Assurance chômage : vers des mesures autocratiques par décret

Nouveau contournement annoncé du Parlement, coup dur anti-démocratique

Le gouvernement présente une réforme de l’assurance chômage ce mercredi en Conseil des ministres. Or, un front syndical dénonce une réforme « simpliste »…

Un projet de texte de loi, via décret en Conseil d’Etat, glisse Les Echos. Macron a déjà reformé par ordonnance : après le code du travail, le gouvernement a choisi de réformer la SNCF par ordonnance pour aller plus vite. Cette fois, Macron réforme par décret. Les élus du peuple peuvent reporter leur rentrée parlementaire, laquelle n’est justement pas prévue avant début octobre…

Le texte du projet de décret a d’ores et déjà été adressé aux partenaires sociaux, afin d’initier une concertation avec les partenaires sociaux. Mais concrètement, que contient ce fameux projet de loi par décret, sans débat parlementaire ? Il prévoit notamment la prolongation des règles actuelles d’indemnisation des chômeurs, issue de la dernière réforme du chômage (lire plus bas: ), ainsi qu’une refonte de la validation des acquis de l’expérience (VAE). « Il s’agit d’éviter « une rupture d’indemnisation » d’environ 2,5 millions de demandeurs d’emplois, a fait valoir le porte-parole du gouvernement Olivier Véran à l’issue du Conseil des ministres mercredi. « Il y a une urgence : que la réforme de l’assurance chômage, décidée en 2019 et mise en œuvre en 2021 du fait du Covid, voit ses règles prolongées, avait indiqué Olivier Dussopt, ministre du Travail, dans les colonnes du Parisien. Elles arrivent à échéance le 1er novembre 2022. Nous voulons les prolonger, pour permettre à cette réforme de continuer à produire ses effets positifs et réfléchir à l’étape d’après. »

Cette mesure de prolongation constitue la première étape du projet d’Emmanuel Macron. Le président de la République souhaite ajuster les règles d’indemnisation des chômeurs, en fonction de la conjoncture économique, sur modèle canadien. « Le principe est simple : quand les choses vont très bien, il faut que les règles soient plus incitatives et quand les choses vont moins bien, il faut qu’elles soient plus protectrices », a raconté Olivier Dussopt, au micro de France info. 

En juillet dernier, La Tribune annonçait toutefois que le gouvernement envisage de durcir les règles d’indemnisation pour répondre à la pénurie de main d’oeuvre. Exemple? La durée minimale de travail pour bénéficier de l’allocation chômage passe de 4 mois à 6 mois de travail sur les 24 mois précédant la fin du dernier contrat.

Deux pistes sont sur la table : soit faire évoluer la durée d’indemnisation du demandeur d’emploi – pour l’heure à 24 mois pour les chômeurs de moins de 50 ans -, soit agir sur le nombre de mois nécessaires à l’ouverture des droits au chômage, soit réduire le montant de l’indemnisation de manière progressive . Pour l’heure, la seconde option ne semble pas privilégiée à ce stade. « Le projet de loi sera présenté en Conseil des ministres » et « nous allons saisir les partenaires sociaux dès après », avait déclaré Olivier Dussopt lors l’université d’été du MEDEF. L’exécutif renonce à la mise en place d’une négociation, un accord majoritaire paraissant difficile à atteindre. Plusieurs organisations – patronales et syndicales – ont manifesté leur opposition à la modulation des règles d’indemnisation en fonction de la conjoncture économique. Les syndicats jugent cette mesure « contracyclique », privilégiant la formation et l’attractivité des métiers afin de booster le taux d’emploi. 

A très court terme », d’ici « quelques semaines », le gouvernement va saisir les partenaires sociaux de la question d’une modulation de l’assurance chômage afin qu’elle soit, selon les mots de Macron, « plus stricte quand trop d’emplois sont non pourvus, plus généreuse quand le chômage est élevé », a précisé Olivier Véran. 

