Ses opposants tenus à distance par des centaines de policiers, il doit se rabattre sur un plan B
Macron tente de démontrer qu’il n’est pas bunkérisé, mais c’est loupé, ce jeudi 20 avril dans l’Hérault, comme la veille dans le Bas-Rhin, à Selestat. Il venait pourtant annoncer une hausse des salaires des professeurs jusqu’à 230 euros par mois.
Lors de sa première étape à Ganges, Macron est allé à la rencontre de collégiens et de professeurs, mais a dû renoncer à un bain de foule. De nombreux opposants à la réforme étaient en effet présents et très remontés. Plusieurs centaines de manifestants étaient bloqués à distance sur la place du village par un important service d’ordre.
Le président est contraint de se rabattre sur les villages
Macron s’est finalement accordé une déambulation « surprise » à Pérols, 9.000 habitants, dont le maire UDI a été réélu avec 50,68% des voix.
« C’était pas prévu, mais voilà, j’arrive, » commente la souris des chats aux casseroles bruyantes. Pour autant, il n’a pas démontré qu’il peut aller où il veut en France. La presse colporte l’idée que l’arrêt présidentiel à Pérols aurait été « surprise » mais il était tout sauf improvisé. Macron est resté un peu moins d’une heure à Pérols avant de rentrer à Paris.
La préfecture prend des arrêtés …surprises
Au lendemain de sa journée mouvementée en Alsace où il a été conspué et menacé par des manifestants, Macron a tenté de poursuivre ce jeudi son entreprise d’«apaisement» du pays. En se rendant au collège Louise-Michel de Ganges, 3.900 habitants, à une heure au nord de Montpellier, il pensait échapper à la fureur de la capitale régionale. Michel Fratissier, le maire PRG, parti radical de gauche, de Ganges, a été prévenu seulement à quelques heures du passage du chef de l’Etat dans sa petite commune. L’Elysée a pourvu à tout, avec l’assistance de la préfecture.
Le préfet a pris un arrêté préfectoral de circonstance qui interdit notamment « l’usage de dispositifs sonores portatifs ». Si les casseroles ne sont pas explicitement mentionnées, à l’entrée du village, des gendarmes ouvrent les sacs et les interdisent, selon un journaliste de LCI présent sur place.
Les casseroles sont en effet devenues un symbole de la contestation contre la réforme des retraites et une nuisance opposée aux prises de parole jugées insupportables par la gauche extrême. Lors de l’allocution du président de la République ce lundi, des mécontents avaient déjà tapé sur des casseroles à l’appel d’Attac, pour boycotter les propos inutiles de Macron.
Ces concerts de casseroles ont également eu lieu lors de sa visite dans le Bas-Rhin ce mercredi, à quoi le président a opposé son mépris: « Les casseroles ne feront pas avancer la France ». A son arrivée à Ganges, il a également raillé le procédé : « les œufs et les casseroles, c’est pour faire la cuisine ».
« Le président planqué ne supporte pas le bruit des ustensiles de cuisine« , écrit la députée insoumise Raquel Garrido sur Twitter. « Il n’aime pas la musique », abonde dans le même sens sur BFMTV Serge Ragazzacci, secrétaire général de la CGT de l’Hérault présent à Ganges ce jeudi.
Réduit à esquiver ses opposants, Macron déplace le cirque élyséen de village en village de moins de 10.000 habitants. A quand un concert géant dans une megapole: Nantes ou Rennes, Grenoble ou Toulouse ?
Interpellé par une opposante à la réforme, Macron assure qu’il ne va pas démissionner
A une manifestante qui lui lance « Macron démission ! », le président a répondu en affirmant qu’il « ne va pas démissionner, je vous rassure, il va falloir attendre 2027 ». Cette femme lui a aussi reproché « de ne pas être un démocrate ».
Traité frontalement de « trou du c*l » et de « gouvernement de corrompus », Macron en redemande:
« Beaucoup ont voté pour vous mais en réalité c’était contre Marine Le Pen. Vous aviez dit que vous alliez prendre en compte (les électeurs de gauche), mais vous ne les avez pas pris en compte », lui a-t-elle lancé. Jugeant le dialogue impossible, Macron a repris sa déambulation. « La réforme des retraites, on l’a bougée. On avait parlé des 65 ans, on a fait les 64 ans », s’est-il ensuite justifié auprès d’un journaliste accrédité que l' »improvisation » n’a pas pris de court.
Il y a un an déjà, Macron prenait des insultes en pleine face:
Mais c’est l’escalade en avril 2923: sous les huées, il se rapproche de la claque macronarde qui le félicite platement, mais tombe sur des résistants qui ne mâchent pas leurs mots.