Législatives 2024 : points forts du programme du RN présenté par Jordan Bardella

Réalisme et flexibilité

Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, présente son programme lors d’une conférence de presse, à Paris, le 24 juin 2024.
Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, présente son programme lors d’une conférence de presse, à Paris, le 24 juin 2024.

Celui qui aspire à devenir premier ministre s’il obtient une majorité absolue à l’Assemblée nationale au soir du 7 juillet a livré les grands axes des priorités de sa coalition (RN-LR Ciottiste) de droite.

« Nous sommes prêts » à gouverner, a assuré, lundi 24 juin, Jordan Bardella, chef de file du Rassemblement national, lors d’une présentation du programme de sa formation politique pour les législatives à Paris.

« Je le dis solennellement à nos compatriotes : le Rassemblement national est aujourd’hui le seul mouvement à pouvoir mettre en œuvre dès maintenant et raisonnablement les aspirations clairement exprimées par les Français », a-t-il affirmé, alors que le RN, donné en tête par les sondages en vue des scrutins des 30 juin et 7 juillet, a été critiqué pour le flou et les renoncements de certaines de ses promesses emblématiques  des aménagements liés à l’état du pays et dans l’gnorance des résultats de l’audit qui sera effectué début juillet.

Celui qui aspire à devenir premier ministre, s’il obtient une majorité absolue à l’Assemblée nationale au soir du 7 juillet, a présenté les grands axes des priorités de du bloc arrivé en tête des européennes, puis des intentions de vote aux législatives anticipées provoquées par un Macron mortifié.

International

  • Dans le domaine réserve du président, Jordan Bardella a assuré qu’il sera « extrêmement vigilant (face) aux tentatives d’ingérence de la Russie », qu’il considère comme « une menace multidimensionnelle à la fois pour la France et pour l’Europe ». « La Russie conteste aujourd’hui des intérêts français […] sur nos zones d’influence historique en Afrique, en mer Noire et aussi dans nos outre mer, en prenant fait et cause pour notamment pour les Comores » dans la crise migratoire qui touche Mayotte, a estimé l’eurodéputé, dont le parti est régulièrement épinglé pour sa proximité avec Vladimir Poutine.
  • Tout en se disant « favorable à ce que le soutien logistique et en matériel de défense à l’Ukraine puisse se poursuivre », J. Bardella a réaffirmé « ses lignes rouges très claires ». Il refuse d’une part « l’envoi de troupes sur le sol ukrainien » et d’autre part l’envoi « de missiles longue portée ou de matériel militaire » qui pourraient « frapper directement les villes russes ».
  • Sur la question israélo-palestinienne, Jordan Bardella estime que la possibilité de deux Etats – « toujours défendue par notre famille politique », a-t-il argué -, a « été rendue caduque dans l’immédiat par les atrocités et les attaques du Hamas, le 7 octobre 2023 ». Pour le président du Rassemblement national, « reconnaître un Etat palestinien aujourd’hui, ça serait reconnaître le terrorisme et ça serait accorder une légitimité politique à une organisation qui prévoit dans sa charte la destruction de l’État d’Israël ».

Citoyenneté

  • S’il promet de ne « pas remettre en cause la double nationalité »,Jordan Bardella assure en revanche que le RN au pouvoir entend « réserver un certain nombre d’emplois stratégiques dans les secteurs liés à la sécurité ou à la défense, exclusivement à des citoyens français ».
  • Au sujet de la Nouvelle-Calédonie, toujours en proie à de vives tensions, Jordan Bardella a répété sa volonté de poursuivre le dégel du corps électoral calédonien, réforme initiée par Macron et très mal accueillie dans une partie de l’archipel, ainsi que sa défense de « la Calédonie française ». « Rien ne peut se bâtir en Calédonie sans le rétablissement de l’ordre », a-t-il lancé promettant, en cas d’arrivée à Matignon, « un dialogue avec les différentes parties ». Au cœur de la crise, Marine Le Pen avait assoupli la position du RN, historiquement hostile à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, en proposant notamment un nouveau référendum.

