France 3 défend la liberté d’insulter la France et les Français

« La journaliste Nassira El Moaddem  cyberharcelée après sa prise de position sur internet » : la France est un « pays de racistes dégénérés«  »…

Texte écrit par Noëlle Hamez, journaliste pour les rédactions de France 3 Régions et produit de l’Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine (IJBA).

Depuis plusieurs jours, la journaliste d’Arrêt sur images et formatrice à l’Ecole supérieure de journalisme (ESJ) de Lille, Nassira El Moaddem, est la cible d’une déferlante raciste.

[Elle entre dans la profession comme stagiaire au magazine L’Etudiant, au service de presse de RFI et sur Public Sénat pour l’émission politique Déshabillons-les. Par quelle filière a-t-elle accédé en 2003 à Sciences-Po Grenoble, elle ne le précise pas. Elle étudie pendant quatre ans, se spécialisant dans les sujets liés aux mondes arabe, turc (dont un séjour académique Erasmus à l’université Galatasaray d’Istanbul où elle apprend le turc) et iranien. Est-elle radicalisée ?] En 2008, elle rejoint l’équipe du Bondy Blog où elle écrit ses premiers papiers. En 2009, En 2009, elle effectue un stage à la rédaction de Mediapart, site révolutionnaire trotskiste.

Depuis le 30 avril, la journaliste d’Arrêt sur images [émission produite à l’origine Carrere group, reconnu coupable de présentation de comptes inexacts et de diffusion d’informations mensongères et liquidé, puis site d’extrême gauche accusé de parti pris politique et de discours prescriptifs], et militante [décoloniale], Nassira El Moaddem, ancienne étudiante de l’école supérieure de journalisme (ESJ) de Lille, où elle a donné des cours, et ancienne rédactrice-en-chef du Bondy Blog, subit une vague de cyberharcèlement sans précédent [Les insultés n’ont pas de droit de réponse].

La journaliste est victime de propos haineux, racistes, insultants, appelant pour beaucoup au viol ou proférant des menaces de mort à son encontre [assure la jounaliste militante: sa consoeur évoque de la haine.

En réaction à cet acharnement [sic] – la journaliste affiche des captures d’écran montrant que des messages haineux arrivent à intervalle régulier de 5 minutes – de nombreux collègues, confrères, consœurs et syndicats [tous marqués à la gauche extrême, voire révolutionnaire] de journalistes (MediapartBastaLibérationLe Canard enchaînéRefletsVertNumeramaStreetPressUrbania, Ajar, AJL, SNJ-CGT…) ont pris la parole pour rééquilibrer les réactions et lui apporter leur soutien.

Un post publié sur X (anciennement Twitter)

Tout part d’une publication que Nassira El Moaddem a partagé[e] sur X (ex-Twitter) le 30 avril. Réagissant à un article de RMC Sport, la journaliste écrit : « Pays de racistes dégénérés. Il n’y a pas d’autres mots. La honte« . L’article en question concerne la décision de Vincent Nolorgues, président de la Ligue de football amateur, de durcir [interdire] le port de collants et de casques dans les clubs de foot amateurs [Pour information, l’application de l’ « awra », est contraire aux lois de la République laïque, ce que la journaliste de FR3 ne prend pas la peine d’expliquer : chacun son biais…].

Des vêtements qui « ne sauraient être portés avec des signes ostensibles, visibles d’appartenance, tels qu’interdits par nos statuts » écrit le président dans un courrier daté du 27 février, que nos confrères et consœurs de RMC se sont procuré·es. [Portée sur les jugements, la journaliste neutre et indépendante, mais pratiquante de l’écriture inclusive, de service public n’en porte aucun sur les insultes de sa camarade à la France et aux Français].

24 heures plus tard, la polémique gonflait déjà. Sous la publication de Nassira El Moaddem, des dizaines de commentaires lui incombent [??] de rentrer « chez elle, la connotation raciste à peine sous-entendue [xénophobie et racisme ne sont pourtant pas équivalents, pas plus que incomber et imposer]. « Dehors, ingrate« , « Bon vent l’islamiste…« , « Mais retourne dans le pays que tu as fui et fais ce que tu veux là-bas« , ordonnent certains commentaire[s] à la native de Romorantin, petite ville du Loir-et-Cher à laquelle elle a consacré un livre [Sans se sentir française].

