2.000 environ le nombre de membres de la mouvance ultra-gauche, en octobre. Ils sont prêts à répondre à tout appel à commettre «des ‘actions directes’: dégrader des lieux du ‘Grand capital’, des collectivités locales, des antennes-relais», a expliqué L. Nuñez. «Plus de la moitié» des 200 dégradations recensées concernent des pylônes de téléphonie, a-t-il ajouté. «En 2017, il y avait eu aussi un appel un peu identique, mais celui de cette année semble plus suivi, il y a plus d’actions», a-t-il ajouté.

Sept mises en examen

Les sept mis en examen pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle», six hommes et une femme, âgés de 30 à 36 ans, soupçonnés d’avoir voulu préparer une action violente, avaient des cibles non «arrêtées», a précisé dimanche une source proche du dossier. «Cela tournait autour des institutions, des forces de l’ordre ou des militaires», a-t-elle ajouté.

L’un des suspects, considéré comme le «meneur», Florian D., a combattu au côté des Kurdes au «Rojava» (Kurdistan occidental), dans le nord-est de la Syrie, pendant dix mois de 2017 à début 2018, selon cette source. Interpellé dans un squat à Toulouse, il était sans domicile fixe et avait été condamné pour violences aggravées, port d’armes, conduite sous stupéfiants, a précisé une autre source proche de l’enquête.

Un autre des membres du groupe était président d’une petite association d’«Airsoft» (tir au pistolet à billes), selon l’une des sources. «Ils se sont entraînés sous couvert de cette association, sur un terrain qui appartenait au meneur dans l’Indre», a-t-elle ajouté.

2008, l’affaire de Tarnac

Avant cette affaire, la dernière saisine connue de la justice antiterroriste pour des faits liés à l’ultragauche remonte à l’affaire de Tarnac en 2008, pour des soupçons de sabotage de lignes TGV. Mais les qualifications terroristes, objet d’un âpre débat, avaient été abandonnées par la justice avant le procès.

Début 2020, le procureur de Grenoble avait demandé, en vain, au Parquet antiterroriste de se saisir des actions revendiquées par l’ultragauche, une quinzaine d’incendies dans sa région commis en trois ans visant la gendarmerie et différentes institutions (mairie, église, services publics).

«Les services de renseignements se sont certes concentrés sur le terrorisme islamiste sunnite ces dernières années, mais ne l’ont jamais fait au détriment de la surveillance d’autres mouvances», a ajouté Laurent Nuñez. «On est toujours restés très concentrés sur la mouvance ultra-droite et la mouvance ultra-gauche», a-t-il encore dit.

Le Black bloc, des petits bourgeois friqués contre les flics smicards

« Le profil social des interpellés du « Black bloc » n’a rien de nouveau »

Alors que les premières comparutions immédiates après les affrontements du 1er-Mai ont lieu, beaucoup s’étonnent du profil social assez « bourgeois » des militants du « Black bloc », des groupes terroristes informels et éphémères utilisant des tactiques insurrectionnelles et des formes d’action directe collectives n’excluant pas les violences, la casse et l’incendie, non pas avec des intentions de délinquance (pillage), mais factieuses. Il se révèle en réalité plutôt classique, en termes d’agitation de rue.

S’ils sont anti-flic, ils n’assassinent pas de sang-froid comme Action directe (AD), groupe terroriste communiste, qui a revendiqué plus de 80 attentats ou assassinats sur le territoire français entre 1979 et 1987: les tentatives d’assassinat sur le contrôleur général des armées Henri Blandin et du vice-président du Conseil national du patronat français (CNPF) Guy Brana, ou les attentats contre les locaux d’Interpol et ceux de l’Union de l’Europe occidentale, et les assassinats de l’industriel Georges Besse et de l’ingénieur général de l’armement René Audran. Jean-Marc Rouillan justifie les braquages, qualifiés d’« opérations de financement » ou de « réappropriation ». Il fait clairement état de l’objectif d’Action directe de « destruction de la société capitaliste » et de son intention de « maintenir une politique révolutionnaire ». En août 1982, le gouvernement décide la dissolution d’Action directe après la fusillade de la rue des Rosiers visant la synagogue et la revendication par Jean-Marc Rouillan d’un certain nombre d’attentats anti-américains et anti-israéliens. Lors de l’arrestation de plusieurs des membres d’Action directe et jusqu’à aujourd’hui, des groupes d’extrême-gauche, tel le Comité Unitaire pour la Libération des Prisonniers politiques, le Comité Unitaire de Défense des Prisonniers politiques, le Collectif pour la libération des Militant-e-s d’Action directe ou encore Secours rouge (Secours rouge/Association des Parents et Amis des Prisonniers communistes), mais aussi la Ligue des droits de l’homme militent pour leurs libérations. Rouillan a bénéficié d’un premier régime de semi-liberté du 17 décembre 2007 au 2 octobre 2008; Il en profitera pour animer une tournée de soirées-débats dans des MJC. Cette faveur sera suspendue, puis révoquée pour des propos tenus lors d’un entretien avec L’Express en 2007. Il bénéficiera de nouveau d’un régime de semi-liberté le 19 mai 2011.

En 2009, Julien Coupat et le groupe de Tarnac sont présentés par Michèle Alliot-Marie comme des « héritiers en puissance d’Action directe ». La presse et la gauche modérée vilipendèrent la ministre de l’Intérieur pour son signalement du retour du terrorisme de « l’ultra gauche ».

