Essonne : une rave-party illégale rassemble 2.000 individus, malgré la covid-19 et le gouvernement

Macron pérore, mais ne maîtrise rien

 Vigneux-sur-Seine (Essonne), dimanche 20 septembre. Le site qui a accueilli la rave-party se trouve entre la Seine et la gare RER.

Les fêtards se sont installés dans la nuit de samedi à dimanche entre l’écluse de la Seine et la gare de Vigneux-sur-Seine. La police n’a pu évacuer le site que vers 6 heures du matin.

C’est une colère froide qui anime Thomas Chazal, le maire (LR) de Vigneux-sur-Seine, LR depuis 2001 (Essonne). Joint par téléphone ce dimanche matin, il a passé une bonne partie de la nuit avec les forces de l’ordre en raison d’une rave-party non autorisée qui s’est tenue sur sa commune.

Près de 2.000 personnes s’étaient donné rendez-vous, au nez et à la barbe des autorités, sur un terrain situé entre l’écluse de la Seine et la gare de Vigneux. « On a eu le tout-Paris présent sur place, des gens de 20 à 60 ans qui venaient pour se défoncer. Au moins 500 Uber ont déposé les fêtards dans la soirée », grince l’élu. A Boutigny-sur-Essonne (SE), la commune doit financer le nettoyage des excréments et des seringues, avec la crainte d’un cluster.

Pour tenter d’endiguer l’afflux de raveurs, les policiers ont bloqué le chemin de l’écluse pour empêcher l’accès au site. « Sans ça, nous aurions eu 1.500 personnes de plus », pense Thomas Chazal, interloqué par le niveau d’organisation de ces fêtes illégales. « Il y avait un chapiteau immense, des food-trucks, des toilettes mobiles… », énumère-t-il. La caravane ne peut passer inaperçue des préfets…

L’organisateur de la rave party entendu par la police

La fête illégale s’est terminée à six heures du matin, en accord avec les organisateurs qui ont nettoyé ensuite le terrain. L’instigateur de la soirée a été entendu par les policiers. Il pourrait (!) être poursuivi pour le délit de mise en danger d’autrui, au regard de la crise sanitaire. Contacté, le Parquet d’Evry n’a pu être joint. « Le ministère de la Justice encourt aussi une amende de 5e classe, pouvant aller jsuqu’à 1.500 euros pour l’organisation d’une soirée sur un terrain non déclaré », ajoute une source policière.

Mais pourquoi la rave-party n’a-t-elle pas été interrompue plus tôt par les forces de l’ordre ? « Le terrain était bordé par la Seine et la voie ferrée. Il était impossible de confisquer le matériel tout de suite, car il y aurait eu un risque de dispersion et donc de danger pour les personnes », répond Christophe Deschamps, sous préfet de permanence du département de l’Essonne. Le représentant de l’Etat indique que 40 à 50 policiers ont été mobilisés en cumul la nuit dernière. « Que peuvent faire 50 policiers face à 2000 personnes ? » raille Claude Carillo, secrétaire départemental du syndicat Alliance.

Des effectifs de police insuffisants ?

Il pointe « un manque d’effectifs à cause de la réforme des commissariats d’agglomérations ». Cette réforme implique notamment la mutualisation des agents de police secours et des brigades anticriminalité en six commissariats d’agglo au lieu de quinze.

Ce manque de moyens est aussi dénoncé par François Durovray, le président (LR) du conseil départemental de l’Essonne. « Il n’est pas normal que tous les effectifs de police aient été engagés à Vigneux. Combien en restait-il dans le reste du département pour la nuit ? A Montgeron, il y a eu dans la nuit une bagarre avec blessé et personne n’a pas pu intervenir », dénonce-t-il.

La préfecture de l’Essonne assure pourtant que « 130 effectifs de police sont restés mobilisables ailleurs dans le département, pour répondre notamment aux appels du 17 », explique le sous-préfet Christophe Deschamps. Des contrôles ont par ailleurs été effectués aux sorties de la rave-party. « Une personne a été interpellée pour détention d’ecstasy », conclut-il.

