Présidentielle 2022: Estrosi dresse les gaullistes contre Zemmour

Le soutien du président magouilleur de Région est insultant.

Laura Tenoudji-Estrosi et son mari

Le maire de Nice n’hésite pas à donner un relent nauséabond à la campagne présidentielle, le motard brocardant l’essayiste en « partisan d’une nationalité racialisée, rejetant de la communauté nationale quiconque n’aurait pas la peau suffisamment blanche ». Du travail pour les fact-checkers de bonne foi, s’il en est.

A six mois de la présidentielle, ce soutien de Macron veut que son camp se ressaisisse mais nul ne sait de quel côté est véritablement son camp. Eric « Zemmour, ce n’est pas de Gaulle, c’est à peine sa rature » : le maire (ex-LR) de Nice appelle ainsi la droite, dans une tribune au Journal du dimanche, à « combattre de toutes ses forces » le journaliste, comme la mère de son troisième enfant, Laura Tenoudji, 45 ans, chroniqueuse dans l’émission Télématin sur France 2. Le 25 février 2020, elle assista au mariage du père de son fils, Michael Tapiro, né d’une précédente relation et célébré par son mari, Christian Estrosi.

Face à l’émergence médiatique de « cette version de l’extrême droite corrigée des variations saisonnières », l’ex-motocycliste estime que « c’eût été à la droite, dont il entend siphonner les électeurs, de mener la riposte ». Mais « elle a hélas déserté ce combat », regrette l’allié de Macron.

« Je ne ris plus », menace Estrosi

L’ancien ministre de Grançois Fillon nie que Pétain et Mitterrand ont pu sauver des Français de confession juive. « Lorsque j’entends Eric Zemmour se réclamer (de de Gaulle) et affirmer qu’il reconstruit le RPR, je ne ris plus. C’est l’indignation qui me submerge », explique la girouette politique. Pour l’instant pas candidat à la présidentielle, mais donné par les sondages au coude-à-coude avec Marine Le Pen pour disputer le second tour, « Eric Zemmour prétend que Pétain a sauvé les juifs de France. Honte à lui », poursuit Christian Estrosi, incitant à la haine.

Le renégat donne des leçons de fidélité. « Eric Zemmour plaide pour la confusion des droites et certains, au sein de mon ancienne famille politique, pactisent avec cette folie. Il n’y a pas de continuum entre la droite républicaine et l’extrême droite, il y a une irréversible différence de nature », affirme le fondateur du mouvement « La France audacieuse ».

Un complice des passeurs de clandestins d’Italie en France

« La droite, si elle avait un tant soit peu de courage, aurait pu et dû rappeler l’attachement des dirigeants du RPR, puis de l’UMP, au droit du sol », argue le macronard qui, avec Renaud Muselier, ferme les yeux sur l’accueil des migrants en vallée de la Roya.

« Gaullistes, il ne nous faut pas simplement affirmer que nous n’avons rien à voir avec lui, ni avec ses anathèmes, c’est trop peu », juge celui dont la famille est arrivée d’Italie en France en 1939 et qui a quitté Les Républicains en mai dernier. « Il faut les combattre de toutes nos forces, au nom du passé, au nom de l’avenir », selon Estrosi qui ne tente pas d’hystériser, on l’a compris, ceux qui ne sont plus assez bien pour lui..

Hystérisation réussie du débat: Jérôme Marty porte plainte contre Nicolas Dupont-Aignan

« Je ne vais pas vous épargner ! », menace le syndicaliste médecin

La république des juges et des journalistes rejointe par les médecins… Figure médiatique émergée à la faveur de l’épidémie de covid, le docteur Jérôme Marty a annoncé porter plainte contre Nicolas Dupont-Aignan, pour « propos diffamatoires ». Harcelé, insulté et menacé de mort, il a pourtant reçu plus que son compte en volées de bois vert mais, cette fois, s’agissant du leader de ‘Debout La France’, droite souverainiste et équivalent à droite de Jean-Pierre Chevènement à gauche, la tête de gondole du syndicat UFML (Union Française pour la Médecine Libre), se porter en justice, lui qui, en octobre 2020, avait aussi annoncé son intention d’attaquer l’Etat pour « manquement » dans la protection des soignants…

Jérôme Marty, médecin généraliste à Fronton, en Haute-Garonne, et président du syndicat UFML (Union française pour la médecine libre) a décidé de faire taire Nicolas Dupont-Aignan. Samedi soir sur Twitter, il a tweeté: « Vous venez publiquement de porter la plus grave accusation qui soit à l’égard de notre corporation [sic] par des propos diffamatoires. J’aurai donc l’honneur de porter plainte contre vous », a ainsi déclaré le médecin, en référence à un tweet de l’homme politique.