A plus long terme, l’exécutif souhaite engager une réforme de la gouvernance de l’UNEDIC. Ce dernier est l’organisme paritaire chargé de la gestion de l’assurance chômage. Cette réflexion intervient dans un contexte où le gouvernement souhaite mener à bien deux chantiers parallèles

  1. 1. Le conditionnement du versement du RSA à la réalisation de 15 à 20 heures d’activité hebdomadaires ; 
  2. 2. La création de France Travail, destiné à remplacer Pôle emploi. « Je souhaite que la mise en place soit possible progressivement à partir de 2024 », a indiqué le ministre du Travail, Olivier Dussopt mercredi sur BFM Business.

L’assurance chômage est une allocation versée aux salariés du privé, qui ont perdu leur emploi. Les droits d’indemnisation sont calculés en fonction de l’ancien salaire du chômeur. L’assurance chômage joue deux rôles : elle aide financièrement un chômeur à gérer sa perte d’emploi, en maintenant son pouvoir d’achat et ses conditions de vie. Elle offre également une solution au retour à l’emploi par le biais d’un accompagnement personnalisé. Les allocations sont versées durant des périodes de formation, de création d’entreprise ou de reconversion.

Réforme de l’assurance chômage : qu’est-ce qui a déjà changé pour les chômeurs ?

La réforme de l’assurance chômage est en cours depuis 2019, mais de nouveaux changements ont été mis en place en 2021 et 2022. Voici les quatre points principaux de la réforme de l’assurance chômage :

  • nouveau calcul de l’allocation ;
  • baisse des allocations chômage (dégressivité) pour les hauts revenus ;
  • bonus-malus sur la contribution chômage ;
  • changement dans la durée minimum de travail pour toucher l’assurance chômage.

Cette réforme prévoit l’indemnisation des travailleurs indépendants et de salariés démissionnaires avec un projet de reconversion, sous certaines conditions. La durée minimum de travail pour bénéficier de l’allocation chômage passe de 4 mois à 6 mois de travail sur les 24 mois précédant la fin du dernier contrat.

Assurance chômage et indemnisation, comment ça marche ?

L’assurance chômage ou ARE (allocation d‘aide au retour à l’emploi !) est calculée sur les revenus des 12 derniers mois, en prenant en compte les jours travaillés. La réforme de l’assurance chômage prévoit de nouvelles règles de calcul, établissant un revenu mensuel moyen comprenant les jours de travail et les périodes d’inactivité. Pour les hauts salaires, une dégressivité peut s’appliquer sur le montant de l’allocation, avec une réduction de 30 % au bout de 8 mois d’indemnisation.

Assurance chômage privée, pour qui ?

Une assurance chômage privée est une assurance qui permet de combler la baisse de revenus suite à une perte d’emploi. Elle s’adresse aux dirigeants d’entreprises comme une assurance principale, ces derniers ne bénéficiant pas des aides de Pôle Emploi. Elle peut également concerner les salariés, qui souhaitent une aide en complément de l’assurance chômage classique.

Affiliation au régime d’assurance chômage

L’assurance chômage est obligatoire pour tous les salariés du privé et est financée par ces derniers sous forme de prélèvements sur salaire. Tout employeur privé doit obligatoirement s’affilier au régime d’assurance chômage. Solidaire, l’allocation permet de soutenir au mieux les anciens salariés avec de bas revenus, qui sont favorisés par rapport à ceux qui bénéficiaient d’un salaire élevé.

43% des sondés estiment que les chômeurs sont responsables de leur situation

Les Français sont sans indulgence pour les pseudos « demandeurs » d’emploi

La solidarité nationale est mise à rude épreuve et les profiteurs du système social vilipendés: 43 % des Français estiment que les demandeurs d’emploi sont responsables de leur situation, montre la troisième version d’un sondage Elabe pour l’Unédic réalisé en septembre, en pleine reprise. Cette défiance s’est accrue de 7 points en un an. Et l’enquête ne portait pas sur la dette publique qui s’abat sur eux et les générations à venir, puisque Macron en campagne fait pleuvoir les milliards sur les secteurs socio-professionnels les uns après les autres, assurant qu’un taux négatif ou zéro d’emprunt à l’étranger n’a aucun coût. Macron se comporte en dirigeant de pays africain dans l’attente d’une annulation de sa dette…

La crise sanitaire n’a pas apaisé l’inquiétude des Français, comme le constate le troisième baromètre de la perception du chômage Elabe pour l’Unédic réalisé en septembre, en pleine reprise économique, et diffusé en fin de semaine dernière. Ils sont plus de quatre sur dix – actifs en ou sans emploi – à considérer que les chômeurs sont responsables de leur situation, soit 7 points de plus que lors du deuxième baromètre en juin et juillet dernier.

