«La France, on va la re-créoliser» : le rappeur Médine adopte l’idéologie de La France Insoumise

La promesse du rappeur islamiste valide la thèse de Zemmour du « Grand remplacement »

Le rappeur invité aux journées d’été de LFI porte à travers sa musique un discours communautariste et séparatiste qui fait écho à l’idéologie de Mélenchon.

«MELENCHON, hein ! Te trompes pas. Au 1er et au 2ème tour[s]. Terminé». En avril 2022, à deux jours du premier tour de l’élection présidentielle, le rappeur Médine poste sur les réseaux sociaux ce message envoyé à son père, à qui il a donné sa procuration. Le message est clairement politique : il invite sans détour à voter pour le candidat anti-républicain. Au second tour, le chanteur appellera à voter Macron, pour faire «barrage à l’extrême droite». Dans le milieu du rap, généralement loin du jeu des partis, cet engagement politique fait figure d’exception.

Voilà sans doute pourquoi Médine edt l’invité de LFI le 26 août, pour un «grand entretien» avec Mathilde Panot, présidente du groupe LFI-NUPES à l’Assemblée nationale. La polémique déclenchée par le chanteur après un tweet aux relents antisémites au sujet de l’essayiste Rachel Khan n’a pas compromis sa venue, pas plus qu’à celles des journées d’EELV deux jours plus tôt. «Il n’y a pas de sujet», a estimé pour sa part Mathilde Panot, interrogée sur France Inter mercredi. «Médine est un rappeur engagé, qui s’est toujours engagé contre toutes les formes de discrimination», particulièrement celles qui touchent «les personnes musulmanes dans ce pays».

Le pleutre et ignare (?) déclare aujourd’hui qu’il ignorait tout de sa cible (qu’elle est juive ?) et qu’il n’imaginait pas la portée de ses propos…

«Enraciné à (sa) manière»

Une simple écoute de son dernier album, «Médine France», donne un bon aperçu de la proximité idéologique entre le rappeur et LFI. Médine s’y dit «enraciné à (sa) manière». «J’aime pas les drapeaux, les képis, les calots», énumère-t-il, ne voulant dans la France qu’il revendique «ni de marinière, ni de baguette, ni de béret». Anti-militaire et anti-flic.

Médine, déjà connu pour son titre 11 septembre taxé d’«apologie de Ben Laden» par Alain Finkielkraut, diffusa un nouveau titre, Don’t Laïk. Il y dresse une critique en règle de la laïcité à la française. «Crucifions les laïcards comme à Golgotha […] Au croisement entre le voyou et le révérend / Si j’te flingue dans mes rêves j’te demande pardon en me réveillant / En me référant toujours au saint Coran». Le clip, où l’on voit des femmes voilées en niqab suivre un livre avec inscrit «Noble coran», fait 1 million de vues sur YouTube en quelques jours.

Le rappeur binaire fait l’amalgame
entre racisme et islamisme

«J’ai des origines et j’en suis fier, c’est les mêmes que le fer de la Tour Eiffel», poursuit-il en référence à la fausse croyance que l’acier de la «Dame de fer» proviendrait d’Algérie, pays d’origine de son père. Médine Zaouich, de son vrai nom, né et grandi au Havre, assume par ailleurs ne savoir «toujours pas chanter» la Marseillaise, et ignorer l’histoire de France. «J’retiens jamais les dates», confesse-t-il dans son titre Allons zenfants, hormis celle où tombent «les allocs de la CAF». «Aucun de nous ne va re-migrer», avertit-il enfin, car «la France jusqu’à c’qu’elle nous aime, on va la re-créoliser».

Convergence idéologique

Le concept de «créolisation» a justement été au cœur de la campagne présidentielle de Mélenchon en 2022. Au premier tour, le candidat insoumis a obtenu dans les banlieues françaises – où Médine trouve son principal auditoire, ses meilleurs scores. Il a obtenu jusqu’à 50% des voix en Seine-Saint-Denis. «Il a un écho auprès de beaucoup de gens. C’est important de discuter avec ce genre d’artiste», a justifié LFI pour expliquer sa participation aux «Amfis», ses journées d’été pour les jeunes insoumis samedi à Valence. Ainsi, le rappeur est un relais idéal pour toucher davantage cette base électorale de la jeunesse des quartiers populaires, encore fortement abstentionniste.

