Le principe actif de Doliprane, Efferalgan et Dafalgan a été délocalisé en Chine et aux Etats-Unis

La France a perdu son indépendance pharmaceutique

L’Institut Pasteur n’a pas eu la capacité de concevoir un vaccin contre le coronavirus, a la différence des pays réellement a la pointe de la recherche, les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l’Allemagne ou le Royaume-Uni. Le cycle du déclassement de la France se poursuit. Macron, au pouvoir depuis dix ans, a-t-il abandonné la relocalisation de toute la production du paracétamol annoncée sur trois ans?

Lors du comité d’entreprise d’octobre 2007, Rhodia a annoncé le projet d’arrêt de l’atelier APAP (Acetaminophen) qui se trouve dans l’usine du Roussillon à l’horizon 2008.  Dans l’atelier APAP, on procédait à la dernière étape de fabrication du paracétamol à partir du PAP (4-aminophenol). L’APAP est vendu aux clients SANOFI, UPSA, GSK… Le prix de vente au kilo était alors de l’ordre de 4€, ce qui revenait à moins de 5 centimes d’euro pour une boite de 16 comprimés 500mg (soit moins de 2% du prix de vente public d’une boite).

Rhodia était l’un des principaux groupes de l’industrie chimique française, spécialisé dans la chimie fine, mais en 2011 la société a fait l’objet d’une OPA lancée par le groupe belge Solvay.

Où en est le projet lancé par le gouvernement le 18 juin 2020, avec l’aide des industriels français Sanofi, Upsa et Seqens? Si le médicament final – vendu sous les marques Doliprane, Efferalgan et Dafalgan – est bien produit en France, son principe actif (4-aminophenol) a été délocalisé depuis bien longtemps, comme bien d’autres… Mais les acteurs français se mobilisent, car si l’Efferalgan et le Dafalgan sont assemblés par Upsa en Nouvelle-Aquitaine, à Agen et au Passage d’Agen (Lot-et-Garonne), les « producteurs » français sont des assembleurs qui ne disposent pas du principe actif produit notamment par les Chinois Wenzhou ou Weifang.

L’APAP sera fabriqué dans une usine du groupe qui se trouve à Wuxi, dont les coûts de production permettent de tenir tête à la concurrence.

L’usine de Wuxi a réussi à produire les 8.000 tonnes annuels (précédemment fabriqué sur le site du Roussillon) sans perturbation de la chaine d’approvisionnement pour les anciens clients du site de Rhodia.

EGE Ecole de Guerre Economique

21 Décembre’21

Relocalisation « de souveraineté » : le cas d’école du Paracétamol

paracétamol

Le paracétamol est le principe actif de nombreux médicaments, dont les trois antalgiques les plus prescrits en France (noms commerciaux : Doliprane, Dafalgan, Efferalgan). C’est donc l’un des principes actifs les plus évocateurs dans l’opinion publique.

Dès le début de la crise du COVID, le paracétamol est recommandé en qualité d’antidouleur et d’antipyrétique (faire baisser la fièvre). Assistant à une ruée dans les pharmacies, l’ANSM contraint les pharmaciens à rationner la vente de médicament à base de paracétamol afin d’éviter une pénurie.

Un emblème qui pose un problème

C’est ainsi que le paracétamol devient un sujet d’actualité traité sous l’angle de la souveraineté. L’enjeu porte sur la continuité d’approvisionnement du principe actif importé essentiellement d’Asie. A ce même moment, les industriels pharmaceutiques voulaient être rassurant en confirmant que toutes les mesures étaient prises pour éviter la rupture de la « supply chain » avec les partenaires en charge du principe actif.

Un an plus tard, la relocalisation du paracétamol est actée et communiquée au grand public alors que le phénomène de désindustrialisation de la fabrication des principes actifs était en marche depuis une trentaine d’années. Le candidat retenu pour produire à nouveau sur le territoire national est l’industriel SEQENS.  

Effet d’aubaine pour ce dernier ou véritable enjeu industriel ? On peut se poser la question. L’enchaînement des informations alarmistes a-t-il laissé le choix à l’Etat ? Le paracétamol était-il le principe actif à rapatrier en priorité ou pouvait-on envisager d’autres principes actifs, voire d’autres investissements dans le secteur pharmaceutique ?  Autant de questions qui n’ont pas été soulevées.