Un peu plus tôt dans la journée, Nicolas Dupont-Aignan avait en effet écrit sur le réseau social : « Le professeur Didier Raoult a sauvé des vies en soignant précocement les malades : il est viré. Les autres ont des milliers de morts sur la conscience en les confinant chez eux avec du doliprane et ils pavanent dans les médias ».

Le médecin s’est reconnu?

Créé en 2017, l’UFML-Syndicat est en cours de reconnaissance comme syndicat médical représentatif et se présente aux élections professionnelles pour la première fois lors des URPS en 2021.

L’ UFML-S est un syndicat indépendant qui n’est financé que par ses adhérents, refusant ainsi le lien financement syndical lié à la signature conventionnelle, apolitique et participatif. Il est composé de médecins de tous les secteurs et de toutes les spécialités.

Les sachants ne sont pas les praticiens d’une science exacte

Le syndicaliste médecin contestataire n’accepte pas d’être contesté et se livre à une attaque aussi personnelle que caricaturale. « Nous avons beaucoup accepté depuis des mois, de politiques dont vous êtes, qui se font relais de l’antiscience [sic], des fakenews, et de l’obscurantisme [populisme et complotisme?]. 
Aujourd’hui vous faites plus que nous insulter, nous vous attaquons« .

« Nous allons faire de votre accusation gravissime un symbole », a également affirmé le grand maître de la Science. « Pour ce que les médecins, les soignants, qui, chaque jour, se battent face au Covid-19 et qui n’ont jamais démérité [on se souvient toutefois qu’ils refusaient de vacciner bénévolement], subissent en lien avec la propagande que vous distillez ou que vous relayez, nous allons vous attaquer« . C’est la guerre de la pensée entre Français, entre ceux qui s’arrogent la connaissance exclusive et entre les sachants et les « illettrés », « les gens ».

6e samedi de mobilisation anti-passe sanitaire: ce qu’on en retiendra

Plus de 175.000 défenseurs des libertés ont manifesté en France, dont 14.700 à Paris.

Plus de 200 manifestations
dans toute la France,
ce samedi 21 août,
et une exhortation….

Les manifestants anti-passe sanitaire ont maintenu la pression pendant le week-end des retours de vacances. Ce samedi 21 août, à quelque dix jours de la rentrée, la sixième mobilisation consécutive s’est clairement cristallisée contre la stratégie de Macron. Plus de 200 manifestations ont eu lieu dans toute la France, ce samedi 21 août. Celle de Marseille a tourné en soutien au professeur Raoult, menacé à la tète de l’IHU.

357.100 manifestants « minimum » en France, contre 388.843 manifestants la semaine passée, ont été recensés par le collectif militant Le Nombre Jaune, qui publie un décompte ville par ville.

Selon le ministère de l’Intérieur, 175.503 personnes sont descendues dans la rue partout en France. Vingt personnes ont été interpellées lors de ces rassemblements et un membre des forces de l’ordre a été blessé, ont précisé les services de Gérald Darmanin. 

Tous les délires…

À Toulon, 6.000 personnes ont manifesté contre le pass sanitaire, selon la préfecture du Var, alors qu’ils étaient 800 à Fréjus.

Montpellier, ils étaient 9.500 opposants au passe sanitaire, par 31°, dans la rue, selon la préfecture de l’Hérault.

A Marseille, 4.000 personnes se sont également mobilisées, malgré une température ékevée, et d’ailkeurs seulement 2.500 à Nice et 2.500 à Aix-en-Provence.

A Toulouse, ils étaient 6.000.

Dans la petite ville de Pau (77.000 habitants), administrée par le macronien François Bayrou, MoDem, au moins 2.700 mécontents (selon la police) ont manifesté en matinée, dont une des figures emblématiques du mouvement des Gilets jaunes, Jérôme Rodrigues, qui a publiquement déclaré : « Vaccinez-vous si vous voulez, mais on est contre un passe à l’hôpital ou pour aller faire ses courses, on demande l’abrogation de la loi. »

Le passe sanitaire a été étendu depuis lundi à plus de 120 grands centres commerciaux et magasins de région parisienne et de la moitié sud de la France. Il peut s’agir d’une preuve de vaccination complète, d’un test antigénique de moins de 72 heures ou d’une preuve de maladie dans les six derniers mois.

