Hôtel du Palais à Biarritz : des violences sexuelles en cuisine indignent les libertaires de Libération

L’éviction du « chef étoilé » d’un « hôtel de luxe » lui importe plus que le sort du commis bizuté

L’accroche ci-dessus donnerait le sentiment que Libération n’a aucune appétance pour le croustillant et le salé, faisant mentir sa réputation de journal libertaire ouvert à toutes les transgressions, notamment sexuelles. Ne s’est-il pas illustré par son soutien aux intellectuels dépravés – mais progressistes ! – qui s’adonnèrent allégrement à la pédophilie décomplexée des années 70 et 80, âge d’or de son apologie ? Un écrivain sacré par le prix Médicis (1973) comme Tony Duvert pouvait affirmer que les « gamins aiment faire l’amour comme on se mouche »… Citons le philosophe Roland Barthes, le philosophe Michel Foucault, le journaliste collaborateur (1975-1982) au quotidien Libération Guy Hocquenghem, Daniel Cohn-Bendit (passé de Mai-68 à Macron via EELV), Gabriel Matzneff, soutenu par des gens très riches comme Pierre Bergé (groupe Le Monde) et Yves Saint-Laurent, et par des patrons de presse, Marc Pulvar (père d’Audrey Pulvar) ou Olivier Duhamel, fils de ministre de la Culture, président du think-tank Le Siècle et directeur de la Fondation nationale des sciences politiques qui assure la gestion de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris Science Po Paris…

« Un extrait de l’émission littéraire Apostrophes, datant de 1990, a ainsi été exhumé par l’INA. On y voit Bernard Pivot demander à Matzneff pourquoi il s’était spécialisé dans «les lycéennes et les minettes». Et l’écrivain de lui répondre qu’une fille «très très jeune est plutôt plus gentille». Autour du plateau, seule la journaliste québécoise Denise Bombardier s’indigne [mollement] des propos tenus, » écrit Libération. Les féministes archaïques des années 2020 font payer aux hommes d’aujourd’hui les déviances des « mâles (assez peu) blancs » (et noirs, comme Pulvar) d’hier.

« Après un «incident préoccupant», pour reprendre les mots d’une responsable du groupe [américain] Hyatt qui exploite l’établissement, le chef d’un hôtel de luxe du Pays basque a dû quitter son poste ce 21 décembre. Le Parquet de Biarritz a ouvert une information judiciaire des chefs d’agression sexuelle et de violences, rapporte Libération.

Le chef étoilé Aurélien Largeau, de l’Hôtel du Palais à Biarritz, a quitté son poste, poursuit le quotidien, suite à des violences sexuelles envers un salarié.

Selon le journal Sud-Ouest, qui évoque le «bizutage humiliant» d’un commis de cuisine, les faits se seraient déroulés le 2 décembre en cuisine. Durant plusieurs heures, un jeune y aurait été attaché nu à une chaise, une pomme dans la bouche et une carotte dans les fesses, devant des membres de la brigade et en présence du chef Aurélien Largeau. Des images ont été enregistrées et partagées sur les réseaux sociaux, retirées depuis.

Le Parquet de Bayonne a ouvert à son initiative une enquête préliminaire des chefs d’agression sexuelle et violences. Contacté par Libération, le procureur Jérôme Bourrier précise qu’il n’a été jusqu’ici saisi d’aucune plainte. A la question de savoir si pénétration il y a eu, le Parquet répond ne disposer que «des éléments fournis par Sud-Ouest». Le cas échéant, l’affaire pourrait être requalifiée en viol, affirme le Parquet.

«Les décisions adéquates ont été prises»

Depuis la médiatisation de l’affaire, la direction de l’Hôtel du Palais assure que «cet incident ne reflète pas les valeurs que nous défendons, [qu’] une investigation a été menée et les décisions adéquates ont été prises. La sécurité, la santé et le bien-être de nos collègues, de nos clients et de nos partenaires sont nos priorités absolues», a ajouté une responsable du groupe Hyatt sans faire d’autres commentaires.

Le chef Aurélien Largeau, 31 ans, qui avait été recruté en 2020 pour diriger le restaurant gastronomique de l’hôtel cinq étoiles, était auréolé d’une étoile au guide Michelin depuis l’an dernier. Le chef a démenti «formellement les allégations» portées à son encontre, dénonçant auprès de France Bleu Pays basque des faits «mensongers et diffamatoires». Il a indiqué qu’il prépare sa défense avec ses avocats. Contactée, la ville de Biarritz, principale actionnaire de la société d’économie mixte (Socomix) qui possède les murs du palace, dont la gestion du personnel est déléguée au groupe Hyatt, n’a pas souhaité s’exprimer sur l’affaire. «On a appris l’information par la presse», assure de son côté l’un des administrateurs de la Socomix, Patrick Destizon, conseiller municipal d’opposition à Biarritz. Selon lui, «lors du conseil d’administration tenu le 21 décembre, durant lequel la direction [de l’hôtel] a présenté son rapport de gestion trimestriel, cet épisode n’a pas été évoqué».

