Fautes gouvernementales : Eric Dupond-Moretti s’incruste quand le ministre belge de la Justice démissionne

Le ministre français se maintient malgré de multiples dysfonctionnements dans l’évasion de Mohamed Amra

Le ministre belge de la Justice a présenté sa démission vendredi, quatre jours après l’attentat perpétré à Bruxelles par un Tunisien radicalisé. Vincent Van Quickenborne a reconnu que la Tunisie avait réclamé l’extradition de son ressortissant en 2022, mais que le Parquet belge n’avait pas traité la demande – une erreur “monumentale”.

Le ministre a déclaré lors d’une conférence de presse avoir découvert vendredi 20 octobre qu’une demande d’extradition d’Abdesalem Lassoued, auteur de l’attentat revendiqué par l’État islamique, avait été présentée à la Belgique le 15 août 2022 par les autorités tunisiennes, mais n’avait jamais été traitée par le parquet. “Une défaillance judiciaire qui a permis à [Lassoued] de rester dans le pays”, résume Bloomberg.

Le lundi 16 octobre, cet homme de 45 ans, ex-demandeur d’asile et résidant illégalement en Belgique, a ouvert le feu en pleine rue avec un fusil automatique, tuant deux supporters suédois venus assister à un match de football opposant la Suède à la Belgique, avant de prendre la fuite.

Dupond-Moretti, ministre en république bananière

« Comme vous, j’ai découvert dans la presse un certain nombre d’éléments concernant le détenu Amra qui font état une dangerosité certaine et qui ne semblent pas avoir été pris en considération, a répondu M. Dupond-Moretti à un sénateur dans l’hémicycle. J’ai la ferme intention de faire toute la lumière sur la prise en charge de Mohammed Amra et notamment en ce qui concerne le partage d’informations ». Ce ministre a le sentiment qu’il suffit de prendre quelques mesures pour « faire la lumière sur la prise en charge de Mohamed Amra ».

Après l’attaque du fourgon dans l’Eure le 14 mai, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a annoncé mercredi 29 mai une enquête de l’inspection générale de la justice, mais, typiquement macronien, le ministre de deux gouvernements ne se sent en rien responsable de l’évasion du dangereux détenu et de la mort de deux des fonctionnaires de ses services et il n’a jamais eu l’intention de démissionner.

Le 23 mai, Le Parisien apprenait au ministre l’incroyable vérité autour de l’incarcération d’Amra, un trafiquant disposant de plusieurs téléphones dont un portable dernier cri pour gérer ses activités criminelles, capable de se faire livrer de la nourriture à toute heure du jour et de la nuit.

On apprend ensuite que les écoutes du trafiquant Mohamed Amra, lorsqu’il était détenu à la prison de la Santé, ont révélé l’existence d’une jeune femme marseillaise qui prêtait main-forte au caïd normand en se faisant passer, semaine après semaine, pour sa soeur. Mais EDM considère que sa responsabilité n’est pas engagée…

Décidémment, il est très macronien, comme Bruno Le Maire, qui fanfaronne quand l’agence de notation Fitch dégrade la note de la France. Lien PaSiDupes

Téléphones portables en prison: Dupond-Moretti « envisage » des fouilles « plus systématiques »

Belloubet désavouée: elle les avait développés

L’idée d’autoriser les détenus à utiliser un téléphone portable n’a « rien d’absurde », avait estimé la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, en visite au centre pénitentiaire de La Farlède, près de Toulon, Var, en août 2017. Une petite phrase qui avait déclenché une tempête politique.

« Il faut donner aux détenus des moyens de communication… Des portables contrôlés ou des lignes fixes. Une expérience en ce sens a lieu dans la Meuse », a ajouté la garde des Sceaux  sous influence de Adeline Hazan, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté.

Avant de lâcher la bride, elle préconisait la fourniture aux détenus de portables « bridés » et « achetés » en prison, ainsi qu’un accès à Internet « contrôlé ». « Avant d’autoriser les téléphones bridés, il faudrait… endiguer les téléphones portables non contrôlés en prison, » avaient riposté de nombreux syndicats de surveillants pénitentiaires.

Selon la ministre, la mise à la disposition des détenus, dans leur cellule, de téléphones fixes avec lesquels ils pourront appeler quatre numéros définis par l’administration pénitentiaire ou un magistrat aura trois avantages. « Nous avons considéré qu’il y avait (…) un avantage de socialisation pour les détenus puisqu’ils pourront joindre leur famille, notamment à des heures où les enfants ou les parents sont là », a-t-elle expliqué.