Invités à citer les causes principales du chômage, avec la possibilité de cocher plusieurs cases, un quart des Français déplorent que « les gens ne veulent pas travailler », 7 points de plus qu’il y a six mois. Les hausses sont moindres mais néanmoins claires pour les deux autres réponses : les sondés sont 21% à évoquer le «trop faible contrôle des chômeurs fraudeurs » (+3 points), au moment où le gouvernement veut justement le durcir. D’où ce sondage arrivant à point nommé en soutien de l’exécutif. Et ils sont 19 % à mettre en cause « le montant des allocations versées » (+4 points).

Le 10 novembre 2021

Perception paradoxale

La part des Français qui attribuent le chômage à la responsabilité des entreprises a baissé de 5 points, à 47 %. Ils sont également moins nombreux (-4 points) à mettre en cause la réticence des patrons à embaucher ou le manque de postes à pourvoir.

A noter que 12 % des Français relient le chômage aux immigrés qui, selon eux, prennent « une bonne partie des emplois disponibles ». Et quand on sait que Macron cherche à retenir les migrants les plus diplômés, la gauche peine à accréditer l’idée que les clandestins nous viendraient en aide en acceptant les travaux les plus rebutants.

Ce qui ne change pas, c’est l’impact de l’idéologie humanitariste dont l’école et l’université imprègnent les esprits. Une théorie qui ne mange pas de pain, pensaient-ils en période d’abondance, mais tout-à-coup perçue, certes négativement, mais paradoxalement aussi. Les trois quarts des Français estiment que les chômeurs sont « victimes » d’une situation davantage subie que choisie mais, en même temps, la désapprobation s’est renforcée de leurs réticences à faire des concessions ou de leur préférence du non-emploi de peur de perdre leur allocation. Au final, près d’un Français sur deux (48 %, +3 points), considère que « la plupart des chômeurs ne cherchent pas vraiment à retrouver un emploi ».

Sentiment approximatif ou connaissance acquise ?

L’appréciation que portent les Français sur le chômage se fonde moins sur des statistiques que sur leur vécu personnel et leur expérience quotidienne. Taux de chômage réel, nombre de chômeurs indemnisés, montant moyen de l’allocation versée… tout cela reste assez flou et, en tout état de cause, suspect, puisque manipulé et manipulateur. Le pouvoir et sa presse les assurent de l’amélioration de la précision des réponses en un an mais, comme chacun sait, affiner signifie complexifier et donc embrouiller.

La défiance de l’opinion envers le pouvoir dessert les chômeurs. Ils sont un peu plus nombreux qu’il y a six mois à se sentir assistés, méprisés ou paresseux. C’est aussi le temps de la victimisation. Ils sont toujours autant, plus de 45 % précisément, à s’entendre questionner avec insistance sur leur recherche d’emploi ou à susciter des doutes lorsqu’ils en font état. Cette forme « d’inquisition », selon Elabe, se nourrit d’un décalage très net entre le vécu des chômeurs et ce que les personnes en emploi pensent qu’il est. C’est aussi, notamment dans les classes moyennes – et notamment les fonctionnaires et les retraités – sans cesse appelées à la solidarité, sans contreparties, le temps de la saturation et de l’exaspération.

Réforme de l’assurance chômage : Macron durcit les mesures

Elles entreront en vigueur le 1er décembre

Chaque bon côté des choses a son mauvais côté en macronie. Les quatre étapes de la levée du confinement se sont échelonnées du 3 mai au 30 juin et, quatre mois plus tard, les demandeurs d’emploi se prennent presque à regretter le temps des restrictions. Leur levée a en effet permis une reprise économique et une baisse du chômage suffisantes au troisième trimestre pour que la ministre du Travail de Macron annonce aussitôt le durcissement des conditions d’obtention de l’allocation-chômage: elles entrent en vigueur le 1er décembre.

