La conférence Mélenchon-Hassan sur la Palestine provoque l’indignation générale

« Ils nient l’existence de l’Etat d’Israël »

Le slogan antisémite
« From the river to the sea » efface Israël:
il appelle à sa suppression

Les nombreux messages d’élus français qui s’indignent ce lundi 15 avril de la tenue d’une conférence sur l’« actualité en Palestine » avec Mélenchon, le leader anti-républicain de La France Insoumise, et Rima Hassan, une juriste franco-palestinienne d’ascendance syrienne, 31 ans, naturalisée française en 2010, mais en septième position sur la liste LFI aux élections européennes. En position éligible.

Prévue jeudi 18 avril sur le campus de l’Université de Lille, cette conférence cristallise de nombreuses critiques venues essentiellement de la Macronie, estimant que cette réunion fait abstraction de la situation d’Israël pour se concentrer uniquement sur le sort de Gaza et plus largement de la Palestine. De quoi accuser l’animateur de La France Insoumise et l’un des visages en vogue du parti de faire de la « propagande » en milieu universitaire.

Renaissance s’indigne

Tout démarre avec une  affiche provocante, partagée sur les réseaux sociaux de LFI pour promouvoir cette rencontre en milieu étudiant. Mais très vite, des élus Renaissance ou Horizons pour ne citer qu’eux, montent au créneau pour dénoncer une instrumentalisation de la jeunesse. « Nos amphis ne sont pas des lieux où l’extrême gauche peut manipuler notre jeunesse », déplore le député Horizons Jérémie Patrier-Leitus.

Même chose pour Violette Spillebout, députée Renaissance pour qui le président de l’Université de Lille se doit d’annuler cette conférence de « propagande ». L’élue du Nord et ancienne directrice de cabinet de Martine Aubry se montre d’ailleurs intransigeante en avançant que « ce n’est pas avec ceux qui représentent l’antisémitisme le plus violent et la volonté de destruction d’Israël que les débats progresseront vers la paix ».

Violette Spillebout a d’ailleurs écrit une lettre au président de l’Université pour faire annuler la conférence. Comme ce fut déjà le cas en dernière minute à Rennes pour Mélenchon, le 10 avril, ou pour la militante pro-palestinienne à Sciences Po Bordeaux le 12 avril.

« Liberté d’expression »

Suffisant pour que La France Insoumise sorte du silence. Et le parti politique s’en prend directement au camp du président, estimant que les attaques évoquant de la « propagande » sont en totale opposition avec le format de cette conférence.

« La liberté d’expression, selon les macronistes. On comprend mieux les coups de matraques et les 49.3 », écrit notamment le parti sur son compte X en partageant des images d’amphithéâtres remplis de jeunes (et de moins jeunes) venus assister à des conférences similaires avec le leader ou des élus insoumis.

« Pour une conférence aussi pleine qu’à Nantes et pour défendre la liberté d’expression, RDV à l’Université de Lille le 18 avril », écrit encore le compte officiel du parti.

LR et RN entrent dans la danse

Rima Hassan

Magré cette réponse un brin ironique, d’autres membres de l’Assemblée nationale sont montés en créneau pour dénoncer la tenue de cette conférence organisée avec l’association Libre Palestine de l’Université de Lille, dont la mission principale est la sensibilisation et l’organisation de débats et conférences en soutien au peuple palestinien.

Parmi eux, des élus de la droite, à commencer par Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France. « Nous ne pouvons tolérer, dans une université française, une telle conférence de la France Insoumise, de Jean-Luc Mélenchon et de Rima Hassan qui, à travers le logo ‘Libre Palestine’, nient l’existence de l’État d’Israël », écrit Xavier Bertrand, qui fait ici référence au logo de l’association lilloise.

Mais le président de région va encore plus loin en demandant directement au préfet du Nord d’agir pour « l’annulation » de la conférence.

Le Rassemblement national, s’est lui aussi joint aux critiques des élus de la majorité et de la droite pour demander le retrait de la conférence.

C’est même Sébastien Chenu, lui-même député du Nord et vice-président de l’Assemblée nationale qui s’est fendu d’un tweet indiquant que « tous les parlementaires RN du Nord demandent (aussi) l’interdiction de la conférence », en citant un tweet faisant référence aux prises de paroles de Renaissance et LR.

Ce que Rima Hassan ignore :

La cheffe du groupe présidentiel nommée au CA de France Télévisions: retour aux années 60

Aurore Bergé ne « comprend pas » que des syndicats soient estomaqués par sa nomination

L’intersyndicale de France Télévisions dénonce la nomination d’Aurore Bergé au Conseil d’administration du groupe d’audiovisuel, « alors que « traditionnellement ce sont les président-e-s [sic] des commissions des affaires Culturelles de l’Assemblée nationale et du Sénat qui siègent au Conseil d’Administration de France Télévisions, » selon un communiqué publié vendredi, Aux yeux de l’intersyndicale de France Télévisions, « la Macronie a décidé d’envoyer un message fort en désignant la Présidente de groupe du parti présidentiel. Message reçu, le loup est dans la bergerie et la volonté de reprise en main politique est claire et nette ».

« Je ne comprends absolument pas où est le sujet »

Une indignation que ne comprend pas la cheffe de file des macronards à l’Assemblée nationale. « Je ne comprends absolument pas où est le sujet », a réagi Aurore Bergé. « C’est un poste au Conseil d’administration qui revient à la majorité et qui a été attribué à la députée la plus engagée sur les questions audiovisuelles. J’ai été rapporteuse des projets de loi sur le sujet. J’ai porté l’amendement sur l’enjeu de compensation de la suppression de la contribution audiovisuelle publique pour garantir des moyens pérennes », a-t-elle tenté de se justifier.

La commission des Affaires culturelles de l’Assemblée est de surcroît présidée par la députée Horizons Isabelle Rauch, actuellement. Aurore Bergé en est membre, comme lors de la précédente législature où elle avait pesé sur les dossiers audiovisuels.

Cette provocation est d’autant plus symptomatique que la nomination d’A. Bergé intervient l’année de la suppression de la redevance télé. Une décision qui ajoute à la colère des syndicats de France Télévisions, inquiets de l’indépendance du service public, alors que la NUPES manifeste dans les rues de Paris, ce dimanche.