Immigration

  • Dans un premier temps, M. Bardella compte faire adopter par le Parlement la levée « d’un certain nombre de contraintes qui se posent aujourd’hui à l’éloignement de personnes ayant fait l’objet d’une OQTF [obligation de quitter le territoire français] ». Parmi les mesures envisagées : « l’augmentation du délai de rétention dans les centres de rétention administrative, au maximum de ce qu’autorise l’Union européenne ». « On est limité aujourd’hui à 90 jours. Je souhaite étendre ce délai », a-t-il défendu.
  • S’il devient premier ministre, le dirigeant dit vouloir « convaincre le président de la République » d’organiser un référendum sur la base de l’article 11 de la Constitution afin de réviser la Loi fondamentale en vue « de rendre intouchables par des jurisprudences européennes ou internationales » les mesures de restriction de l’immigration prônées par le Rassemblement national, dont la suppression du droit du sol, la restriction du regroupement familial et la suspension des régularisations par les préfets des étrangers en situation irrégulière.

Sécurité

  • Dans son programme dévoilé lundi, le RN prône le rétablissement des peines plancher pour « les récidivistes, les atteintes aux personnes dépositaires d’une mission de service public et le trafic de drogue ».
  • Il promet également le renforcement de la protection fonctionnelle pour tous les fonctionnaires « attaqués ou menacés ».
  • Se posant en « garant des libertés individuelles [et] des libertés de manifester », le président du Rasssemblement national a répété sa promesse de « dissoudre toutes les organisations qui usent de la violence dans notre pays, qu’elle soit d’ultradroite ou d’ultragauche ».

Education

  • Jordan Bardella préconise « un big bang de l’autorité » à l’école « dès la rentrée de septembre », notamment avec l’interdiction des téléphones portables dans les établissements et le port de l’uniforme, ainsi que le vouvoiement obligatoire.
  • S’il s’installe à Matignon, l’Etat soutiendra « systématiquement » les enseignants, avec l’instauration de « peines plancher dans les conseils disciplinaires » et la création de centres spécialisés pour y accueillir « les élèves perturbateurs ou harceleurs ».
  • Jordan Bardella promet par ailleurs de renouer avec l’esprit de la « loi Ciotti de 2010, abrogée par François Hollande, qui prévoit la suspension des allocations familiales et des bourses scolaires en cas de perturbations graves et répétées au sein des établissements scolaires ».
  • Il a réitéré la volonté du RN de « remplacer le collège unique par un collège modulaire » afin « d’orienter plus tôt et plus efficacement ».

Retraites

  • La réforme des retraites de 2023 sera « en principe abrogée ». A la place, J. Bardella promet qu’« à compter de l’automne, les Français qui ont commencé à travailler avant 20 ans et qui justifient de 40 annuités, pourront partir à la retraite dès 60 ans ».
  • Puis une « progressivité » sera mise en œuvre, a-t-il ajouté, promettant de mettre en place un âge légal de départ à la retraite à 62 ans « et un nombre d’annuités allant jusqu’à 42 années de cotisations ».

Energie et environnement

  • J. Bardella a confirmé son ambition de baisser la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de l’énergie à 5,5 %, mesure chiffrée à 17 milliards d’euros selon Bercy, estimant que cela est possible « dans le cadre européen actuel ».
  • Il souhaite « refaire du nucléaire un élément majeur, fondamental, structurant du mix énergétique ».
  • S’agissant des énergies renouvelables, le président du RN prône « un moratoire sur toute nouvelle construction de chantier éolien » mais compte « reconstruire sur le sol français » une filière photovoltaïque « en [la] protégeant avec des droits de douane au niveau européen ». J. Bardella entend aussi mener « la reconversion des centrales à charbon en biomasse ».
  • En matière de logement, le président du RN a redit son souhait de « libérer les interdictions » qui sont « à [s]on sens excessives » concernant la location ou l’achat d’un bien en cas de mauvais diagnostic de performance énergétique (DPE) d’un bien immobilier. Il souhaite également « assouplir les contraintes environnementales excessives » imposées par l’objectif de zéro artificialisation nette qui consiste à limiter toute extension de l’artificialisation d’ici 2050.