D’un député RN à l’antenne de Cyril Hanouna

Mais ce qui a vraisemblablement mis le feu aux poudres demeure l’entretien de Julien Odoul, député RN de l’Yonne invité sur le plateau de Jean-Marc Morandini (CNews) le 1er mai. Une prise de parole qui, selon la journaliste, a initié cette « campagne de harcèlement » [ses propres insultes auraient, à l’en croire, glissé sur les internautes outragés].

Un passage de l’émission a en particulier été relayé et montre le député de l’Yonne qui déclare : « Elle est payée chaque année par l’argent des Français; c’est intolérable qu’elle traite notre pays, notre peuple, de raciste. Donc si elle n’est pas contente qu’elle se casse. » [Il aurait pu l’appeler à dégager, slogan de gauche.]

Le lendemain, l’élu se fend également d’un post sur X dans lequel il s’offusque [s’indigne ?] « qu’une journaliste vomisse à ce point sur notre pays en se victimisant« , faisant le parallèle entre Nassira El Moaddem et « le mode opératoire des islamistes du CCIF. » [Les dégénérés ont un vocabulaire convenable…]

La demande est relayée jusque dans les lignes du JDD, appartenant comme CNews au milliardaire Vincent Bolloré [Propriétaire de la CMA-CGM et du groupe BFM, Rodolphe Saadé est-il un milliardaire fréquentable ?], et sur le plateau de TPMP animé par Cyril Hanouna, également au main [aux mains !] de l’industriel. « Nassira El Moaddem doit-être elle suspendue de Radio France ?« , demande l’animateur vedette, qui semble ignorer que la journaliste ne travaille pas pour le service public [il n’ignore pas l’orthographe].

Julien Odoul appelle également la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, à suspendre la journaliste. En effet, Nassira a indiqué dans sa biographie X avoir dans le passé travaillé pour le service public, lors d’une émission sur France Inter.

« Je n’ai jamais vécu aux crochets de la politique »

Dans un long fil de publications, Nassira El Moaddem réagit à son tour aux attaques qu’elle subit [n’a-t-elle pas un peu cherché les coups ?] et répond aux invectives [sic] du député RN : « Je travaille depuis que j’ai 16 ans, mes parents m’ont enseigné l’importance du travail et de l’effort et je n’ai, moi, jamais vécu aux crochets de la politique. » [En même temps, il n’est pas à la portée du premier venu de se faire élire…, ce que la journaliste bénéficiaire de l’ascenseur social français semble ignorer…]

La militante antiraciste [sic : anti-Blancs ?] fait ici référence à la comparution de Julien Odoul, qui sera jugé aux côtés de Marine Le Pen en septembre 2024 pour l’affaire des assistants parlementaires du FN [L’un comme l’autre est présumé innocent].

Un dossier datant de 2012, dans lequel les deux membres du RN sont suspectés d’avoir détourné l’argent du Parlement européen pour rémunérer les salariés du parti, encore nommé FN à l’époque [cette suspicion appliquée au MoDem a conduit à la relaxe, notamment de Bayrou].

Les réactions de Radio France

Au milieu de ces réactions, la direction de Radio France a publié un communiqué, dans lequel la médiatrice de France Inter écrit : « Chers auditeurs, nous avons bien reçu vos messages et nous comprenons votre réaction« , soulignant que Nassira El Moaddem a collaboré « ponctuellement » avec l’antenne pour deux séries d’été, en 2021 et 2022.

Réaction de la médiation de Radio France suite à la polémique et le cyberharcèlement raciste qui touche Nassira El Moaddem.
La direction de France Inter éprouve le besoin de dégager sa responsabilité, quoi qu’en dise la régionaliste.

Réaction de la médiation de Radio France suite à la polémique et le [et au] cyberharcèlement raciste qui touche Nassira El Moaddem. • © Capture d’écran de Nassira El Moaddem

[Appel à la chasse aux sorcières] Une réaction trop passive, aux yeux de la journaliste, qui estime que « donner raison à l’extrême droite c’est creuser la tombe de tous« . Dans un nouveau post ce 2 mai, elle identifie [interpelle ?] la directrice de France Inter, Adèle Van Reeth, pour lui demander de réagir.

