Manifestations violentes de l’ultra gauche «contre l’extrême droite»

Les anarcho-révolutionnaires dans la rue rejettent les résultats du vote démocratique des Européennes

La chienlit anti-républicaine
à Toulouse, le 10 juin 2024

Drapeau français arraché, bars attaqués, poubelles incendiées…

Des milliers de militants d’extrême gauche anarcho-révolurionnaires se sont massés tout au long de la soirée dans plusieurs villes de France, dont 3.000 rien que sur la place de la République, à Paris.

«Le fascisme est une gangrène, on l’élimine ou on en crève». De nombreuses organisations et partis marginaux ou institutionnels situés à l’extrême gauche de l’échiquier politique ont appelé à manifester ce lundi soir partout en France. Parmi eux, la France insoumise, la CGT, syndicat extrémiste qui veut «construire le Front populaire» ou l’Unef, syndicat étudiant n°2, décolonial et wokiste, qui se mobilisent contre «la peste brune», selon la rhétorique archaïque de ces jeunes.

Chambéry, juin 2024

«La jeunesse emmerde le Front national», déblatérait l’appel à manifester qui circulait sur les réseaux sociaux. La CGT a appelé aussi lundi dans un communiqué «le monde du travail à se syndiquer, à s’organiser, à participer à toutes les initiatives de mobilisation contre l’extrême droite et contre la politique d’Emmanuel Macron».

Gaz lacrymogène à Paris

3.000 personnes étaient présentes place de la République à Paris, a appris Le Figaro auprès de la préfecture de police ce lundi soir. Nombre d’entre elles arboraient des affiches avec l’inscription «Rendez la Nupes!». Dans les rangs, on entendait divers slogans, comme «Tout le monde déteste les fachos»«On est là même si Macron ne le veut pas» ou «Paris, paris, Antifa»«On a passé le temps de la sidération, de la colère et de la tristesse, maintenant, les trois prochaines semaines vont être intenses», a déclaré sur place Manon Aubry, tête de liste des élections européennes chez LFI, selon un journaliste.

Manifestants Accion Antifascista, venus d’Italie,
ce mardi 11 juin, à Chambéry

Incident à déplorer sur les lieux, un manifestant a chuté de la statue de la place de la République et a été «pris en charge par les secours en urgence relative», selon une source policière.

Alors que la foule se dispersait sur la place peu après 22 heures, plusieurs milliers de manifestants sont partis en direction du siège des Ecologistes, 5% aux européennes 2024, où les partis de gauche étaient réunis en vue de trouver un accord pour les législatives qui auront lieu dans moins de trois semaines. Sur leur passage, ils ont passé leur colère en saccageant des panneaux électoraux saccagés et en laissant des tags vindicatifs sur les murs: «Ni Macron, ni Bardella» ou encore «Macron-Bardella, même combat». L’atmosphère, jusque-là bon enfant, s’est tendu peu avant minuit, amenant les forces de l’ordre à dissiper le cortège avec des grenades de désencerclement.

En fin de soirée, une manifestation sauvage a été constatée dans le quartier de Pigalle, à Paris. 300 militants ont été dénombrés. La police a même dû tirer du gaz lacrymogène.

Des milliers de manifestants

Plusieurs milliers de personnes – 2.200, selon la police -, dont beaucoup de jeunes, se sont aussi rassemblées à Marseille (Nupes) «contre l’extrême droite» à l’appel de plusieurs syndicats, de partis de gauche extrême ou de la Ligue des droits de l’Homme devant la préfecture de région. De nombreux élus locaux, en écharpe tricolore, étaient présents.

A Montpellier, PS, ils étaient un millier, selon la préfecture. Sur des pancartes fabriquées à la va-vite, les messages étaient clairs: «La jeunesse emmerde toujours les nazis»«partis de gauche et de l’écologie: ne ratez pas le rendez-vous de l’Histoire»«citoyen.nes debout, les fachos sont parmi nous» ou «tous unis»«Après les résultats d’hier, j’étais un peu énervée et effrayée», confie Lena Trimboli, ingénieure de 27 ans dans le cortège qui s’est élancé jusqu’au Vieux-Port. «Je me dis que c’est important de montrer qu’on est là» et «je veux essayer de sensibiliser les gens» car «je trouve que quand tu ne votes pas, tu donnes des voix aux extrêmes», poursuit-elle.

A Lyon, EELV, à l’appel de mouvements de gauche et d’ultragauche, les manifestants étaient 2800 selon la police. Certains ont été empêchés de traverser un pont pour rejoindre le quartier du Vieux Lyon, fief de l’ultradroite, par un cordon policier «qui a fait usage de gaz lacrymogène après des jets de projectiles» de ces manifestants en sa direction, selon la préfecture. Des poubelles ont été également incendiées en fin de soirée, a-t-on constaté.