Santé

  • Pour faire face aux déserts médicaux, le dirigeant du parti d’extrême droite plaide la suppression de l’impôt sur le revenu des médecins et infirmiers de retour de retraite.
  • Il annonce également un « moratoire sur toute fermeture des structures menacées » et promet des « incitations à aller dans les zones de déserts médicaux avec une rémunération basée sur des critères justes de responsabilité, de pénibilité et adaptée aux besoins des territoires », sans chiffrer la mesure.
  • « Pour débureaucratiser la santé, nous supprimons les ARS, qui procèdent trop souvent d’une vision comptable de la santé », a lancé Jordan Bardella, qui souhaite que les préfets reprennent la main sur la gestion sanitaire à l’échelle départementale.

Familles et fiscalité

  • Pour faire face à « une crise de la natalité sans précédent depuis 1945 », Jordan Bardella souhaite instaurer une part fiscale pleine pour le deuxième enfant.
  • En accord avec Eric Ciotti, président dissident des Républicains, le président du Rassemblement national entend « supprimer les impôts sur les héritages directs pour les familles modestes et les classes moyennes » et « créer une exonération de donation des parents à leurs enfants, des grands-parents à leurs petits enfants, jusqu’à 100 000 € par enfant tous les dix ans contre quinze aujourd’hui ».

Entreprises et agriculture

  • Affirmant sa volonté de « déverrouiller toutes les contraintes qui pèsent sur la croissance », Jordan Bardella veut lancer dès l’automne, « en concertation avec les acteurs économiques », « des Etats généraux de la simplification ». En attendant, le RN au pouvoir décrétera « une pause réglementaire dans les surtranspositions européennes » (c’est-à-dire le fait d’y ajouter des exigences) pour aller vers une « sobriété normative ».
  • Sur la question des salaires, J. Bardella promet de donner « la possibilité pour les entreprises d’augmenter les salaires sans peser sur le coût du travail et sur la compétitivité » en leur permettant « d’augmenter les salaires de 10 % sans cotisations patronales pendant cinq ans, et cela jusqu’à trois fois le smic » (soit jusqu’aux salaires de 5 300 euros brut mensuels, le smic s’élevant à 1.766,92 euros brut).
  • En matière de soutien à l’agriculture, le président du RN propose « un grand plan « manger français » » pour « atteindre 80 % de produits français dans les cantines scolaires à l’horizon 2027 ».
  • J. Bardella souhaite interdire les importations de produits agricoles « ne répondant pas aux standards appliqués en France ». Actant l’échec des lois Egalim qui visait à mieux rémunérer les agriculteurs, il entend par ailleurs « mettre en place des règles que personne ne pourra contourner, ni dans l’industrie agroalimentaire, ni dans la grande distribution ».

Electricité: hausse de 10% au 1er août

Finie la magie du boucler tarifaire : maintenant, il faut passer à la caisse

En attendant deux nouvelles hausses programmées l’an prochain pour refléter les coûts des fournisseurs, cette hausse d’août est annoncée par EDF, alors que celle du bouclier tarifaire avait été faite en 2021 par Macron et jusqu’au 30 juin 2023, puis maintenu jusqu’à début 2025, annonce de Bruno Le Maire, le 21 avril dernier. La hausse des tarifs était limitée à 15 % en moyenne pour l’électricité à compter du 1er février 2023 : elle n’atteint pas 15%…. Selon les calculs de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), les tarifs auraient doublé en 2023 s’il n’y avait pas eu de bouclier tarifaire. Or, l’Etat n’a pas les moyens de supporter un tel bouclier sur le long terme. En 2022, il a coûté 24 milliards d’euros et devrait encore représenter 17 milliards cette année.

Le gouvernement « se résout » à une hausse de 10% de l’électricité, titre Les Echos

Cette nouvelle hausse devrait engendrer un surcoût moyen de 160 euros par an et par ménage. Au total, depuis 2021, le tarif réglementé de l’électricité, dont dépendent quelque 23 millions de clients, aura augmenté de 31 %.

