Atteintes à la laïcité à l’école : hausse de 150% en un an

4.710 signalements, banalisés par contextualisation

Les atteintes à la laïcité à l’école sont en constante augmentation depuis l’assassinat de Samuel Paty en octobre 2020, selon une note des services de l’Etat : sur la seule année scolaire 2022-2023, 4.710 signalements ont été recensés.

Les services gouvernementaux et la presse alignée relativisent cette flambée. Ils opposent ainsi les chiffres à l’année à ceux du seul dernier mois comptabilisé… 720 signalements en octobre pour des atteintes à la laïcité ont été recensés par le ministère de l’Education nationale. Un chiffre plus que doublé par rapport à septembre, avec toujours une forte part des incidents liés au port de tenues religieuses. En septembre, 313 incidents avaient été recensés dans les écoles, collèges et lycées.

Une publication mensuelle des chiffres depuis la rentrée

Ces chiffres étaient auparavant communiqués chaque trimestre, mais leur publication est passée à un rythme mensuel depuis la rentrée, à la demande du ministre de l’Education Pap Ndiaye, qui a promis la « transparence » sur ces sujets qui inquiètent. Au total, 627 incidents avaient été relevés au premier trimestre 2022 (décembre à mars) et 904 au deuxième trimestre (avril à juillet 2021).

Une note des services de l’Etat a pointé mi-octobre la « multiplication » des atteintes à la laïcité. Elle complétait une alerte déjà émise fin août, qui accusait la « mouvance islamiste » de remettre « en cause le principe de laïcité à l’école » en s’appuyant sur les réseaux sociaux, notamment Twitter ou TikTok.

Les « trois explications » de Pap Ndiaye

Pap Ndiaye a mis en cause trois causes à cette forte hausse, dans l’émission Quotidien sur TMC : la viralité des vidéos TikTok, entreprise chinoise, « l’anniversaire de l’assassinat de Samuel Paty« , le professeur d’histoire-géographie décapité le 16 octobre 2020 par un jeune radicalisé tchétchène, et le fait que l’on « encourage très fortement les chefs d’établissements à faire remonter tous les signalements » après les avoir occultés, voire combattus.

Le pouvoir apporte des explications en forme de causes ponctuelles et exceptionnelles. L’essentialisation, c’est bon pour les brutalités des forces de police légitime… Dans le détail, 40% des incidents recensés en octobre le sont pour « port de signes et tenues » religieux, contre 54% en septembre, a précisé le ministère dans un communiqué. Ils concernent « principalement les espaces et temps d’activités hors de la classe ». Viennent ensuite les provocations verbales (14%, contre 5% en septembre), la contestation d’enseignement (12%, contre 7%), le refus des valeurs républicaines (9%, contre 2%), les revendications communautaires (6%, contre 7%), le refus d’activité scolaire (5%, contre 7%).

Le plan laïcité en quatre axes

La majorité des faits a eu lieu en octobre dans des collèges (52%, contre 36% en septembre) et 37% dans des lycées (contre 51% en septembre). Face à cette hausse des signalements, le ministère a envoyé mercredi aux recteurs d’académie une circulaire, qui sera publiée jeudi au Bulletin officiel.

Elle prévoit un « plan en quatre axes » pour mieux protéger la communauté éducative: « sanctionner systématiquement et de façon graduée le comportement des élèves portant atteinte à la laïcité lorsqu’il persiste après une phase de dialogue », « renforcer la protection et le soutien aux personnels« , « appuyer les chefs d’établissement en cas d’atteinte », « renforcer la formation des personnels et en premier lieu celle des chefs d’établissement ».

Plusieurs syndicats de personnels de direction avaient demandé ces dernières semaines des « consignes claires » pour faire appliquer le principe de laïcité à l’école. Quand un chef d’établissement doit « engager une procédure disciplinaire » qui peut « s’avérer délicate » et qu’il décide de réunir le conseil de discipline, il peut le « délocaliser » dans « un autre établissement ou un service départemental de l’Education nationale » si les circonstances le nécessitent, indique cette circulaire…

Coup de sang de Zora Bitan, née de parents algériens, cadre de la fonction publique territoriale, ancienne conseillère municipale PS de l’opposition à Thiais, membre de la Licra et ex-porte-parole de Manuel Valls  :

L’Italie va délocaliser en Albanie l’accueil de clandestins abandonnés par les ONG vertueuses

L’Albanie est un Etat non membre de l’UE et à 57% musulman

L’Italie va ouvrir deux centres en Albanie pour accueillir des clandestins rescapés du trafic d’êtres humains par des passeurs, en vertu d’un accord signé lundi à Rome par la première ministre Giorgia Meloni avec son homologue albanais Edi Rama.

Ce que Macron n’obtient pas des pays du Maghreb, Meloni l’accomplit avec son voisin. Ces deux centres gérés par l’Italie, opérationnels au printemps 2024, pourront accueillir jusqu’à 3.000 migrants, soit environ 39.000 par an, selon les prévisions des services du gouvernement.

Ces « deux structures d’entrée et d’accueil temporaire des immigrés sauvés en mer » permettront de « mener rapidement les procédures de traitement des demandes d’asile ou les éventuels rapatriements« .

Dans le centre de premier accueil et de triage situé au port de Shengjin (nord) auront lieu les procédures de débarquement et d’identification, tandis que le centre de Gjader, une localité située à une vingtaine de kilomètres, sera chargé des procédures ultérieures.

Les deux centres, placés sous juridiction italienne, bénéficieront de la collaboration des forces de police albanaises pour les activités de sécurité et de surveillance.

Cet accord italo-albanais « ne concerne pas les mineurs, les femmes enceintes, et les personnes vulnérables« , a précisé Mme Meloni lors de déclarations à la presse au siège du gouvernement au côté de M. Rama.

Confrontée à un afflux de migrants depuis janvier (145.000 contre 88.000 en 2022 sur la même période), l’Italie a fait appel à la solidarité de ses partenaires européens, sans grand résultat jusqu’ici.

« Si l’Italie lance un appel, l’Albanie répond présente« , a affirmé Edi Rama, s’attirant le soutien de Mme Meloni pour… entrer dans l’Union européenne.

