L’Union européenne évite à Macron de censurer lui-même la presse russe
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Les media Russia Today (RT) et Sputnik, financés par la Russie, sont accusés par l’Union Européenne de « colporter des mensonges pour justifier la guerre » en Ukraine et de « semer la division ». Facebook, Microsoft, YouTube (Google), le câble et le satellite ont fermé les canaux de circulation de l’information : assisterions-nous à un retour en grâce des GAFAM ? Les sanctions entrent en vigueur ce mercredi 2 mars 2022.
L’interdiction de diffusion dans l’UE des media d’Etat russes est entrée en vigueur mercredi 2 mars, après publication de la décision des Vingt-Sept au Journal officiel de l’Union européenne : sont ciblés RT (anciennement Russia Today, une chaîne de télévision d’information continue qui diffuse en français et propose un point de vue russe alternatif sur l’actualité internationale) et Sputnik, agence de presse multimedia internationale, considérés comme des instruments de « désinformation » de Moscou, notamment dans sa guerre contre l’Ukraine.
Les contenus de Sputnik et des chaînes de RT en anglais, allemand, français et espagnol ne pourront plus être diffusés – pour ne pas dire censurés – sur les réseaux de télévision et sur Internet, selon cette décision, que chaque Etat membre de l’ UE est chargé de faire respecter.
Les géants Facebook et YouTube, filiales de Meta et de Google, ont annoncé mardi 1er mars, fermer les vannes à Russia Today (RT) et Sputnik en Europe. Microsoft les a retirés de sa boutique d’application. Twitter le rend moins visibles et attribue des bandeaux « média affilé à l’état russe ». Ces mesures, entrées en vigueur ce mercredi 2 mars après leur publication au Journal officiel, sont intervenues au lendemain des annonces d’Ursula Van der Leyen. Dimanche soir, la présidente de la Commission européenne a décidé « d’interdire dans l’Union européenne la machine médiatique du Kremlin » coupable de « colporter des mensonges pour justifier la guerre de Vladimir Poutine » en Ukraine. Mais aussi de « semer la division », selon la présidente de la commission européenne, ancienne ministre allemande de la Défense (2013-2019).
L’entrée en vigueur de l’interdiction des media russes en Europe ne fait pas l’unanimité
RT France emploie 100 journalistes. Dirigée depuis Boulogne-Billancourt par la journaliste russe Xenia Fedorova et financée par la Russie, a condamné cette « décision de bannir » la chaîne. Elle constitue « une violation de l’Etat de droit et va à l’encontre des principes mêmes de la liberté d’expression », a-t-elle déploré. « Le bannissement d’un medium n’a aucun fondement juridique », a par ailleurs contesté RT France, interrogeant sur le cadre d’une telle interdiction, « aucun manquement n’a été constaté qui pourrait justifier une pure et simple censure. » Cette interdiction, inédite, « s’inscrit sous le régime des sanctions » prises à l’encontre des intérêts russes, a justifié Thierry Breton, commissaire européen (chargé du marché intérieur, de la politique industrielle, du tourisme, du numérique, de l’audiovisuel, de la défense et de l’espace depuis 2019), assénant qu’il n’y a pas obstacle juridique.
« S’en prendre ainsi à ses salariés est inacceptable. Les intimidations et menaces de représailles n’ont jamais fait avancer la cause de la liberté de la presse », a cependant condamné le SNJ. Christian Dauriac, membre du bureau national du premier syndicat français de journalistes, évoque une « décision stupide ». « L’interdiction d’un support de presse quelle que soit sa ligne éditoriale n’a jamais favorisé le pluralisme de l’information et la censure n’est pas une compétence de Bruxelles », a fait valoir le syndicat.
