La gauche n’est pas extrêmiste (ni LFI, ni le NPA), seulement la droite, selon Slate

Et ce site est objectif, puisque d’extrême gauche!

Le Rassemblement national (RN) est-il d’extrême droite et La France insoumise (LFI) d’extrême gauche? Le 13 juin, le Conseil d’Etat a tranché: si LFI, tout comme le Parti communiste, appartiennent plutôt à la nuance «gauche», le Rassemblement national, lui, est bel et bien d’extrême droite. Une «erreur manifeste d’appréciation» pour Marine Le Pen et les cadres de son parti, qui se sont lancés depuis plusieurs années dans un processus de dédiabolisation visant à s’éloigner, en apparence du moins, de son ancêtre le Front national (FN).

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Si le Rassemblement national se voit, contrairement au Conseil d’Etat [marqué à gauche  après quinze années de pouvoir socialiste], à droite et non pas à son extrême, cela pose question: qui est légitime à classer les partis sur l’échiquier politique? Autrement dit, comment savoir qui est d’extrême droite, de droite, de centre droit, du centre, de centre gauche, de gauche, d’extrême gauche? Plusieurs paramètres sont à prendre en compte. Et Slate a une grille de lecture qui n’est pas piquée des hannetons…

Vision du monde

«Il n’y a pas une loi qui vient dire: si vous remplissez tel ou tel critère, vous êtes à droite ou à gauche», explique le politologue français et professeur émérite de droit Erwan Lecœur. La classification se fait d’abord en fonction de la ligne directrice que s’est lui-même fixée le parti en question. Ce qu’il affirme être notamment, mais aussi ce que disent son programme, sa vision du monde, l’ordre dans lequel il place l’individu et la société, sans oublier les moyens à mettre en œuvre pour appliquer sa politique.

Si vous lanciez votre parti politique demain, il y a fort à parier que vous vous positionneriez par vous-même d’un côté ou de l’autre de hémicycle, par souci de cohérence en fonction de vos idées. Si, de manière quelque peu caricaturale, vos valeurs tendent avant tout vers le progrès social, la liberté, l’égalité et la solidarité sociale, votre parti penchera à gauche [une caricature typiquement archaïque, puisque le RN séduit pour son positionnement social qui draine des électeurs déçus par la gauche]. Si vous soutenez principalement la défense des traditions, l’ordre et les libertés individuelles (dans la gestion de son argent et de ses biens, par exemple), alors il penchera davantage à droite [comme cette héritière d’une collection de tableaux, Anne Sinclair, à la tête d’un fortune de plusieurs dizaines de millions d’euros, ou comme Kylian Mbappé dont la fortune s’élève à environ 167 M€ mais suggère de voter à gauche] –en flirtant plus ou moins avec les extrêmes, notamment si l’on appuie sur la notion de souverainisme. De toute façon, si vous ne classez pas par vous-même votre nouveau parti politique, les autres le feront pour vous. Et, en la matière, les postulats ont la vie dure a gauche.

On l’a vu avec le Rassemblement national: il y a ce que le parti prétend être, et la classification que l’on va lui donner. Car se définir soi-même a des limites. Mélenchon (LFI) prétend que l’antisémitisme est « résiduel », mais le socialiste Guedj (PS) observe que Mélenchon « s’enferme, il se rabougrit, il se rétrécit » en utilisant notamment une « sémantique aux relents nauséabonds et qui a souvent été antisémite », sans que Slate n’ait le moindre soupçon. La classification va alors se faire par les sociologues, les politistes, les historiens mais aussi les journalistes, les media et les institutions, car, pour Slate, catégorier et cliver les acteurs politiques, est un sport de gauche. «Il y a une pratique: du fait de l’histoire d’un parti, on le classera plutôt au centre, à gauche, à l’extrême droite, etc. Mais ça n’a rien d’officiel, c’est simplement une habitude qui est prise», ajoute Erwan Lecœur.

Subjectivité du ministère de l’Intérieur

«Au moment des élections, le ministère de l’Intérieur fait un classement des différents partis en distinguant extrême gauche, gauche, divers centres, droite et extrême droite. Il tient alors compte de la façon dont les partis politiques sont généralement considérés», indique le politologue. On revient, là encore, à la classification établie, de manière large, par toutes les personnes qui analysent la vie politique.

Le ministère de l’Intérieur n’est pourtant pas tenu de suivre les considérations admises, précise Erwan Lecœur. «Il a, au fond, un large pouvoir d’appréciation là-dessus. Il y a une grande part de subjectivité. Et même si le ministère de l’Intérieur est une autorité administrative, c’est aussi une autorité politique. Évidemment, ça peut l’arranger de placer tel ou tel parti dans l’extrême droite ou dans l’extrême gauche, par exemple.»