Ce que la directrice a finalement fait ce vendredi 3 mai, en lui apportant son soutien, qualifiant ces attaques racistes d' »inacceptables« .

Sollicitée pour évoquer de possibles recours judiciaires, Nassira El Mohaddem n’a pas, pour l’heure, donné suite.

Julien Odoul appelle également la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, à suspendre la journaliste. En effet, Nassira a indiqué dans sa biographie X avoir dans le passé travaillé pour le service public, lors d’une émission sur France Inter.

La demande est relayée jusque dans les lignes du JDD, appartenant comme CNews au milliardaire Vincent Bolloré, et sur le plateau de TPMP animé par Cyril Hanouna, également au main de l’industriel. « Nassira El Moaddem doit-être elle suspendue de Radio France ?« , demande l’animateur vedette, qui semble ignorer que la journaliste ne travaille pas pour le service public.

« Je n’ai jamais vécu aux crochets de la politique »

Dans un long fil de publications, Nassira El Moaddem réagit à son tour aux attaques qu’elle subit et répond aux invectives du député RN : « Je travaille depuis que j’ai 16 ans, mes parents m’ont enseigné l’importance du travail et de l’effort et je n’ai, moi, jamais vécu aux crochets de la politique. »

La militante antiraciste fait ici référence à la comparution de Julien Odoul, qui sera jugé aux côtés de Marine Le Pen en septembre 2024 pour l’affaire des assistants parlementaires du FN.

Un dossier datant de 2012, dans lequel les deux membres du RN sont suspectés d’avoir détourné l’argent du Parlement européen pour rémunérer les salariés du parti, encore nommé FN à l’époque.

Les réactions de Radio France

Au milieu de ces réactions, la direction de Radio France a publié un communiqué, dans lequel la médiatrice de France Inter écrit : « Chers auditeurs, nous avons bien reçu vos messages et nous comprenons votre réaction« , soulignant que Nassira El Moaddem a collaboré « ponctuellement » avec l’antenne pour deux séries d’été, en 2021 et 2022.

Réaction de la médiation de Radio France suite à la polémique et le cyberharcèlement raciste qui touche Nassira El Moaddem.

Réaction de la médiation de Radio France suite à la polémique et le cyberharcèlement raciste qui touche Nassira El Moaddem. • © Capture d’écran de Nassira El Moaddem

Une réaction trop passive, aux yeux de la journaliste, qui estime que « donner raison à l’extrême droite c’est creuser la tombe de tous« . Dans un nouveau post ce 2 mai, elle identifie la directrice de France Inter, Adèle Van Reeth, pour lui demander de réagir.

Ce que la directrice a finalement fait ce vendredi 3 mai, en lui apportant son soutien, qualifiant ces attaques racistes d' »inacceptables« .

Sollicitée pour évoquer de possibles recours judiciaires, Nassira El Mohaddem n’a pas, pour l’heure, donné suite à notre message.

Reste qu’il faut rappeler à la journaliste illettrée de FR3 que les insultes de Mme El Moaddem font l’objet de deux plaintes : lien PaSiDupes

Conf’ de presse de Macron : des questions étaient connues à l’avance, dénonce Arrêt sur images

Comment la parole a (vraiment) été distribuée parmi les journalistes

Voici l’article d’Arrêt sur images (de Robin Andraca en date du 17 janvier 2024 Maj: 17 janvier 2024)

Il n’y en avait pas eu depuis… cinq ans. Emmanuel Macron a tenu hier sa seconde conférence de presse, en tant que président. Pendant plus de deux heures, la parole a circulé parmi les journalistes présents à l’Elysée. Plus ou moins (mais surtout moins) librement.

Un président, 250 journalistes, et 24 questions. Ce 16 janvier, Emmanuel Macron a participé à une conférence de presse, exercice auquel il se plie très peu, du moins en France. La précédente avait été organisée en avril 2019, lors de son premier mandat. 