«Ces populations d’origine immigrée qui écoutent volontiers Médine et autres rappeurs sont imprégnés d’une idéologie qui, évidemment, s’articule parfaitement avec l’idéologie insoumise», confirme la philosophe et politologue Renée Fregosi. Si le parti de Jean-Luc Mélenchon tient ce discours, ce n’est «pas seulement du cynisme de sa part», analyse la politologue. «Lalliance anticapitaliste, anti-occidentale a été clairement édictée lors du grand congrès de Bakou, en 1922. Le discours de Lénine prononcé face aux peuples d’Orient qui intègrent l’union soviétique identifie la cause musulmane à celle du prolétariat, en opposition à l’Occident, sur fond d’antisémitisme, explique Renée Fregosi. Car il y a un fond antisémite historique chez les anciens trotskistes et communistes. Marx associait les Juifs au capitalisme, et une certaine tradition à gauche a toujours fait de même».

Relais idéal de LFI vers la jeunesse des quartiers

En mars dernier, au cœur de la contestation contre la réforme des retraites, Médine se rend sur le site de la raffinerie TotalEnergies de Normandie en soutien aux salariés grévistes. Artiste mais surtout militant, il se pose en porte-voix politique de la classe populaire. «Allons enfants de nos quartiers, ne nous laissons pas dénigrer», chante-t-il dans son dernier album.

En parallèle, et de manière moins médiatique, ses engagements l’emmènent à soutenir l’humoriste Dieudonné («Dieudonné a plus contribué à désamorcer des sujets comme le racisme que l’inverse» dit-il sur Rapelite) ou s’afficher dans un meeting du suprémaciste noir Kemi Séba (selon qui les institutions internationales comme le FMI sont «tenues par les sionistes qui imposent à l’Afrique et à sa diaspora des conditions de vie tellement excrémentielles que le camp de concentration d’Auschwitz peut paraître comme un paradis sur terre»).

Lorsque ces divers engagements font polémique, Médine estime qu’on l’attaque pour «le simple fait qu’(il soit) rappeur, musulman, engagé», et qu’il est la «cible de l’extrême droite». Une sémantique reprise dans les médias propres aux populations des quartiers. Sur la polémique autour de Rachel Khan, le site Booska-P spécialisé sur le rap a ainsi titré : «Médine, le harcèlement politique infini», quand le site de rap Raplume a déploré un système politico-médiatique qui lui cherche de «fausses polémiques».

En juin 2018, Médine veut se produire au Bataclan. Ce projet, trois ans après les attentats dans la salle de concert parisienne, déclenche un tollé à droite. «Au Bataclan, la barbarie islamiste a coûté la vie à 90 de nos compatriotes. Moins de trois ans plus tard, s’y produira un individu ayant chanté « crucifions les laïcards » et se présentant comme une « islamo-caillera ». Sacrilège pour les victimes, déshonneur pour la France», tweetait le président du parti des LR Laurent Wauquiez. «Aucun Français ne peut accepter que ce type aille déverser ses saloperies sur le lieu même du carnage du Bataclan», renchérissait la présidente du RN Marine Le Pen. S’estimant injustement attaqué, Médine annonce finalement opter pour la salle du Zenith, pour éviter «l’instrumentalisation politique». 

En sa qualité de maire du Havre, l’ancien premier ministre devait prononcer un mot de bienvenue lors des Journées d’été que le parti écologiste tient au Havre entre le 24 et le 26 août.

En parallèle, et de manière moins médiatique, ses engagements l’emmènent à soutenir l’humoriste Dieudonné («Dieudonné a plus contribué à désamorcer des sujets comme le racisme que l’inverse» dit-il sur Rapelite) ou s’afficher dans un meeting du suprémaciste noir Kemi Séba (selon qui les institutions internationales comme le FMI sont «tenues par les sionistes qui imposent à l’Afrique et à sa diaspora des conditions de vie tellement excrémentielles que le camp de concentration d’Auschwitz peut paraître comme un paradis sur terre»).

