Présidentielle : qui, pour soutenir Christiane Taubira ?

Ses soutiens confirment sa radicalité

Arrivée sans surprise en tête de la primaire populaire dimanche, face à des contestataires de cette primaire, Christiane Taubira, va devoir transformer l’essai et imposer sa préminence factice à gauche, puisque le rassemblement qu’elle appelait de ses vœux, en annonçant son intention de se présenter à l’élection présidentielle en fin d’année, semble toujours au point mort.

L’ancienne ministre de la Justice, qui a égrené quelques propositions depuis le début d’année, se voit reprocher par ses détracteurs de faire campagne sous son seul nom. Les 67 % des 392.738 votants de la primaire populaire qui lui ont au moins attribué une mention « bien » lui confèrent une légitimité artificielle: les votants devaient classer les candidats dans les cases suivantes : « Très bien », « Bien », « Assez bien », « Passable », « Insuffisant(e) ». Mais Jadot (EELV), Hidalgo (PS) et Mélenchon (LFI) avaient refusé par avance de valider cette pseudo consultation citoyenne. Restaient donc Pierre Larrouturou, 57 ans, euro-député PS, animateur du collectif de lutte contre le réchauffement climatique à l’échelle européenne (le Pacte Finance Climat), co-fondateur de Nouvelle Donne, et deux illustres inconnues de la société civile, Charlotte Marchandise, 47 ans, arrivée en avant-dernière position, juste derrière Anne Hidalgo, et Anna Agueb-Porterie, 24 ans, incarnant une génération révolutionnaire et écolo, présélectionnées pour faire parité lors d’une première étape de parrainage en octobre. 

Citons pour mémoire, Georges Kuzmanovic. Passé par Lutte ouvrière (vers 1990) le
Parti de gauche (2009-2018) et
La France insoumise (2016-2018), ce Serbe de 48 ans est désormais a la tête de son propre parti,
République souveraine, depuis 2019. Pour avoir plaidé dans L’Obs pour le nécessaire « assèchement des flux migratoires », en septembre 2018, il est chassé de LFI.

Ses soutiens parlent-ils pour ou contre elle ?

Pour crédibiliser sa campagne électorale de dernière minute, la Guyanaise va devoir dénicher des pointures si elle veut espérer s’imposer au reste de la gauche. Pour l’heure, pas encore d’organigramme officiel, mais derrière elle une équipe plus ou moins structurée, qui compte pour l’essentiel d’anciens collaborateurs et des élus issus de la précédente majorité. Mais peu de visages connus du grand public.

L’ancienne ministre de la Justice de François Hollande, candidate à l’élection présidentielle, peut désormais se targuer du soutien d’une très grande majorité des militants de la primaire populaire. En coulisse, elle dispose de l’appui d’anciens parlementaires socialistes et de plusieurs élus locaux, dont certains sont déjà intégrés aux équipes de campagne.

Une forte empreinte des frondeurs battus à la législative.

Christian Paul, l’ancien député de la Nièvre, fut l’une des figures de la pré-campagne de Christiane Taubira. L’actuel maire de Lormes a été secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer sous Lionel Jospin. Mais on se souvient surtout de Christian Paul comme l’un des principaux leaders de la fronde socialiste sous le précédent quinquennat, un groupe d’élus issus de l’aile gauche du PS, opposés à partir d’octobre 2012 à la politique économique de François Hollande, jugée trop libérale. En 2017, Christian Paul avait soutenu la candidature d’Arnaud Montebourg à la primaire socialiste.

Dans son sillon, au moins un autre frondeur : l’ex-député socialiste radical de Seine-Saint-Denis, Daniel Goldberg, porte-parole de la candidate, également présenté comme responsable de la mobilisation territoriale dans l’équipe de campagne.