Le second avantage, selon Belloubet première formule, est que cela réduira la circulation illégale en prison de téléphones portables, avait-elle avancé…

Belloubet avait également annoncé la récente signature d’un marché public pour des brouilleurs de téléphones portables adaptés à l’évolution des technologies dans les prisons. Or, on sait aujourd’hui que cet investissement a été une gabegie, puisque les brouilleurs se sont révélés un enfer pour les riverains des prisons, comme pour l’administration locale des prisons.

Dupond-Moretti pousse des coups de gueule, mais sait-il faire preuve d’autorité ?

Dupond-Moretti et Belloubet

Le second mandat de Macron défait ce que le premier avait installé.

Les vidéos prises par des détenus font régulièrement le tour des réseaux sociaux. Pour lutter contre la présence de téléphones portables, pourtant interdits, dans les cellules de prison, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a déclaré ce dimanche 2 juin sur RTL que le gouvernement Attal « envisage » de permettre des fouilles « plus systématiques » des détenus, avec d’autres mesures consécutives à l’évasion mi-mai d’un détenu, Mohamed Amra (toujours recherché !), lors d’un guet-apens ultra-violent.

Portables « interdits »,
mais ce sont 53.000 téléphones et accessoires qui ont été saisis en 2023.

Questionné lors du Grand Jury RTL, Le Figaro, Paris Première, M6, Eric Dupond-Moretti a affirmé qu’il a « acté » une « trentaine de mesures » discutées avec l’intersyndicale des gardiens de prison et les directeurs d’établissements pénitentiaires.

« Il y a notamment la question des fouilles. Les fouilles aujourd’hui ne sont pas autorisées quand elles sont systématiques, donc j’envisage une modification possible à venir (…) pour des fouilles qui soient plus systématiques », a déclaré le garde des Sceaux.

Belloubet encore responsable. Dans une note du 15 novembre 2013 relative aux moyens de contrôle des personnes détenues, la ministre rappela en effet les principes de nécessité et de proportionnalité qui s’imposent à l’administration en matière de fouilles et la « prohibition du caractère systématique des fouilles ».

« Quand un détenu récupère d’un drone un téléphone portable, il faut pouvoir le fouiller pour le trouver, la législation ne le permet pas (…) et ce depuis 2009″, a-t-il ajouté.

Cette modification, comme d’autres devant passer par le Parlement, seront « raccrochées au texte sur la grand banditisme et le narcotrafic » qui doit être présenté à l’automne.

Parmi les autres mesures « d’application immédiate » auxquelles le ministre a « fait droit immédiatement », il a cité la possibilité de « transférer des détenus sans logo de l’administration pénitentiaire » (!), le « holster de poitrine » (une arme placée sur la poitrine), le « gyrophare sur tous les véhicules ». Il n’est toujours pas fait mention du de la mise à disposition de forces de police, comme par le passé, lors de transfèrements.

Le garde des Sceaux a aussi évoqué une plus grande utilisation de la comparution via visioconférence, qui devrait être évoquée « lundi » 3 juin avec les syndicats de magistrats.

Eric Dupond-Moretti a aussi affirmé avoir, avant l’attaque, mis en place « des systèmes anti-drones », qui seront « doublés », ainsi qu’une « vingtaine » de brouilleurs, un dispositif empêchant les communications téléphoniques, un chiffre qui va « doubler d’ici 2025 ».

Il a aussi déclaré que « 6.000 agents pénitentiaires de plus » ont été embauchés grâce aux hausses budgétaires.

Toujours recherché par les services de police, en France et à l’étranger, Mohamed Amra, un détenu multirécidiviste impliqué dans le trafic de stupéfiants, s’est évadé au cours de l’attaque d’un fourgon de l’administration pénitentiaire qui le transportait au péage d’Incarville, dans Eure. L’attaque a causé la mort de deux agents et trois autres ont été blessés.

Elle a entraîné une mobilisation de la profession et un blocage des prisons pendant plusieurs jours, avant qu’un accord ne soit trouvé avec le ministère, portant notamment sur la sécurisation des missions de transfèrement.

Détention de Mohamed Amra : Dupond-Moretti avoue qu’il ignore les dysfonctionnement de son administration

Le ministre de la Justice ordonne une mission d’inspection: faute de remontées d’information de ses services ?