Les actions du black bloc ciblent généralement les symboles de l’Etat (police et policiers, tribunaux, bâtiments administratifs et représentants de l’Etat (préfets), ce qui ne les différencie pas des bandes de quartiers qui s’en prennent aussi aux écoles, voire même aux médecins et infirmières, et du capitalisme (banques, agence d’intérim, entreprises multinationales, publicité, restauration rapide). Afin de justifier leurs interventions parfois violentes face à la mondialisation, les militants soutiennent que le capitalisme est infiniment plus destructeur qu’aucune de leurs actions directes.

Le black bloc est médiatisé lors des manifestations contre la Première guerre du Golfe en 1991, puis en 1999 à Seattle lors du contre-sommet de l’OMC, lors des manifestations contre les G8 à Gênes en juillet 2001, à Evian en 2003, à Heiligendamm en 2007, à Strasbourg lors du sommet de l’OTAN en avril 2009, à Hambourg pendant le G20 en 2017, ou encore le 1er mai 2018, ainsi que lors de la crise des Gilets jaunes à Paris.

Entretien de Marianne avec Olivier Cahn, maître de conférences en droit privé et sciences criminelles à l’Université de Cergy-Pontoise, Val d’Oise:

Qualifiés par la droite et l’extrême droite de « racailles de banlieues », les premiers militants « Black blocs » présentés en comparution immédiate après les violences du 1er-Mai présentent un tout autre profil social. Elèves à Centrale, fils et filles de chercheurs au CNRS, d’analystes financiers, etc… Il semble que ces militants appartiennent plus à la classe moyenne ou à la petite bourgeoisie qu’aux classes populaires. Un profil beaucoup moins étonnant qu’il n’y paraît. Olivier Cahn, enseignant-chercheur à l’Université de Cergy-Pontoise, spécialiste de l’anarchisme et de la subversion, nous livre son analyse sur les militants du « Black bloc » et sa composition sociale.

Marianne : On entend partout, après les interpellations de militants du « Black bloc » et les premières comparutions immédiates, que le profil social des prévenus « étonne ». Est-ce vraiment si surprenant ?

Olivier Cahn : Ce qui est étonnant, c’est que l’on pensait que la composition sociale de « Black bloc » avait changé, s’était diversifiée. On avait l’impression que ce mode d’action s’était un peu dépolitisé, s’inspirait moins de la bonne société formée à Sciences-Po. En fait, on se rend compte que ces militants restent finalement assez fidèles aux profils que l’on trouvait lors de sa création dans les années 1980 en Allemagne, et dans les mouvements autonomes.

Historiquement, le « Black bloc » a été fondé par des étudiants allemands, tous issus de la classe moyenne supérieure. C’est d’ailleurs ce qui est reproché de façon récurrente par certains groupes trotskystes : les anarchistes sont plutôt issus de milieux sociaux privilégiés, moins des classes populaires.

A l’intérieur du groupe qui constitue aujourd’hui les « Black blocs », on trouve des gens formés très différemment. Certains sont donc issus d’une formation classique à la Sciences-Po [tel l’antifa Clément Méric], et d’autres viennent notamment des « Kops » d’Auteuil, ces supporters de l’ultra-gauche opérant au Stade de France. L’exemple des « Kops » d’Auteuil (contestataires de la politique du PSG) montre des origines sociales certainement plus populaires, et ils sont aussi plus habitués à l’action et aux stratégies policières. On va retrouver aussi des militants antifascistes. Mais, effectivement, le fait que des gens issus de la petite et moyenne bourgeoisie rejoignent une action « Black bloc » n’a rien de nouveau. Et cela discrédite rapidement le discours de l’extrême droite qui véhicule l’idée que des gamins exaspérés par leur situation sociale et dépolitisés descendent des banlieues vers la capitale [une caricature en vérité véhiculée par la presse en parlant de « casseurs » « en marge » des mobilisations, notamment syndicales]. Cela ne correspond pas du tout au « Black bloc ». « Il n’existe pas de groupe « Black bloc », c’est un mode d’action. »

Les profils évoqués depuis hier sont-ils représentatifs de tous les militants du « Black bloc » ?

Je resterais prudent. Il serait un peu hâtif d’en conclure à une représentation sociale fidèle des adeptes du « Black bloc ». Ceux qui ont été attrapés le 1er mai sont les moins aguerris. Les mieux formés et structurés politiquement savent pertinemment quand la police va intervenir, et je pense qu’ils étaient déjà partis quand les interpellations ont eu lieu. Le profil des gens attrapés lors des interpellations doit être analysé en gardant à l’esprit cette réalité. Quand on regarde les images du 1er-Mai, on voit très clairement des militants équipés, préparés, et d’autres qui portent une simple écharpe sur le nez. Il ne faut pas sous-estimer l’opportunisme dans ce type d’action.

N’est-ce pas la première fois que l’on voit 1.200 militants du « Black bloc » déferler dans les rues de Paris?

La différence, ce 1er-Mai – et ils l’avaient annoncé -, c’est qu’ils s’étaient organisés. Ce sont surtout des militants parisiens et de la région parisienne qu’ils ont réussi à mobiliser. Alors que le mouvement appelait sur Internet à une grande convergence de toute l’ultra-gauche européenne à Paris, on voit que cela a finalement peu fonctionné. Il y a très peu d’étrangers dans les interpellations.

Mais il est important de rappeler que, contrairement à ce que martèle le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb qui, visiblement, n’est pas très bien informé, il n’existe pas de groupe « Black bloc ». Le « Black bloc » est un mode d’action. Vous avez des militants autonomes qui vont investir une manifestation légale, organisée et aller au contact. Soit contre des symboles du capitalisme et de la mondialisation, soit contre les forces de l’ordre. L’idée est de montrer que l’Etat ne tient pas la rue. Dans ces militants qui forment un « Black bloc », il va y avoir des militants de toutes sortes de mouvances, y compris des antifascistes. Mais « les Black blocs », ça n’existe pas !

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