« L’Albanie confirme qu’elle est un pays ami et, bien qu’elle ne fasse pas encore partie de l’UE, elle se comporte comme si elle était un Etat membre« , a-t-elle affirmé. « Je suis fière que l’Italie soit depuis toujours au nombre des pays soutenant l’élargissement aux Balkans occidentaux ».

L’Italie est le premier partenaire commercial de l’Albanie et les échanges entre les deux pays représentent 20% du PIB albanais.

L’opposition au gouvernement de coalition de Mme Meloni s’est élevée contre la signature de cet accord.

Elle institue « une véritable déportation en violation flagrante du droit international », selon les mots du député de l’Alliance Verts et Gauche Angelo Bonelli, visiblement atteint par un renversement des valeurs typique de la gauche que n’interpelle pas le trafic entretenu par les passeurs et les ONG.

« Le principe du non-refoulement est clair et ne peut pas être contourné. Nous ne pouvons pas tolérer que le droit d’asile soit vidé de sa substance à travers des accords prévoyant de déplacer des personnes [migrantes] dans un pays hors UE sans garanties suffisantes pour leurs droits fondamentaux« , a-t-il dénoncé, mettant ainsi en cause la République parlementaire d’Albanie, bien qu’elle soit membre associé de l’Union européenne depuis 2006.

JO : produire ses mascottes en peluche localement, c’est trop compliqué pour Macron

Notre Tom Cruise doit délocaliser en Chine la production de son emblème des JO Paris 2024

Le gland de l’Elysée a renoncé à produire le Phryge en France. Le Phryge est la mascotte officielle des Jeux olympiques et paralympiques qui doivent se tenir en 2024 à Paris, en France. Il s’agit d’un bonnet phrygien, symbole de la Révolution et de la République française, dépeint de manière anthropomorphe.

Entre le symbole de la liberté, utilisé par les révolutionnaires de l’après-1789, et les Jeux Olympiques de Paris 2024, il y a la décadence d’une nation érigée en emblème. Les « Phryges », surnom donné aux mascottes des JO d’été prévus au coeur de la capitale sont aujourd’hui à la source d’une polémique. Les petites figurines rouges qui reprennent les codes du célèbre bonnet républicain, porté par la Marianne, vont être produites et fabriquées en Chine, avant de revenir sur le Vieux continent à l’occasion de l’événement sportif, ont confirmé les organisateurs.

Des JO d’été, qui lors de l’édition précédente à Tokyo en 2020, ont attiré plus de 3 milliards de téléspectateurs, selon le comité olympique. Pour ses jeux, Paris s’est aussi positionnée sur le volet de « l’excellence environnementale ». Mais la production des mascottes en circuit court a fait flop.

Alors que la faiblesse du tissu industriel français s’était révélée au grand jour lors de la crise de Covid avec la pénurie de masques et de produits anesthésiants et même de Paracetamol, alors que notre glorieux Institut Pasteur se révélai incapable de produire un vaccin, mais fait la chasse aux legs de biens immobiliers pour survivre, finalement les mascottes seront « made in China », ce qui a fait réagir le gouvernement.

Les géants industriels de la peluche ne sont plus en France. Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a admis que la fabrication en Chine de la quasi-totalité des peluches servant de mascottes aux JO de Paris 2024 est « un problème ». Interrogé par France info sur cette production chinoise, le ministre a répondu à la journaliste : « Vous me l’apprenez »! Et d’envoyer un message au comité d’organisation dont fait partie la Ville de Paris : « je veux croire qu’on a encore quelques mois avant que les JO ne se tiennent pour être capables de corriger le sujet ».

Mais un an plus tard, ces peluches seront bien toyjours fabriquées en Chine pour la quasi-totalité, « comme la très grande majorité des peluches vendues en France », indiquent les organisateurs des JO de Paris.

Alors que les Phryges arrivent dans la boutique officielle des produits dérivés située, dans le quartier des Halles, au cœur de Paris, le comité compte bien sur les recettes de ventes pour combler un budget que certains parlementaires prévoient déjà déficitaire.

Le marché de ces peluches a été confié aux entreprises françaises Gipsy et Doudou et Compagnie qui se le partagent.

Contrairement à Gipsy, qui fabrique en Chine, Doudou et Compagnie prévoit de produire 15% de son quota dans son usine à Guerche-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) qui s’agrandira pour l’occasion. Dans cette usine seront réalisés le rembourrage, l’assemblage et la couture. Mais les matières premières et les préparations des pièces détachées viendront de Chine.

Au total, 8% des peluches devraient être fabriquées en France, avait précisé le comité d’organisation (Cojo) au cours de la conférence de presse lundi.

Vers une relocalisation des Phryges ?

Tony Estanguet, JO Paris 2024,
Après trois titres olympiques, Tony Estanguet devient en 2017 le président de Paris 2024.

Questionné sur une éventuelle « relocalisation d’urgence de la production en France » de ces peluches, Christophe Béchu a répondu:  « réagir à chaud sur une information que vous me donnez je le fais avec plaisir, vous dire dans le détail ce qu’il faut être capable de faire… vous me posez la question est-ce qu’il y a un problème, je vous réponds il y a un problème ».

« On ne va pas se retrouver, au moment où on explique qu’il faut des circuits courts et relocaliser, avec une production de mascottes qui se fait au bout du monde y compris quand on défend la perspective de lutter contre le réchauffement climatique, ce qui suppose de favoriser ce qui se fabrique à proximité », a encore commenté le ministre.

La toute première mascotte olympique est d’ailleurs apparue en France en 1968, à l’occasion des jeux olympiques d’hiver de Grenoble. Baptisée « Shuss » et faite en tissu, elle était, avant la mondialisation, fabriquée dans des ateliers en France.

Le Cojo table sur deux millions d’exemplaires de peluches vendus. Outre la boutique en ligne officielle et celle des Halles, les mascottes seront vendues chez Carrefour qui est un des sponsors des JO, mais aussi dans les magasins de jouets spécialisés. Or, français ou pas, c’est bien le genre de gadget qu’il faut éviter d’acheter, puisque la quasi totalité de ces trucs finira dans une décharge.Et seulement 20% de sa production donnera du travail à l’usine de La Guerche-de-Bretagne, près de Vitré (Ille-et-Vilaine).