Macron avait déjà pris sa décision le 12 juillet, indépendamment de la reprise économique escomptée sans garanties: Lien PaSiDupes

Les deux dernières mesures de la réforme controversée de l’assurance-chômage, le durcissement des règles sur la dégressivité des allocations et sur la durée d’affiliation nécessaire pour ouvrir ou recharger un droit, entreront bien en vigueur le 1er décembre, a confirmé Elisabeth Borne, ce jeudi 28 octobre.

« A partir du 1er décembre, il faudra avoir travaillé six mois et non plus quatre mois pour bénéficier d’une allocation-chômage, et la dégressivité s’appliquera au-delà du 6e mois et non pas du 8e mois comme aujourd’hui » pour les salaires au-delà de 4.500 euros, a prévenu la ministre du Travail, sur France-Inter.

200.000 demandeurs d’emploi en moins

La réforme qui se voulait emblématique du quinquennat aura suivi un parcours chaotique, mais il conduit au durcissement des règles de calcul de l’allocation-chômage : il est entré en vigueur le 1er octobre mais l’application de ces deux dispositions était soumise à certaines conditions d’amélioration du marché de l’emploi.

« Aujourd’hui, les critères sont remplis, puisqu’on a eu un nombre très important d’embauches sur les quatre derniers mois et puisque avec ces 200.000 demandeurs d’emploi de moins sur le dernier trimestre, on est à près du double de la baisse qui était nécessaire pour que les deux dispositions rentrent en vigueur », a-t-elle détaillé.

Le nombre de chômeurs de catégorie A a baissé de 5,5 % au troisième trimestre en France (hors Mayotte) par rapport au trimestre précédent, soit 206 000 inscrits en moins, selon les chiffres du ministère du Travail publiés mercredi. Sur un an, la baisse est de 9,7 %.

Réforme de l’assurance chômage : ce qui va changer au 1er octobre

L’allocation chômage va baisser pour de nombreux demandeurs d’emploi. 

Le volet de la réforme de l’assurance chômage consacré au calcul de l’indemnité prendra effet le 1er octobre prochain, a annoncé Macron, le lundi 12 juillet. Le salaire journalier de référence sera alors déterminé en prenant en compte tous les jours du mois, au lieu des seuls jours travaillés dans la méthode de calcul précédente.

Ce calendrier était attendu puisque les conditions actuelles d’indemnisation des chercheurs d’emploi n’étaient pas prévues pour durer au-delà du 30 septembre prochain, rappelle Capital. La validité des modalités avait été prolongée le 30 juin par décret.

Des mesures déjà en place au 1er juillet

Le texte était intervenu huit jours après que le Conseil d’Etat avait suspendu cette modification de la méthode de calcul de l’assurance chômage à cause de la crise sanitaire que Macron n’avait pas prise en considération.

Un autre volet de la réforme est en revanche appliqué depuis le 1er juillet dernier. Il concerne les malus et les bonus infligés aux entreprises en fonction de leur niveau de recours aux contrats courts.

Une période d’observation a été mise en place jusqu’au 1er juillet 2022. La dégressivité des indemnités pour les anciens travailleurs aux revenus les plus hauts est, elle aussi, déjà d’actualité. La mesure implique une baisse de l’allocation au bout de neuf mois pour les bénéficiaires qui touchaient plus de 4.500 euros de salaire mensuel. La partie de la réforme prenant effet cet automne définit la manière de calculer le salaire journalier de référence (SJR).

Une perte sensible pour de nombreux chômeurs

Il s’agit d’une donnée centrale pour déterminer le montant de l’indemnité. Pour cette opération, l’administration prendra en compte le salaire mensuel moyen, c’est-à-dire le salaire mensuel divisé par tous les jours du mois, y compris les fériés, samedis et dimanches. Le système de calcul précédent s’appuyait uniquement sur les jours travaillés. Il entraînait à ce titre une allocation plus élevée, souligne Juritravail.  

L’indemnité mensuelle sera cependant versée plus longtemps et elle fera l’objet d’un plancher sous lequel le montant ne peut descendre.