«Tarlouze», le propos «homophobe»

Taxé tour à tour d’antisémitisme, de misogynie ou encore de communautarisme, le rappeur Médine s’est aussi attiré les critiques du milieu LGBT. Dans une vidéo partagée par plusieurs associations, ce dernier, pour s’attaquer au concept d’assimilation, décrit le musulman supposément souhaité par les Européens comme «un musulman light» qui fait «un peu tarlouze etc.».

Interrogée sur ce point en amont de sa venue aux journées d’EELV, la députée écologiste Sandrine Rousseau a déclaré que le rappeur avait «évolué sur les questions des personnes LGBT». Auprès du Figaro, Médine s’en est également expliqué. «Sandrine Rousseau a sûrement raison, tout le monde a évolué sur cette question et c’est tant mieux», nous a-t-il déclaré. «Aujourd’hui je ne cesse de dénoncer, dans mes interventions quand on me questionne sur le sujet, que les mécanismes d’oppression qui frappent les populations LGBTQI+ sont les mêmes que les mécanismes qui s’exercent sur les populations racisées, musulmanes et féministe et qu’il faut les combattre ensemble».

La quenelle «antisystème»

En 2014, Médine poste sur Facebook une photo de lui dans les locaux de la radio Skyrock, faisant une quenelle, geste à connotation antisémite lancé par l’humoriste controversé Dieudonné. Lors d’une soirée sur le sujet des discriminations organisée par Mediapart le 23 mai 2023, Médine est interrogé sur son geste. Le chanteur défend alors un geste «antisystème«, de «révolte», qui aurait été instrumentalisé par des «récupérateurs».

Conférence du suprémaciste noir Kémi Seba

Toujours en 2014, le rappeur est très critiqué après son apparition à un meeting de Kémi Séba, dans le théâtre de Dieudonné. Ce suprémaciste noir, plusieurs fois condamné en France pour incitation à la haine raciale, annonce en première partie de sa prochaine date le rappeur Médine, qui est ovationné. Interrogé sur ce point par StreetPress après la polémique sucitée, le chanteur a défendu une «démarche universitaire et étudiante», se disant soucieux de «dialoguer» avec «des courants-mêmes les plus prétendument radicaux».

Cet épisode a fait réagir jusqu’à Pascal Boniface, directeur de l’Iris, et soutien jusqu’alors inconditionnel du chanteur algérien! «J’ai dit qu’en tant que personnage public, il ne pouvait pas s’afficher n’importe où. J’ai été surpris et déçu qu’il ne veuille pas l’entendre. Néanmoins, je garde l’image de Médine comme quelqu’un d’ouvert, qui n’a jamais eu peur d’affirmer ses convictions, droit dans ses bottes et toujours la main tendue. Avec une soif d’apprendre et de comprendre. Un vrai autodidacte», a déclaré le géopoliticien qui a copublié avec Médine Don’t panik, (2012), recueil d’échanges sur les évolutions culturelles de la société française.

Lorsque ces divers engagements font polémique, Médine estime qu’on l’attaque pour «le simple fait qu’(il soit) rappeur, musulman, engagé», et qu’il est la «cible de l’extrême droite». Une sémantique reprise dans les médias propres aux populations des quartiers. Sur la polémique autour de Rachel Khan, le site Booska-P spécialisé sur le rap a ainsi titré : «Médine, le harcèlement politique infini», quand le site de rap Raplume a déploré un système politico-médiatique qui lui cherche de «fausses polémiques».

Recréolisation, la fausse bonne idée : non, merci…

Natalité : les naissances ont chuté de 10 % cet automne en France

Le métissage ne comble-t-il plus les espoirs de repeuplement ?