Pour le gouvernement, la promesse de figer les prix de l’électricité, avec une hausse limitée à 15 % maximum en 2023, aura fait long feu. Sous pression pour réduire le coût budgétaire du bouclier destiné à protéger les Français de la crise de l’énergie, Macron donne son accord à une nouvelle hausse de 10 % du tarif réglementé de l’électricité, à compter du 1er août.

Celle-ci s’appliquera à tous les ménages, commerçants, artisans, petites TPE dont la consommation est inférieure à 36 kVA. Elle représentera un surcoût moyen d’un peu plus de 160 euros par an pour une facture moyenne qui tourne autour de 1.640 euros, pour les ménages qui se chauffent à l’électricité.

Les Français découvrent ce que leur coûte la « protection » de Macron.

L’Etat veut renationaliser EDF

Les Français devront ainsi supporter son endettement

Elisabeth Borne a annoncé « l’intention de l’Etat de détenir 100 % du capital d’EDF ». « Cette évolution permettra à EDF de renforcer sa capacité à mener dans les meilleurs délais des projets ambitieux et indispensables pour notre avenir énergétique », a raconté la première ministre face à l’hémicycle, pensant faire avaler la pillule, lors de son discours de politique générale devant les députés de l’Assemblée nationale, mercredi 6 juillet

L’Etat détient aujourd’hui près de 84 % de l’électricien, 1 % étant détenu par les salariés et 15 % par des actionnaires institutionnels et individuels.

Très mobilisées en 2021 contre le projet Hercule, les instances représentatives du personnel d’EDF et d’Enedis avaient lancé une troisième phase de mobilisation sur l’avenir du système énergétique français et plaidèrent pour une renationalisation complète d’EDF et l’émancipation de la France du marché européen de l’électricité.

Le projet Hercule envisageait la scission du groupe en trois entités. Une entreprise publique (EDF bleu) chapeauterait les centrales nucléaires et le réseau de transport. Une autre (EDF vert) réunirait les activités commerciales, la distribution d’électricité et les énergies renouvelables. Elle serait cotée en Bourse, permettant d’attirer des investisseurs pour développer l’éolien et le solaire. Une troisième entité (EDF azur) pourrait enfin coiffer les barrages hydroélectriques.

Défendu par le gouvernement auprès de Bruxelles, le projet Hercule avait finalement été abandonné dans l’été, après avoir provoqué la colère des syndicats, des salariés et de nombreux élus locaux. Tous redoutaient un démantèlement pur et simple d’EDF, aujourd’hui détenu à 84% par l’Etat, ainsi que la privatisation d’Enedis, gestionnaire du réseau de distribution d’électricité et filiale à 100% d’EDF.

Un nouveau programme nucléaire

Déjà fortement endetté, le groupe est confronté à de lourdes charges financières, et est aussi mis au défi par le gouvernement de lancer un nouveau programme de réacteurs nucléaires.

« La transition énergétique passe par le nucléaire », a asséné Elisabeth Borne, reprenant la position adoptée dès cet hiver par le président Macron.

Les zigzags ramènent au centre

L’action d’EDF a bondit à la Bourse de Paris mercredi après l’annonce de E. Borne. Le titre prenait 5,56 % à 8,28 euros vers 15 h 45, dans un marché en hausse de 1,86 %. Avant le discours, le cours était en net recul, de 5 %.

Analyse de la situation d’EDF dans Marianne:

https://vm.tiktok.com/ZMN5X3DRT/?k=1

Inflation: hausse des prix de 4,8% sur un an en avril, mais Macron n’y est pour rien…

Du jamais-vu depuis 1985 en France: la faute à pas de chance et à la Russie ?…

Leur pouvoir d’achat est un véritable sujet de préoccupation quotidienne pour les Français, car l’inflation ne cesse de gonfler, mois après mois.

L’inflation a atteint 4,8% sur un an en avril, après 4,5%, rien qu’en mars, a indiqué vendredi l’INSEE, confirmant sa première estimation publiée fin avril. Ce niveau est inégalé depuis novembre 1985 et s’explique par la forte hausse des prix de quasiment toutes les catégories de produits, énergie en tête (+26,5%), mais aussi alimentation et notamment les légumes.

En avril, les prix de l’alimentation (+3,8%) et des services (+3%) se sont aussi envolés par rapport au mois précédent, où ils étaient déjà en hausse, respectivement de 2,9% et 2,3%.