Sur Europe 1, Gaspard Proust est atterré :

2024 : le défilé du 14 juillet n’aura pas lieu sur les Champs-Elysées

Macron relocalise l’industrie mais délocalise la Fête nationale

Château de Vincennes,
symbole de l’oppression royale,
en 1784.
En mars 1804, les fossés du fort son aussi le lieu de 
l’exécution du Duc d’Enghien

Le défilé militaire du 14 Juillet 2024 se déroulera sur les 3,5 km entre Vincennes et place de la Nation, à Paris, a annoncé Macron, lors de son discours aux Armées, ce jeudi 13 juillet 2023. Cette délocalisation s’explique du fait de la présence de la flamme olympique, puisque la capitale accueille les JO 2024.

La présence de la flamme olympique fera que le défilé de la Fête nationale du 14 juillet 2024 sera organisé entre Vincennes et la Nation, au lieu de la traditionnelle avenue des Champs-Elysée, et que la flamme du souvenir sera supplantée par la torche olympique.

« L’an prochain, la flamme olympique illuminera notre défilé entre Vincennes et la Nation », a expliqué le président, rappelant qu’il se déroulerait quelques jours avant les Jeux Olympiques de Paris-2024.

Une fois de plus, Macron inverse les valeurs républicaines

Dépourvu de culture historique et de références nationales, le quadra semble inconscient de ses lacunes. A moins qu’il n’hésite pas à les bafouer. « Vous serez engagés dans le cadre de vos missions intérieures pour aider à sécuriser ces événements de portée mondiale », a-t-il expliqué aux militaires. « Certains d’entre vous participeront aussi aux compétitions» qui débuteront le 26 juillet.

Le principe actif de Doliprane, Efferalgan et Dafalgan a été délocalisé en Chine et aux Etats-Unis

La France a perdu son indépendance pharmaceutique

L’Institut Pasteur n’a pas eu la capacité de concevoir un vaccin contre le coronavirus, a la différence des pays réellement a la pointe de la recherche, les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l’Allemagne ou le Royaume-Uni. Le cycle du déclassement de la France se poursuit. Macron, au pouvoir depuis dix ans, a-t-il abandonné la relocalisation de toute la production du paracétamol annoncée sur trois ans?

Lors du comité d’entreprise d’octobre 2007, Rhodia a annoncé le projet d’arrêt de l’atelier APAP (Acetaminophen) qui se trouve dans l’usine du Roussillon à l’horizon 2008.  Dans l’atelier APAP, on procédait à la dernière étape de fabrication du paracétamol à partir du PAP (4-aminophenol). L’APAP est vendu aux clients SANOFI, UPSA, GSK… Le prix de vente au kilo était alors de l’ordre de 4€, ce qui revenait à moins de 5 centimes d’euro pour une boite de 16 comprimés 500mg (soit moins de 2% du prix de vente public d’une boite).

Rhodia était l’un des principaux groupes de l’industrie chimique française, spécialisé dans la chimie fine, mais en 2011 la société a fait l’objet d’une OPA lancée par le groupe belge Solvay.

Où en est le projet lancé par le gouvernement le 18 juin 2020, avec l’aide des industriels français Sanofi, Upsa et Seqens? Si le médicament final – vendu sous les marques Doliprane, Efferalgan et Dafalgan – est bien produit en France, son principe actif (4-aminophenol) a été délocalisé depuis bien longtemps, comme bien d’autres… Mais les acteurs français se mobilisent, car si l’Efferalgan et le Dafalgan sont assemblés par Upsa en Nouvelle-Aquitaine, à Agen et au Passage d’Agen (Lot-et-Garonne), les « producteurs » français sont des assembleurs qui ne disposent pas du principe actif produit notamment par les Chinois Wenzhou ou Weifang.

L’APAP sera fabriqué dans une usine du groupe qui se trouve à Wuxi, dont les coûts de production permettent de tenir tête à la concurrence.

L’usine de Wuxi a réussi à produire les 8.000 tonnes annuels (précédemment fabriqué sur le site du Roussillon) sans perturbation de la chaine d’approvisionnement pour les anciens clients du site de Rhodia.

EGE Ecole de Guerre Economique

21 Décembre’21

Relocalisation « de souveraineté » : le cas d’école du Paracétamol

paracétamol

Le paracétamol est le principe actif de nombreux médicaments, dont les trois antalgiques les plus prescrits en France (noms commerciaux : Doliprane, Dafalgan, Efferalgan). C’est donc l’un des principes actifs les plus évocateurs dans l’opinion publique.

Dès le début de la crise du COVID, le paracétamol est recommandé en qualité d’antidouleur et d’antipyrétique (faire baisser la fièvre). Assistant à une ruée dans les pharmacies, l’ANSM contraint les pharmaciens à rationner la vente de médicament à base de paracétamol afin d’éviter une pénurie.

Un emblème qui pose un problème

C’est ainsi que le paracétamol devient un sujet d’actualité traité sous l’angle de la souveraineté. L’enjeu porte sur la continuité d’approvisionnement du principe actif importé essentiellement d’Asie. A ce même moment, les industriels pharmaceutiques voulaient être rassurant en confirmant que toutes les mesures étaient prises pour éviter la rupture de la « supply chain » avec les partenaires en charge du principe actif.

Un an plus tard, la relocalisation du paracétamol est actée et communiquée au grand public alors que le phénomène de désindustrialisation de la fabrication des principes actifs était en marche depuis une trentaine d’années. Le candidat retenu pour produire à nouveau sur le territoire national est l’industriel SEQENS.  

Effet d’aubaine pour ce dernier ou véritable enjeu industriel ? On peut se poser la question. L’enchaînement des informations alarmistes a-t-il laissé le choix à l’Etat ? Le paracétamol était-il le principe actif à rapatrier en priorité ou pouvait-on envisager d’autres principes actifs, voire d’autres investissements dans le secteur pharmaceutique ?  Autant de questions qui n’ont pas été soulevées.

Retour sur la fermeture du site de Rhodia en 2007

Lors du comité d’entreprise d’octobre 2007, Rhodia annonce le projet d’arrêt de l’atelier APAP (Acetaminophen) qui se trouve dans l’usine du Roussillon à l’horizon 2008.  Dans l’atelier APAP, on procède à la dernière étape de fabrication du paracétamol à partir du PAP (4-aminophenol).  L’APAP est vendu aux clients SANOFI, UPSA, GSK… Le prix de vente au kilo est de l’ordre de 4€, ce qui revient à moins de 5 centimes d’euro pour une boite de 16 comprimés 500mg (soit moins de 2% du prix de vente public d’une boite).