1.942 bébés sont nés chaque jour en octobre, en France, soit 10 % de moins que durant le même mois en 2021 et 6 % de moins qu’en 2020. C’est même le nombre le plus bas pour octobre depuis 1994, précise Isabelle Robert-Bobée, cheffe de la division des enquêtes et études démographiques à l’INSEE. Même tendance pour le mois de septembre qui enregistre lui aussi une baisse de la natalité avec 2.004 naissances par jour en moyenne. « Ce sont vraiment des niveaux particulièrement bas pour septembre et surtout octobre », confirme l’experte. « Une telle baisse est très violente », ajoute Didier Breton, professeur de démographie à l’Université de Strasbourg et chercheur associé à l’INED. Sur le sujet, Macron sera exceptionnellement fondé à incriminer les Français, sauf à observer qu’à 44 ans, son exemple personnel invite à l’egocentrisme et à la stérilité.

Difficile d’expliquer les causes et conséquences de cette baisse de natalité. « Il est particulièrement difficile de donner des explications et de savoir si ce sont deux points bas ou le début d’une tendance, car ce qu’il s’est passé pendant la pandémie de Covid-19 montre bien que la fécondité peut varier très rapidement », avance-t-elle. Par exemple, les deux confinements en France ont eu des conséquences différentes sur les naissances. Le premier avait entraîné une chute neuf mois plus tard. Mais ce phénomène ne s’était pas reproduit lors du second, à l’automne 2020.

La politique de Macron, domestique ou étrangère, serait abortive

« Un peu comme la Bourse, les couples détestent l’incertitude, qu’elle soit sanitaire ou économique », ironise Didier Breton. Il est vrai que de nombreux couples remettent en question leur projet d’enfant(s) du fait du contexte mondial. Par exemple, les couples français ont fait moins de bébés que d’habitude en décembre 2021 et janvier dernier. Ce qui correspond à l’arrivée du variant Omicron – en vérité, plutôt en novembre et décembre 2021 – et un nombre record de nouveaux cas positifs.

Le défaut d’anticipation de Macron – qui s’est engagé sans prendre en compte les conséquences de ses déclarations et de sa contribution militaire à la guerre en Ukraine, à 2.300 km de Paris – pourrait également être l’une des conséquences, puisqu’elle est décidément la cause de tout ce qui ne va pas en France, à en croire la macronie et sa presse.

Si on observe une baisse de la natalité dans les prochains mois, comme l’explique Isabelle Robert-Bobée, « on pourrait aussi penser au contexte d’incertitude avec la guerre en Ukraine » car, comme le conflit a débuté fin février, les données ne sont pas encore à jour. 

Les Français ne sont pas plus volontaires qu’ailleurs  

Cette chute des naissances a également été observée dans d’autres pays proches de la France. Mais sur une période beaucoup plus longue. En Suisse, par exemple, de janvier à septembre, le nombre de bébés nés chaque mois est inférieur à celui en 2020. Idem en Allemagne, à part pour le mois de mai. « Durant l’hiver 2020/2021, les gens étaient souvent à la maison en raison des restrictions. Ce qui a poussé à procréer les couples qui désiraient un enfant, mais plus tard », explique à Susanne Grylka, directrice adjointe de la recherche à l’Institut des sages-femmes de l’Université des sciences appliquées de Zurich. 

Le voeu barré de Mélenchon de 50% de la population française métissée en 2050

Lors d’un meeting à Aubin (Aveyron), Mélenchon a avancé qu’«en 2050, 50% de la population française sera métissée»«Nous sommes ce peuple qui se créolise en ce moment même», s’était réjoui le candidat de La France insoumise (LFI) à la présidentielle. Cette expression de «créolisation» est empruntée à l’écrivain antillais Edouard Glissant – signataire du Manifeste des 121 sur le droit d’insoumission dans la guerre d’Algérie, paru le 6 septembre 1960 – qui prônait le mélange et l’interpénétration des cultures plutôt que l’assimilation.

La déclaration de la tête de gondole de la NUPES avait été vivement critiquée par François-Xavier Bellamy. «Dire que la société est en train se métisser, c’est raciste. Ça ne correspond pas du tout à l’identité de la nation française», a rétorqué l’eurodéputé LR sur Europe 1 avant de défendre une vision «profondément universaliste» et «opposée à toute forme d’éthnicisme»«La France, ça n’est pas une ethnie qu’on vient métisser. La France, c’est une culture qu’on vient rejoindre. Il faut s’assimiler», a-t-il relevé.