Depuis plusieurs années, de multiples témoignages décrivent un milieu de la cuisine française, très masculin et à la réputation violente, dans lequel violence verbale, attouchements, bizutage, agressions sexuelles ne sont pas rares. Il y a trois ans, Libération avait enquêté sur les abus dans ce milieu où les langues sont en train de se délier.

Mais détenu par Altice Media, propriété du milliardaire Patrick Drahi, principal actionnaire de BFM TV depuis 2020, le quotidien Libération a viré sa cuti, s’engageant dans un processus militant de dénonciation qui vise les dominants – sans vraiment se préoccuper des soumis – en adéquation avec le mouvement néo-féministe radical.

Gauche caviar: ‘Le Siècle’ peut-il se reconstruire après l’affaire Duhamel?

Son président  entraînera-t-il ce lieu de pouvoir dans sa chute?

Enquête

Olivier Duhamel entraîne dans sa chute Le Siècle, ce club respecté, un entre-soi de membres co-optés, auquel Duhamel avait été appelé et que cette crème de la crème avait voulu à sa tête en 2010 et conservé pendant dix ans, malgré la rumeur et une plainte. Dans la foulée de son retrait, deux autres figures, Marc Guillaume et Jean Veil, démissionnent elles aussi. Un vieux monde s’effondre… Au point de disparaître ?

Une onde de choc. L’affaire Duhamel éclabousse ainsi une  institution discrète et solidaire, Le Siècle, dont le constitutionnaliste déchu était président. Ils aiment à échanger sur tous les sujets, les affaires et la politique, au cours d’un dîner, des banquiers, des hauts fonctionnaires, des ministres, des journalistes de cour et des universitaires du sérail. Sans prendre aucune décision collective officielle. « Nous, on est là pour amuser la galerie plus qu’autre chose, mais le spectacle du narcissisme de ceux qui se prennent pour une élite est souvent drôle », commente un dilettante soucieux de ne « surtout pas apparaître ».« Vous comprenez, on nous répète tout le temps qu’il faut que tout cela reste entre nous… » 

Le Siècle fait tout pour ne pas apparaître en think tank, mais c’est un lieu de rencontres entre hommes et quelques rares femmes de pouvoir: la parité, c’est tellement vulgaire, n’est-ce pas ? On s’y consulte, on passe des accords et ourdit des complots entre ceux qui         veulent se maintenir au pouvoir et ceux qui intriguent pour étendre leur influence. « A 30 ans, vous y alliez pour vous faire des relations, après pour y rencontrer des esprits jeunes, et quand vous comprenez qu’il n’y a que des vieux, vous n’y allez plus, » raille Alain Minc, qui s’y est beaucoup rendu avant de jeter l’éponge d’un conseil d’administration composé de clones de l’Inspection des finances. « Je n’y vais plus depuis trente ans, » insiste aussi Jacques Attali, un ancien pilier.

Mieux qu’une légion d’honneur, être invité aux dîners du Siècle suffit à signifier une appartenance à cette nomenklatura satisfaite d’elle-même. « Ces agapes transpirent un entre-soi incurable et maladif, » grince un éminent membre, autre  adepte suffisant de l’auto-dérision. Réglés comme un métronome, ces dîners à 250 couverts constituaient jusqu’au 26 février 2020, date à laquelle ils se sont arrêtés pour cause de Covid, les noces mensuelles de cette nouvelle aristocratie.

Le Siècle, nouvelle aristocratie républicaine, dite gauche caviar

On peut être de gauche et nauséabond

Pour la plèbe, quand elle n’ignore pas leur existence, et la gauche extrême, tels les habitués d’AgoraVox, l’appartenance au Siècle est une tache dans le parcours des caciques de la gauche exemplaire, un défaut rédhibitoire qui leur ôte toute légitimité à s’exprimer au nom du peuple. Le Siècle, combien de syndicalistes ?Le Siècle serait-il une sulfureuse confrérie de naufrageurs des droits sociaux ? Une coterie soumise au diktat d’une pensée unique oligarchique résolument tournée vers la quête effrénée de profits et, par conséquent, hostile aux intérêts des classes populaires ? Alors ?…

Fondé en 1944 par le journaliste Georges Bérard-Quélin, Le Siècle est un puissant club dont les membres appartiennent tous, à des titres divers, aux élites de la société française. Parmi ses membres figurent, sans coloration politique dominante, des industriels, des hauts fonctionnaires, des journalistes, des dirigeants d’entreprise, des personnalités politiques, des avocats, des syndicalistes (du Medef), des universitaires et des intellectuels.