Toujours du côté des parlementaires, notons la présence d’Erwann Binet, ancien député de l’Isère, fidèle « hollandais » pour sa part, qui fut le rapporteur du projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe, l’un des textes les plus controversés portés par Christiane Taubira durant son passage à la Chancellerie.

Elus locaux

Sans doute faut-il y voir l’influence des réseaux de Christian Paul, car on relèvera également la présence d’un certain nombre d’élus bourguignons parmi les soutiens de Christiane Taubira, comme Fabien Bazin, le président du Conseil départemental de la Nièvre, Patrick Molinoz, le vice-président du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Et surtout, Marie-Guite Dufay, la présidente de région. Elle reste à ce jour le soutien le plus important décrochée par l’ancienne ministre, d’autant que Marie-Guite Dufay s’est prononcée en faveur de Macron en 2017. Elle a également avoué avoir été approchée en juillet 2020 par Jean Castex pour entrer au gouvernement.

Notons que Benoît Payan, le maire DVG de Marseille, un imposteur socialiste introduit par l’écologiste Michèle Rubirola – seule élue de la population phocéenne – dans la deuxième ville de France. Ce cheval de Troie de la coalition de gauche radicale incluant le PCF avait indiqué qu’il soutiendrait le vainqueur de la primaire populaire, confirme à Libération qu’il apportera bien son parrainage à la candidate, mais laisse entendre qu’il se tiendra à distance de la campagne électorale. « Ça ne m’intéresse pas », lâche-t-il, se disant complètement focalisé sur sa tâche d’édile. En revanche, son adjointe, Olivia Fortin, qui était notamment montée sur scène à la Croix-Rousse juste avant que Christiane Taubira ne confirme sa candidature le 15 janvier, est désormais présentée comme l’une de ses porte-parole au côté de Daniel Goldberg.

D’anciens collaborateurs

Parmi les personnalités plus discrètes qui gravitent autour de la candidate : Axel Urgin, maire adjoint de Créteil, son directeur de campagne, et qui fut aussi le directeur de cabinet de Christian Paul, lorsque celui-ci était aux Outre-mer. Mais aussi d’anciens collaborateurs de Christiane Taubira lorsqu’elle était encore au ministère de la justice. Ainsi, Elie Patrigeon, qui fut son chef adjoint de cabinet, avant de rejoindre celui de Patrick Kanner, après le départ de la ministre en janvier 2016. Ou encore, selon une information du Parisien, Valentin Narbonnais, ancien responsable de sa communication. Désormais maire adjoint de Colombe, celui-ci a épinglé en tête de son compte Twitter un poste de 2016 où il pose bras dessus, bras dessous avec Christiane Taubira.

Christiane Taubira ne fait campagne sous aucune étiquette, mais elle dispose du soutien du Parti radical de gauche, dont elle avait porté les couleurs lors de la présidentielle de 2002, contribuant à l’élimination de Lionel Jospin. « Aucun autre candidat ne dispose d’une légitimité citoyenne aussi large, elle incarne le rassemblement. Christiane Taubira a déclaré sa candidature, elle avance, laissons quelques heures passer et venir les choses. Elle va appeler les autres candidats de gauche, elle a des capacités de conviction que personne n’ignore », a raconté, lundi matin, dans la matinale de Public Sénat, Guillaume Lacroix, le président du PRG. Surtout, le soutien d’un parti, si petit soit-il, installé dans le paysage politique représente un atout dans la collecte des 500 parrainages nécessaires pour valider une participation à l’élection présidentielle. Mais elle n’apparaît toujours pas dans les deux premiers relevés provisoires de parrainages validés par le Conseil constitutionnel.

Relayer le projet

En termes de maillage territorial, la candidate pourrait s’appuyer sur le collectif « Taubira pour 2022 », lancé il y a plus d’un an, et qui revendique quelque 100.000 followers sur les réseaux sociaux, et 80 comités locaux sur le territoire où s’activent « entre 40 et 60 personnes », selon des déclarations de leur porte-parole, Johan Jousseaume.