Après un propos liminaire d’une trentaine de minutes, et avant que le micro ne commence à circuler, Jean-Rémi Baudot, président de l’Association de la presse présidentielle (APP, voir plus bas), a tenu à fixer les règles du jeu : trois parties (une partie nationale, un segment plus politique, et enfin les questions internationales). Et une seule question, et courte si possible. Avant de rassurer les téléspectateurs : « Les journalistes sont libres de poser toutes les questions qu’ils souhaitent au chef de l’État. Aucune question n’est jamais soumise en amont au chef de l’État. C’est toujours mieux de le dire »

Emmanuel Macron face à la presse
Emmanuel Macron face à la presse

Pour le téléspectateur, la scène est saisissante : des dizaines de mains se lèvent à chaque fois que Macron termine une réponse, donnant l’impression d’un joyeux chaos. La réalité est pourtant plus complexe. Si le chef de l’État ne connaît pas à l’avance les questions qui lui sont posées, ses attachés de presse eux, si. Et ça tombe bien : ce sont eux qui distribuent le micro. Dans les faits, voilà [voici] comment la parole a circulé pendant cette conférence de presse : les journalistes se sont installés une heure environ avant l’arrivée du chef d’État. Autour d’eux, plusieurs conseillers presse de Macron quadrillent la salle, et discutent avec les journalistes. 

Jonas Bayard,
cheveux longs attachés

Rachel Garrat-Valcarcel, journaliste à 20 Minutes, présente hier soir à l’Elysée, raconte à Arrêt sur images [soutenu par la FSU, ATTAC ou la NUPES] les coulisses de l’exercice : « On a eu un léger brief avant le début, sur les trois parties, et les règles à suivre pour poser une question. En gros, ils nous ont dit : «Envoyez-nous une question par SMS, et dites-nous dans quelle partie vous voulez la poser»« . Les questions sont ensuite centralisées par Jonas Bayard, conseiller presse de l’Elysée. « L’une des personnes à qui les journalistes parlent le plus à l’Élysée« , détaille Rachel Garrat-Valcarcel. C’est lui, hier soir, qui pilotait les différents attachés de presse dans la salle.  

« Vous êtes la next one »

Rachel Garrat-Valcarcel, Association des journalistes LGBTQI+ (AJL)

Il suffirait donc d’un SMS pour se voir distribuer le micro ? Non. « Il faut aussi avoir l’eye-contact« , explique la journaliste de 20 Minutes. Comprendre : attraper le regard des attachés de presse. Et insister, question après question, par SMS, ou en les interpellant directement. « À un moment, j’ai reçu un texto : «Vous êtes la next one». De fait, j’étais la suivante ». Ce qui a permis à Rachel Garrat-Valcarcel de poser la question suivante : « Vous avez parlé de l’ordre, avec l’uniforme à l’école, une politique contre la drogue – alors que certains disent que la prohibition ne fonctionne pas – vous nous avez parlé de politique nataliste, de cérémonie de remise des diplômes. Est-ce que le gouvernement le plus jeune, avec le président le plus jeune, ne vont pas mener une politique anachronique, voire si vous me permettez un peu vieux jeu ? ».

Journaliste à Reporterre, Justine Guitton-Boussion, raconte la même histoire. « Un conseiller m’a demandé d’envoyer ma question par texto. Ce que j’ai fait. Honnêtement, je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit sélectionnée. Mais un moment, on m’a dit que je serai la prochaine ». Après avoir envoyé sa question, Justine Guitton-Boussion reçoit une réponse du conseiller : « Bien noté votre question. Je vous invite également à lever la main. » Deuxième texto 30 minutes plus tard : « Je ne perds pas votre question de vue. » Réponse de la journaliste : « Merci bcp ». Denier message reçu du conseiller : « Vous pourriez être la prochaine ». Après 1 h 16 de conférence de presse, elle pose sa question, sur les émissions de gaz à effet de serre, concluant ainsi : « Quelle nouvelle politique écologique pouvez-vous nous annoncer ce soir? « . Nous publions les échanges ci-dessous.