La raison avancée lors du comité d’entreprise est un environnement concurrentiel extrêmement tendu : les producteurs basés en Chine tel que Wenzhou ou Weifang, et la pression concurrentielle de l’américain Mallinckrodt.

L’étude de coût comparatif se résume au prix au kilo, mais à aucun moment on adresse l’impact environnemental dû à un processus de production polluant en Chine, ni le bon état général de l’outil de production du site du Roussillon. Les possibilités de re négociation avec les clients avortent immédiatement du fait de la hausse excessive demandée. Rhodia exigeait un passage de 4€ à 5€ du kilo, alors que le point d’équilibre se trouvait à 4,20 €, selon les représentants du personnel.

La délocalisation vers la Chine

Malgré de nombreux effort, le groupe dit se voir dans l’obligation de stopper cette activité, au détriment de 43 emplois directs. Rhodia prend la posture du faible et dit « subir » la concurrence, incapable de mener la bataille. Ce projet est annoncé comme élément d’un repositionnent stratégique, et l’axe de travail « bienveillant » est mis sur la reconversion des salariés (qu’il s’agisse de Rhodia ou du gouvernement de l‘époque). La décision est confirmée en mars 2008, l’atelier cessera son activité en fin d’année.  L’APAP sera fabriqué dans une usine du groupe qui se trouve à Wuxi, dont les coûts de production permettent de tenir tête à la concurrence.

L’usine de Wuxi a réussi à produire les 8000 tonnes annuels (précédemment fabriqué sur le site du Roussillon) sans perturbation de la chaine d’approvisionnement pour les anciens clients du site de Rhodia.

L’acceptation de la dépendance

La fermeture de l’atelier APAP dans le Roussillon a fait l’objet de très peu d’articles dans la presse. C’était défaitiste que l’on commentait les tarifs de productions chinois extrêmement compétitifs (mais à aucun moment l’incapacité du groupe à concurrencer l’américain Mallinckrodt). Seuls les élus syndicaux se sont manifestés contre le manque de pugnacité du groupe pour conserver la production en Roussillon. Personne ne se souciait de la nature des outils de production (polluant), de l’indépendance européenne dans la production des principes actifs, ni de désindustrialisation.

 Il s’en suit une communication à minima et à sens unique. Aujourd’hui, c’est l’entreprise à capitaux français Seqens qui fabrique toujours dans ses usines de Wuxi Chine le principe actif. Seqens dont l’ancien nom de groupe est Novacap, qui avait acquis Rhodia en 2011.

Durant la période 2009 à COVID, la question de la dépendance de la France en matière pharmaceutique ne devient pas un élément prépondérant  du débat public. La crainte de pénurie n’est relayée que très rarement.  Ce qui fait débat jusqu’en décembre 2019 relève de deux éléments : d’une part, la délivrance du paracétamol est uniquement en pharmacie et par le pharmacien (et non en accès libre) et d’autre part,  le fait que ce médicament n’est pas génériquable (au sens où : si le nom de marque figure  sur l’ordonnance, alors, le pharmacien ne peut pas proposer une autre marque).

De la première vague de COVID à l’annonce de la relocalisation

Quatre ans plus tard, les stocks sont-ils reconstitués ?

Le premier acteur audible : L’académie nationale de pharmacie (ANP) fait état le 12 février 2020 de l’impact potentiel de la COVID sur les approvisionnements et insiste sur l’urgence de relocaliser la production de matière première- les principes actifs- en France et Europe. « Il faut relocaliser la production des matières premières pharmaceutiques ». Ce communiqué est dans la continuité des précèdent rapports ; il rappelle l’importance de retrouver une indépendance au niveau européen, en particulier pour les « médicaments indispensables », tels que les antibiotiques, les anticancéreux … mais pas du paracétamol en priorité.

Le 15 Juin 2020, le consul général de France en Chine (Benoit Guidée) était accueilli dans l’usine de Seqens à Wuxi. Au plus fort de la pandémie, notons le remerciement des équipes locales pour leur implications dans la montée en cadence de production du principe actif (APAP), symbole de l’amitié franco-chinoise et de la confiance de l’état français face à sa dépendance vis-à-vis de l’unité de production chinoise. Le lendemain, Emmanuel Macron en visite dans l’usine Sanofi de Lyon évoque l’initiative de relocaliser la production et le conditionnement de médicament sur le sol français, dont le paracétamol.

L’hypothèse de la relocalisation du paracétamol est reprise en août 2020 par Nicolas Biz, directeur projets du laboratoire Seqens. Les militants CGT chimie en font état en septembre 2020 sur le media local France Bleue Isère, puis au niveau national dans le journal l’humanité le 16 octobre. Au-delà d’une prise de conscience générale, la volonté d’autonomie stratégique fait consensus, le paracétamol pourrait en faire partie selon un article des échos du 25 novembre 2020. La décision est officialisée au début de l’été 2021 par Seqens  et dans la presse française.  

L’aveuglement général

Au cours du dernier trimestre 2020, le paracétamol est devenu le symbole de la souveraineté du plan France relance. Le focus informationnel reprend la dialectique : souveraineté et emploi, alors que l’indépendance n’est pas de fait. 

Point essentiel ayant peu de résonnance : l’investissement de l’Etat via BPI dans Seqens pour la relocalisation, alors que le groupe Seqens est en vente depuis février 2021.

Au-delà de la transparence de l’allocation des fonds publics, pas de lisibilité sur l’assurance de la pérennité de l’investissement et des contreparties obtenues.

La matière première (PAP) nécessaire à la production de l’APAP provient de Chine et de Seqens pour le site du Roussillon. Les excipients nécessaires à l’incorporation du principe actif sont également importés.  On ne parle pas du contrôle ou des accords quant au prix de transfert pour éviter de « délocaliser » la marge ? En d’autres termes, à combien est acheté le PAP aujourd’hui et dans un an ?  Quelles sont les exigences de l’Etat qui investit via BPI ?

Les leçons de 2008 ne sont pas à l’ordre du jour. Quelle réflexion sur les raisons profonde de la fermeture, et comment s’assurer de ne pas faire les mêmes erreurs ?