La mise en place d’une force militante reste un incontournable de campagne, pour organiser les opérations de tractage notamment, et porter sur l’ensemble du territoire les propositions de la candidate. D’autant que la candidate de la 11e heure n’a toujours pas présenté de programme complet, à la différence de ses principaux concurrents a gauche Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon. Elle n’a encore évoqué que quelques mesures phares. Parmi elles : la mise en place d’un référendum sur l’avenir du nucléaire, une revalorisation du Smic à 1.400 euros net, un revenu mensuel de 800 euros pour les étudiants, ou encore le retour d’un impôt sur la fortune progressif, avec un taux de prélèvement variant de 1 à 3 % du patrimoine. Sur France info lundi matin, la candidate a également déclaré vouloir s’attaquer aux droits de succession, une mesure plutôt portée par la droite.

« Si des candidats qui ne la reconnaissent pas finissent très mal classés, ça créera une situation chaotique à gauche », avait prévenu le politologue Bruno Cautrès (CNRS et CEVIPOF).

Régionales en Paca : Cap écologie quitte la liste EELV

Cap Ecologie propose une alternative écologiste républicaine, réaliste, solidaire.

Conséquence de l’union d’EELV avec le PS et le PCF, Cap Ecologie et son coprésident, le niçois Jean-Marc Governatori, annoncent ce samedi que Cap Ecologie partira finalement seul pour les régionales en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, quittant la liste emmenée par EELV. Comme les listes LR et LREM, les listes écologistes de gauche éclatent et partiront morcelées à cette élection.

L’écologie politique divise

«La composition des listes au sein du pôle écologiste emmené par EELV a donné une place trop grande aux forces de gauche. C’est devenu une liste de gauche avec quelques forces écologistes», justifie Jean-Marc Governatori. «Les dissensions EELV/gauche, l’imbroglio LR/LREM, la maltraitance de l’électorat centriste, le risque majeur que représente le RN dans la région (…): nous avons le devoir de proposer un projet écologiste républicain, réaliste, solidaire», écrit Jean-Marc Governatori dans un communiqué.

Ex-entrepreneur dans les meubles discount, Jean-Marc Governatori détonne dans la galaxie écologiste et sa présence sur la liste du pôle écologiste en Paca était critiquée par une partie de la gauche pour un positionnement jugé trop à droite.

Pour autant, ce départ en PACA ne remet pas en cause la présence de Cap Ecologie, parti coprésidé par l’ex-ministre de l’Environnement Corinne Lepage, une sympathisante de Macron, dans le pôle écologiste au niveau national en vue de la présidentielle, assure Jean-Marc Governatori.

La tête de liste EELV isole LFI

Vendredi, Jean-Laurent Félizia, un inconnu du grand public, désigné tête de liste d’EELV en Paca et du pôle écologiste, annonçait son union avec PS, PCF et le mouvement de Benoît Hamon, Generation.s. Mais cette alliance s’est faite sans la France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, député de Marseille, et des autres formations politiques et citoyennes signataires d’un appel concurrent à l’union de toutes les gauches baptisé «Il est temps».

Egalement absente, l’adjointe au maire de Marseille, Olivia Fortin, cofondatrice du collectif citoyen «Mad Mars» (slogan: « soyons fous, rendons possible une candidature progressiste unique en 2020 » qui a relayé l’opposition de Payan (PS) et Coppola (PCF) du projet Partenariat Public Privé (PPP) concernant 34  écoles), fer de lance du Printemps Marseillais, coalition de toutes les gauches qui a volé la mairie de la deuxième ville de France à la droite à la faveur d’un tour de passe entre Michèle Rubirola (EELV) ET Benoît Payan (PS), instigateur et bénéficiaire de la supercherie ‘Le Printemps Marseillais’.