Un mariage célébré en France sur sept est un mariage mixte.
En 2019, les mariages mixtes représentent 15,3 % des mariages célébrés en France, ils représentaient 6 % en 1950. Parmi les 212.415 mariages conclus en 2019, 32.430 d’entre eux ont uni une personne de nationalité étrangère et une personne de nationalité française.
En 2015, dans 37 % des cas, le conjoint ou la conjointe d’origine étrangère possédait la nationalité d’un pays d’Afrique du Nord, 22 % étaient des ressortissants de l’Union européenne et 14% d’Afrique subsaharienne.

La proportion de mariages mixtes approche les 30 % en France. Le 26 avril 2022, un jeune a été poignardé par le frère de sa petite amie à Garges-lès-Gonesse, dans le Val-d’Oise. L’auteur du coup de couteau ne supportait pas que sa sœur soit en couple avec un garçon d’une autre origine, selon les proches de la jeune fille. Si les résistances à ces unions restent minoritaires en France, les résistances sont le fait d’étrangers de confession non-chrétienne.

La natalité repart à la hausse, sans retrouver son niveau d’avant le Covid. Rappelons que depuis le 1er janvier 2022, 357.580 bébés sont nés en France, a indiqué l’Insee. Si les chiffres sont en légère hausse par rapport à la première moitié de 2021, la baisse tendancielle de la natalité se poursuit dans l’Hexagone.

En 2021, les femmes en âge de procréer avaient en moyenne 1,83 enfant (1,82 hors Mayotte), contre 1,82 en 2020 (1,81 hors Mayotte).

En France, les enfants d’immigrés préfèrent un conjoint de même origine. Les Français de deuxième génération choisissent le plus souvent un partenaire au sein de leur communauté d’origine: l’ascenseur social a fonctionné… Nés de parents arrivés du Maghreb, du Sahel et de Turquie en France à partir des années 1950, 61 % des Français de deuxième génération choisissent un conjoint de la même origine, davantage parmi les femmes car, plus que les hommes, il leur est difficile de déroger aux attentes de leurs parents, d’après une étude d’universitaires en sociologie.

Informer les Français du taux de natalité de ces couples mixtes se heurte à un mur : un secret d’Etat ? C’est compliqué, dirait Gérard Leclerc… En 2021, 64 % des naissances sont hors mariage.

Gilles-William Goldnadel met en garde contre la créolisation qui est une forme nouvelle de racisme:

Présidentielle: meeting Mélenchon à… la Défense

Les « antifas fascisés » laisseront l’islamo-gauchiste s’exprimer

Mélenchon est pour le travail dominical. L’anticapitaliste sera dans le quartier des affaires, à la Défense. Il mobilise ses militants ce dimanche pour tenter de « faire l’union par la base » qui la réclame et que ses acteurs à gauche lui refusent. 48% des personnes interrogées par l’IFOP désirent une candidature unique de la gauche. Elle serait mieux incarnée par Mélenchon (43%), devant Yannick Jadot (40%) et Anne Hidalgo (38%). Plus d’un quart des personnes interrogées (26%) juge que Macron incarne bien la gauche.

Le candidat de la France insoumise, LFI, qui avait atteint près de 20% des voix à la présidentielle de 2017, échouant aux portes du deuxième tour, a l’espoir de l’atteindre en 2022, en partant de 10 % dans les sondages, contre 8% à Yannick Jadot (EELV), 5% pour Anne Hidalgo (PS) et 2% pour Fabien Roussel (PCF).

Le chef des Insoumis et candidat LFI à la présidentielle de 2022 Jean-Luc Mélenchon en meeting à Aubin, dans l'Aveyron, le 16 mai 2021 - Lionel BONAVENTURE © 2019 AFP
Le chef des Insoumis et candidat LFI à la présidentielle de 2022 Jean-Luc Mélenchon en meeting

« La situation est volatile et le pays se cherche. La division de l’extrême droite abaisse le seuil d’entrée au second tour. C’est un trou de souris, mais on a une chance d’y être », a-t-il expliqué samedi au Parisien. « Tout dépend des quartiers populaires, s’ils vont voter« .