Échanges de textos
Échanges de textos (Document ASI)

Journaliste indépendante [publiée par Marianne], Meriem Laribi a vécu peu ou prou la même chose : « Quand on est arrivé, un attaché de presse est venu nous donner son numéro de téléphone. Pour poser une question, il fallait envoyer le nom du média pour lequel on venait et la thématique de la question. » Assise à côté de journalistes de l’Orient le Jour et de CNN Turquie, ils souhaitent tous trois poser une question, dont ils transmettent le sujet à l’attaché de presse : le Liban pour l’Orient le Jour, la situation humanitaire à Gaza pour CNN. Le thème transmis à l’attaché de presse de l’Élysée par Meriem Laribi ? « La requête de l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de Justice » concernant les actions de l’armée israélienne à Gaza. « C’est tout ce que j’ai dit », explique Meriem Laribi, qui n’aura finalement pas le micro.

« Libé » et « Mediapart » muets malgré les révélations

Au premier rang, pendant ce temps, Ilyes Ramdani, journaliste politique à Mediapart, regarde – comme beaucoup d’autres – le micro passer, et ne jamais atterrir dans ses mains. Il a pourtant écrit à l’Elysée en début d’après-midi avec le thème de sa question (« Affaire Oudéa et ses suites« ) et levé la main. À quelques mètres de lui, l’éditorialiste de Libération, Jonathan Bouchet-Petersen [dont la maman fut conseillère de Ségolène Royal en 2007], connaît le même sort. Le point en commun entre les deux médias, classés à gauche ? Ils ont publié ces derniers jours l’ensemble des révélations concernant la nouvelle ministre de l’éducation et des sports, Amélie Oudéa-Castéra, engluée dans des polémiques sans fin depuis sa nomination le 11 janvier.

Amélie Oudéa-Castéra écoute Macron statuer... sur son propre cas
Amélie Oudéa-Castéra écoute Macron statuer… sur son propre cas
(derrière, Stéphane Séjourné, ministre illettré des Affaires étrangères)

Dans l’ordre chronologique, pour celles et ceux qui n’auraient pas suivi : le 12 janvier, une enquête de Mediapart révèle que la ministre de l’Éducation a choisi un établissement catholique, privé et ultra-réac’ pour scolariser ses enfants. Un choix justifié par les « paquets d’heures pas sérieusement remplacées » dans le public. Sa défense est fragilisée dès le lendemain par Libération qui donne la parole à l’ancienne institutrice de son fils aîné. Non seulement ce dernier n’a passé que six mois de petite section de maternelle dans le public. Mais en plus, l’institutrice affirme que la ministre ment à propos des heures non remplacées. Ce que la ministre a fini depuis par reconnaître.

Enfin, Mediapart puis Libé ont publié ce 16 janvier, jour de la conférence de presse, un rapport accablant sur Stanislas, l’établissement où sont scolarisés les enfants de la ministre. Discours homophobes, sexisme et humiliations, le rapport demande à Stanislas de se mettre en conformité avec la loi.

« L’Élysée a voulu bien maîtriser le sujet AOC »

Ilyes Ramdani

Mediapart avait donc une question prête, sur ce rapport en particulier, « issue d’une discussion collective en conférence de rédaction », détaille à ASI Ilyes Ramdani. La question a été publiée ce 17 janvier sur le site d’investigation, dans un article intitulé « Les 12 questions que Mediapart aurait souhaité poser à Emmanuel Macron » : « Mediapart révèle ce mardi soir un rapport accablant de l’inspection générale de l’Éducation, que votre premier ministre cache depuis plusieurs mois, sur le collège-lycée Stanislas où votre ministre de l’éducation a choisi de scolariser ses enfants. Le rapport confirme par exemple que l’homosexualité y est comparée à une maladie ou que l’IVG y est combattue. Trouvez-vous normal que l’État subventionne ce type d’établissement aux pratiques jugées contraires à la loi par l’inspection ? ».