Interpellé au Sénat, sur le quotidien du détenu le plus recherché de France, qui continuait de gérer ses activités criminelles depuis sa cellule, le garde des Sceaux veut « faire la lumière » sur la prise en charge de Mohamed Amra.

« C’est la prise de conscience que les narcotrafiquants ont pris pied dans nos prisons, c’est la pieuvre qui a gagné du terrain ! » Le sénateur UDI (partenaire de l’alliance présidentielle) Olivier Henno a fait part de sa stupéfaction ce 29 mai aux questions d’actualité au gouvernement, une semaine après les révélations du journal Le Parisien sur le passé de Mohamed Amra, le détenu libéré, voire kidnappé, par un commando lors d’un transfèrementt, au péage d’Incarville (Eure). Deux agents pénitentiaires ont été executés dans cette « évasion », et trois autres ont été blessés.

Selon le quotidien, la sonorisation de la cellule du prisonnier entre 2022 et 2023, lorsqu’il été incarcéré à la Santé, sont éloquentes. Elle a appris que, grâce à plusieurs téléphones portables, le détenu continuait de gérer ses réseaux à distance, son trafic de stupéfiant, allant même jusqu’à organiser depuis sa cellule des enlèvements ou des séquestrations et même au moins une exécution de personne. Mais le ministre n’aurait pas été informé…

« Cette audace, cette violence est tout à fait nouvelle. N’y a-t-il pas urgence d’une remise à plat », a insisté le sénateur Olivier Henno. Une question « parfaitement légitime », a approuvé le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti dans ce qui semble être un souci de dégager sa responsabilité en ciblant implicitement un défaut de remontées d’information, mais en avouant sa déconnection de son administration pénitentiaire.

Le garde des Sceaux a admis que ces écoutes font état d’une « dangerosité certaine qui ne semblait pas avoir été prise en considération », malgré ces écoutes… « J’ai la ferme intention de faire la lumière sur la prise en charge du détenu Amra et notamment ce qui concerne le partage d’informations », a-t-il ajouté. Il a annoncé le lancement d’une enquête, confiée à l’Inspection générale de la Justice.

Eric Dupond-Moretti  partage « l’interrogation » du sénateur sur « l’adaptation de notre modèle carcéral à ces détenus particulièrement violents et sans aucune limites », a-t-il confessé. Ce mercredi à 17 heures, le ministre va réunir tous les directeurs interrégionaux des services pénitentiaires pour mettre en œuvre l’accord conclu avec les organisations syndicales pénitentiaires, mais aussi pour trouver de « nouvelles mesures structurelles » concernant la prise en charge des détenus les plus dangereux. « J’entends mettre en œuvre ces mesures le plus rapidement possible », s’est-il engagé, après quatre années au gouvernement.

D’autres réponses seront apportées dans le cadre du projet de loi contre la grande criminalité, présenté cet automne.

Mais au moins une question reste sans réponse : si EDM n’a pas été destinataire de remontées d’informations de ses services, qui gère le secteur pénitentiaire, lequel a décidé de faire encadrer le transfèrement de Amra par cinq agents et non les trois coutumiers ?

Attaque mortelle d’un fourgon pénitentiaire pour libérer Mohamed Amra, détenu dangereux

Le Monde ne mentionne pas deux morts et trois blessés graves en titre

La voiture-bélier bloque le fourgon

L’évasion d’un trafiquant de stupéfiants, mardi au péage d’Incarville dans l’Eure, a fait deux morts et trois blessés graves, ce 14 mai. Le journal Le Monde ne juge pas la gravité des faits au nombre de victimes et à la cavale du dangereux détenu, mais à la saisine de la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée. L’intersyndicale appelle à un « blocage » des établissements pénitentiaires mercredi.

Le véhicule à contre-sens vient percuter frontalement
le fourgon cellulaire
Assaillants floutés

Des images captées par une caméra de vidéosurveillance et largement diffusées sur les réseaux sociaux donnent une idée de la violence qui déchaînée par le commando d’assaillants au péage d’Incarville (Eure), sur l’autoroute A154, à 30 kilomètres au sud-est de Rouen, dans le sens du retour, Caen-Evreux.