La valse des étiquettes a notamment été forte pour l’alimentation, avec une accélération de la hausse des prix des légumes frais et des produits non frais (viande, pain et céréales, huiles et graisses, etc.).

Les prix des services sont eux tirés par les services de transports, notamment le transport aérien, avec des prix en hausse de 22,4% en avril, après +5,7% en mars. De même, les prix des produits manufacturés ont également encore augmenté de 2,6%, après 2,1% en mars. Les seuls prix orientés à la baisse sur un an sont ceux du tabac (-0,1%) et des produits de santé (-1,2%).

Le spectre de la stagflation

L’indice harmonisé (IPCH), qui sert de base de comparaison au niveau européen, augmente pour sa part de 5,4% en glissement annuel, après 5,1% le mois précédent. L’inflation devrait encore s’accélérer dans les prochains mois : l’INSEE prévoit encore une hausse des prix de… 5,4% en juin.

Autre ombre au tableau qui plane sur l’économie français, si Macron reste passif, le spectre de la stagflation. Résultante d’une combinaison entre une inflation galopante et une croissance atone, ce phénomène augure mal des mois à venir pour les Français. Il avait notamment été observé après les chocs pétroliers des années 1970, qui avaient mis fin aux Trente glorieuses…

La presse ne fait qu’évoquer toutes ces hausses. En même temps, elle se dit préoccupée des difficultés des Français… Quant au pouvoir macronien, il observe et dénonce des causes réelles, mais en agite aussi d’insensées. Pointer des responsables, sans se mettre en cause, c’est la manière Macron d' »assumer ».

LIEN PaSiDupes : L’inflation a bondi à 2,6 % en octobre en France

Commerce extérieur : déficit record

A défaut de relocalisation, renchérissement des importations

Le déficit de la balance commerciale a bondi à 9,7 milliards d’euros en novembre. Les importations atteignent un niveau record, gonflé par les hausses de prix. Le déficit 2021 va atteindre un sommet.

Un record. Le déficit commercial français a atteint 9 milliards d’euros en novembre en moyenne mobile sur trois mois, selon les chiffres publiés vendredi par les Douanes, soit un niveau jamais atteint. Le déficit cumulé sur douze mois s’élève désormais à 77,6 milliards d’euros, soit 2,6 milliards de plus que le déficit annuel record de 2011. Et encore, la direction du Trésor à Bercy s’attend à -87 milliards d’euros pour l’ensemble de l’année 2021.

De quoi justifier la mobilisation actuelle autour de ce sujet, de Bercy à François Bayrou, haut-commissariat au Plan, qui a publié en décembre une note intitulée « Reconquête de l’appareil productif : la bataille du commerce extérieur » .

Facture énergétique

En termes de commerce extérieur, sur le seul mois de novembre, il a été particulièrement mauvais: le déficit extérieur s’est creusé à 9,7 milliards d’euros, soit 2 milliards de plus qu’en octobre. A titre de comparaison, il n’était que de 4,5 milliards en janvier 2021.

La France subit de plein fouet le renchérissement de ses importations. Celles-ci ont atteint un niveau « historique » de 52,5 milliards en moyenne mobile sur trois mois et de 53,7 milliards en novembre. Sur onze mois, « les importations n’ont augmenté que de 2,6 % en volume, contre 20,1 % en valeur », précisent les Douanes. 

Ce phénomène est notamment visible sur la facture énergétique. L’addition a été alourdie par les tensions très fortes sur les cours du pétrole, du gaz et de l’électricité liées à la reprise mondiale. Et au fait que Bercy refuse de baisser les taxes gouvernementales: il a plombé la dette publique en faisant pleuvoir des milliards de primes et de chèques sur plusieurs catégories socio-professionnelles.

Importation d’électricité

A cela, s’est aussi ajouté un élément spécifique défavorable à l’Hexagone : du fait de la décision idéologique de mise à l’arrêt forcé de plusieurs réacteurs nucléaires – et de réouverture de 3 centrales à charbon – il a été dans l’incapacité de répondre à la demande intérieure, si bien que, traditionnellement exportatrice d’électricité, la France s’est retrouvée en position d’importatrice nette en novembre, à un moment où les cours s’envolaient. De quoi creuser considérablement les déficits sur les produits énergétiques, à 5,3 milliards contre 3,7 milliards deux mois plus tôt.