Malgré, selon lui, la cordialité des échanges avec l’Élysée, le micro ne lui sera jamais tendu. La seule question posée à propos de la ministre de l’éducation le sera par un journaliste de l’AFP : « Vous avez fait de l’école la mère des batailles. Vous avez annoncé ce soir encore plusieurs chantiers. Peuvent-ils être menés à bien par la nouvelle ministre de l’éducation, Amélie Oudéa-Castéra, qui est affaiblie d’entrée de jeu par une intense polémique à laquelle il a été fait référence? A-t-elle votre confiance pour continuer dans ses fonctions ? ». S’il ne nie pas l’intérêt de cette question – et de plusieurs autres questions posées par ses confrères et consœurs – Ilyes Ramdani estime malgré tout que « l’Élysée a voulu bien maîtriser le sujet AOC. Ils n’avaient pas envie d’aborder frontalement le rapport ».

Après la publication de notre enquête, le journaliste de Franceinfo, Hadrien Bect, a assuré sur X n’avoir transmis aucune question à l’Élysée. Même chose pour celui de l’AFP, Francesco Fontemaggi. 

Contacté par ASI ce 18 janvier, ce dernier explique : « De mon point de vue, c’est normal que l’AFP ait une question, vu que je couvre le moindre déplacement du président avec ma binôme. » Il raconte comment il l’a obtenue : « Un conseiller est venu vers moi pour me demander dans quelle partie je préférais intervenir. J’ai répondu plutôt la première, mais la seconde m’allait aussi. Et je prépare une quinzaine de questions, que je ne communique pas ». Voyant la conférence défiler, et les questions lui échapper, il envoie un SMS au conseiller, qu’il nous lit au téléphone : « Et alors j’ai pas de question ? AFP ». Plus tard, le conseiller revient vers lui, et lui dit : « Tu auras la suivante ». Il choisit alors de poser la question sur Amélie Oudéa-Castéra, sujet qui n’a pas encore été abordé précisément. Il assure à ASI : « Si on m’avait demandé d’envoyer une question, je ne l’aurais pas fait. » 

De fait, l’ensemble des journalistes présents dans la salle n’a pas eu à passer par les mêmes filtres, ni d’envoyer leur question ou le thème de leur question par SMS avant de prendre le micro. 

Selon nos informations, certains grands médias ont été privilégiés dans le processus de distribution de la parole et ont négocié en amont avec l’Élysée le fait de pouvoir poser une question pendant cette conférence de presse.

Comment a-t-elle été organisée en amont ? Contacté par ASI, Jean-Rémi Baudot, président de l’APP, explique : « Nous avons dialogué avec l’Élysée sur comment optimiser l’utilisation de la parole, et avoir quelque chose d’un peu construit. On est tous tombés d’accord sur l’idée d’un chapitrage en plusieurs parties, qui nous semblait pertinent« . Mais l’influence de l’APP s’arrête là : « Pour le reste, c’est l’Élysée qui organise, qui reçoit, c’est donc l’Élysée qui a la main ». Il reconnaît d’ailleurs : « À partir du moment où c’est l’Élysée qui choisit les questions, ça oriente forcément les questions qui sont posées »

BFMTV en tête

Selon les calculs d’un abonné d’ASI qui nous les a transmis, 24 questions ont été posées, au total, pendant cette conférence de presse. Huit par des télés, sept par des journalistes de presse écrite, cinq par des radios, deux par des sites d’information en ligne, et une par une agence de presse, l’AFP. La vraie « gagnante » de cette soirée est BFMTV qui a eu le droit de poser trois questions (soit 13% de l’ensemble des questions posées). La première par Neïla Latrous [cheffe franco-algérienne du service politique de la chaine BFM TV], sur l’engorgement des services d’urgence dans les hôpitaux. Une deuxième par Benjamin Duhamel [apparenté à Amélie Oudéa Castera et à Patrice et Olivier Duhamel ainsi qu’à Nathalie Saint Cricq] sur le risque de laisser, en 2027, les clefs du pouvoir à Marine Le Pen. Et enfin une dernière d’Ulysse Gosset, éditorialiste spécialisé en politique étrangère, sur la place de la France dans le monde. Une question par partie, un privilège dont aucun autre média n’a bénéficié. 