Une autre fête interdite dans les Hauts-de-Seine

Boutigny-sur-Essonne. La rave-party s’est tenue dans un champ privé, sans l’accord du propriétaire. DR/capture Facebook

Samedi à 21 h 45, la police est intervenue à Villeneuve-la-Garenne, dans le parc des Chanteraines, l’un des plus vastes espaces verts du département des Hauts-de-Seine (82 ha) à cheval sur Gennevilliers, où un millier de personnes s’était rassemblé pour écouter de la musique et danser. Une manifestation certes en plein air mais non autorisée, dont les participants ont été priés de quitter les lieux. Le matériel sono a été confisqué par les forces de l’ordre, qui ont également verbalisé quelques personnes pour non respect des règles de distanciation sociale. Selon les autorités, l’intervention n’a donné suite à aucune garde à vue.

Malgré la circulation du Covid-19 qui s’intensifie en Ile-de-France et les interdictions de rassemblements qui en découlent, tous les week-ends, ils débarquent en voiture, camionnette ou à pieds par centaines, installent des murs d’enceinte à l’abri des regards, montent le son au maximum et dansent toute la nuit jusqu’au petit matin. Transformant en théâtre de rave-parties les champs et forêts de l’Oise et des départements de grande couronne.

Ce 15 août, près de 500 fêtards se sont ainsi retrouvés illégalement dans un champ de Boutigny-sur-Essonne, dans le sud de l’Ile-de-France, en Essonne. « Cette fois, c’était une petite délégation, préfère relativiser Patricia Bergdolt, la maire (SE). On a connu des fêtes du même type qui ont rassemblé jusqu’à 3000 personnes. Ces fêtards se réunissent régulièrement sur ce site qui appartient à un propriétaire privé. Ils viennent parfois de loin en voiture ou en train et n’hésitent pas à couvrir à pied, à travers champs, les derniers kilomètres qui séparent notre gare du lieu de la fête. »

Nuisances sonores et déchets

Régulièrement squattée, l’ex-crêperie du Faisan Doré devait accueillir une rave-party il y a quelques jours. LP/Victor Tassel

A l’issue de cette rave, trois plaintes ont été déposées. Deux par la municipalité pour nuisances sonores et rassemblement illégal dans un contexte d’épidémie.

Une autre par le propriétaire de la parcelle pour occupation illégale d’un terrain privé. « Les abords du champ sont jonchés de déchets, déplore Patricia Bergdolt. On est dans un parc naturel et ces rassemblements provoquent aussi des dérangements pour la faune. »Boutigny-sur-Essonne. La rave-party s’est tenue dans un champ privé, sans l’accord du propriétaire. DR/capture Facebook  

Ces soirées illégales, où le concept de liberté s’érige en mode de vie, au mépris des terres agricoles et des populations, sont très mal acceptées par les Français conscients du risque sanitaire. « Il y a un risque sécuritaire pour les participants, mais surtout sanitaire en cette période. Personne ne peut imaginer que les gestes barrière y sont respectés », s’alarme un gendarme.

Des petits nouveaux poussés par la fermeture des établissements de nuit

 Des rave-partys sont organisées, chaque week-end, partout en Ile-de-France, entraînant un jeu du chat et de la souris entre les autorités et les fêtards.

Les portes des boîtes de nuit « classiques » restent fermées, alors les raves contournent l’interdiction. « Les gens ont besoin de s’amuser, de se retrouver, soutient Julie, 22 ans, organisatrice de raves en Ile-de-France. Pour ma part, je ne suis pas encore retournée, c’est trop dangereux, avoue -t-elle. Il n’y en a pas davantage en ce moment. Toute l’année, des dizaines sont organisées chaque week-end. C’est juste qu’on les voit davantage! »

Deux rave-parties ont par exemple été organisées, en dix jours, à Montreuil;… Seine-Saint-Denis, au début du mois de juillet. Dans le Val-d’Oise, le son des basses vient, régulièrement, perturber le calme apaisant des villages du Vexin. Le parc naturel régional fait partie, avec l’Essonne, la Seine-et-Marne, les Yvelines et l’Oise, des « spots » les plus courus des teufeurs. « Parce qu’il y a plein de champs, tout simplement, sourit Julie. En petite couronne, ce sont les soirées techno dans des hangars ou usines désaffectés. »

«Les boum boum toute la nuit, c’est insupportable»

Le week-end dernier, environ 400 fêtards ont investi un champ en jachère, le long de la départementale 28, sur le territoire de la commune de Sagy. Le terrain, propriété d’un agriculteur, est utilisé de longue date pour les raves. La soirée a fait jaser dans le centre du village, de 1000 habitants.