Des manifestations hostiles à Macron

A Lille, le cortège – de 3.200 personnes, selon la préfecture – avançait derrière la pancarte « Dégageons Macron avec son pass et ses réformes à la con ». Apparaissaient quelques pompiers ainsi que des soignants – soumis à la vaccination obligatoire – telle une femme en blouse blanche, brandissant la pancarte « hier héros, aujourd’hui salauds ? Je vais être virée ! »

A Paris, 14.700 personnes se sont mobilisées en quatre cortèges, selon le ministère de l’Intérieur, rapporte BFMTV. Deux étaient à l’initiative de collectifs de Gilets jaunes et un autre à l’appel de Florian Philippot, chef de file des Patriotes.

Place du Châtelet, quelques centaines de manifestants vêtus de blanc avaient répondu à l’appel de l’ancienne Gilet jaune Sophie Tissier. « Le gouvernement va bientôt pouvoir savoir si on a été faire pipi au cinéma, ou si on a été faire nos courses », a-t-elle lancé, redoutant qu’on aille « vers un contrôle permanent des citoyens ».

« Pas touche à nos enfants »

Les opposants au pass sanitaire sont aussi vent debout contre l’éventuelle extension de la vaccination aux enfants de moins de 12 ans. Cette mesure n’est « pas d’actualité » en France, avait assuré jeudi le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer. Les 12-17 ans peuvent se faire vacciner depuis la mi-juin, et 55 % d’entre eux ont déjà reçu une dose.

« C’est toujours le même profil : [des malades] plus jeunes et non vaccinés »

Vendredi soir, près de 2.100 malades du virus étaient toujours hospitalisés en soins critiques en France, les situations étant très contrastées d’une région à l’autre.

Le CHU de Guadeloupe bat le rappel de tout son personnel et, selon un communiqué du préfet de région, « 60 décès supplémentaires sont à déplorer » depuis lundi, makgré des transferts de patients vers la métropole et l’envoi de 100 tonnes d’oxygène médical et 900 soignants en renforts.

En Polynésie française, les écoles, collèges et lycées vont fermer dès lundi, car « la propagation du virus Delta au sein des établissements scolaires […] nécessite une réaction forte », selon le président de l’archipel Edouard Fritch.

Vendredi, le premier ministre Castex, en déplacement au Centre hospitalier d’Etampes (Essonne), avait souligné qu’aucun des cinq malades admis en réanimation n’était vacciné, y voyant « la preuve par l’exemple ». « C’est toujours le même profil : [des malades] plus jeunes et non vaccinés », avait insisté Jean Castex.

A Paris, Florian Philippot a « dédié » la manifestation à son appel au professeur Didier Raoult – promoteur d’un traitement très controversé des malades du Covid-19 – alors qu’apparaissait le slogan (aussi un hashtag et une pétition) « touche pas à Raoult ». « Ils veulent honteusement l’évincer ! » a-t-il lancé au micro, en allusion aux déclarations du directeur général de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) qui ne souhaite pas reconduire l’infectiologue de 69 ans à la tête de l’IHU Méditerranée Infection. Une basse vengeance de l’AP-HP de Martin Hirsch a Paris

Monique Bourhis, 75 ans et « pas vaccinée », est venue en train de l’Eure manifester comme « tous les samedis », avec le badge « pas touche à nos enfants » : « Je n’ai pas à montrer un document pour aller au café. Je ne suis pas contre le vaccin, mais j’attends le français. Là on saura ce qu’il y a dedans », dit cette retraitée sensible au discours de Florian Philippot et défiante envers les vaccins à ARN messager, qu’elle assimile à « du poison ». « L’obligation vaccinale serait légitime face à la peste, mais on n’a pas des charrettes de cadavres dans la rue », a dit aussi un cadre de 45 ans, Cédric, venu de Normandie manifester à Paris à l’appel de Florian Philippot.