Partialité, complotisme…
Les antennes RT sont toutes diffusées depuis Moscou, à l’exception des filiales britanniques, américaines et françaises émises depuis les capitales Londres, Washington et Paris. La chaîne, financée par le gouvernement russe, lancée en France en 2017, revendiqua 153 millions de vues sur YouTube. Elle est régulièrement critiquée pour sa partialité. Exemple : depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, la rédaction privilégie l’usage du qualificatif « opération militaire », élément de langage relayé par tous les media russes fidèles au Kremlin.
Sur son site Internet, Sputnik France invite à le suivre sur le réseau social crypté Telegram. Fondé en 2014, il est régulièrement utilisé par les sites complotistes et d’extrême droite, selon les partisans aligne sur la loi de Godwin. Sputnik comme RT news, très actifs pendant la crise des Gilets jaunes, incarnent, selon l’Institut français des relations internationales (IFRI), « une volonté d’influencer les processus politiques » dans les Etats tiers. Outre-Manche, le régulateur britannique des media a annoncé lundi l’ouverture de 15 enquêtes pour manque d’impartialité dans les programmes de la chaîne. Le Monde ou Libération n’ont pas pour autant à se faire de souci, au même motif: la gauche domine le milieu et impose sa loi.
Régime de faveur au profit du « cheval de Troie « islamiste »
Chaîne satellitaire de propagande du gouvernement qatari, créée le 1er novembre 1996, Al Jazeera diffuse en arabe mais aussi en anglais et en serbo-croate. Al Jazeera, arme de destruction massive ?
Al Jazeera était, disait-on, concurrente du géant nord-américain CNN, les téléspectateurs arabes et arabophones étant peu réceptifs à la langue anglaise, et maintenus dans l’analphabétisme par leurs régimes respectifs. D’autres sources indiquent que CNN est actionnaire d’Al Jazeera. Ce n’était donc pas «la petite chaîne qui monte», comme le proclamait à son propre propos le slogan de M6. Quelques mois après sa naissance, Al Jazeera revendiquait déjà 30 millions de téléspectateurs dans le monde. Mais dès 2001, et grâce à la retransmission exclusive des vidéos que lui faisaient parvenir Ben Laden et les sous-chefs d’Al-Qaîda, son taux d’audience augmenta jusqu’à 50 millions de téléspectateurs.
L’audimat ne cessera d’augmenter jusqu’à atteindre 100 millions de téléspectateurs en 2013. Et pour prouver son allégeance totale à l’establishment américain, elle se prit à donner la parole aux leaders israéliens, sans contradicteur. L’émir du Qatar, Hamad Ben Khalifa al Thani, est, bien entendu, le propriétaire d’Al Jazeera, même s’il dit que CNN est actionnaire de cette chaîne, ce qui n’est pas prouvé tant la gestion d’Al Jazeera est pour le moins opaque.
Qui est l’émir Hamad Ben Khalifa al Thani ? Il est tout ce que la morale réprouve, mais que le «larbinisme» gouvernemental occidental approuve. L’émir Hamad ben Khalifa al Thani, diplômé de l’Académie royale militaire de Sandhurst, prend le pouvoir à la suite d’un coup d’Etat contre son propre père, Khalifa ben Hamad al Thani. Depuis son coup d’Etat réussi, le désormais émir du Qatar ne cessera de donner des gages à l’Occident. Cet irremplaçable allié de l’Occident pervers est le mari – excusez du peu – de trois épouses qui lui ont donné vingt-quatre enfants, dont onze garçons et treize filles. C’est la princesse Mozah qui l’accompagne le plus souvent dans les actes officiels, faisant ainsi figure de princesse consort. Soulignons que le Qatar abrite la plus grande base militaire US dans le monde, en dehors des Etats-Unis.
Qui est Al Jazeera ?
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Lancée par l’émir du Qatar, Hamad ben Khalifa al Thani, mais sous la direction des… Franco-Israéliens – et surtout sionistes – David et Jean Frydman, qui n’avaient aucune expérience des media, mais qui avaient la «vertu» d’avoir la double nationalité française et israélienne, comme Patrick Drahi (Altice et BFM, soumise, quant à celle-ci, à l’Elysée) la chaîne qatarie Al-Jazeera offrait, à ses débuts, un espoir de neutralité, accordant la parole aux démocrates arabes, mais tout en courtisant leurs régimes oppresseurs. Tactique efficace pour séduire un public irrité par la langue de bois des chaînes nationales arabes, toutes contrôlées par l’Etat.