Malgré le rebond de l’épidémie, l’Ile-de-France et l’Oise, toujours terres de rave-parties

Passant outre les mesures sanitaires, ces soirées illégales organisées dans des champs et forêts de grande couronne et de l’Oise, comme ce week-end en Essonne, laissent les gendarmes désarmés.

Les gendarmes ont peu de ressources pour arrêter les raves… Ils se contentent souvent de verbaliser sur l’alcoolémie, les stupéfiants et la violation de propriété. LP

Malgré la circulation du Covid-19 qui s’intensifie en Ile-de-France et les interdictions de rassemblements qui en découlent, tous les week-ends, ils débarquent en voiture, camionnette ou à pied par centaines, installent des murs d’enceinte à l’abri des regards, montent le son au maximum et dansent toute la nuit jusqu’au petit matin. Transformant en théâtre de rave-parties les champs et forêts de l’Oise et des départements de grande couronne.

Ce dimanche en fin de matinée, la rave-party avait eu lieu quand l’évacuation des lieux s’est effectuée dans le calme sous l’œil des gendarmes qui ont établi plusieurs points de contrôle afin de tester les alcoolémies et dépister la présence de produits stupéfiants. A l’issue de cette rave, trois plaintes ont été déposées. Deux par la municipalité pour nuisances sonores et rassemblement illégal dans un contexte d’épidémie.

Une autre par le propriétaire de la parcelle pour occupation illégale d’un terrain privé. « Les abords du champ sont jonchés de déchets, déplore Patricia Bergdolt. On est dans un parc naturel et ces rassemblements provoquent aussi des dérangements pour la faune. »Boutigny-sur-Essonne. La rave-party s’est tenue dans un champ privé, sans l’accord du propriétaire. DR/capture Facebook  

Ces soirées illégales, où le concept de liberté s’érige en mode de vie, d’habitude si discrètes, se retrouvent placées en pleine lumière. « Il y a un risque sécuritaire pour les participants, mais surtout sanitaire en cette période. Personne ne peut imaginer que les gestes barrière y sont respectés », s’alarme un gendarme.

Des petits nouveaux poussés par la fermeture des établissements de nuit

Les portes des boîtes de nuit « classiques » restent fermées, alors les raves prennent le relais. « Les gens ont besoin de s’amuser, de se retrouver, » soutient Julie, 22 ans, organisatrice de raves en Ile-de-France . « Pour ma part, je ne suis pas encore retournée, c’est trop dangereux, avoue-t-elle.e Julie, 22 ans, organisatrice de raves en Ile-de-France. Il n’y en a pas davantage en ce moment. Toute l’année, des dizaines sont organisées chaque week-end. C’est juste qu’on les voit davantage! »

Deux rave-parties ont par exemple été organisées, en dix jours, à Montreuil,… Seine-Saint-Denis, au début du mois de juillet. Dans le Val-d’Oise, le son des basses vient, régulièrement, perturber le calme apaisant des villages du Vexin. Le parc naturel régional fait partie, avec l’Essonne, la Seine-et-Marne, les Yvelines et l’Oise, des « spots » les plus courus des teufeurs. « Parce qu’il y a plein de champs, tout simplement, sourit Julie. En petite couronne, ce sont les soirées techno dans des hangars ou usines désaffectés. »

Le week-end dernier, environ 400 fêtards ont investi un champ en jachère, le long de la départementale 28, sur le territoire de la commune de Sagy. Le terrain, propriété d’un agriculteur, est utilisé de longue date pour les raves. La soirée a fait causer dans le centre du village, de 1000 habitants.

« Leurs basses créent des vibrations dans le sol, ils empêchent les gens de dormir, s’emporte Jean-Pierre, gérant du restaurant du Comptoir des Petits Auges, à deux pas de la mairie. Ils viennent déranger les habitants ! Il y en a marre. » « Vous entendez les boum boum toute la nuit, c’est insupportable », reprend ce propriétaire d’un pavillon.

Dans leur baraque à frites, stationnée sur une aire de repos de la D28 depuis 40 ans, Pascal et Olivier porte un autre regard sur les soirées organisées sur le terrain situé à quelques centaines de mètres. « Souvent, on voit les gamins sortir du champ le dimanche matin. Ils viennent, s’amusent et ne créent pas d’histoire. Ils nettoient même ! » assure Olivier, clope au bec.