À Marseille, la foule de plusieurs milliers de manifestants s’est également rendue devant l’IHP (institut hospitalo-universitaire) en maladies infectieuses fondé et dirigé par le professeur Didier Raoult – promoteur du seul traitement existant en l’absence de vaccin et pendant les pénuries cumulées de masques, de produits anesthésiants, de respirateurs et de personnels. Ce traitement des cas de covid était contesté par les « sachants » parisiens qui n’appliquaient pas le protocole du chercheur marseilkaus : à base d’hydroxychloroquine, il devait étre appliqué précocément, mais n’était plus opérant en salle de réa…

Chantant La Marseillaise, hymne national qui hérisse la gauche, ils lui exprimaient leur soutien, après les déclarations du directeur-général de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille qui ne souhaite pas reconduire l’infectiologue de 69 ans à la tête de l’IHU Méditerranée Infection.

Un autre bras armé marseillais du gouvernement a opposé au professeur-chercheur la limite d’âge dans les universités (68 ans) pour lui interdire d’enseigner.

Le mouvement, qui a commencé mi-juillet et rassemble au-delà de la galaxie vaccino-sceptique ou complotiste (variant du populisme), est marqué par une forte décentralisation. Samedi dernier, le ministère de l’Intérieur avait recensé 214.845 manifestants, un chiffre en légère baisse par rapport à la semaine précédente. Le collectif militant Le Nombre Jaune, publiant un décompte ville par ville, avait dénombré 388.843 participants, également en légère baisse par rapport aux 415.000 qu’il avait comptés le samedi précédent. Le pouvoir réactive ainsi sa stratégie du dénigrement et de la stigmatisation qui a alimenté et entretenu le mouvement des Gilets jaunes: Macron compte-il donc hystériser le dévat jusqu’en avril et la présidentielle?

Passe sanitaire – L’Institut Thomas More anticipe sa pérénisation: complotisme?

«En matière de libertés, l’exception a une tendance inquiétante à devenir la règle,» met en garde un chercheur.

Alors que le passe sanitaire entre tout juste en vigueur ce 9 août, le chercheur associé de l’Institut Thomas More alerte contre la possibilité que ce type de mesure devienne permanente. Ce club de réflexion européen, qui se veut influenceur dans les domaines des enjeux européens, étendus à l’économie et à la politique étrangère de la France, élargit ainsi sa zone de compétence aux libertés individuelles. Il milite pour une Europe «qui protège et défend les Européens, fière de ses racines, qui favorise l’autonomie et les libertés, et, respectueuse du principe de subsidiarité». L’Union européenne joue-t-elle son rôle ?

Tribune de Cyrille Dalmon, chercheur associé à l’Institut Thomas More, un think-tank.


« La décision du Conseil constitutionnel sur le passe sanitaire a malheureusement confirmé l’alignement de sa jurisprudence sur celle du Conseil d’Etat, du fait de circonstances exceptionnelles, entamé dès le début de la crise [sanitaire]. Le Conseil constitutionnel valide ainsi le principe selon lequel, pendant une période d’état d’urgence sanitaire, quelle que soit sa nature, le gouvernement peut prendre des mesures qui, dans des circonstances normales, seraient considérées comme inconstitutionnelles.

La décision du Conseil constitutionnel est historique au regard de nos libertés et au regard de l’avenir de notre démocratie. La dureté des débats entre les partisans du passe sanitaire [comme de l’obligation vaccinale] et ses adversaires, les excès observés de part et d’autre, sont le reflet d’enjeux de fond. Et force est de constater que l’exécutif n’est pas le dernier à hystériser le débat.

La loi relative à la gestion de la crise sanitaire, contenant l’extension du passe sanitaire, fut discutée au parlement en procédure accélérée, c’est-à-dire en refusant le temps du débat contradictoire et la recherche de compromis. Elle le fut sous la pression constante du gouvernement avec des déclarations telles que celle de Cédric O, secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique devant l’Assemblée Nationale : « C’est soit passe sanitaire, soit couvre-feu ; soit passe sanitaire, soit fermeture des bars, des restaurants ; et c’est soit passe sanitaire, soit reconfinement. Le reste, c’est de la littérature »… Le Chef de l’État lui-même a qualifié les manifestations hostiles au passe comme d’une « menace pour la démocratie ».