Au 1er janvier 2011, Le Siècle comptait… 751 membres et 159 invités, ces derniers, dans l’antichambre de la cooptation comme membres à part entière ou remerciés après un temps de probation pouvant demander parfois des années. Une chapelle, une secte, une franc-maçonnerie, Le Siècle fut présidé (2011-2013) par l’ex-syndicaliste réformiste CFDT Nicole Notat, celle-là même qui s’était fait éjecter sans élégance des manifestations de 1995 pour avoir soutenu le plan Juppé, mais sans cesse pressentie à tous les postes.

En matière de fonctionnement, Le Siècle réunit dix fois par an membres et invités pour un dîner au sein de l’Automobile Club de France dans les salons du prestigieux hôtel Crillon, place de la Concorde. Groupés par tables de huit, les participants échangent sur des thèmes préalablement définis comme cela se pratique lors des rendez-vous événementiels organisés pour les cadres des grands groupes industriels ou commerciaux.

Dès lors, peut-on dire que Le Siècle est un club de réflexion ? Ou, comme le prétendent certains, un think tank ? Sans doute ni l’un ni l’autre, car il n’y a rien à attendre de ces dîners. Certes, il peut surgir ici et là des éléments de réflexion pertinents relativement à l’état de la société ou du contexte socio-économique, mais qu’en faire lorsqu’une table peut réunir des gens aussi divers que Jean-François Copé et Martine Aubry, Ernest-Antoine Sellières (ex-patron du Medef) et Jean-Christophe Le Duigou (membre du conseil d’État en service extraordinaire et militant CGT, ou inversement), Lionel Jospin (trotskiste lambertiste) et Jean-Pierre Raffarin, Olivier Dassault et Serge July (Libération, libertaire) ?

On le voit, Le Siècle n’a rien d’un think tank, cette appellation désignant une force de proposition agissant en direction d’un parti, à l’image du socialiste Terra Nova, think tank en voie d’assèchement. Quant à être un club de réflexion, on peut également en douter fortement, Le Siècle ne produisant pas de travaux formalisés dans des documents publics, auxquels on pourrait se référer. On réfléchit donc beaucoup dans les luxueux salons de l’hôtel Crillon, mais de manière… inter-personnelle, à des fins individuelles.

Quel intérêt des personnalités politiques de gauche comme de droite peuvent-elles trouver à intégrer un club aussi disparate que seul réunit l’ambition ? A priori aucun. Mais a priori seulement, car ces gens-là savent à quel point les réseaux peuvent jouer un rôle important, non seulement pour booster leur carrière, mais également pour donner un coup de pouce à des projets. Le Siècle est en outre le lieu idéal pour percevoir l’évolution de l’état d’esprit des grands dirigeants français dans un contexte planétaire en constante évolution, et cela constitue un atout non négligeable dans l’aide à la prise de décision.

Une chose est sûre : Le Siècle n’est pas, comme cela se dit ici et là, un lieu de complot d’oligarques réunis, tous déterminés à relayer les décisions du Groupe Bilderberg, au détriment des classes populaires et moyennes. Il y a pourtant bel et bien des membres de Bilderberg parmi les membres de ce club réputé respectable (Olivier Duhamel ou Dominique Strauss-Kahn, par exemple), mais ils sont avant tout là pour les mêmes raisons que leurs compagnons de club : pour participer à l’un des dîners mondains les plus chics et les plus fermés du pays, grands patrons et syndicalistes corrompus, sans réciproque à la cantine de la Fête de l’Humanité. 

Le Siècle n’est finalement rien d’autre qu’un grand pince-fesses, la réunion d’hommes et de femmes qui aspirent tout simplement, en dehors de toute idée de complot, à une reconnaissance au-dessus du panier national et à se montrer dix fois par an en « bonne » compagnie.

Le Siècle n’est en définitive rien d’autre qu’un club de vaniteux qui ont besoin des lambris dorés et d’un parterre des rosettes dont on apprend qu’elles peuvent avoir l’odeur du scandale. Navrant !

Mais inépuisable ragoût, si peu ragoûtant soit-il.