Bière cul sec de Macron: Rousseau et Rossignol dénoncent la masculinité toxique et la virilité de ce geste

Macron hante les vestiaires, désormais pour se viriliser en troisième mi-temps

Un coup de trop
dans un vestiaire ?

En buvant une blonde cul sec dans un vestiaire de rugby, le président de la République s’est attiré les critiques de Sandrine Rousseau et Laurence Rossignol qui y voient une démonstration de masculinité toxique et de virilité.

Samedi 17 juin, pour célébrer à la victoire du Stade Toulousain face à La Rochelle lors de la finale du Top 14 (29-26), Macron s’est rendu dans les vestiaires toulousains pour s’impregner de la sueur des joueurs musculeux, se frotter aux mâles et féliciter les nouveaux champions de France, avalant au passage une bière cul sec, sous les encouragements des joueurs hilares.

La séquence, captée par les caméras de Canal+ et partagée sur les réseaux sociaux, n’a pas manqué de faire réagir la classe politique. La députée (EELV) de Paris Sandrine Rousseau a dénoncé la « masculinité toxique » de ce geste dans un tweet.

Quant à la sénatrice (PS) de l’Oise Laurence Rossignol, elle s’est interrogée : « Une bière cul sec ? Qu’essaie-t-il de prouver ? Qu’il est un vrai mec ? » Avant d’accuser le président de répondre à des « poncifs virilistes » et de faire du « populisme masculiniste ».

Nous avons bien lu la charge, méprisante, sexiste et insultante : propos de députée, NUPES, il est vrai… La re-voici :

« Une bière cul sec? Qu’essaie-t-il de prouver ? Qu’il est un vrai mec? Poncifs virilistes, populisme masculiniste et ringardise. Quel boulet! »

Pour Daisy Letourneur, militante féministe et autrice du livre On ne naît pas mec, paru aux éditions Zones en 2022, ce geste s’apparente aussi à de la masculinité toxique. « C’est tous ces comportements que les hommes vont avoir pour prouver aux autres qu’ils sont forts, virils, qu’ils n’ont pas peur de faire quelque chose d’un peu désagréable et dangereux. On ne savoure pas une bière comme ça », dénonce-t-elle, interrogée par Le HuffPost.

Illustration d’un goût douteux, choix de frustrée

C’est nul et c’est aussi une banalisation de la consommation festive d’alcool: une bière blonde pour les « déconstruits », en passant, et pour faire peuple, c’est vécu comme un mauvais signal à la jeunesse pour plus et souvent.

Autres publications des éditions Zones :

Un geste tout sauf anodin

Boire une bière de cette façon, dans ce contexte, « ce n’est pas anodin », continue Daisy Letourneur. « L’alcool, c’est environ 45 000 morts par an en France [49 000 décès par an, selon le ministère de la Santé]. On est dans la glorification d’une consommation dangereuse. C’est une espèce de manœuvre populiste et une démonstration pour les caméras, pour montrer qu’il est cool. »

Elle décrit la scène comme la « rencontre entre deux formes de masculinités : celle des rugbymen, qui est populaire et virile, et celle de Macron qui est plus bourgeoise et qui a tendance à faire ses preuves par l’intellect. Par-delà leurs différences, ils restent unis dans la masculinité ». En buvant cette bière, « il montre qu’il n’est pas moins viril que les autres et qu’il peut tout à fait faire partie de ce groupe. Il montre ‘qu’il est des nôtres, qu’il a bu sa bière comme les autres’, comme le dit la chanson ». Sauf que la Corona est une ‘lager’, légère et préférée des femmes…

Selon Léane Alestra, autrice du livre Les hommes hétéros le sont-ils vraiment ? (éd. J.-C. Lattès), journaliste indépendante, productrice et réalisatrice de documentaires audio Manifesto XXI (queer féministe) et créatrice du podcast « mecreantes« , le président cherche à montrer par ce geste exhibitionniste qu’il « contrôle son corps et qu’il est solide sur ses appuis ». Elle ajoute auprès du HuffPost : « Là ou c’est d’autant plus toxique, c’est qu’il le fait devant d’autres hommes pour être validé. On est vraiment dans le boys club. »

Aucune de ces eco-féministes ne déplore la consommation d’une bière… mexicaine, Corona, ni l’empreinte carbone de son transport. Encore moins la publicité déloyale de Macron qui ne préfère ni le circuit court, ni une bière ‘made in France’, telle Kronenbourg ou la Desperados !

Masculinité et politique

Macron est-il porté sur la bière ?