L’application « TousAntiCovid » est construite sur une architecture centralisée, à l’exemple de l’application « TraceTogether » de Singapour mais « très minoritaire dans le monde » . (Cyrille Dalmont)

C’est pourtant le même exécutif qui déclarait l’an passé, lors de la mise en place de la première application « StopCovid », que jamais la France ne se doterait d’un outil de traçage numérique de la population. Puis, qu’il ne deviendrait jamais obligatoire. Et que les données personnelles des utilisateurs ne seraient jamais conservées dans une base de données distante, mais uniquement sur les appareils des utilisateurs.

Gaspard Koenig : « Le passe sanitaire est un risque énorme pour nos libertés. »

Le Conseil d’Etat s’était d’ailleurs appuyé sur cette affirmation factuellement fausse pour débouter l’action de l’association « La Quadrature du Net » : « Le juge des référés observe en outre que sa version numérique est facultative et que les informations collectées sont conservées sur les téléphones mobiles des personnes, limitant ainsi leur traitement ou leur conservation sur des bases nationales ».

Quatorze mois auront suffi pour passer d’une simple application de suivi de l’épidémie, facultative et basée sur le volontariat, à un passe sanitaire obligatoire et nécessaire à l’exercice de plusieurs de nos libertés fondamentales (liberté d’aller et venir, liberté du travail, liberté du commerce et de l’industrie, liberté d’association).

Il est des moments où l’on aimerait avoir tort. Dès avril 2020, lors du lancement de l’application StopCovid, nous alertions sur la tendance profondément liberticide d’un tel outil. Or nos craintes d’alors ont été confirmées par un rapport d’information de la délégation à la prospective du Sénat passé largement inaperçu en juin 2021. S’il ne s’en inquiète pas comme nous le faisons, ce rapport confirme un certain nombre de points extrêmement préoccupants.

D’abord, la parenté de plus en plus visible, hélas, entre les initiatives développées par la Chine et les options retenues par la France. Le rapport sénatorial souligne que c’est la Chine qui est « le premier pays au monde à avoir présenté un passeport sanitaire complet, incluant un certificat vaccinal », estimant que le « crédit social » n’était pas suffisamment efficace. Dans la première réflexion d’ensemble sur ces outils, conduite en France en avril 2020, l’ancien secrétaire d’Etat au numérique Mounir Mahjoubi relevait déjà l’efficacité des technologies développées par Pékin.

Le rapport confirme ensuite que l’application « TousAntiCovid » est construite sur une architecture centralisée, à l’exemple de l’application « TraceTogether » de Singapour, mais « très minoritaire dans le monde ». Elle nécessite un échange de données avec un serveur central et la création d’une base de données centralisée. Nous sommes donc très loin d’un simple « carnet de vaccination » numérique. Il s’agit bien d’un outil de « tracking » et de « backtracking » en temps réel qui collecte et transmet des données à un serveur central distant.

Les interrogations sur l’utilisation future par les services de l’Etat des données collectées sur les déplacements et les interactions sociales en temps réel des Français sont ainsi pleinement légitimées. (Cyrille Dalmont)

Le troisième point concerne l’extension de l’usage que les autorités peuvent faire d’un passe sanitaire. Ses partisans jurent qu’il ne doit servir et qu’il ne servira jamais qu’à la lutte contre la pandémie. Le rapport du Sénat révèle qu’à Singapour, malgré ses engagements formels concernant l’anonymat des données et la non-utilisation de celles-ci à d’autres fins que des fins sanitaires, le gouvernement a « en janvier 2021, reconnu devant le parlement que la police avait eu accès aux données de contact tracking du serveur central dans le cadre d’une enquête pour meurtre » et que « le ministre de l’Intérieur a indiqué qu’il considérait que la police pouvait accéder à ces données, sur le fondement du code de procédure pénale […] ».

On nous répondra, comme toujours depuis quatorze mois, que comparaison n’est pas raison. Mais tout cela valide, à tout le moins, le fait que l’outil peut servir à autre chose qu’à la protection sanitaire. Les interrogations sur l’utilisation future par les services de l’Etat des données collectées sur les déplacements et les interactions sociales en temps réel des Français sont ainsi pleinement légitimées. Mais, quand le Défenseur des droits a publié, le 20 juillet dernier, dix points d’alerte concernant l’extension du passe sanitaire, le gouvernement n’en a tenu aucun compte.

Qu’ils soient justifiés par la lutte contre le terrorisme ou par la situation sanitaire, ce que nous ont appris les différents « états d’urgence » que nous avons traversés ces dernières années, c’est que l’exception a une inquiétante tendance à devenir la règle en matière de libertés.