Hausses des prix, baisse du pouvoir d’achat

Franck Riester est en charge
du Commerce extérieur.

Mais, malgré le retour des exportations à leur niveau d’avril 2019 (44 milliards en novembre), la performance hexagonale n’est guère plus brillante sur les autres produits : le solde commercial sur les biens d’investissement et sur les biens de consommation s’est également détérioré. Là encore, cela s’explique par un gonflement du montant des importations lié aux hausses de prix constatées aussi bien sur les matières premières autres que l’énergie (bois, métaux, céréales etc.) que sur les biens manufacturés.

Au final, en novembre, le déficit des transactions courantes s’est aggravé, à 3,6 milliards contre 2,5 milliards le mois précédent, a indiqué la Banque de France ce vendredi. Seule bonne nouvelle, l’excédent des services s’est amélioré de 1,1 milliard, tiré par les services fournis aux entreprises (+1,4 milliard).

Le commerce extérieur français est estimé à 95 milliards d’euros pour 2022.

Energie : l’hydrogène vert, rêve ou réalité pour remplacer le pétrole ?

La production d’hydrogène est actuellement issue d’énergies fossiles…

La France s'est donné pour ambition de devenir l'un des leaders mondiaux dans la production et l'utilisation d'hydrogène.

Alors que les résultats de la COP26 à Glasgow est un quasi-échec, malgré plus de quinze jours de réflexion, le chef de l’Etat tente de reprendre le dessus, en se rendant ce mardi à Béziers pour récupérer un site de production d’électrolyseurs servant à produire de l’hydrogène vert. La France veut devenir une référence en la matière. L’hydrogène pourrait aider à décarboner petit à petit l’industrie et remplacer progressivement le pétrole.

La France mise sur l’hydrogène pour décarboner son industrie et mais, pour que le « zéro émission de CO2 » ait du sens, il faut que la production de l’hydrogène ne soit plus issue d’énergies fossiles. Plusieurs projets sont en cours, notamment à Béziers, où l’entreprise Genvia fabrique des électrolyseurs haute température servant à la production d’hydrogène décarboné. Macron s’y rend ce mardi dans le cadre du plan France 2030, pour faire la promotion de cette nouvelle source d’énergie et reprendre sa campagne de candidat sortant sur le territoire d’un élu proche d’Eric Zemmour, autre candidat non déclaré, mais probable en avril prochain. 

Inaugurée le 30 mars 2021, la société Genvia est une création, le 1er mars, du CEA (Commissariat à l’énergie atomique, et aux énergies alternatives depuis 2010), Schlumberger (multinationale de services et équipements… pétroliers, installée aux Antilles néerlandaises, paus hébergeur de comptes bancaires) et leurs partenaires, Vinci Construction, Vicat et l’Agence Régionale Energie Climat Occitanie, société d’investissement de la Région Occitanie, avec pour objectif d’ accélérer le développement de la technologie réversible d’électrolyseur haute température à oxyde solide du CEA, la plus efficace et la plus rentable pour la production d’hydrogène décarboné, et permettre son déploiement industriel. C’est donc un partenariat public-privé, visant le développement et le déploiement industriel de la technologie d’électrolyseur d’oxyde solide à haute performance, développée par le CEA, pour la production d’hydrogène décarboné.

Passer à l’hydrogène « vert » contre l’électrique

Aujourd’hui, l’hydrogène industriel est fabriqué à 95% à partir de ressources fossiles. Essentiellement à partir de gaz naturel ou de charbon, ce qui libère beaucoup de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Voilà pourquoi il est qualifié d’hydrogène « gris ». Alors que l’hydrogène « vert » est produit après électrolyse de l’eau : l’électricité va dissocier les molécules d’oxygène de celles d’hydrogène. De cette manière, aucun gramme de CO2 n’est rejeté. Dernière étape pour qu’il soit entièrement propre : utiliser de l’électricité renouvelable issue du parc éolien, solaire ou hydroélectrique.