37 % des futurs chômeurs sont frappés par la réforme, qui leur fera perdre en moyenne 24 % de leur allocation, a indiqué l’UNEDIC.

L’allongement de la durée de travail minimum donnant droit à l’assurance-chômage ne sera, quant à lui, appliqué que si le marché du travail rebondit. Ce qui est l’objectif à atteindre et il est d’autant plus accessible que le marché du travail est peu actif.

Réforme de l’assurance chômage : Macron tend la joue pour une nouvelle claque

Après la réforme des retraites, le président des riches aura bien tout foiré

La réforme de l’assurance chômage, qui devait entrer en vigueur le 1er juillet aurait eu pour conséquence principale une baisse des allocations touchées par environ 1,5 million de personnes. Le Conseil d’Etat en a décidé autrement.

A défaut de faire payer les riches, le gouvernement voulait faire trinquer les pauvres. Jusqu’ici, ce 1,5 million d’ex-salariés transformés en sans-emploi à l’insu de leur plein gré avait plutôt du mal à joindre les deux bouts. Avec le tour de vis décrété par Macron et voté par ses députés nantis, ils auraient eu la chance de finir leur mois avant même de l’avoir commencé.

Le Conseil d’Etat en a décidé autrement. Saisie par les syndicats, la plus haute juridiction de l’ordre administratif a suspendu la mise en place de la réforme proposée en arguant des « incertitudes sur la situation économique ». Pour autant, la vénérable institution a jugé bon de préciser qu’elle ne remet « pas en cause le principe de la réforme ». A chacun ses compétences. Mais dans sa forme actuelle, c’est non.

Elisabeth Borne, souffletée

Dans la foulée, la ministre du travail, Elisabeth Borne, a déclaré que le gouvernement va présenter une énième version d’un texte déjà remis sur le métier à plusieurs reprises. Comme quoi on peut prendre des coups et en redemander.

Car il s’agit bien d’une claque dans la tronche meurtrie d’une ministre déconsidérée. Les syndicats n’ont pas attendu le gong pour parler de « victoire ». Il faut dire que dans cette affaire, le gouvernement a réussi à faire l’unanimité contre lui, ou presque. Il s’est heurté à l’hostilité de tous les syndicats, soudain réunis en un front commun qui d’ordinaire se lézarde à la première secousse. Cette fois, rien de tel, et même la CFDT est montée sur le ring contestataire. C’est dire.

Jusqu’à l’ancienne ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui s’était étonnée du contenu de la réforme proposée, ce qui lui avait valu d’être renvoyée dans les cordes par celle qui lui a succédé, pas du genre à avoir des états d’âme. Aux yeux d’Elisabeth Borne, il était inenvisageable de toucher à un système qui devait permettre, en régime de croisière, d’économiser 2,3 milliards d’euros par an. C’est raté.

La broyeuse antisociale

Pour fourguer son paquet-cadeau, le gouvernement avait mis en avant un mécanisme de « bonus-malus » consistant à alléger les cotisations des entreprises vertueuses en matière d’emploi et à majorer celles des entreprises adeptes de la précarité à outrance. Ce n’est pas idiot, sauf que le sacrifice des chômeurs serait immédiat alors que les modulations de cotisations ne devaient entrer en vigueur qu’en septembre 2022, sous prétexte de laisser leurs chances aux accros de la broyeuse sociale.

Pendant ce temps, les groupes du CAC 40 dansent chaque soir à la fête de la musique des profits. Drogués aux fonds publics, adeptes des paradis fiscaux, parrains de rentiers gonflés aux dividendes, adeptes des aventures financières au long cours, ils alignent des résultats boursiers jamais atteints depuis 2000, quoi qu’il en coûte aux Français. Quitte à demander des comptes à certains, autant faire le bon choix et frapper à la bonne porte.

La fonderie MBF Aluminium liquidée dans le Jura

284 salariés sont privés d’emplois entre les deux tours des régionales.

Le tribunal de commerce de Dijon a prononcé la liquidation judiciaire de la fonderie MBF Aluminium installée à Saint-Claude (Jura). 284 salariés sont privés d’emplois.