«Il est impossible de stopper une soirée de plusieurs centaines de personnes»

« Parfois, avec le vent, le son peut atteindre les habitations mais c’est très minime, faut pas exagérer, reprend Pascal. On connaît les parents de certains jeunes. S’ils font n’importe quoi, ils seraient rappelés à l’ordre. »

Le milieu de la teuf est, souvent, associé à la débauche, mal fréquenté, où l’alcool coule à flots et la drogue est monnaie courante. « C’est en partie vrai. Mais cela se démocratise. Je vois de plus en plus de jeunes de 16, 17 ans, des étudiants, qu’ils n’y avaient pas avant, affirme Julie. Ils sont attirés par l’aspect interdit, la liberté de faire ce qu’ils veulent. »Les gendarmes ont peu de ressources pour arrêter les raves… Ils se contentent souvent de verbaliser sur l’alcoolémie, les stupéfiants et la violation de propriété. LP  

Les gendarmes du Val-d’Oise, eux, tentent tant bien que mal de gérer la multiplication des raves. Ils n’agissent, finalement, qu’en marge des fêtes, sans véritablement avoir les ressources pour les arrêter.

« Nous arrivons à 10 ou 20, il est impossible de stopper une soirée de plusieurs centaines de personnes, regrette un gradé. Nous verbalisons sur l’alcoolémie, l’interdiction de circuler dans les champs… Si nous ne pouvons pas l’empêcher en amont, nous faisons ce que nous pouvons, avec nos moyens. »

«Ils savent dispatcher les infos intelligemment»

Les gendarmes scrutent, à longueur de semaine, les réseaux sociaux dans l’espoir de trouver une piste ou un lieu. C’est grâce à ce travail fastidieux qu’une rave-party a été interdite, par un arrêté préfectoral, le week-end du 25 juillet au Faisan Doré, à Saint-Prix (Val-d’Oise). « Malheureusement, c’est très rare que nous arrivions à avoir des informations », se désole ce même gendarme.Régulièrement squattée, l’ex-crêperie du Faisan Doré devait accueillir une rave-party il y a quelques jours.

Même sentiment pour ce policier de l’Oise. « Quand on a vu en début de semaine l’affiche sur Facebook, qui annonçait une utopiraterie dans le 60, ça a soupiré dans plus d’un service, sourit-il. Les organisateurs ne sont pas des amateurs, ils savent dispatcher les infos intelligemment. » Et au dernier moment, par SMS.

La pêche aux informations a donc duré cinq jours, avant d’apprendre ce que ce gendarme du département qualifie de « bonne nouvelle ». La rave a lieu en Essonne. « Généralement, on ne la trouve qu’après qu’elle a commencé, soupire le militaire. Il n’y a pas assez d’infos qui filtrent en amont. »

Un milieu d’initiés difficile à infiltrer. Comme le ‘black bloc’ !

Car le milieu des teufeurs, non structuré, reste fermé. Seuls les initiés peuvent être « invités » aux raves, à travers des SMS qui se propagent par le bouche-à-oreille. Parfois, il faut même appeler une Hotline, et entrer un code pour obtenir l’adresse ou des indications. Sur Facebook, il faut répondre à une série de questions pour espérer intégrer les groupes privés où s’échangent les bons plans.

« Sur les réseaux, les profils sont inspectés, pour être sûr qu’il ne s’agit pas de policier ou de gendarme, ajoute Julie. Tous les teufeurs ont l’interdiction de communiquer l’adresse d’une rave sur Facebook, Twitter ou Instagram. Sinon, c’est prendre le risque que la police nous attende sur place et saisisse tout le matériel. »

Teufeurs et forces de l’ordre jouent au chat et à la souris, en permanence, depuis des années. Julie aimerait qu’un « terrain d’entente » puisse être trouvé avec l’Etat. « Cela divise dans la communauté. Des puristes veulent à tout prix garder l’illégalité, qui est selon eux l’essence même de la rave, explique-t-elle. Moi, j’aimerais que des terrains soient mis à disposition [comme pour les gens du voyage], avec des soirées très encadrées. Ce serait bénéfique pour tout le monde. »

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