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Cette subjectivité est parfois remise en cause. On l’a notamment vu avec le Rassemblement national, qui se verrait bien classé à droite, faisant passer discrètement aux oubliettes cette étiquette «extrême» embarrassante. Ou encore avec Éric Ciotti, qui récuse l’appellation «union de l’extrême droite» attribuée aux candidats de l’alliance LR-RN aux législatives par le ministère de l’Intérieur. Et pour cause: être classé dans les extrêmes est rarement un avantage, estime Erwan Lecœur. «Ça a une influence, car le terme “extrême” a un effet repoussant, aussi bien pour l’extrême droite que l’extrême gauche.» Un effet repoussant qui s’effrite pourtant, au vu des derniers résultats des élections européennes.

RN et LFI: deux cas distincts

Comme le Rassemblement national dernièrement, tout parti n’étant pas satisfait de la classification faite par le ministère de l’Intérieur peut toujours poser un recours devant le Conseil d’État. Ce dernier prend alors le relais. «Le conseil d’État examine si ce classement correspond à la réalité ou pas, confirme le politologue. Mais il ne fait pas un contrôle très strict: il vérifie surtout s’il n’y a pas d’erreur manifeste d’appréciation.» Une erreur manifeste qualifierait par exemple 1 de parti d’extrême droite.

Le cas de LFI, classé par le Conseil d’État à gauche et non à l’extrême gauche, peut s’expliquer par le fait qu’au moment de l’étude, le parti était rattaché à la Nupes, mouvance comprenant notamment les socialistes, clairement à gauche, ajoute Erwan Lecœur. «Il n’y a aussi aucune contestation chez LFI des valeurs républicaines. Il y a une interprétation, qui peut être étonnante quelquefois. En revanche, au RN, on retrouve des contestations de la part de Marine le Pen et de certains de ses membres. Qu’il soit classé à l’extrême droite, ce n’est pas aberrant au vu de son histoire et de son programme actuel, qui n’est pas dans le champ républicain.»

Qu’est-ce qui sépare encore le RN de la classification de parti de droite? «C’est la référence au parlementarisme, à l’antisémitisme, aux racismes, à la xénophobie, et sur ce point de vue-là, ainsi que sur un certain nombre de valeurs républicaines de liberté et d’égalité, le RN doit faire ses preuves.» Le Rassemblement national a beau adoucir en apparence son programme, voire brouiller les pistes de ses intentions, l’ombre du RN flotte toujours autour de lui.

Le Niger suspend France 24 et RFI, chaînes d’information française

Les deux media dénoncent une censure militaire

Revers pour la francophonie. Les nouvelles autorités militaires qui ont pris le contrôle du Niger ont décidé de couper les signaux de France 24 et RFI (Radio France internationale) dans tout le pays. La voix de la France est inaudible depuis jeudi après-midi.

La France n’a pas tardé à réagir, condamnant « très fermement » cette suspension, qui intervient après un coup d’Etat ayant renversé le président élu Mohamed Bazoum.

« Au Niger, les mesures prises contre la presse s’inscrivent dans un contexte de répression autoritaire conduite par les auteurs de la tentative du coup d’Etat », dénonce le ministère français des Affaires étrangères, dans un langage peu diplomatique.

« Après avoir pris en otage le président élu de la République du Niger, ils se livrent à une campagne d’arrestations arbitraires contre les représentants démocratiques », affirme encore le Quai d’Orsay dans ce communiqué, ajoutant : « La France condamne ces violations graves des libertés fondamentales. »

« Une décision prise hors de tout cadre conventionnel et légal »

Le groupe France Médias Monde a dénoncé jeudi dans un communiqué l’interruption de RFI et France 24, « une décision prise hors de tout cadre conventionnel et légal » une semaine après le coup d’Etat.

Dans un discours télévisé mercredi soir, le général Abdourahamane Tiani, qui a pris le pouvoir à Niamey à la tête de militaires putschistes, a affirmé qu’il n’y a pas eu d’arrestations à la suite du putsch et que le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) s’est « abstenu de toute action répressive ».

En 2022, « 1,9 million d’auditeurs (18 % de la population) écoutaient la radio chaque semaine dans le pays », diffusée sur sept relais FM, tandis qu’un quart de la population nigérienne suivaient les programmes de France 24, a détaillé France Médias Monde.

La décision des autorités « prive un peu plus encore dans la région les citoyens de leur accès à une information libre, indépendante et vérifiée », regrette le groupe public, qui a déjà « subi la censure au Mali et au Burkina Faso ces derniers mois », sans jamais remettre en cause la pseudo objectivité de ses contenus dont en France on sait ce qu’il faut en penser.

RFI et France 24 restent accessibles en réception satellitaire directe, sur Internet, et les programmes de RFI en français, haoussa et fulfulde continuent d’être diffusés en ondes courtes.

Depuis le putsch du 26 juillet qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, séquestré depuis huit jours, les relations avec Paris se sont dégradées. Des incidents dimanche lors d’une manifestation devant l’ambassade de France ont entraîné l’évacuation de plus de 500 Français. « La France réaffirme son engagement constant et déterminé en faveur de la liberté de la presse, de la liberté d’expression et de la protection des journalistes […] », a ajouté le ministère français des Affaires étrangères dans son communiqué.

Comportement inqualifiable de Macron au Burkina Faso