L’enjeu pour la France est donc désormais de produire cet hydrogène vert en s’appuyant par exemple sur des géants comme Air Liquide, jusqu’ici grand producteur d’hydrogène « gris », mais qui vient d’acquérir le site H2V Normandy en Seine-Maritime, un complexe d’électrolyseurs d’une capacité pouvant atteindre 200 MW. Ce projet prévoit de produire dès 2025 28.000 tonnes d’hydrogène vert par an pour alimenter les industriels du bassin normand. Mais pour accompagner son développement massif, il faudra rapidement faire baisser le coût de production de l’hydrogène vert et dans le même temps multiplier sa production actuelle par 700 d’ici 2030.

Quels usages ?

La ligne électrique Paris-Amiens de Flixbus fait figure d’exception

L’usage le plus évident de l’hydrogène est dans les transports. Dans quelques villes, des bus roulent déjà à l’hydrogène vert. De très nombreuses communes ont des projets de camions, de bennes à ordure et des trains fonctionnant à l’hydrogène. La Normandie, l’Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes sont à la pointe avec des projets de méga-usines produisant des électrolyseurs et des piles à combustible. Elles seront utilisées dans les véhicules. L’hydrogène permettra de décarboner l’économie et remplacer petit à petit le pétrole.

Flambée des prix de l’énergie: Macron n’a encore rien anticipé

Après plus d’un mois, il en est toujours à promettre une réponse « dans les prochains jours »…

Le gouvernement s’est enfin mis au travail sur des mesures de court terme face à la flambée des prix du gaz, a confirmé Macron, sous la pression de la grogne qui monte dans le pays, faisant craindre une reprise du mouvement des Gilets jaunes.

Bien qu’il ait fait fermer la centrale nucléaire de Fessenheim entre février et juin 2020, un « contre-sens », selon l’Académie des sciences, puisque « l’énergie nucléaire n’émet pas de CO2,[…]: elle est décarbonée » et que « c’est grâce à cette énergie que la France est l’un des pays les plus vertueux en matière d’émissions de CO2 en Europe », Macron a osé profiter de l’instant pour réhabiliter le nucléaire mis à mal par la gauche, dont les écologistes et des ONG, prônant à nouveau une « consolidation » du parc nucléaire.

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En déplacement en Seine-Saint-Denis – département soi-disant déshérité – sur le thème des JO 2024, Macron a confirmé que l’exécutif cherche des solutions rapides pour faire face à la montée rapide des prix de l’énergie, et notamment du gaz. 

« Il y a une action internationale à mener […] et une action de court terme », a indiqué le président de la République, trahissant un retard à l’allumage. Au-delà du chèque énergie et des mesures de blocage des prix, « le gouvernement y travaille et aura à compléter sa réponse [sic: il n’a encore pas apporté le début d’une réponse pérenne] dans les prochains jours », a-t-il ajouté, car cette hausse « touche tous nos compatriotes, et plus durement les plus modestes, ceux qui vivent parfois dans les habitations les moins bien isolées, ceux qui ont des déplacements contraints et qui doivent faire le plein chaque jour ». Jouez violons !

Macron et la quadrature du cercle: écologiste et « en même temps » promoteur du nucléaire, gage de « souveraineté »

Il persiste et signe, Après l’avoir déjà fait lors de la présentation de son plan « France 2030 », le président sortant à plaidé à nouveau pour la relance du parc nucléaire français, soutenant la souveraineté énergétique de la France. 

« On ne doit jamais perdre de vue la souveraineté », a-t-il insisté. « Importer le gaz, on trouvait cela normal car le gaz n’était pas cher. Notre stratégie doit être de développer du renouvelable, et de consolider notre base nucléaire. La France a une chance qui est sa situation de départ. Notre stratégie doit consolider cela. » 

Le sujet devient inflammable.

« Il faut quelque chose de simple, qui se voie vite à la pompe, car le sujet devient politique« , confiait mercredi une source gouvernementale, selon laquelle les annonces à venir seront probablement endossées par le premier ministre, Jean Castex.