Un responsable CGT doit pouvoir faire l’ « apologie du terrorisme, » selon Mélenchon, Ruffin et Roussel

Ils dénoncent son arrestation

Jean-Paul Delescaut, secrétaire de la CGT dans le Nord, a été interpellé à son domicile pour « apologie du terrorisme », dénonce le syndicat d’extrême gauche. En cause, selon ses camarades, d’un tract pro-palestinien édité le 10 octobre dernier, au . Un rassemblement est en cours devant le commissariat de Lille.

Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin ont tous deux dénoncé l’arrestation et le placement en garde à vue ce vendredi du secrétaire général, ainsi que la coordinatrice salariée de la CGT du Nord, annoncés par le syndicat plus tôt dans un communiqué.

David Guiraud, député LFI de Roubaix et Wattrelos, ne s’associe pas à cette phrase. Mais qualifie d’« insupportable » cette interpellation. « Ils ne sont pas des terroristes, pas des gens violents mais veulent manifester pacifiquement leur soutien à la cause palestinienne »

Il y a un risque terroriste, il y a des passages à l’acte, il y a des gens qui sont en liberté. Je ne comprends pas qu’on utilise des policiers pour aller chercher des responsables syndicaux dont on sait pertinemment que ce sont des gens qui ne feront de mal à personne. (David Guiraud, député LFI de la 8ème circonscription du Nord)

Avant de pointer du doigt la responsabilité du gouvernement qui « vise à empêcher toute expression de solidarité avec le peuple palestinien ». Le député, également présent à la manifestation de soutien avec son collègue Ugo Bernalicis, est entré dans le commissariat pour exercer son droit de visite.

« Régime autoritaire de type nouveau »

« Arrestation à 6h du matin de responsables CGT!!! », s’est alarmé Mélenchon sur X (ex-Twitter). « ‘Apologie du terrorisme' » qui peut le croire? », a questionné le meneur castriste de La France insoumise, taclant au passage le discours et la politique de l’exécutif:

« L’apologie du terrorisme, c’est le soutien inconditionnel du gouvernement aux crimes de guerre à Gaza. D’interdictions en criminalisations et violences d’état de toute sorte, Borne et Darmanin font de la France une sorte de régime autoritaire de type nouveau. »

« Monsieur Darmanin, votre boulot, c’est quoi? », a interrogé le député insoumis de la Somme, François Ruffin, avant de répondre lui-même: « Pas de mettre en cellule les syndicats. Pas de surveiller les comptes Twitter des footballeurs. Mais de protéger les Français. De protéger nos libertés publiques, pas de les attaquer. »

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« Aucune menace »

« Ces interpellations sont probablement liées au conflit israélo-palestinien, même si, à ce stade, » elle ne sait « pas précisément » ce qui est reproché à ses responsable, indique, ce vendredi matin, la CGT dans son communiqué.

La veille, proche du PCF, la CGT Nord a lancé « un appel à la paix » unilatérale et à la « solidarité avec le peuple palestinien » uniquement, dans lequel elle dit « être engagée de longue date dans la solidarité avec le peuple palestinien, soutenant ses droits nationaux, condamnant le régime colonial et d’extrême droite israélien, ses destructions, ses agressions et ses crimes quotidiens contre l’Humanité ».

Dans son communiqué, la CGT « dénonce fermement ces arrestations et l’emploi de moyens totalement disproportionnés (une dizaine d’agents, pour certains cagoulés) puisque les militantes et militants concernés ne présentent aucune menace« . Une menace politque reste pourtant une menace. Elle indique également que « soutenir pacifiquement le droit des Palestiniens ne peut pas être aussi grossièrement caricaturé et criminalisé ». Les slogans scandés ne sont toutefois pas pacifiques lorsqu’ils appellent à la haine. Selon eux, la CGT a, dès le dimanche 8 octobre, « condamné fermement l’attaque du Hamas », des massacres et prises d’otages de civils, dont des femmes et des enfants, et, une fois les massacres barbares des djihadistes palestiniens perpetrés, a « appelé à un cessez-le-feu immédiat ».

Le patron du Parti communiste français Fabien Roussel a également fait part de sa « solidarité », écrivant sur X: « Si je ne partage pas le tract qui lui est reproché, je n’accepte pas qu’on traite un syndicaliste comme un terroriste« . Un syndicaliste est comptable des propos partisans qu’il tient dans un contexte géopolitique enflammé.

Entendu à l’hôtel de police de Lille où des militants sont venus le soutenir, il a été libéré ce vendredi vers 14 h.