«Il est temps» est un collectif monté en février par La France Insoumise, Génération. s, le Parti communiste, Europe Ecologie-Les Verts, le Parti socialiste, la Gauche Républicaine et Socialiste, le mouvement politique Ensemble! et des citoyens engagés. Devant la gare de Toulon ce samedi en début d’après-midi, tous les représentants locaux de ces forces politiques s’étaient donné rendez-vous pour le grand départ commun vers les élections régionales.

« Ce qui nous réunit, ce sont des idées, des projets et des causes communes, lança Luc Léandri (LFI), aujourd’hui dindon de la farce. En citant la redistribution des richesses, la relocalisation des emplois ou le rejet des projets inutiles et imposés comme la carrière de Mazaugues, il estime qu’il « faut lancer des bifurcations écologiques et sociales parce que 900.000 personnes en situation de précarité en région PACA, ce n’est pas que le résultat de la crise sanitaire, c’est aussi Macron et Muselier. »

Chantal Mouttet (EE-LV) expliquait:  « Si on veut remporter la Région, il faut être dans les deux premiers et pour cela, il faut partir rassemblés. Nous voulons montrer que l’écologie est la réponse à la crise sociale« . Bilan: les écologistes partent à la bataille en rangs dispersés et LREM s’en trouve renforcée. La secrétaire d’Etat aux personnes handicapées, Sylvie Cluzel a d’ailleurs annoncé sur France Inter ce vendredi que sa liste LREM se maintient malgré la pantalonnade de ces derniers jours: son retrait à la faveur d’un accord avec la tête de liste LR, Renaud Muselier, puis le refus par le sortznt manipulé des oeufs du coucou LREM dans son nid et du retrait éphémère de Sophie Cluzel: un coup oui, un coup non. Tambouille politicienne.

Macron favorise l’arrivée de la gauche radicale à la Mairie de Marseille

LREM se divise au second tour des municipales et joue les RN au profit du ‘Printemps marseillais’

Les usurpateurs de l’Union des gauches doivent une fière chandelle au parti du président.

Les Marcheurs marseillais ont fait le jeu des gauches. Alors que les listes devaient être déposées mardi 2 juin au plus tard, dans La Provence jeudi 28 mai, une déclaration de la députée LREM Claire Pitollat a mis le feu aux poudres. Elle appelait à un « travail d’association qui exclut les extrêmes », c’est-à-dire un rapprochement avec les listes de Martine Vassal, de Bruno Gilles ou de Samia Ghali pour battre le Printemps Marseillais. La députée des Bouches-du-Rhône s’expliqua : « Le Printemps Marseillais compte dans ses rangs Sophie Camard, la suppléante de M. Mélenchon, notre principal opposant, et des têtes de listes communistes. Ce sont ces mêmes personnes qui bloquent le débat à l’Assemblée. On ne peut pas travailler avec eux », avait lancé Pitollat, vice-présidente du groupe LREM à l’Assemblée et soutien de Cédric Villani aux élections municipales de 2020 à Paris .

L’étonnement d’Yvon Berland

Peu présente médiatiquement depuis le début de la campagne, elle se targue d’avoir décidé de son propre chef de lancer cet appel, sans concertation locale : « J’ai estimé qu’il fallait dès à présent poser les limites ». Son intervention n’a pas été du goût d’Yvon Berland, ex-président du conseil d’administration de l’Ecole des hautes études en santé publique (2011-2016) et de la commission des questions de santé de la conférence des présidents d’université jusqu’en 2019 et surtout candidat malheureux de La République en marche à la mairie de Marseille aux élections municipales de 2020.

Courroie de transmission parisienne, la députée LREM affirme dans le quotidien régional que le candidat LREM « partage cette vision ». Information rapidement démentie par l’intéressé dans un tweet : « N’ayant eu de contact ni d’échanges avec Claire Pitollat depuis plus de 6 mois, je m’étonne des propos ou pensées qui me sont prêtés », répond-il. Pourtant, malgré cette mise au point, la député insiste : « Ce sont des personnes du parti qui me rapporte[nt] la position d’Yvon Berland et il semble bien d’accord avec moi », répète-t-elle.