Les criminels lourdement armés de matériel de guerre ont permis l’évasion d’un détenu étranger et ont tué de sang froid deux agents pénitentiaires d’Evreux, mardi 14 mai, aux alentours de 11 h 10. Au cours de l’attaque, trois autres fonctionnaires, seulement équipés d’une arme de poing, ont été grièvement blessés – l’un d’eux était toujours entre la vie et la mort mardi soir. Tous étaient chargés d’escorter un prisonnier, en cours de transfert du tribunal de Caen à la maison d’arrêt d’Evreux : malgré l’épais dossier du détenu, un trentenaire connu des services de police depuis qu’il a eu 15 ans, le juge de Caen n’avait pas opté pour une visio-conférence.

Corps au sol

La maison d’arrêt d’Evreux accueille des hommes majeurs prévenus ou condamnés à de courtes peines ou en attente d’affectation dans un établissement pour peine dont le plus proche est le centre de détention de Val de Reuil. Elle dispose également d’un quartier de semi-liberté, sous utilisé. Sa capacité d’accueil est de 162 places théoriques. En 2015, lors de la seconde visite du CGLPL, 243 personnes étaient hébergées à la MA. Lors d’un troisième contrôle, 240 personnes étaient incarcérées dont deux au quartier de semi-liberté. Le taux d’occupation (162 %) était donc globalement identique à celui observé en 2015, selon un rapport interne de 2021. 

Des faits d’une violence surdimensionnée

La séquence video montre un fourgon cellulaire blanc de l’administration pénitentiaire percuté de face par un véhicule Peugeot 5008 noir alors qu’il vient de franchir le péage. Une voiture, appartenant elle aussi à l’administration pénitentiaire, suit le fourgon et se retrouve bloquée. Presque aussitôt, deux hommes jaillissent de la voiture-bélier, tandis que deux autres font irruption à l’arrière de la voiture suiveuse. Tous sont cagoulés, vêtus de noir et utilisent des armes automatiques.

Selon diverses sources policières et judiciaires, Mohamed Amra ne serait pas « un gros poisson », plutôt un acteur de « milieu de tableau de la voyoucratie, multicarte et opportuniste ».

D’une manière générale, son casier laisse toutefois apparaître… treize condamnations pour des faits généralement mineurs: conduite sans permis, vols, refus d’obtempérer et outrages. Il faisait l’objet d’un suivi particulier, comme l’explique un communiqué du Parquet.

Une escorte inappropriée à la dangerosité de Mohamed Amra

Mohamed Amra, détenu commanditaire en fuite

A l’intérieur du fourgon se trouve Mohamed Amra, alias « Momo », « la Mouche », « Yanis » ou « Schtroumpf », un trafiquant français de stupéfiants né le 10 mars 1994 à Rouen, « très défavorablement connu des services de police et de justice », incarcéré au service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation de l’Eure, à proximité de son champ d’action, et dont le profil interpelle.

Certes, le détenu en cavale a été condamné pour des délits mineurs. En avril 2020, il avait été condamné à 3 mois d’emprisonnement pour «rodéos motorisés». Il était par ailleurs mis en examen dans plusieurs affaires. Un dossier instruit depuis janvier 2022 par le tribunal judiciaire de Rouen pour «tentative d’extorsion avec arme, tentative d’assassinat et détention d’arme de catégorie B».

Mohamed Amra avait par ailleurs été condamné, en janvier 2022, à trois ans d’emprisonnement pour un autre vol avec effraction et pour sa participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre un crime, qu’il purgeait à la prison d’Evreux. Il avait d’abord obtenu une remise de peine de sept mois, avant que l’intégralité de ses crédits de remise de peine ne lui soient retirés en janvier de l’année suivante.

L’individu fait aussi l’objet d’un procès instruit depuis septembre 2023 par le tribunal judiciaire de Marseille pour «meurtre en bande organisée, enlèvement et séquestration d’otage et participation à une association de malfaiteurs en vue de la commission d’un crime».

Or, le fourgon pris dans le guet-apens avait à son bord, outre le détenu, un chauffeur au grade de capitaine – un grade élevé pour une extraction …

Le détenu est donc actuellement en fuite avec les assaillants. Le GIGN central, basé à Versailles, se rend sur place pour venir en soutien aux enquêteurs mobilisés pour retrouver les auteurs et le suspect.

«Le pire, c’est que nous allons le retrouver. En 100 ans d’histoire pénitentiaire, nous avons toujours retrouvé, ceux qui s’étaient évadés. Même Rédoine Faïd. Nos agents sont morts pour rien».