Mais la soudaine et fulgurante ascension de la chaîne ne survint qu’à la suite de sa diffusion exclusive des messages vidéo de Ben Laden.
Le groupe Al-Jazeera lança cinq sites Web : trois sites pour la chaîne Al-Jazeera (en arabe, en anglais et en bosnien), un pour Al-Jazeera Sport, un pour Al Jazeera Documentary Channel et enfin un pour Al Jazeera Training Center. Le site d’Al-Jazeera Children, le plus dangereux de tous parce qu’il s’adresse à des enfants vulnérables, clôt, pour le moment, cette hégémonie médiatique, mais non moins islamiste. Et tout récemment, l’empire Jazeera a mis un pied aux Etats-Unis. La chaîne du Qatar vient d’acheter (pour 500 millions de dollars), dit-on, Current TV, une chaîne fondée, en 2005, par l’ancien vice-président américain, Al Gore.
Le holding Al-Jazeera a décidé, en mai 2012, de se doter d’une chaîne francophone qui cible, selon son propre aveu, les banlieues françaises où sont implantés les musulmans ou des citoyens d’origine musulmane. Par ailleurs, Al-Jazeera France, que dirige actuellement un Algérien depuis le limogeage de Wadah Khanfar, a implanté une chaîne à Sarajevo, capitale de la Bosnie-Herzégovine, pays de turbulences, à 50% musulman. Mais les troubles semblent être un élément déterminant d’Al-Jazeera, puisqu’elle vient de s’installer en Bosnie où l’islamisme, après des années de terrorisme, demeure en sommeil.
A la fin de l’année 2002, deux mois après l’agression américaine contre l’Irak, le gouvernement US, à travers Colin Powell, alors chef d’état-major de l’US Army, demanda à l’émir du Qatar d’«éviter» de couvrir la situation en Irak. Cela fut fait…
La chaîne demeura étrangement muette sur l’une des guerres majeures du début du XXIe siècle. Puis vint le moment où il fallut se débarrasser du PDG de la chaîne, Wahd Khanfar, WikiLeaks ayant révélé que celui-ci était un agent en service commandé de la CIA.
L’émir du Qatar le remplaça, au poste de directeur général de la chaîne, par un cadre de l’industrie gazière qatarie, le cheikh Hamad ben Jassem al Tahani, membre de la famille royale, et bien que n’ayant aucune expérience dans l’audiovisuel, n’en était pas moins conseillé par des experts ès islamisme et, surtout, conseillé par les frères Frydman. Alors, la chaîne a ouvertement pris position en faveur du camp impérialiste, d’autant qu’elle était en situation pratiquement monopolistique sous leurs régimes respectifs.
Dès lors, la machine Al-Jazeera, en conformité avec les options US, recruta son public dans les rangs islamistes. Or, l’islamisme a pour objectif suprême d’instaurer dans les pays musulmans l’ordre islamiste… qui pratique un capitalisme sans syndicat, ni sécurité sociale ni contrôle des prix, puisque le Prophète Mohamed aurait énoncé que «le commerce est une activité honorable,» ce qui matche avec l’ultralibéralisme US.
La première tentative du Qatar fut l’Algérie, où le terrain semblait propice, vu l’expérience islamiste de ce pays, suivie de la situation vécue de 1989 à 1999, que les Algériens appellent «la décennie rouge» avec près de 200.000 morts, victimes du Groupe islamique armé (GIA) et autre Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Selon l’Institut tunisien des relations internationales (ITRI), l’ancien ambassadeur tunisien à l’Unesco, Mezri Haddad, a revélé qu’«Al-Jazeera prépare consciencieusement un plan de déstabilisation de l’Algérie». Bruno Le Maire lui fait actuellement écho face à la Russie en guerre avec l’Ukraine !