LREM continue toutefois de chercher un terrain d’entente avec la plupart des partis encore en course, sauf le Rassemblement national, mais en tentant des débauchages dans le Printemps marseillais.

Cathy-Racon Bouzon et Mathieu Grapeloup condamnent

Certaines têtes de listes ont profité de l’appel de Pitollat pour clarifier leur position : « L’envie de renouveau et le projet progressiste pour Marseille, c’est avec le Printemps Marseillais que nous les partageons », lance, sur les réseaux sociaux, Cathy Racon-Bouzon, candidate dans le 4-5, sur la ligne du parisien Hugues Renson, qui a occupé différents postes dans les cabinets ministériels de Christian Jacob et François Fillon, puis au cabinet du président de la République, Jacques Chirac.

Son colistier LREM, Mathieu Grapeloup rejette également la proposition de Claire Pitollat, mais sa préférence est inverse : « L’appel de Claire Pitollat à se rassembler autour de Martine Vassal est une déclaration unilatérale qui n’engage qu’elle. Elle est surtout une trahison pour nos colistiers qui se sont engagés pour le changement et pour nos électeurs qui nous ont fait confiance. On garde le cap », tweete-t-il le même jour.

Deux courants, un à gauche et un autre plus à droite, se dessinent dans les rangs des marcheurs marseillais, des divergences typiques du « en même temps » de Macron, brouilleur de pistes et fauteur de trouble. Claire Pitollat juge ces réactions « inquiétantes », mais rien n’est alors encore tranché.

Marseille, un enjeu national pour LREM

L’élection du maire de la deuxième ville de France est suivie de près au plus haut niveau. « A Paris, un rapprochement avec le Printemps Marseillais n’est pas envisagé », croit savoir Claire Pitollat. Pourtant, aucune consigne claire n’a été encore annoncée et la députée aimerait « une prise de position au niveau national ». Mais il n’est pas certain que le parti présidentiel aille dans le sens qu’elle espère. Le patron de LREM Stanislas Guerini a condamné l’alliance du maire sortant de Lyon, Gérard Collomb, avec les Républicains : « Il a passé la ligne rouge », a-t-il déclaré.

C’est ainsi que la macronie parisienne a fait le lit du socialiste Payan, avec les écologistes et leurs camarades communistes.

De Marseille, Macron faisait un enjeu national

Or, la ville vire à gauche avec l’écologiste Rubirola, mais se retrouve avec un socialiste à la mairie

Les listes du Printemps marseillais, menées par Michèle Rubirola, ont remporté 38 % des voix, contre 30 % pour celles de Martine Vassal.

Le Printemps marseillais emporte quatre secteurs, LR trois, la sénatrice ex-PS Samia Ghali conservant sa mairie dans les quartiers Nord, et se retrouvant en position d’arbitre, tout comme le dissident LR Bruno Gilles, qui pourrait vendre chèrement le ralliement de ses quelques conseillers à Martine Vassal. « C’est une victoire relative pour nous, mais c’est une défaite pour la droite », a admis Michèle Rubirola, avant qu’on sache vraiment à quel point:son clan seul savait, singulièrement Benoît Payan, celui à qui devait profiter le crime sur le corps électoral. Après un quart de siècle aux commandes de cette ville portuaire ouverte sur la Méditerranée, marquée par de très fortes inégalités liées à l’immigration, au point qu’on appelle Marseille, l’Alger du continent européen, « la droite n’est plus en mesure de gouverner », a ajouté l’élue fantoche, dénonçant un « système électoral par secteurs qui est un contresens démocratique ». Un système pourtant partagé par Paris, découpé en 17 secteurs électoraux, se surimposant aux 20 arrondissements actuels ou Lyon, où les conseillers municipaux sont élus à l’intérieur de secteurs électoraux, et non au sein d’une circonscription unique (la commune) comme dans le reste de la France. Et la capitale des Gaules se distingue même des deux autres métropoles principales en organisant deux élections en même temps, ce qu’à la Bonne Mère ne plaise !