A Grenoble, EELV, ils étaient 1800, selon une source policière, un millier à Montpellier, Saint-Etienne ou encore Besançon.

A Strasbourg, EELV, ils étaient 950, selon la police. «L’extrême droite a inoculé tous les rangs de l’Assemblée nationale jusqu’à la Macronie.(…) Ne les laissons pas faire!», a lancé au micro le député LFI Emmanuel Fernandes. «Nous prendrons nos responsabilités pour que le 30 juin, nous nous présentions en un front uni, humaniste», a promis l’élu.

Plus de 2.500 personnes à Rennes

A Rennes, PS-Nupes, 4.000 individus se sont réunis, scandant à l’unisson «Front populaire» lorsque les orateurs appelaient à l’union des gauches contre le RN. La plupart des partis de gauche, les écologistes, ainsi que des syndicats étaient présents, comme en témoignait la multitude de drapeaux.

«Ce qui s’est passé hier a été un choc. On n’a pas envie de rester seuls, on avait besoin de voir quelle était la capacité à se mobiliser contre ça», a lâché Marie, élégante retraitée de 69 ans dans son perfecto bordeaux. «On a lutté contre ça toute notre jeunesse et malheureusement ça revient en 2024…», a déploré Anne, formatrice de 45 ans. «C’est une évidence de se retrouver pour lutter contre ces idées néfastes. Il est plus que temps de rallier toute la gauche mais est-ce que ça va fonctionner…», s’est-elle interrogée.

A Nantes, au moins 4.400 anciens combattants de Notre-Dame-des-Landes se sont rassemblés, reprenant les slogans: «la jeunesse emmerde le RN» ou «Votre haine, notre révolte». Les forces de l’ordre ont dû faire usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Des poubelles n’avaient pas pris spontanément feu sur le passage du cortège qui s’est dissipé dans le calme.

A Rouen, environ 800 personnes ont également défilé contre leur équivalent de droite, à la violence près. Parmi les slogans repris: «Tout le monde déteste le Front National», slogan inspiré de ‘Tout le monde déteste la police’ ou «La jeunesse emmerde le Front National», slogan qui a 36 ans d’âge, puisqu’il date de l’élection présidentielle de 1988, à l’initiative des membres du groupe de punk rock « Bérurier noir », auteur trois ans plus tôt de la chanson « porcherie »…

Bars attaqués et drapeau français arraché: chasse aux sorcières

Des tensions ont éclaté à Angers, dont le maire MoDem a succédé à Christophe Béchu, ministre de Macron, où des militants encagoulés et vêtus de noir ont été vus en train de saccager la devanture d’un bar, prétendument lié à «l’extrême-droite».

Quasiment la même scène à Bordeaux, EELV, où parmi les 2.800 personnes présentes, selon la préfecture, certains manifestants ont attaqué un bar qui accueillerait des «fascistes».

Dans la soirée, un drapeau français accroché à la fenêtre d’un logement à Nantes a été arraché d’une fenêtre.

A Toulouse,  la mobilisation a été forte, avec 6.200 activistes réunis, selon la police. Des incidents ont eu lieu dans la Ville rose en fin de manifestation: des participants se sont emparés brièvement d’un engin de travaux, ont cassé des vitrines et brûlé des poubelles. Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule, a constaté un photographe de presse qui a assisté à deux interpellations.

Déjà une manifestation devant un lycée parisien lundi matin

Petits bourgeois agités devant le lycée Henri IV à Paris,
le 10 juin 2024

Lundi matin, une centaine de jeunes s’étaient déjà rassemblés devant le lycée hyper privilégié Henri IV à Paris contre la droite souverainiste, à trois semaines des législatives anticipées annoncées par Macron. «Pas de quartier pour les fachos» ou «La jeunesse emmerde toujours le FN», pouvait-on lire sur des pancartes devant ce lycée du Ve arrondissement de la capitale, où ces jeunes, supposés élèves de l’établissement, s’étaient massés devant l’entrée principale sans pour autant empêcher les entrées, possibles par une autre porte, pour les informés.

«On est ici pour dire qu’on est contre la réussite du RN, contre cette décision de dissolution prise par Macron qui est dangereuse», a indiqué Yassine, 17 ans, élève en première. Pour Aya, 17 ans, en première aussi dans cet établissement, «c’est important de montrer qu’Henri IV se bat aussi contre le Rassemblement national», dont la liste, emmenée par Jordan Bardella, est arrivée en tête dimanche avec 31,37 % des voix. «C’est le lycée de Macron, on veut lui dire qu’on n’est quand même pas d’accord avec lui.»

Raphaël Glucksmann n’est pas responsable des propos de son père, André…

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