Macron réserve la primeur de son annonce au Sommet de l’OTAN à Vilnius
Le chef de l’Etat a annoncé la livraison de ces missiles longue portée dès son arrivée au sommet de l’Otan à Vilnius, en Lituanie, ce mardi 11 juillet.
Selon le hâbleur, Paris va livrer à Kiev ces missiles « Scalp » – comme ceux utilisés en …Syrie – pour contribuer à la contre-offensive ukrainienne. Or, une source militaire française a plus tard indiqué que les premiers missiles sont en vérité déjà arrivés en Ukraine.
« Compte tenu de la situation, et de la contre-offensive qui est menée aujourd’hui par l’Ukraine, j’ai pris la décision d’accroître les livraisons d’armes et d’équipement », a déclaré devant la presse le chef de l’Etat, pour permettre à l’armée ukrainienne d’avoir « des capacités de frappe dans la profondeur ».
« Je pense qu’aujourd’hui ce qui est important pour nous c’est d’envoyer un message de soutien à l’Ukraine, d’unité de l’Otan », a-t-il ajouté, alors que cette option était envisagée depuis le mois de mai.
« Les premiers missiles ont été livrés en même temps que notre président l’annonçait », a tenté d’expliquer plus tard une source militaire française.
Le « Scalp », un atout majeur pour l’Ukraine?
Le missile de croisière Scalp est en fait le Storm Shadow, qui est développé conjointement fin 1994 par le Royaume-Uni et la France, développé fin 1994 par British Aerospace et Matra, puis fabriqué par MBDA, propriété d’Airbus, BAE Systems et de l’italien Leonardo. Il est lancé depuis les airs et suppose une flotte aérienne performante : la France utilise ses Rafale.
Cet armement constitue un atout majeur pour l’Ukraine, puisque ces missiles (d’une portée de plus de 250 kilomètres, plus que toutes les autres armes fournies à Kiev par les pays occidentaux) lui permettront d’atteindre les zones occupées par la Russie à l’Est, ce qui lui est difficile actuellement avec les missiles de moyenne portée dont elle dispose.
Le Royaume-Uni a été le premier pays à annoncer, en mai, l’envoi de missiles de longue portée à l’Ukraine. La Russie a affirmé quelques jours plus tard qu’elle a intercepté un Storm Shadow dans le cadre du conflit en Ukraine.
« Frapper des cibles stratégiques situées très en arrière du front, par le biais de missiles, de drones ou d’actes de sabotage, permet en effet de désorganiser et d’user la force ennemie. Un ensemble d’actions que les militaires regroupent sous le terme de « modelage » (le « shaping » dans le jargon militaire anglo-saxon) », expliquait, en citant des analystes militaires, Le Monde au mois de mai, alors que cette hypothèse revenait avec insistance.
Les missiles Scalp sont livrés « en gardant la clarté, la cohérence de notre doctrine c’est-à-dire permettre à l’Ukraine de défendre son territoire », a explicité Macron, excluant ainsi implicitement toute utilisation pour frapper la Russie. La France en possède officiellement « moins de 400 », selon le magazine spécialisé Défense et Sécurité Internationale. En vérité, la loi de programmation militaire 2014-2019 ne prévoyait que 100 exemplaires modernisés dans un programme commun avec le Royaume-Uni… Sur cette centaine, on est en droit de se demander combien ont pu être livrés en état de marche…
« De notre point de vue, c’est une décision entachée d’erreur, lourde de conséquences pour la partie ukrainienne, car naturellement cela va nous contraindre à prendre des contre-mesures », a de son côté réagi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, après l’annonce du président français. « De telles décisions (de livraisons d’armes) ne peuvent pas influer le cours des événements » en Ukraine, a-t-il ajouté. « Elles ne peuvent qu’aggraver le sort du régime de Kiev ».