Retour sur la fermeture du site de Rhodia en 2007

Lors du comité d’entreprise d’octobre 2007, Rhodia annonce le projet d’arrêt de l’atelier APAP (Acetaminophen) qui se trouve dans l’usine du Roussillon à l’horizon 2008.  Dans l’atelier APAP, on procède à la dernière étape de fabrication du paracétamol à partir du PAP (4-aminophenol).  L’APAP est vendu aux clients SANOFI, UPSA, GSK… Le prix de vente au kilo est de l’ordre de 4€, ce qui revient à moins de 5 centimes d’euro pour une boite de 16 comprimés 500mg (soit moins de 2% du prix de vente public d’une boite).

La raison avancée lors du comité d’entreprise est un environnement concurrentiel extrêmement tendu : les producteurs basés en Chine tel que Wenzhou ou Weifang, et la pression concurrentielle de l’américain Mallinckrodt.

L’étude de coût comparatif se résume au prix au kilo, mais à aucun moment on adresse l’impact environnemental dû à un processus de production polluant en Chine, ni le bon état général de l’outil de production du site du Roussillon. Les possibilités de re négociation avec les clients avortent immédiatement du fait de la hausse excessive demandée. Rhodia exigeait un passage de 4€ à 5€ du kilo, alors que le point d’équilibre se trouvait à 4,20 €, selon les représentants du personnel.

La délocalisation vers la Chine

Malgré de nombreux effort, le groupe dit se voir dans l’obligation de stopper cette activité, au détriment de 43 emplois directs. Rhodia prend la posture du faible et dit « subir » la concurrence, incapable de mener la bataille. Ce projet est annoncé comme élément d’un repositionnent stratégique, et l’axe de travail « bienveillant » est mis sur la reconversion des salariés (qu’il s’agisse de Rhodia ou du gouvernement de l‘époque). La décision est confirmée en mars 2008, l’atelier cessera son activité en fin d’année.  L’APAP sera fabriqué dans une usine du groupe qui se trouve à Wuxi, dont les coûts de production permettent de tenir tête à la concurrence.

L’usine de Wuxi a réussi à produire les 8000 tonnes annuels (précédemment fabriqué sur le site du Roussillon) sans perturbation de la chaine d’approvisionnement pour les anciens clients du site de Rhodia.

L’acceptation de la dépendance

La fermeture de l’atelier APAP dans le Roussillon a fait l’objet de très peu d’articles dans la presse. C’était défaitiste que l’on commentait les tarifs de productions chinois extrêmement compétitifs (mais à aucun moment l’incapacité du groupe à concurrencer l’américain Mallinckrodt). Seuls les élus syndicaux se sont manifestés contre le manque de pugnacité du groupe pour conserver la production en Roussillon. Personne ne se souciait de la nature des outils de production (polluant), de l’indépendance européenne dans la production des principes actifs, ni de désindustrialisation.

 Il s’en suit une communication à minima et à sens unique. Aujourd’hui, c’est l’entreprise à capitaux français Seqens qui fabrique toujours dans ses usines de Wuxi Chine le principe actif. Seqens dont l’ancien nom de groupe est Novacap, qui avait acquis Rhodia en 2011.

Durant la période 2009 à COVID, la question de la dépendance de la France en matière pharmaceutique ne devient pas un élément prépondérant  du débat public. La crainte de pénurie n’est relayée que très rarement.  Ce qui fait débat jusqu’en décembre 2019 relève de deux éléments : d’une part, la délivrance du paracétamol est uniquement en pharmacie et par le pharmacien (et non en accès libre) et d’autre part,  le fait que ce médicament n’est pas génériquable (au sens où : si le nom de marque figure  sur l’ordonnance, alors, le pharmacien ne peut pas proposer une autre marque).

De la première vague de COVID à l’annonce de la relocalisation

Quatre ans plus tard, les stocks sont-ils reconstitués ?

Le premier acteur audible : L’académie nationale de pharmacie (ANP) fait état le 12 février 2020 de l’impact potentiel de la COVID sur les approvisionnements et insiste sur l’urgence de relocaliser la production de matière première- les principes actifs- en France et Europe. « Il faut relocaliser la production des matières premières pharmaceutiques ». Ce communiqué est dans la continuité des précèdent rapports ; il rappelle l’importance de retrouver une indépendance au niveau européen, en particulier pour les « médicaments indispensables », tels que les antibiotiques, les anticancéreux … mais pas du paracétamol en priorité.

