Cette nomination idéologique est due à la mairie NUPES de Paris
Nommé par la mairie de Paris, l’ancien directeur du Festival d’Avignon prend la direction du Théâtre du Châtelet, avec la mission de faire renaître cette célèbre scène créée en 1862, en souffrance depuis plusieurs années.
C’est le choix de la notoriété et du lobby LGBT que la mairie PS de Paris a fait pour diriger le Théâtre du Châtelet, situé au cœur de la capitale, dans le 1er arrondissement, sous les fenêtres d’Anne Hidalgo. Elle a chargé le metteur en scène Olivier Py, qui vient tout juste de quitter la tête du Festival d’Avignon, de réinventer l’avenir de la célèbre scène parisienne. L’institution culturelle est dans le brouillard et l’incertitude depuis le renvoi, en août 2020, de la Britannique Ruth Mackenzie et le départ, en juillet 2022, de son bras droit Thomas Lauriot dit Prévost, deux directeurs en deuxans d’administration de gauche radicale.
C’est dans un climat explosif que Ruth Mackenzie, directrice artistique du Théâtre du Châtelet, avait été poussée vers la sortie en août 2020. Thomas Lauriot dit Prévost, directeur général nommé en même temps qu’elle en 2017 pour succéder à Jean-Luc Choplin, restait depuis seul à la barre d’un navire fragilisé. À son tour, le directeur général quitte le Châtelet. Un départ effectif au 1er juillet selon un communiqué, qui précise que Thomas Lauriot dit Prévost part pour « mener à bien d’autres projets professionnels ».
Xavier Couture, président du conseil d’administration du théâtre élu en février 2022, remercie le directeur sortant. Un appel à candidature est lancé pour désigner une nouvelle direction artistique dès l’automne 2022 – promesse de nouveaux remous, tant la gestion du Théâtre est contestée tant par certains élus que par la presse. Ainsi, le groupe Changer Paris, dont fait partie Brigitte Kuster (LR), conseillère de Paris et membre du conseil d’administration du Châtelet, a dénoncé par voie de communiqué une « absence de méthode » traduisant « la désorganisation de l’institution », tout en espérant que le choix d’une nouvelle direction permettra à la maison de « retrouver enfin sa cohérence et son succès d’autrefois ».
Avec cette nomination, Olivier Py reste sur le devant de la scène et ajoute une nouvelle étape à un parcours professionnel et artistique débordant. A la fois dramaturge, metteur en scène de théâtre, mais aussi d’une trentaine d’opéras, comédien, chanteur, auteur de quatre romans et réalisateur de films à l’occasion, Olivier Py, créatif hyperactif et désordonné, a cultivé au fil des années une image de provocateur institutionnel, multipliant les initiatives pour la démocratisation de la culture (dans les prisons, les hôpitaux…) et les engagements militants contre les discriminations, tout en assumant publiquement son homosexualité, sa foi chrétienne et son intérêt pour la théologie. D’abord directeur du Centre national dramatique d’Orléans, il a dirigé le Théâtre de l’Odéon (2007-2012), dont il a été débarqué par le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, le 8 avril, puis le Festival d’Avignon (2013-2022) où il a mis sur le devant de la scène de « très nombreuses causes« , à commencer par la culture, « la première des causes« , mais aussi l’éducation, les droits des personnes LGBT ou encore ceux des migrants.
En 2011, O. Py fut soutenu par 32 signataires dont Daniel Auteuil, Jeanne Balibar, Dominique Besnehard, Pierre Boulez, Philippe Caubère, Patrice Chéreau, Laurent Gaudé, Raphaël Enthoven, Isabelle Huppert. Ils saluèrent sa volonté d’abolir « les frontières » dans tous les domaines en ouvrant le théâtre à des artistes venus de toute l’Europe, mais aussi aux « nouvelles générations » et aux « nouvelles compagnies », à tous les publics et notamment les jeunes par le biais de nombreux partenariats.
Une institution fortement déficitaire
Le metteur en scène, qui prévoit de s’atteler à la construction de la saison 2024-2025 dès son arrivée, devra naviguer dans un contexte difficile, marqué par une situation financière très dégradée. Le Théâtre du Châtelet accuse un déficit estimé entre 4 et 6 millions d’euros selon les sources.
Olivier Py devra également redonner un visage à une institution dont l’image s’est brouillée au fil des années, faute d’une direction artistique claire, liée en partie aux hésitations de la mairie de Paris. Propriétaire du bâtiment, la mairie en assure le financement (via une subvention annuelle de 15 millions d’euros) sans posséder le théâtre en régie directe. Rouverte en 2019, après une restauration intégrale de 31 millions d’euros, cette grande scène parisienne, née en 1862, n’a jamais retrouvé son souffle et son aura.
« Je veux transformer le Châtelet en un lieu d’exception, je veux que ça soit la fête, qu’on se dise qu’on a envie d’aller au Châtelet, que tout le monde se sente accueilli dans ce lieu situé dans un des plus beaux endroits de Paris, a déclaré Olivier Py à la suite de sa nomination. L’héritage de cette maison, c’est la musique, l’opérette, la comédie musicale, la danse, c’est un héritage extraordinaire, je vais essayer de réinventer cette identité et de la servir. »
Un choix contesté
Avec cette nomination, la mairie de Paris a fait le choix de la sécurité, mais elle a laissé sur le côté deux candidates qui avaient su convaincre le comité de sélection : Valérie Chevalier, directrice de l’Opéra de Montpellier, et Sandrina Martins, directrice du Carreau du Temple, lieu culturel parisien.
Dans un long tweet, l’élue écologiste au Conseil de Paris Alice Coffin s’est élevée contre le choix d’Anne Hidalgo : « Deux femmes aux excellents dossiers ont été retenues. Un choix unanime. Le choix final aurait dû se faire entre elles. Mais c’est Olivier Py qui a été repêché. Au détriment de dossiers jugés meilleurs. C’est un scandale, et l’illustration exacte de comment fonctionne l’entre-soi au sein des institutions culturelles. Toute ma solidarité aux femmes injustement évincées. »
L’attentisme de la mairie de Paris aura en tout cas été préjudiciable au Théâtre du Châtelet, dont les tourments n’ont cessé d’être commentés ces derniers mois. D’autant que, dans le même temps et sur la même place, son frère jumeau le Théâtre de la Ville est à l’arrêt. Après une interminable restauration engagée depuis 2016 – le chantier devait initialement durer trois ans –, celui-ci devrait rouvrir au printemps 2023. La capitale pourrait alors enfin retrouver ses deux poumons artistiques.