Après des mois de mobilisation, les salariés de la fonderie MBF Aluminium ont pris connaissance de la décision du tribunal de commerce de Dijon, en Côte-d’Or. Mardi 22 juin, il a prononcé la liquidation judiciaire de l’entreprise. En fermant l’usine, la justice entraîne le licenciement de 284 salariés.

Renault et Peugeot délocalisent
en dépit de Macron, président inaudible, qui avait promis, dans l’épidémie de Covid-19, de relocaliser

Le 28 août dernier, en déplacement chez le groupe pharmaceutique Seqens, Macron avait annoncé 15 milliards d’euros pour la relocalisation dans le plan de relance. Ils seraient consacrés à l’innovation et à la relocalisation industrielle. Mais cette nouvelle fonderie n’est pas innovante et les drames humains ne suscitent aucune compassion dans la macronie… A Paris, on est content avec un « accompagnement social » des licenciés: combien d’entre eux la majorité présidentielle laissera-t-elle une deuxième fois sur le bord de la route ?

Depuis le 4 novembre 2020, le site était en redressement judiciaire tandis que les candidats à la reprise ont bénéficié de délais supplémentaires pour affiner leur offre. Le plan de reprise de l’entrepreneur lyonnais Mikaël Azoulay qui prévoyait de maintenir 210 salariés a été écarté. « Cette offre permettait de ne pas mourir mais elle n’a pas suffi » regrette Nail Yalcin, délégué syndical CGT.

« On n’a qu’un seul repreneur et on a l’impression que tout le monde lui met des bâtons dans les roues. (Koray Sukran, délégué syndical SUD de l’usine MBF Aluminium)

Le tribunal a opté pour la liquidation du fait du manque de trésorerie de la fonderie, bien que le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté ait voté une aide de 500 000 euros en ce sens pour payer les salaires et donner un délai supplémentaire au candidat à la reprise.

Lien Le Monde: Renault met en vente la Fonderie de Bretagne, les salariés « ne se laisseront pas faire »

Des salariés « dépités » (France 3 Bourgogne-Franche Comté)

Dépités? Vendredi 21 mai, les salariés de la fonderie MBF Aluminium avaient menacé de faire sauter leur entreprise à Saint-Claude dans le Jura. LIEN

« Les salariés de la fonderie MBF Aluminium menacent de faire sauter leur entreprise à Saint-Claude dans le Jura.

Pour sauver leur entreprise, les salariés de MBF Aluminium avaient déjà lancé une grève de la faim. Ce vendredi 21 mai, ils ont installé des bouteilles de gaz et d’oxygène dans leur usine, à Saint-Claude dans le Jura. Ils menacent de la faire sauter si l’offre du seul repreneur n’est pas acceptée.

Voilà des semaines qu’ils se mobilisent, enchaînant les actions, pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur le sort de leur fonderie, qui emploie 280 personnes, et qui est sérieusement menacée de fermeture. Ce vendredi 21 mai, des salariés de MBF Aluminum, à Saint-Claude dans le Jura, ont disposé des bouteilles d’oxygène et de gaz dans leur usine. Alors que le tribunal de commerce de Dijon s’est donné jusqu’au 25 mai pour se prononcer sur l’unique offre de reprise, arrivée tardivement, ils menacent de faire sauter le bâtiment. “On est prêts à tout sacrifier”, affirme Koray Sukran, délégué SUD. “Aujourd’hui, on voit les signaux au rouge”, explique-t-il, “On demande que ça se décante, que les signaux passent au vert, sinon, on reste là”

La fonderie MBF Aluminium liquidée dans le Jura
MBF Aluminium, fabricant de carters de moteurs et d’éléments de boites de vitesse pour le secteur automobile basé à Saint-Claude (Jura).

