Mali. Deux soldats français tués en opération

Ils n’ont pas « perdu la vie »: ils l’ont donnée pour la liberté des peuples

La sergent Yvonne Huynh et le brigadier Loïc Risser ont été tués dans le cadre de l’opération Barkhane.

Cinq jours après la mort de trois soldats de l’opération antiterroriste Barkhane, deux autres soldats ont à leur tour perdu la vie à la suite d’une attaque terroriste à l’engin explosif.

La sergent Yvonne Huynh et le brigadier Loïc Risser ont été tués dans le cadre de l’opération Barkhane.

L’Elysée annoncé samedi soir la mort de deux soldats français en opération dans le nord-est du Mali. Un acte lié à une attaque terroriste, laquelle survient cinq jours après le décès de trois militaires français dans ce même pays d’Afrique de l’Ouest.

« Le Président de la République a appris avec une grande tristesse la mort au Mali en fin de matinée de deux soldats du 2e régiment de hussards de Haguenau, le sergent Yvonne Huynh et le brigadier Loïc Risser », peut-on lire dans un communiqué.

Yvonne Huynh, qui avait 33 ans, est la première femme de l’armée française tuée au Sahel depuis l’intervention Serval en 2013. Loïc Risser avait 24 ans. Tous deux étaient engagés dans un régiment spécialisé dans le renseignement.

La sergent Huynh, née à Trappes (Yvelines) près de Paris, effectuait sa deuxième mission au Mali. Le brigadier Risser, né à Saint-Louis (Haut-Rhin, est), en était à son troisième engagement au Mali.

Selon le ministère des Armées, « leur véhicule a été l’objet d’une attaque à l’engin explosif improvisé lors d’une mission de renseignement dans la région de Ménaka ».

Un troisième militaire a été blessé dans la même attaque contre le véhicule blindé léger (VBL), mais ses jours ne sont pas en danger, précise l’Elysée.

La ministre des Armées Florence Parly a rendu hommage « à la force de leur engagement, leur courage et leur don de soi ».

« La motivation, la pugnacité et l’abnégation des militaires français demeurent intactes face aux groupes terroristes, filières de Daech [acronyme arabe du groupe État islamique] et d’Al-Qaïda, qui sèment terreur et chaos au Mali et au Sahel », a-t-elle ajouté.

Lundi dernier, trois soldats français de la force Barkhane avaient été tués au Mali dans des conditions similaires. La branche d’Al Qaïda au Sahel a revendiqué la mort de ces trois hommes qui appartenaient au 1er régiment de Chasseurs à Thierville-sur-Meuse (Meuse).

Les deux décès de samedi portent à 50 le nombre de militaires morts au Sahel depuis 2013 dans le cadre des opérations anti-djihadistes « Serval », puis « Barkhane ».

Dans son communiqué, Emmanuel Macron « réaffirme la détermination de la France dans son combat contre le terrorisme ».

Ces attaques mortelles surviennent alors que la France envisage une réduction des effectifs de la force Barkhane et se dit ouverte à des négociations avec des groupes sahéliens, à l’exception des directions d’Al-Qaïda et du groupe État islamique.

Dialogue avec les djihadistes ?

La force Barkhane, qui s’étend sur cinq pays du Sahel, a été étoffée de 600 soldats, ce qui a porté son effectif total à 5 100 en 2020. Elle a revendiqué la « neutralisation » de dizaines de djihadistes ces dernières semaines, au côté de la force du G5 Sahel.

Face à la persistance des violences djihadistes, doublées de conflits intercommunautaires, les autorités de transition au Mali n’excluent pas d’engager des négociations avec des groupes armés, tout comme auparavant le président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé par un putsch en août.

Le GSIM, principale alliance jihadiste du Sahel, a appelé dans un communiqué revendiquant l’attaque de lundi au retrait de la force Barkhane du Sahel.

Dans ce communiqué, authentifié par le centre américain de surveillance des sites djihadistes SITE, il a aussi évoqué les caricatures de Mahomet et la défense prise par le président Macron de leur publication au nom de la liberté d’expression, ainsi que la politique du gouvernement français vis-à-vis des musulmans de France.

La France exclut toute discussion avec l’état-major du GSIM qui « répond à la hiérarchie centrale d’Al-Qaïda », relevait le 21 décembre une source à la présidence française.

Elle se montre en revanche plus ouverte s’agissant d’éléments du GSIM qui « ont un agenda beaucoup plus national, souvent opportuniste, parfois régional », ajoutait cette source.