Le vrai problème serait ailleurs, selon Rachel Garrat-Valcarcel : « Il est impossible, mathématiquement, de satisfaire les 250 journalistes présents. Mais une conférence de presse tous les cinq ans, ce n’est pas assez. En France, les responsables politiques sont beaucoup moins soumis au feu roulant des questions qu’à l’étranger. Aux États-Unis, quand Biden met deux mois à organiser sa première conférence de presse, ça fait polémique. En France, ça n’est pas le cas ». Au rythme où vont les choses, il est en effet très probable que nous ayons assisté hier à la seconde et dernière conférence de presse du président Macron. 

A propos du titre de cet article

Nous avons modifié le titre de cette enquête environ 24 heures après sa publication. Dans un premier temps, l’article était titré : « Conf’ de presse Macron : LES questions étaient connues à l’avance ». Vous pouvez désormais lire : « Conf’ de presse Macron : DES questions étaient connues à l’avance ». Le titre initial reflétait le contenu des témoignages obtenus le 17 janvier avant la publication de l’enquête. Le second reflète la nuance apportée depuis par d’autres journalistes présents à cette conférence de presse. Il pointe aussi plus précisément un état de fait : certains journalistes ont bien dû transmettre leurs questions dans l’espoir de prendre la parole, d’autres n’en ont pas eu besoin. Nous maintenons par ailleurs l’intégralité de nos informations. 

Benjamin Mendy lavé des accusations de viol montées par des femmes et leurs avocats militants

Les mouvements #MeTo o et #NousToutes, disqualifiés

Par sa bonne humeur, sa fraîcheur, Mendy apparaît comme un joueur fédérateur parmi les Bleus. Notamment auprès de Kylian Mbappé, avec lequel il a été champion de France sous les couleurs de Monaco.

A l’unanimité, au terme de cinq mois d’audience et 14 jours de délibération, le jury du tribunal de Chester, Angleterre, a déclaré le footballeur international français Benjamin Mendy non-coupable de six accusations de viol portées par cinq femmes, qui se seraient déroulés entre octobre 2018 et août 2021 à son domicile de Prestbury, dans le Cheshire. Les jurés n’ont pas donné de verdict concernant une septième accusation. Le co-accusé Louis Saha Matturie est quant à lui déclaré non-coupable de trois viols.

Ce vendredi 13 aussi, le footballeur français de Manchester City, issu d’une famille originaire de Guinée-Bissau et du Sénégal, a également été reconnu non-coupable d’une agression sexuelle. Il n’est toutefois pas encore totalement libéré de l’emprise #MeToo : un nouveau procès l’attend en effet à partir du 26 juin, car les jurés n’ont pas rendu de verdict pour la septième accusation de viol et pour une accusation de tentative de viol.

Co-accusé dans ce procès et ami du joueur, Louis Saha Matturie (aucun lien avec l’ancien footballeur Louis Saha) a été déclaré non-coupable de trois viols. Aucun verdict n’a été rendu pour trois autres accusations de viol et trois accusations d’agression sexuelle. Louis Saha Matturie comparaîtra lui aussi en justice pour ces derniers cas qui n’ont pas été tranchés par les jurés. Son deuxième procès se déroulera à compter du 18 septembre et sera distinct de celui de Benjamin Mendy.

Mendy, qui comparaissait pour huit viols, une tentative de viol et une agression sexuelle contre sept femmes, avait été présenté par le procureur Timothy Kray de « prédateur » et de « violeur en série » ayant abusé de victimes « vulnérables, terrifiées et isolées ».

Manchester City ne mouille pas le maillot pour son joueur

Attentiste et lâche, Manchester City déclare avoir « pris note » du verdict rendu par le tribunal de Chester lavant Benjamin Mendy, 28 ans, dont le contrat avec le club anglais court jusqu’au 30 juin 2023. « Etant donné qu’il y a des questions en suspens liées à cette affaire, le club n’est pas en mesure de faire d’autres commentaires pour le moment« , précise également le communiqué. Pour l’heure, le joueur demeure suspendu par son employeur.

« Lol », s’est contentée de commenter ironiquement la militante féministe Anna Toumazoff, l’une des instigatrices du mouvement #DoublePeine, qui épinglait l’accueil reçu par les victimes de violences sexuelles dans les commissariats et gendarmeries.