Au centre de la colère des salariés : le sentiment que le projet de Mickaël Azoulay, le seul à vouloir reprendre la fonderie, n’est pas sérieusement étudié. “ Il est arrivé en disant ‘J’ai une certaine somme’, et là on lui en demande le double, en disant ‘Si vous n’avez pas, ça va coincer’, mais il y a d’autres repreneurs qui avaient beaucoup moins”, s’énerve Koray Sukran. “Sous prétexte qu’il n’a aucune connaissance du milieu, et, je crois, surtout qu’il ferait partir un peu trop de l’encadrement, ça ne va pas”, souffle le représentant dy syndicat révolutionnzire trotskiste. Pour les salariés, si Mickaël Azoulay n’est pas un spécialiste de la fonderie, et que son projet ne sauverait que 229 des 280 emplois, son offre devrait être acceptée. « L’expérience et le professionnalisme, ce sont ceux qui sont dans les ateliers, ceux qui se démènent qui les ont !”. “Même si l’équipe dirigeante ou proche de l’ancienne direction s’en va, la boutique tournera quand même”, affirme Koray Sukran. 

« On n’a qu’un seul repreneur et on a l’impression que tout le monde lui met des bâtons dans les roues. »

(Koray Sukran, délégué syndical SUD de l’usine MBF Aluminium)

Le sort de MBF Aluminium doit être scellé ce mardi 25 mai. Les salariés qui occupent l’usine craignent que le tribunal de commerce de Dijon préfère liquider les actifs de l’entreprise, plutôt que de donner une chance au repreneur. Le représentant dénonce “tous les vautours, tous ceux qui veulent faire les fossoyeurs en attendant que MBF se casse la gueule, et qui veulent venir récupérer les outils de production et les murs”.

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Des salariés en grève de la faim 

Depuis une cinquantaine de jours, les salariés de MBF sont largement mobilisés. Ils ont organisé des manifestations, des opérations escargot, un tour de France des fonderies, un blocage de péage, et quatre d’entre eux ont même déjà commencé une grève de la faim. Leurs représentants accusent notamment Stellantis (ex PSA) d’avoir diminué les commandes prévues à leur entreprise, et de les mettre en difficulté. Ces actions visaient notamment à attirer l’attention du gouvernement, actionnaire de Stellantis.

Depuis le mardi 18 mai, quatre salariés mènent donc une grève de la faim. “On a quatre camarades qui risquent leur vie, et apparemment ça ne choque personne”, tacle Koray Sukran, “on ne voulait pas rester inactifs, alors qu’eux risquent leur vie là-bas”. Ils ont d’abord été devant le ministère de l’Economie, en espèrant pouvoir rencontrer Bruno Le Maire. « On pensait qu’avec l’initiative de la grève de la faim, on aurait pu être reçu », explique Naïl Yalcin, représentant CGT et gréviste de la faim, « mais non, ça n’a rien changé, il n’en a rien à foutre ».

Ce vendredi, ils se sont rendus à Nevers, dans la Nièvre, dans l’espoir de rencontrer le président de la République qui y était en déplacement. « On a essayé de voir notre président de l’interpeller » raconte le délégué CGT, « J’ai l’impression qu’il n’y a que le chef de l’Etat qui pourrait demander à Renault et à PSA de garder une filière fonderie en France et MBF dans ce giron-là ». Mais ils ont dû se contenter d’une réunion avec l’un de ses représentants, à la préfecture. « Jusqu’à maintenant, on était dans une logique de construction, de dialogue et de discussion. Mais s’il faut en arriver là, ben on y arrive. »

Après la grève de la faim de plusieurs salariés pour attirer l’attention du président de la République et du premier ministre, un entretien avec le ministre de l’Economie n’a pas non plus abouti au soutien politique escompté. « Selon moi, les fonds de l’Etat ne servent à rien et les ministres peuvent se reconvertir en chauffeurs de corbillard », n’hésite pas à dire Nail Yalcin.

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A l’annonce du jugement, les salariés qui s’étaient déplacés à Dijon se sont laissé gagner par la tristesse et la colère en taguant, retournant et incendiant un véhicule siglé MBF Aluminium devant la cité judiciaire. « La colère s’exprime. On privilégie le dialogue depuis 83 jours mais la stratégie opérée est politique. Je suppose qu’il y a eu des discussions entre l’Etat et les constructeurs qui veulent délocaliser en Europe car MBF Aluminium est la troisième fonderie à fermer en quelques semaines. » Lors de l’assemblée générale qui réunira les salariés, le délégué syndical consultera ses collègues et son avocat pour activer tous les leviers à sa disposition. « Il y a toujours un recours possible » conclut Nail Yalcin.

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