1.500 emplois sacrifiés dans le monde, pour réduire sa dette de 2 milliards d’euros
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47% de sa valeur.
Le « grand Alstom » a déraillé. Devenu numéro 2 mondial du ferroviaire il y a trois ans en avalant le canadien Bombardier, le fabricant du TGV et des TER de la SNCF et des rames de métro de la RATP tombe de haut.
En proie à de sérieuses difficultés financières, le Français Alstom a annoncé ce mercredi 15 novembre un plan de désendettement, avec réduction de coûts impliquant la suppression de 1.500 emplois.
Alstom, plombé par des difficultés commerciales et financières, a annoncé ce mercredi 15 novembre un plan de réduction des coûts avec la suppression notamment de 1.500 emplois, soit 10% des fonctions commerciales et administratives. Le groupe ferroviaire se donne pour objectif une réduction de sa dette de 2 milliards d’euros d’ici mars 2025, via un programme de cession d’actifs et éventuellement, «en fonction des conditions de marché», une augmentation de capital, selon un communiqué.
«Nous mettons en œuvre un plan d’actions global », notamment pour rassurer les agences de notation et tenir « nos objectifs à moyen terme», a prévenu le PDG du groupe, Henri Poupart-Lafarge, cité dans le communiqué de résultat. L’action Alstom a chuté mercredi de 15% à la Bourse de Paris. Depuis le début de l’année, elle a perdu 47% de sa valeur. Le 12 octobre, Moody’s a abaissé la perspective de la note d’Alstom, rapprochant encore l’entreprise de la catégorie spéculative. Ces résultats semestriels viennent assombrir le tableau et constituent un avertissement «d’envergure», dixit le cabinet de conseil Oddo BHF qui souligne la menace d’une dégradation.
Les commandes ont chuté de 16%
Début octobre, le constructeur ferroviaire a révélé une consommation excessive de trésorerie avec l’annonce d’un flux libre de trésorerie (free cashflow) attendu largement négatif sur l’exercice annuel 2023/2024, de l’ordre de -500 à -750 millions d’euros. Au premier semestre de son exercice décalé 2023/2024, cet indicateur, central pour l’estimation de la valeur d’une entreprise, s’établit à -1,1 milliard d’euros. La croissance de l’activité «a généré des besoin en en terme de stock, d’inventaire qui ont généré des besoins en cash important. Ils n’ont pas été financés par des rentrées d’argent à hauteur de ce qu’on aurait souhaité», a expliqué le PDG du groupe Henri Poupart-Lafarge lors d’une conférence de presse mercredi.
La performance commerciale d’Alstom, dont les commandes ont chuté de 16% au premier semestre par rapport à l’an dernier pour s’établir à 8,4 milliards d’euros, a été «faible» a-t-il insisté. Les rentrées liées aux acomptes versés lors de la signature des contrats ont donc été décevantes. D’autres contrats plus anciens plombent le bilan du constructeur ferroviaire comme le programme Aventra, 443 trains destinés au Royaume-Uni et hérités du portefeuille de Bombardier Transport racheté début 2021, et qui a pris un retard considérable. La digestion de cette acquisition, réalisée il y a deux ans et demi pour 5,3 milliards d’euros, risque de durer encore un an et demi selon les prévisions de M. Poupart-Lafarge.
Cessions d’actifs
Le chiffre d’affaires du groupe s’est lui établi à 8,4 milliards d’euros sur le semestre, en légère hausse de 4,9% par rapport à l’année dernière, et le résultat net part du groupe est tout juste repassé dans le vert, à 1 million d’euros – contre une perte nette de 21 millions d’euros un an plus tôt. Le plan présenté par Alstom pour se remettre en ordre de marche vise à réduire la dette de 2 milliards d’euros d’ici mars 2025. Actuellement, elle s’élève à 3,4 milliards d’euros. Pour y parvenir, le groupe, qui fabrique trains et tramways, prévoit des cessions d’actifs de l’ordre de 500 millions à 1 milliard d’euros mais aussi une possible augmentation de capital.
Les 1.500 emplois supprimés pour réduire les coûts le seront uniquement dans les fonctions commerciales et administratives et représentent 10% des effectifs de celles-ci. Le deuxième groupe ferroviaire mondial entend aussi se positionner sur des appels d’offre plus rémunérateurs, notamment dans le domaine des services, pour privilégier les prises de commande de qualité où la marge potentielle est plus importante.
Changement de président : mise sous tutelle» ?
La restructuration s’annonce profonde puisque le sommet du groupe va lui aussi être touché. Il a été décidé de dissocier les fonctions de directeur général de celle de président du conseil d’administration à partir de juillet 2024. Henri Poupart-Lafarge, PDG depuis février 2016 et reconduit à ce poste en juillet dernier, n’en sera donc plus que son directeur général. Pour le remplacer à la présidence, l’ancien directeur général de Safran Philippe Petitcolin a été choisi.
M. Poupart-Lafarge a refusé de parler de «mise sous tutelle» et salué cette nomination comme «une très bonne idée». «On a un conseil d’administration dans lequel il n’y a pas tellement de grands industriels. Il a cette expérience. (Safran) est une activité de projet également, donc il a connu ce que sont des projets à long terme», a souligne l’actuel PDG. Alstom a d’ores et déjà annoncé son intention de ne verser aucun dividende l’été prochain.
Corruption
Des faits de corruption ont entraîné « la fragilisation d’Alstom », ce qui « a facilité le rachat de la branche énergie par GE avec des conséquences négatives sur l’emploi et très positives pour la rémunération des acteurs de cette fusion », avait estimé Anticor dans un communiqué au moment du dépôt de plainte.
L’actionnaire principal d’Alstom est à 80,90 % un capiral flottant… En 2003, « l’entreprise était exsangue » et la moitié des emplois avait été supprimée. L’Etat avait dû venir à la rescousse, apportant 730 millions d’euros et prenant 21 % du capital. En contrepartie, la Commission européenne exigea de lourdes cessions.
Le 9 janvier 2004, Alstom cède à Areva – aujourd’hui holding chargée de l’achèvement de la construction de la centrale nucléaire EPR d’Olkiluoto 3 en Finlande et détenu par le CEA et l’APE) son secteur Transmission et Distribution pour 913 millions d’euros. Fin 2005, Alstom cède à Barclays Private Equity son activité Power Conversion, qui prendra le nom de Converteam en avril 2006.
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Le 4 janvier 2006, Alstom décide de se départir de ses chantiers navals, les Chantiers de l’Atlantique, détenus à 84% par l’Etat français, et Leroux Naval, au profit du spécialiste norvégien Aker Yards. Or, Les Chantiers de l’Atlantique intéressent le secrétaire général de la présidence de la République Alexis Kohler au premier chef, à propos de leur vente à STX France (anciens Chantiers de l’Atlantique, à Saint-Nazaire), puisqu’il est apparenté à la famille du milliardaire italien, fondateur et propriétaire de la société MSC. Il est même alors soupçonné de prise illégale d’intérêts. Il est aussi celui qui supervisa plusieurs dossiers notamment la vente d’Alstom Power à General Electric (GE).
Citez-moi un organe de presse qui rappelle qu’en 2014, Macron Emmanuel, alors ministre de l’Economie de François Hollande, avait validé la vente d’une partie des activités d’Alstom au géant américain General Electric. La cession avait fait couler beaucoup d’encre à l’époque. Aujourd’hui, fait-elle couler ce qui reste d’Alstom ?