Aujourd’hui crédité entre 7,5 et 10% des intentions de vote dans les sondages, le patron de LFI devance légèrement le candidat écologiste Yannick Jadot et la socialiste Anne Hidalgo.

« Parlement de l’Union Populaire »

« Puisqu’on ne peut pas faire l’union au sommet avec un programme commun, faisons-la par la base avec un programme commun », suggère Jean-Luc Mélenchon.

Son meeting est ainsi l’occasion d’installer le « parlement de l’Union Populaire », un organe de « conseil stratégique et programmatique » pour la campagne réunissant 200 personnes, dont une moitié n’est pas membre de LFI, mais issue du monde syndical, associatif, culturel sous contrôle.

« C’est le point de départ d’une nouvelle grande force populaire en France », affirme le candidat d’extrême gauche, dans sa troisième tentative. En 2012, malgré l’union des gauches (Parti de Gauche), il obtient 21,46 % des votes exprimées au premier tour, et en 2017, 19,58 %, dans la désunion.

Ce « parlement », présidé par l’ex-porte-parole d’Attac Aurélie Trouvé, compte par exemple Sylvie Glissant, l’épouse du poète Edouard Glissant, chantre de la « créolisation » chère au candidat LFI, l’écrivaine Annie Ernaux, Xavier Mathieu, l’ex-délégué syndical de la CGT de l’usine Continental AG de Clairoix, ainsi que quelques politiques, comme Thomas Portes, ex-porte-parole de Sandrine Rousseau lors de la primaire des Verts.

« Humanisme radical »

En campagne depuis déjà plus d’un an, Jean-Luc Mélenchon n’a pas choisi la date de son meeting au hasard. « Au lendemain de la désignation du candidat LR« , Valérie Pécresse, il fallait « montrer qu’il n’y a pas que la droite qui prépare l’élection présidentielle », a expliqué Manuel Bompard, son directeur de campagne. En plus de l’historien indépendant Eric Zemmour, entre 13 et 18% des intentions de vote, avec un meeting le même jour, à Villepinte en Seine-Saint-Denis, « ça renforce notre position: on est là, il n’y a pas que Zemmour, et il n’y a pas que la droite« , résume Manuel Bompard.

Avec près de 3.000 places, pas question pour Jean-Luc Mélenchon de rivaliser numériquement avec les 15.000 participants annoncés au meeting de Villepinte pour une salle d’une capacité de 19.000.

« Il ne nous impressionne pas du tout. Nous connaissons notre force. Nous, notre grand rendez-vous, ce sera la grande marche du 20 mars à Paris« , annonce Jean-Luc Mélenchon, préciser la salle: les antifas fascisés ne risquent pourtant pas de venir hurler et saccager…

Mais, fait valoir le candidat de la dernière chance, « ce dimanche, deux visions du monde seront face-à-face: l’une d’un ethnicisme assez étroit, celui de Zemmour, et la mienne, celle d’un humanisme radical ». Choc des mots ! L’être et le néant…

Dynamique montante

Celui qui a déjà vendu près de 30.000 exemplaires de son programme l’Avenir en Commun – sans les communnistes, ni les socialistes – avec 690 propositions sexy dont une partie reprises de son programme perdant de 2017, l’affirme: « Maintenant c’est l’heure du peuple ».

« Un meeting, c’est toujours une démonstration de force », et ça contribue à une dynamique de campagne », fantasme Manuel Bompard, qui a le sentiment d’ « un frémissement d’intérêt » des électeurs et d’ « une pente ascendante ».

Il y a cinq ans, Jean-Luc Mélenchon était « à peu près au même niveau qu’actuellement », avec les voix des communistes, qui étaient alors alliés, se souvient le député LFI Eric Coquerel. Petit rappel: le PS et le PCF totalisent actuellement 6%.

« Après, il y eu un trou d’air du fait de la candidature de Hamon, et après il y a eu une remontée. Là, comme je ne vois pas de trou d’air pour l’instant, on peut dire qu’on est sur une dynamique qui ne peut être que montante », raconte-t-il.