Rentabilité versus survie sanitaire

Une fois la production rapatriée en France, l’opération est-elle rentable avec les nouveaux modes de production ? Le prix du comprimé va-t-il rester stable, car si le bilan final est l’augmentation du comprimé, c’est le système de remboursement assurance maladie qui paiera. Sur ce point, Jean Casteix rassure les salariés de l’usine d’UPSA lors de sa visite du 29 juillet 2O21  « Afin de favoriser le maintien de ces emplois sur votre territoire, le Gouvernement a décidé de stabiliser le prix du paracétamol jusqu’au 31 décembre 2024 ». On comprend donc qu’en cas de hausse de coût de production de l’APAP, c’est l’Etat qui paiera, et donc le risque est assuré avec de l’argent public jusqu’à fin 2024.

L’étude de la concurrence internationale n’est pas non plus le sujet. En quoi le nouveau site va être compétitif dans un environnement international, où les concurrents ne vont certainement pas rester contemplatifs. L’état peut-il exiger des industriels à la fois un prix du médicament bas, et ignorer le contexte concurrentiel auquel ils font face.  

Une autre grille de lecture

La chronologie des évènements, guidés par l’effet médiatique de l’annonce de possible pénurie, interroge sur la nature et le bien fondé de la décision. On se pose la question du rapport de force entre l’Etat français et l’industrie pharmaceutique en matière d’investissement et des contreparties obtenues. L’appui des associations de pharmaciens combiné au récent intérêt de l’opinion public et à la volonté d’emploi, a-t-il laissé le choix aux décideurs politiques et facilité la lucidité en matière d’investissement ?

C’est le choix d’investissement pour le paracétamol (très évocateur pour la sphère publique) qui manque de justification par rapport à d’autres molécules. Le paracétamol a pris le dessus dans le champ médiatique alors que des ruptures d’approvisionnement en cascade étaient indiquées en avril 2020 : curares, propofol, midazolam, antibiotique augmentin sous tension.

Est-ce que l’APAP est l’avenir dans la chaine de valeur de l’industrie pharmaceutique française ? Enfin, et d’autant plus que le groupe Seqens est en vente, pourquoi n’a-t-on pas exigé un partenariat public/privé qui laisserait du poids à la participation de l’Etat ?

Le mot souveraineté à tout prix, sans stratégie industrielle, a également fait disparaitre la notion de projet commun et la dimension humaine du projet. C’est l’incapacité ou le refus de l’Etat à associer les représentants du personnel du secteur de la pharmacie – les syndicats – à la re construction du tissu industriel. Les salariés du Roussillon sont à nouveau pris en étau entre politique et industriel, et non come parties prenantes du projet.

Symbole de souveraineté en temps de COVID, l’avenir dira si le paracétamol est l’acte 1 de la bataille pour le re amorçage d’une politique industrielle dans le secteur pharmaceutique ou la continuité de la gestion du déclin guidée par des décisions politiques prises dans l’instant, et dont le plan de communication informationnel est au premier plan.

Rationnement du Paracétamol pour éviter la rupture en France

Depuis un an, Seqens devait réussir à produire du paracétamol en France

Le Doliprane est actuellement toujours produit en France mais pas son principe actif même si le producteur est français.
Le producteur de Doliprane est français, mais
son principe actif est toujours importé

Spécialisé dans la fabrication de principes actifs, le français Seqens va construire une unité de production ultra-performante dans l’Hexagone au prix d’un investissement de 100 millions d’euros, annonçait-on en juin 2021 avec le lancement de la construction d’une nouvelle unité de production de paracétamol. « Ce projet se fera en partenariat avec Sanofi et UPSA et avec le soutien du programme France Relance ». Sanofi et Upsa s’engageaient alors sur 10 ans à le rentabiliser.

En septembre 2021, le Premier ministre, Jean Castex, inaugurait le nouveau laboratoire de contrôle qualité du groupe Seqens à Roussillon, en Isère. Il témoignait ainsi de l’intérêt porté par le gouvernement à cette entreprise de fabrication sous contrat de principes actifs pharmaceutiques, qui assurerait la relocalisation, en France, de la production de paracétamol pour le Doliprane et l’Efferalgan notamment.

Afin d’écarter un risque de rupture de stock, les mesures visant à rationner l’usage de paracétamol sont maintenues. En pharmacie, la dispensation sur ordonnance doit être privilégiée. La dispensation sans ordonnance doit être limitée à deux boîtes par patient.

Or, depuis plusieurs semaines, le paracétamol, sous formes orales et de suppositoire, fait l’objet de tensions d’approvisionnement en pharmacie de ville. La distribution pour les officines est actuellement contingentée en volume. 

Ces difficultés sont causées par une augmentation constante de la consommation de cet antalgique, du fait de l’épidémie de Covid-19 et de sa position de médicament de première intention dans la prise en charge de la fièvre et des douleurs. A l’approche de l’hiver et de son cortège d’infections saisonnières, une consommation soutenue de paracétamol est attendue.

Dans ce contexte, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), en accord avec le Collège de la médecine générale et les syndicats de pharmaciens (FSPF et USPO), maintient les mesures de rationnement mises en place au cours de l’été pour limiter une aggravation de la situation. Ces mesures s’adressent aux pharmaciens d’officine et à leurs collaborateurs ; elles sont étendues aux médecins, dont la liberté de prescription est restreinte.

En complément de ces mesures sur le terrain, les laboratoires concernés – français ou étrangers ? – « optimisent leur production » – par des importations ? – pour permettre un approvisionnement continu sur l’ensemble du territoire.

En pharmacie : différencier les dispensations avec ou sans prescription médicale 

En pharmacie, il est demandé aux équipes officinales, dans la mesure du possible :

  • de privilégier la dispensation du paracétamol sur ordonnance, tout en adaptant la délivrance selon les besoins individuels des patients ;
  • en l’absence de prescription, de limiter la dispensation à 2 boîtes par patient ;
  • de limiter la vente en ligne de paracétamol. 

Qu’il s’agisse de paracétamol prescrit ou non, il est recommandé d’inscrire les dispensations réalisées dans le dossier pharmaceutique des patients, avec leur accord. 

Des « consignes » aux prescripteurs

Il est également demandé aux prescripteurs de participer à ces mesures :  

  • en évitant de prescrire du paracétamol aux patients qui n’en ont pas un besoin immédiat ;
  • en privilégiant, si la situation le permet, une posologie de 3 prises par jour espacées de 8 heures (au lieu de 4 prises par jour espacées  6 heures, correspondant à la posologie maximale).