« Marseille ne pourra plus se faire sans les quartiers Nord »

« Le scrutin ne nous livre pas un verdict clair », mais « sans doute faut-il y voir les derniers signes de résistance d’un système que la majorité des Marseillais a rejeté », a poursuivi la candidate, qui éreintait lors de la campagne le bilan des années Gaudin. Le Printemps marseillais, union des gauches (PS, LFI dissidents, PCF et organisations associatives « citoyennes » à caractère politique plus ou moins affiché) qui ont fusionné dans l’entre-deux-tours avec les écologistes EELV, va devoir désormais étudier « les conditions dans lesquelles cette ville peut être administrée sans renier ses valeurs ». Le mot « valeurs » fait pourtant désormais grincer des dents « des gens » sur le Vieux-Port.

Et pour espérer écrire une nouvelle page de l’histoire de Marseille, qui n’a changé que trois fois de maire depuis les années 1950, et a été dirigée pendant quatre décennies par la gauche, sous les socialistes Gaston Defferre et Robert Vigouroux, puis par Jean-Claude Gaudin pendant quatre mandats, soit 25 ans à lui tout seul (1995-2020), le Printemps marseillais a dû se compromettre avec Samia Ghali, trublion des quartiers nord -domicilié dans le VIIIe bourgeois – dans la cité phocéenne. Et les rapports sont tendus : elle joue sa carte personnelle et la gauche radicale a maintenu jusqu’au bout un candidat contre elle, la présentant comme une héritière du système en place à Marseille. « Ce soir, Marseille ne pourra plus se faire sans les quartiers Nord », a-t-elle rétorqué dans la nuit, ménageant le suspense sur ses intentions.

« Je n’ai pas perdu », a lancé Vassal (LR)

Dans ces conditions, la droite voulait encore y croire. Et elle pouvait, si LREM ne jouait pas un double jeu mortifère. « Je n’ai pas perdu, ce soir il n’y a pas de majorité à Marseille », mais une « situation de blocage », a fait valoir de son côté Martine Vassal, laissant présager d’une semaine de lutte d’influence acharnée d’ici à la première réunion du nouveau conseil municipal, probablement vendredi ou samedi. La cheffe de file des Républicains, dauphine désignée par Jean-Claude Gaudin, a subi une défaite orchestrée par la presse macronienne nationale dans son propre secteur, où elle a été doublée en quadrangulaire, avec 39 % des voix, par la candidate du Printemps marseillais, Olivia Fortin (42 %). Elle l’a attribué à « l’entêtement d’un candidat sans envergure », l’ex-président de l’université Aix-Marseille, Yvon Berland (LREM).

Cette contre-performance dans un secteur jugé imperdable par la droite et où Jean-Claude Gaudin a toujours été élu au premier tour est la conséquence d’une campagne diffamatoire et de l’ouverture d’une enquête sur des soupçons de fraude aux procurations, selon… France 2, comme ça aurait pu être France Inter ou Mediapart. La relaxe arrivera, mais un peu tard, une fois tous les recours administratifs épuisés contre les malfaisants…

Rompu aux joutes électorales, Jean-Claude Gaudin, figure tutélaire d’une ville à laquelle il a assuré un brillant renouveau qui lui attire tourisme et vedettes, à la métropole, au département et à la région, laisse une droite déchirée par sa succession, mais assure encore, lui aussi, que « rien n’est joué ». Avant de raccrocher les gants, à 81 ans, il a lancé un dernier appel du pied, hier encore improbable, aux « onze élus des listes minoritaires d’hier », soit celles du sénateur dissident Bruno Gilles (60 ans, maire du 3e secteur pendant 22 ans) – blessé de s’être vu préférer Martine Vassal – et surtout de Samia Ghali, appelés à un choix clair « entre la poursuite du développement de la ville et le repliement vers les errements du passé et le déclin ».