Or, Al-Jazeera tourna des scènes d’émeutes algériennes… au Maroc, à l’aide de lumpens (des baltaguis) payés par le Qatar et diffusa en boucle ces «émeutes» en annonçant que de plus importantes émeutes auraient lieu le 17 septembre de l’année 2011. Certains sites reprirent cette information sans en vérifier la véracité. Mais la supercherie du Qatar échoua. Les Algériens ne couvrirent pas la manoeuvre, conscients que leurs cadets avaient été manipulés durant les fameuses «émeutes populaires» d’octobre 1988, qui firent plus de 4.000 morts, et instrumentalisés par les islamistes.
Tricherie médiatique. Mais ce qui distingua le Qatar, ce fut d’abord son implication en Libye, lorsque le prêcheur-vedette d’Al-Jazeera, appela à l’assassinat de Kadhafi. Comme il a appelé à «l’exécution de… Bachar al Assad». Il faut dire, aussi, que l’OCI (Organisation des pays islamiques), elle-même sous la coupe des monarchies arabes, donc des intérêts US, n’a été d’aucun secours au peuple musulman libyen martyrisé. Qu’en pense la France ?
Après avoir «monté» de soi-disant émeutes en Libye, au Maroc, à l’aide de figurants marocains, le Qatar parachuta, deux mois avant «l’insurrection libyenne», 5.000 membres de ses Forces spéciales en Libye, plus précisément dans une région islamiste, en Cyrénaïque, chargés d’instruire militairement et d’encadrer des militants islamistes très nombreux dans cette région – et des tonnes d’armes lourdes et légères, ce qui fit dire à un général algérien, lors d’un colloque tenu au siège du Centre de recherches stratégiques et sécuritaires (Crss) d’Algérie, à Ben Aknoun, au mois de mars 2011 : «Qu’on m’explique comment des manifestants se sont retrouvés, dès le début de l’insurrection, avec des chars ?» Complotisme?
En même temps, Al-Jazeera diffusait, en boucle des scènes d’émeutes en Libye, avant même que celles-ci n’eussent lieu, dûment organisées par les Forces spéciales du Qatar, grâce à ses images tournées au Maroc.
En Syrie, des images d’«émeutes» auraient également été tournées au Maroc. Lors des funérailles de Chokri Belaïd, martyr tunisien, ITRI déclara : «La chaîne satellitaire qatarie a fait, à l’occasion des funérailles de Chokri Belaïd, de l’excellence » en matière de manipulation médiatique. La chaîne a, par un grossier montage vidéo, montré deux manifestations à Tunis, superposant des images scandant une manifestation pro-Ennahda filmées plus d’une année auparavant. « On chercherait ici en vain l’éthique et la déontologie de presse.» Bref, Al-Jazeera mérite bien que l’UE ne lui applique pas les mêmes sanctions qu’aux media russes…
Certes, la chaîne d’information qatarie n’est plus une référence médiatique. Le diffuseur qui a joué un grand rôle dans les printemps arabes y a laissé une bonne part de sa crédibilité. Haïe par les Saoudiens, concurrencée par Russia Today Arabic, Al-Jazeera continue de sévir.
Al-Jazeera reste un fait géopolitique majeur, un véritable enjeu au coeur de la crise politique dans le Golfe. Depuis 2017, une alliance menée par l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, et probablement l’Egypte en coulisses, impose au Qatar un blocus économique, dont la levée est conditionnée à la satisfaction de treize conditions. La fermeture de la chaîne d’information, accusée de servir une propagande terroriste, figure en bonne place dans cette liste d’exigences. L’UE est sourde et aveugle: elle n’a pas reçu d’outre-atlantique d’ordres de censure.
En février 2021, la télévision Al-Jazeera du Qatar avait même annoncé son intention de lancer une plateforme numérique de centre droit aux Etats-Unis.