Conseils aux patients 

Le paracétamol est le médicament de première intention pour traiter une fièvre ou des douleurs (sauf contre-indication). L’ANSM rappelle que l’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) n’est pas à privilégier, en particulier chez l’enfant, et qu’ils sont contre-indiqués à partir du début du sixième mois de grossesse.

L’ANSM précise que « bien qu’il s’agisse d’un traitement de première intention, il n’est pas utile de surstocker le paracétamol dans les pharmacies familiales »…

Covid-19: annonce de l’arrivée du premier médicament

Il réduirait par deux les risques d’hospitalisation et de décès

Alors que Sanofi renonce à l’ARN messager pour son vaccin contre la Covid, le médicament oral contre le coronavirus va-t-il bientôt être commercialisé ? C’est en tout cas la demande qu’à fait le laboratoire américain Merck à l’agence sanitaire américaine. En cas d’accord, il s’agirait du premier médicament commercialisé contre la Covid. Selon un essai clinique, il a réduit par deux les risques d’hospitalisation et de décès de patients atteints de la covid-19.

Merck va demander l’autorisation de l’agence des médicaments américaine (FDA) pour un traitement par voie orale contre la covid-19 qui « réduit de façon significative les risques d’hospitalisation ou de décès », a annoncé l’entreprise, vendredi.

Si elle est autorisée, cette pilule antivirale appelée le molnupiravir serait le premier médicament de ce type à être mis sur le marché pour traiter la Covid-19, ce qui constituerait une évidente avancée dans la lutte contre la pandémie.

Merck, aussi appelé MSD hors des Etats-Unis, affirme que ce médicament développé avec la société de biotechnologie Ridgeback Biotherapeutics (Miami) et appelé le molnupiravir, permet de diviser par deux les risques d’hospitalisation et de décès, selon les résultats d’un essai clinique.

Durant l’essai clinique mené sur 775 personnes, le taux d’hospitalisation ou de décès chez les patients ayant reçu le médicament était de 7,3 %, contre 14,1 % chez ceux ayant eu un placebo.

Aucun décès n’a été constaté chez les personnes traitées avec le molnupiravir, contre 8 dans le deuxième groupe.

En complément du vaccin

Plusieurs experts ont souligné l’importance de pouvoir consulter l’ensemble des données cliniques et ont insisté sur le fait que ce genre de traitement serait à prendre en complément du vaccin.

Mais Peter Horby, professeur spécialisé dans les maladies infectieuses émergentes à l’université d’Oxford, appelle de ses voeux « un antiviral oral sûr, abordable et efficace serait un énorme progrès dans la lutte contre la Covid ».

« Le molnupiravir semblait prometteur en laboratoire, mais le véritable test consistait à déterminer s’il présentait des avantages chez les patients. De nombreux médicaments échouent à ce stade, donc ces résultats intermédiaires sont très encourageants », a-t-il souligné dans un message cité par l’organisme britannique Science Media Centre.

Un traitement facile à administrer

Les antiviraux agissent en empêchant le virus de se répliquer. Leur application peut être double : à la fois permettre aux personnes déjà atteintes de la maladie de ne pas souffrir de symptômes graves, mais aussi à celles ayant été en contact rapproché de ne pas la développer.

Ce type de traitement par comprimés, facile à administrer, est très attendu et vu comme une façon efficace de combattre la pandémie. Mais de manière générale, les médicaments antiviraux n’ont jusque-là pas été très convaincants contre le Covid.

Le marché étant potentiellement énorme, plusieurs laboratoires se sont mis sur le créneau, comme la biotech Atea Pharmaceuticals et le laboratoire Roche qui étudient l’efficacité d’un traitement comparable, appelé AT-527.

Pfizer a annoncé lundi avoir commencé un essai clinique de grande ampleur pour sa propre pilule anti-Covid, afin de tester sa capacité à réduire à titre préventif les risques d’infection chez l’entourage d’une personne ayant contracté la maladie.

Le virus continuant à circuler et la majorité des solutions disponibles nécessitant de se rendre dans un établissement de santé, « les traitements antiviraux qui peuvent être pris à la maison pour garder les personnes infectées par le Covid-19 hors de l’hôpital sont absolument nécessaires », a affirmé dans le communiqué Wendy Holman, une responsable de Ridgeback Biotherapeutics.

10 millions de traitements d’ici à la fin de l’année

Le problème pour les antiviraux comme celui de Merck est qu’ils doivent être pris avant que les patients ne soient généralement considérés « comme suffisamment malades pour avoir besoin d’autre chose qu’un traitement contre les symptômes », remarque Peter English, ancien directeur du comité de santé publique de l’Association des médecins britanniques.

Les antiviraux contre la grippe ou les boutons de fièvre par exemple ne sont efficaces que s’ils sont pris très tôt, rappelle-t-il auprès du Science Media Centre.

« Ce n’est pas un médicament miracle, mais un outil pour accompagner la vaccination », avance de son côté sur Twitter Peter Hotez, professeur au Baylor College of Medicine de Houston au Texas, qui s’inquiète par ailleurs de la possible apparition d’une certaine résistance au médicament s’il est largement utilisé.

Merck, par anticipation, a en tout cas déjà commencé la production de molnupiravir à grande échelle et prévoit de fabriquer les doses nécessaires pour 10 millions de traitements d’ici à la fin de l’année.

La fonderie MBF Aluminium liquidée dans le Jura

284 salariés sont privés d’emplois entre les deux tours des régionales.

Le tribunal de commerce de Dijon a prononcé la liquidation judiciaire de la fonderie MBF Aluminium installée à Saint-Claude (Jura). 284 salariés sont privés d’emplois.

Après des mois de mobilisation, les salariés de la fonderie MBF Aluminium ont pris connaissance de la décision du tribunal de commerce de Dijon, en Côte-d’Or. Mardi 22 juin, il a prononcé la liquidation judiciaire de l’entreprise. En fermant l’usine, la justice entraîne le licenciement de 284 salariés.