Mais les acteurs locaux ont choisi leurs ambitions personnelles. Contre l’intérêt général.

Scandale électoral: la maire Rubirola, un p’tit tour et puis s’en va…

Jeu de chaises musicales:  elle devient 1er adjoint et Benoît Payan, calife à la place du calife…

Rubirola (EELV), maire de façade,
avec Benoît Payan, PS, sur les talons

L’écologiste abandonne son fauteuil de maire

Elue EELV en juin dernier, la tête de gondole du ‘Printemps marseillais’ symbolisait le renouveau de la politique phocéenne après un quart de siècle historique de transformation magistrale pendant l’ère Gaudin.

Elle avait annoncé qu’elle n’était « là que pour 3 mois« 

Désignée à la surprise générale au début de l’année, après le forfait du PS Benoît Payan, Michèle Rubirola n’a ni présence, ni compétente et n’a pas forcé sa nature pour entrer dans le costume de maire.

La rumeur courait depuis des semaines et semble se concrétiser : première femme élue à la tête de Marseille, Michèle Rubirola jette l’éponge: un abandon de poste après seulement cinq mois pendant lesquels elle s’est refusée à sacrifier son temps de chorale.

Ghali, Rubirola, Payan

Elle devrait réunir sa majorité à 14 h 30 et, dit-on, céder sa place à son premier adjoint, le socialiste Bruno Payan, 42 ans, clivant. Les deux compères devront toutefois passer par un nouveau scrutin au Conseil municipal, lundi.

Samia Ghali, n°3, se tient en embuscade: au moment où le lièvre Rubirola se retire, passant le relais à son complice, Payan, déjà maire réel, au grand dam des démocrates, les Marseillais se sentent roulés dans la farine de pois chiche. Ghali a fait Rubirola reine après plus de 3 heures de tractations (elle a marchandé sa médaille de bronze) et entend bien ne pas laisser passer une fois de plus sa chance.

La magouille socialiste peut-elle fonctionner ?

Payan, socialiste furtif

Les relations entre les deux s’étaient sensiblement dégradées au fil des mois, mais, comme convenu, Michèle Rubirola devrait logiquement désigner Payan, ci-dessus, comme son successeur, une cooptation inédite dans une mascarade anti-républicaine. A moins que d’autres candidats de la majorité hétéroclite formée autour du ‘Printemps marseillais’ ne présentent leur propre candidature.

Certains avancent ainsi le nom d’ Olivia Fortin, ci-dessous, la tombeuse de Martine Vassal dans le 6-8, une novice en politique, mais riche en réseaux, notamment du côté de la Fondation Jean-Jaurès, socialiste,  dont elle est une collaboratrice régulière.

Son inappétence pour la fonction et son refus des contraintes interrogent sur le calcul derrière sa candidature.

Affectée par des problèmes de santé (osychique?), la prête-nom rassembleuse Michèle Rubirola ne cachait pas une certaine inadaptation à l’ampleur de la tâche, mais aussi aux batailles d’ego entourant la direction et la gestion de la deuxième ville de France. Payan – ci-dessous accompagné de son compagnon – est au contraire à l’affût depuis plusieurs scrutins départementaux.

Arnaud Drouot, à droite, 21e adjoint, en charge du bataillon des marins-pompiers et des relations internationales.

Ces derniers jours, un tract circulait appelant à revivifier la dynamique ayant porté le Printemps marseillais vers la victoire. Et pour l’heure celle-ci semble en panne.

Entre soupçon de fraude aux procurations à droite et tromperie avérée sur la tête de liste des gauches, Marseille devra retrouver ses esprits.

Randonnée Ski Découverte de Martigues

Marcher est dans notre Nature

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