A Kinshasa

Mais pour elle, ce geste est à remettre dans son contexte et fait partie d’une « stratégie politique ». Le jeu politique est « lui-même une démonstration de virilité. C’est un peu comme Sarkozy qui voulait montrer qu’il faisait ses footings tous les matins ». Une analyse partagée par Daisy Letourneur : « C’est important, pour les hommes politiques, de prouver qu’ils sont des vrais mecs. Le débat politique est vu comme un combat, une lutte d’homme à homme ou il faut en avoir pour l’emporter. »

« L’organisation politique est très verticale, ajoute Léane Alestra. Il y a un homme en haut de la pyramide dont le pouvoir est validé par les autres hommes. Et ça passe par plein de démonstrations différentes. » Et le sport fait partie des terrains de jeux favoris du président pour exprimer cette masculinité. « Il veut se placer aux côtés des gagnants et s’imposer comme le père symbolique. J’y vois une volonté de démonstration de pouvoir pour nous montrer qu’il aura au bout de ses objectifs, peu importe l’adversité », pointe-t-elle.

Un effort de compensation… Toujours selon Léane Alestra, c’est aussi une « façon de se rendre plus populaire et de rajeunir son image, notamment auprès des jeunes, après la réforme des retraites ». Elle rappelle qu’on « retrouve beaucoup ce geste dans les soirées étudiantes ». Quitte à retrouver Macron dans un week-end d’intégration en septembre prochain ? On en doute.

En fait, Macron se ridiculise sur les réseaux sociaux:

Macron anticipe la pénurie d’eau, sa manière de combattre le réchauffement climatique

La trajectoire sportive de Macron est signifiante, du tennis, élitiste, au rugby, respectueux, en passant par le football populaire et débridé…

« Tuer » les « voyous » à Mayotte?

Renaissance annonce sa plainte pour diffamation contre des élus NUPES

Salime M’Déré et Macron

« Nous ne laisserons plus rien passer. » Le secrétaire général de Renaissance Stéphane Séjourné a annoncé ce mardi soir qu’il porte plainte contre plusieurs élus de gauche qui ont associé son parti aux propos de Salime Mdéré (DVC) : le premier vice-président du Conseil départemental de Mayotte avait appelé à « tuer » les « voyous », visant les opposants à l’opération Wuambushu contre la délinquance et l’habitat insalubre à Mayotte.

Même si l’élu a rétropédalé mardi en assurant que ses propos « ont dépassé (s)a pensée » et en présentant « bien volontiers » ses excuses – « s’ils ont pu heurter » -, Renaissance a condamné, dans un communiqué, « avec la plus grande fermeté les propos intolérables » de Salime Mdéré.

« Est-ce que les élus LREM vont condamner ces propos insupportables du vice-président LREM du Conseil départemental de Mayotte? », a demandé le coordinateur de LFI Manuel Bompard.

« Un élu LREM de Mayotte et vice-président du département appelle au meurtre, en direct, de jeunes Comoriens lors de l’opération Wuambushu. Honteux. Voilà où conduit la politique de notre gouvernement », a réagi le patron du PCF Fabien Roussel, avant de prendre « acte » du démenti de Renaissance.

Des tweets qui « salissent l’honneur » du parti

« Contrairement à ce que certains media ou personnalités ont pu indiquer, Monsieur Salime Mdéré n’était pas adhérent à La République En Marche, n’est pas adhérent à Renaissance, il n’a jamais obtenu l’investiture de notre parti et n’a d’ailleurs pas accordé son parrainage au Président de la République en 2022″, avait précisé Renaissance.

« Il est d’ailleurs membre depuis 2021 d’un exécutif départemental qui s’oppose fortement à l’action de notre majorité » et « ses propos n’engagent donc en rien notre parti et appellent une condamnation sans ambiguïté de toutes les forces politiques », a ajouté le parti présidentiel.

Alors, ce mardi soir, Stéphane Séjourné a estimé que laisser en ligne les tweets salit « l’honneur et la réputation de notre famille politique ».

C’est pourquoi des plaintes seront déposées contre des élus qu’il qualifie de « petits calomniateurs et leurs infamies« : Eric Piolle (maire EELV de Grenoble), Clémentine Autain (députée LFI), Manuel Bompard (député LFI), Marie-Pierre de la Gontrie (sénatrice PS), Mélanie Vogel (sénatrice écologiste), Éliane Assassi (sénatrice PCF), Guillaume Gontard (sénateur écologiste) et « toutes les personnes qui continueront de propager ces insinuations mensongères ».

A noter qu’à 20h40 ce mardi, le tweet de Manuel Bompard n’apparaissait plus sur le compte du député. De son côté, Mélanie Vogel a rectifié son tweet, tandis qu’Eliane Assassi a reconnu qu’il ne s’agit pas d’un élu Renaissance dans un nouveau tweet, sans supprimer le premier.

« Divers centre » (abrégée en DVC) est une nuance et de facto une étiquette politique créée par Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur français en 2020. Cette nuance est attribuée à toute liste apparentée au centre ou soutenue, mais non officiellement investie, par un parti dit centriste, dont LREM.

Rappel des engagements de Macron, le 28 juin 2018 : Lien Facebook