Renault et Peugeot délocalisent
en dépit de Macron, président inaudible, qui avait promis, dans l’épidémie de Covid-19, de relocaliser

Le 28 août dernier, en déplacement chez le groupe pharmaceutique Seqens, Macron avait annoncé 15 milliards d’euros pour la relocalisation dans le plan de relance. Ils seraient consacrés à l’innovation et à la relocalisation industrielle. Mais cette nouvelle fonderie n’est pas innovante et les drames humains ne suscitent aucune compassion dans la macronie… A Paris, on est content avec un « accompagnement social » des licenciés: combien d’entre eux la majorité présidentielle laissera-t-elle une deuxième fois sur le bord de la route ?

Depuis le 4 novembre 2020, le site était en redressement judiciaire tandis que les candidats à la reprise ont bénéficié de délais supplémentaires pour affiner leur offre. Le plan de reprise de l’entrepreneur lyonnais Mikaël Azoulay qui prévoyait de maintenir 210 salariés a été écarté. « Cette offre permettait de ne pas mourir mais elle n’a pas suffi » regrette Nail Yalcin, délégué syndical CGT.

« On n’a qu’un seul repreneur et on a l’impression que tout le monde lui met des bâtons dans les roues. (Koray Sukran, délégué syndical SUD de l’usine MBF Aluminium)

Le tribunal a opté pour la liquidation du fait du manque de trésorerie de la fonderie, bien que le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté ait voté une aide de 500 000 euros en ce sens pour payer les salaires et donner un délai supplémentaire au candidat à la reprise.

Lien Le Monde: Renault met en vente la Fonderie de Bretagne, les salariés « ne se laisseront pas faire »

Des salariés « dépités » (France 3 Bourgogne-Franche Comté)

Dépités? Vendredi 21 mai, les salariés de la fonderie MBF Aluminium avaient menacé de faire sauter leur entreprise à Saint-Claude dans le Jura. LIEN

« Les salariés de la fonderie MBF Aluminium menacent de faire sauter leur entreprise à Saint-Claude dans le Jura.

Pour sauver leur entreprise, les salariés de MBF Aluminium avaient déjà lancé une grève de la faim. Ce vendredi 21 mai, ils ont installé des bouteilles de gaz et d’oxygène dans leur usine, à Saint-Claude dans le Jura. Ils menacent de la faire sauter si l’offre du seul repreneur n’est pas acceptée.

Voilà des semaines qu’ils se mobilisent, enchaînant les actions, pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur le sort de leur fonderie, qui emploie 280 personnes, et qui est sérieusement menacée de fermeture. Ce vendredi 21 mai, des salariés de MBF Aluminum, à Saint-Claude dans le Jura, ont disposé des bouteilles d’oxygène et de gaz dans leur usine. Alors que le tribunal de commerce de Dijon s’est donné jusqu’au 25 mai pour se prononcer sur l’unique offre de reprise, arrivée tardivement, ils menacent de faire sauter le bâtiment. “On est prêts à tout sacrifier”, affirme Koray Sukran, délégué SUD. “Aujourd’hui, on voit les signaux au rouge”, explique-t-il, “On demande que ça se décante, que les signaux passent au vert, sinon, on reste là”

La fonderie MBF Aluminium liquidée dans le Jura
MBF Aluminium, fabricant de carters de moteurs et d’éléments de boites de vitesse pour le secteur automobile basé à Saint-Claude (Jura).

Au centre de la colère des salariés : le sentiment que le projet de Mickaël Azoulay, le seul à vouloir reprendre la fonderie, n’est pas sérieusement étudié. “ Il est arrivé en disant ‘J’ai une certaine somme’, et là on lui en demande le double, en disant ‘Si vous n’avez pas, ça va coincer’, mais il y a d’autres repreneurs qui avaient beaucoup moins”, s’énerve Koray Sukran. “Sous prétexte qu’il n’a aucune connaissance du milieu, et, je crois, surtout qu’il ferait partir un peu trop de l’encadrement, ça ne va pas”, souffle le représentant dy syndicat révolutionnzire trotskiste. Pour les salariés, si Mickaël Azoulay n’est pas un spécialiste de la fonderie, et que son projet ne sauverait que 229 des 280 emplois, son offre devrait être acceptée. « L’expérience et le professionnalisme, ce sont ceux qui sont dans les ateliers, ceux qui se démènent qui les ont !”. “Même si l’équipe dirigeante ou proche de l’ancienne direction s’en va, la boutique tournera quand même”, affirme Koray Sukran. 

« On n’a qu’un seul repreneur et on a l’impression que tout le monde lui met des bâtons dans les roues. »

(Koray Sukran, délégué syndical SUD de l’usine MBF Aluminium)

Le sort de MBF Aluminium doit être scellé ce mardi 25 mai. Les salariés qui occupent l’usine craignent que le tribunal de commerce de Dijon préfère liquider les actifs de l’entreprise, plutôt que de donner une chance au repreneur. Le représentant dénonce “tous les vautours, tous ceux qui veulent faire les fossoyeurs en attendant que MBF se casse la gueule, et qui veulent venir récupérer les outils de production et les murs”.

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Des salariés en grève de la faim 

Depuis une cinquantaine de jours, les salariés de MBF sont largement mobilisés. Ils ont organisé des manifestations, des opérations escargot, un tour de France des fonderies, un blocage de péage, et quatre d’entre eux ont même déjà commencé une grève de la faim. Leurs représentants accusent notamment Stellantis (ex PSA) d’avoir diminué les commandes prévues à leur entreprise, et de les mettre en difficulté. Ces actions visaient notamment à attirer l’attention du gouvernement, actionnaire de Stellantis.

Depuis le mardi 18 mai, quatre salariés mènent donc une grève de la faim. “On a quatre camarades qui risquent leur vie, et apparemment ça ne choque personne”, tacle Koray Sukran, “on ne voulait pas rester inactifs, alors qu’eux risquent leur vie là-bas”. Ils ont d’abord été devant le ministère de l’Economie, en espèrant pouvoir rencontrer Bruno Le Maire. « On pensait qu’avec l’initiative de la grève de la faim, on aurait pu être reçu », explique Naïl Yalcin, représentant CGT et gréviste de la faim, « mais non, ça n’a rien changé, il n’en a rien à foutre ».