Mais pour le directeur général de l’institut de sondage Ifop Frédéric Dabi, « la présidentielle, ce n’est pas seulement une série de mesures, une offre programmatique, c’est une incarnation. Et l’incarnation de Mélenchon est très abîmée. Il inquiète beaucoup ». Comme ses proches, Eric Coquerel, Alexis Corbière, François Ruffin, Clémentine Autain, Mathilde Panot et Danièle Obono, etc…

Et, selon un sondage Ipsos-Sopra Steria pour franceinfo et « Le Parisien-Aujourd’hui en France », 64% des sympathisants de gauche ne croient pas à l’union de la gauche.

« En 2050, 50% de la population française sera métissée », se félicite Mélenchon

La bascule dans le ‘grand remplacement’, c’est pour demain…

Selon Mélenchon, les migrants rêvent de donner à la France
des Alexandre Dumas

Moins d’un an avant l’élection présidentielle 2022, Jean-Luc Mélenchon tenait un meeting extérieur à Aubin (Aveyron). Et le meneur des Insoumis (LFI) y a rappelé à ses partisans ses positions sur l’immigration. Au cours d’un meeting, en avrl  2021, le député LFI de Marseille s’était prononcé en faveur du grand remplacement, version d’ extrème gauche.

Le « grand remplacement » est très souvent présenté comme une théorie complotiste d’extrême droite, devenant peu à peu un des sujets tabous de la vie politique française. Sa version de gauche, moins stigmatisée, est plus souvent évoquée, notamment par Jean-Luc Mélenchon. A plusieurs reprises ces dernières années, le fondateur de La France Insoumise a, en effet, vanté « la créolisation » de la France, c’est-à-dire le métissage progressif et en douceur d’une certaine population.

Comme si cet objectif était une aspiration des migrants uniquement séduits par notre modèle social pourtant appelé à s’adapter pour survivre, Jean-Luc Mélenchon a continué à l’évoquer dimanche 16 mai, lors d’un meeting en extérieur organisé à Aubin, dans l’Aveyron. Au cours de son discours, l’ancien sénateur a affirmé qu’en « 2050, 50% de la population française sera métissée »« Nous sommes ce peuple qui se créolise en ce moment même », s’est réjoui le révolutionnaire.

Qu’est-ce que la créolisation ?

Ce phénomène – qu’il n’envisage pas en Afrique, en Inde ou en Chine – explique Mélenchon, est le « résultat de cette chose évidente, qui est que l’amour ne consulte pas les papiers pour voir de quel côté il peut se déployer ». Devant une assemblée aveyronnaise que la presse dit conquise, malgré une moyenne d’âge avancée, le député des Bouches-du-Rhône a donc vibré à cette perspective de modification génétique progressive de la population française, mais aussi européenne, continentale.

C’est une obsession chez Jean-Luc Mélenchon qui avait déjà abordé ce grand brassage des gènes, à défaut de grand soir, en septembre 2020, lors de sa rentrée politique. Il avait alors expliqué que « la créolisation n’est ni un projet ni un programme : c’est un fait qui se constate. Il se produit de lui-même ».

Emprunté au philosophe martiniquais Edouard Glissant, le concept de « créolisation » au premier regard et de conquête sexuelle de territoires instrumentalisant les enfants plus sûrement que le « rapprochement familial » consiste en « un processus socio-ethnique débouchant sur une identité tierce, qui ne triomphe pas des précédentes, mais s’y ajoute ». Ce processus, écrivait Edouard Glissant, a pour « résultante une donnée nouvelle, totalement imprévisible ». Le philosophe opposait notamment ce concept à celui d’assimilation, qu’il jugeait contraire aux principes républicains.

Au moment où les gauches promeuvent les réunions en « non mixité », le grand mélange se fera-t-il aussi naturellement que Mélenchon le fantasme en nouveau processus révolutionnaire?

L’amour racisé, ringard ou révolutionnaire? Lorsque Mélenchon faisait la promotion de l' »économie de la mer », qui avait vu venir le danger de la conquête territoriale armée par le sexe?