67 heures de délibération

Incarcéré fin août 2021 pour une détention provisoire qui aura duré plus de quatre mois, Benjamin Mendy risquait la prison à vie dans ce premier procès, qui avait débuté le 10 août. Le jury, initialement composé de huit hommes et quatre femmes, s’était retiré le 5 décembre. Il leur a fallu 67 heures et 17 minutes pour aboutir à ces décisions. Juste avant le dénouement, le juge avait annoncé que les jurés n’étaient pas obligés de se mettre d’accord à l’unanimité et qu’ils pouvaient rendre un verdict à la majorité (avec un maximum de deux jurés en désaccord). Mais cela n’a donc pas suffi pour deux chefs d’accusation concernant le footballeur et six pour le co-accusé.

Pour son deuxième procès, qui devrait être plus rapide et durer deux à trois semaines, Benjamin Mendy devra se défendre face à une accusation de tentative de viol formulée par la plaignante n°1 pour des faits survenus en octobre 2018 et face à une accusation de viol portée par la plaignante n°2 pour des faits d’octobre 2020. En ce qui concerne ce deuxième chef d’accusation, la plaignante n°2 a été déboutée par le jury pour deux autres accusations de viol également datées du mois d’octobre 2020.

Avant le verdict du jury, un non-lieu avait déjà été déclaré pour une huitième plainte pour viol déposée par la plaignante n°7. Le tribunal avait estimé que les preuves étaient insuffisantes.

Le procureur dénonçait un « prédateur », la défense plaidait le doute

À l’audience, l’accusation a présenté Benjamin Mendy comme un « prédateur » ayant abusé de victimes « vulnérables, terrifiées et isolées ». Le champion du monde 2018 avec l’équipe de France a lui démenti avoir été « un danger pour les femmes », assurant n’avoir eu que des rapports sexuels consentis. Eleanor Laws, son avocate, avait insisté sur les doutes et sur l’importance de juger des faits et non « les aspects déplaisants » de la vie débridée de son client. « La réalité est que c’est une parole contre une autre », avait-elle insisté.

Ce procureur déjugé n’encourt aucune poursuite pour diffamation.

Le mouvement MeToo fait peur à la Justice, mais n’arrive pas à ses fins

#NousToutes, 
même combat douteux

Cette décision de justice réactive la hargne des activistes féministes.

Les pseudos victimes sont implicitement jugées consentantes et le jury populaire anglais met en doute la parole des femmes. Parmi les arguments massues utilisés par la défense et qui aurait fait basculer la cour, une vidéo sur laquelle on voyait l’une des plaignantes avoir des rapports sexuels consentis avec le co-accusé de Mendy, le Guadeloupéen Louis Saha Matturie, présenté par l’accusation comme son « rabatteur ».

« L’équipe de défense de Mendy a utilisé cette accusation abandonnée pour semer le doute dans l’esprit du jury, suggérant que si une femme avait menti, les autres n’auraient-elles pas également pu inventer leurs allégations ? », note The Guardian, quotidien national de gauche situé à Manchester.

« Six viols. Non-coupable. Portez plainte qu’ils disaient… C’est à vomir. Le mec confisquait leur portable et enfermait ses victimes dans des ‘panic rooms’. Leur récit était glaçant », s’offusque ainsi sur Twitter la journaliste franco-algérienne Nora Bouazzoun qui, en juin 2019, coprésenta avec la lesbienne afro-féministe et queer, la cérémonie des Out d’or, organisée par l’Association des journalistes LGBT (AJL), co-fondée par la féministe extrémiste Alice Coffin (soutien de Sandrine Rousseau et de Mélenchon) et co-présidée par Yasmina Cardoze, journaliste queer et juive, membre du centre LGBT Paris Ile-de-France.

Rappelons qu’en 2020, 0,6% des viols déclarés par des majeurs ont fait l’objet d’une condamnation. 94% de ces accusations seraient-elles des affabulations ou des actions militantes menées par des activistes ? Les lenteurs de la justice servent-elles les féministes sexistes misant sur le temps qui dissuadent les accusés de poursuivre pour diffamation ? Et dénonciation calomnieuse ?