Ce vendredi, ils se sont rendus à Nevers, dans la Nièvre, dans l’espoir de rencontrer le président de la République qui y était en déplacement. « On a essayé de voir notre président de l’interpeller » raconte le délégué CGT, « J’ai l’impression qu’il n’y a que le chef de l’Etat qui pourrait demander à Renault et à PSA de garder une filière fonderie en France et MBF dans ce giron-là ». Mais ils ont dû se contenter d’une réunion avec l’un de ses représentants, à la préfecture. « Jusqu’à maintenant, on était dans une logique de construction, de dialogue et de discussion. Mais s’il faut en arriver là, ben on y arrive. »

Après la grève de la faim de plusieurs salariés pour attirer l’attention du président de la République et du premier ministre, un entretien avec le ministre de l’Economie n’a pas non plus abouti au soutien politique escompté. « Selon moi, les fonds de l’Etat ne servent à rien et les ministres peuvent se reconvertir en chauffeurs de corbillard », n’hésite pas à dire Nail Yalcin.

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A l’annonce du jugement, les salariés qui s’étaient déplacés à Dijon se sont laissé gagner par la tristesse et la colère en taguant, retournant et incendiant un véhicule siglé MBF Aluminium devant la cité judiciaire. « La colère s’exprime. On privilégie le dialogue depuis 83 jours mais la stratégie opérée est politique. Je suppose qu’il y a eu des discussions entre l’Etat et les constructeurs qui veulent délocaliser en Europe car MBF Aluminium est la troisième fonderie à fermer en quelques semaines. » Lors de l’assemblée générale qui réunira les salariés, le délégué syndical consultera ses collègues et son avocat pour activer tous les leviers à sa disposition. « Il y a toujours un recours possible » conclut Nail Yalcin.

Lien PaSiDupes: à venir

Reprise de France Rail Industry par une entreprise… britannique

Il faut oser le dire.

Comme souhaitée par Bercy, la création d’« une filière franco-française » de rails, comme souhaitée par Bercy, aura bien lieu. Jeudi 23 juillet, la chambre commerciale du tribunal judiciaire de Strasbourg a autorisé… l’indo-britannique Liberty Steel à reprendre France Rail Industry (FRI), principal fournisseur de rails de la SNCF établi à Hayange (Moselle), ainsi que l’un de ses fournisseurs d’acier, l’usine Ascoval de Saint-Saulve (Nord).

Alors qu’en juin dernier il clamait sa volonté de relocaliser l’automobile française, Bruno Le Maire applaudit en juillet à la vente à l’étranger d’un fournisseur de rails pour la SNCF, ainsi rendue dépendante de deux pays hors Union européenne.

« C’est une bonne nouvelle [sic] et une étape importante pour les sites d’Hayange et Ascoval », s’est félicité Le Maire, tout en rappelant qu’« il reste néanmoins quelques éléments importants à régler avec Liberty avant que le ministre [de l’Economie] puisse formellement autoriser cet investissement », FRI étant considéré comme une entreprise « stratégique ».

Le gouvernement positive cet échec.

Aucun repreneur français ne s’est manifesté et Bercy raconte donc qu’il souhaitait réunir à l’occasion de la restructuration – à l’avantage d’étrangers – l’aciérie de Saint-Saulve et le laminoir d’Hayange pour former une entité unique de production de rails, en France, mais détenu par Liberty Steel. Les deux sites sont déjà liés par un contrat pour la fourniture de 140.000 tonnes par an pendant quatre ans de blooms (barres d’acier) par Ascoval à Hayange, destinés à la fabrication de rails pour SNCF Réseau. « C’est cohérent [de réunir Ascoval et FRI], on recrée une filière franco-française, on peut s’en réjouir », a estimé Gérard Glas, président du site mosellan, rappelant que le pays « n’avait plus de filière de produits longs depuis 2006 ». Il n’en a pas davantage maintenant…

Réactions contrastées

Du côté des syndicats, les réactions sont contrastées. Nacim Bardi, délégué CGT à Ascoval, qui compte un peu plus de 260 salariés, s’est, pour sa part, félicité : « C’est une excellente nouvelle […]. A partir du moment où l’aciérie rentre dans une filière intégrée en amont et en aval, il y a plus de stabilité au niveau financier, on va chercher le point d’équilibre beaucoup plus facilement, et cela nous permet après d’avoir des perspectives et d’anticiper sur d’autres marchés », a approuvé M. Bardi, tant que les emplois sont sauvés.

A Hayange, site sidérurgique mosellan qui emploie environ 450 personnes, Djamal Hamdani, représentant CFDT, s’est montré plus nuancé : « On avait le choix entre ArcelorMittal et Liberty, entre la peste et le choléra, et le moins pire des deux, c’était Liberty. » « On souhaite que l’Etat s’engage. On veut des garanties sur les investissements et sur le maintien des salariés », a nuancé le syndicat réformiste, très mitigé

L’intersyndicale (CFDT, CFE-CGC et FO) de FRI était en faveur d’une reprise par le chinois Jingye, également dans la course à la reprise avec l’indien Arcelor-Mittal. Pas très européen, ni sur la ligne officielle du refus des délocalisations.

Les syndicats auraient lâché la proie pour l’ombre. En mars, Jingye avait repris British Steel, en faillite, mais n’avait pas pu reprendre son usine mosellane, le ministère de l’Economie n’ayant pas rendu son avis.

Croissance forte

Le projet industriel de Liberty, huitième producteur d’acier mondial hors Chine, prévoit le maintien de la capacité de production, des emplois et des accords sociaux, avec 31 millions d’euros d’investissement, a rappelé M. Glas. « Liberty a une croissance assez forte, ce qui doit représenter pour nous des opportunités pour livrer nos produits à des usines du groupe, en aval de notre aciérie », s’est félicité Cédric Orban, directeur d’Ascoval.

« Cette acquisition est une bonne nouvelle », ont abondé dans un communiqué commun Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France, et Laurent Degallais, président de Valenciennes Métropole, rappelant la mobilisation « depuis plusieurs années pour pérenniser l’activité de l’aciérie Saint-Saulve ».

Un pis-aller que chacun la sidérurgie européenne accepte, menacée par les surcapacités de production, la concurrence de la Chine, de la Russie et de la Turquie (insuffisamment contenue par les quotas européens) et trois mois de crise sanitaire, qui ont entraîné une chute de plus de 50 % de la production d’acier. A croire que la crise sanitaire n’a frappé ni la Grande-Bretagne, ni l’Inde…

La mauvaise foi n’est pas en recul en France; à la différence de son industrie.