Le 15 Juin 2020, le consul général de France en Chine (Benoit Guidée) était accueilli dans l’usine de Seqens à Wuxi. Au plus fort de la pandémie, notons le remerciement des équipes locales pour leur implications dans la montée en cadence de production du principe actif (APAP), symbole de l’amitié franco-chinoise et de la confiance de l’état français face à sa dépendance vis-à-vis de l’unité de production chinoise. Le lendemain, Emmanuel Macron en visite dans l’usine Sanofi de Lyon évoque l’initiative de relocaliser la production et le conditionnement de médicament sur le sol français, dont le paracétamol.

L’hypothèse de la relocalisation du paracétamol est reprise en août 2020 par Nicolas Biz, directeur projets du laboratoire Seqens. Les militants CGT chimie en font état en septembre 2020 sur le media local France Bleue Isère, puis au niveau national dans le journal l’humanité le 16 octobre. Au-delà d’une prise de conscience générale, la volonté d’autonomie stratégique fait consensus, le paracétamol pourrait en faire partie selon un article des échos du 25 novembre 2020. La décision est officialisée au début de l’été 2021 par Seqens  et dans la presse française.  

L’aveuglement général

Au cours du dernier trimestre 2020, le paracétamol est devenu le symbole de la souveraineté du plan France relance. Le focus informationnel reprend la dialectique : souveraineté et emploi, alors que l’indépendance n’est pas de fait. 

Point essentiel ayant peu de résonnance : l’investissement de l’Etat via BPI dans Seqens pour la relocalisation, alors que le groupe Seqens est en vente depuis février 2021.

Au-delà de la transparence de l’allocation des fonds publics, pas de lisibilité sur l’assurance de la pérennité de l’investissement et des contreparties obtenues.

La matière première (PAP) nécessaire à la production de l’APAP provient de Chine et de Seqens pour le site du Roussillon. Les excipients nécessaires à l’incorporation du principe actif sont également importés.  On ne parle pas du contrôle ou des accords quant au prix de transfert pour éviter de « délocaliser » la marge ? En d’autres termes, à combien est acheté le PAP aujourd’hui et dans un an ?  Quelles sont les exigences de l’Etat qui investit via BPI ?

Les leçons de 2008 ne sont pas à l’ordre du jour. Quelle réflexion sur les raisons profonde de la fermeture, et comment s’assurer de ne pas faire les mêmes erreurs ?

Rentabilité versus survie sanitaire

Une fois la production rapatriée en France, l’opération est-elle rentable avec les nouveaux modes de production ? Le prix du comprimé va-t-il rester stable, car si le bilan final est l’augmentation du comprimé, c’est le système de remboursement assurance maladie qui paiera. Sur ce point, Jean Casteix rassure les salariés de l’usine d’UPSA lors de sa visite du 29 juillet 2O21  « Afin de favoriser le maintien de ces emplois sur votre territoire, le Gouvernement a décidé de stabiliser le prix du paracétamol jusqu’au 31 décembre 2024 ». On comprend donc qu’en cas de hausse de coût de production de l’APAP, c’est l’Etat qui paiera, et donc le risque est assuré avec de l’argent public jusqu’à fin 2024.

L’étude de la concurrence internationale n’est pas non plus le sujet. En quoi le nouveau site va être compétitif dans un environnement international, où les concurrents ne vont certainement pas rester contemplatifs. L’état peut-il exiger des industriels à la fois un prix du médicament bas, et ignorer le contexte concurrentiel auquel ils font face.  

Une autre grille de lecture

La chronologie des évènements, guidés par l’effet médiatique de l’annonce de possible pénurie, interroge sur la nature et le bien fondé de la décision. On se pose la question du rapport de force entre l’Etat français et l’industrie pharmaceutique en matière d’investissement et des contreparties obtenues. L’appui des associations de pharmaciens combiné au récent intérêt de l’opinion public et à la volonté d’emploi, a-t-il laissé le choix aux décideurs politiques et facilité la lucidité en matière d’investissement ?

C’est le choix d’investissement pour le paracétamol (très évocateur pour la sphère publique) qui manque de justification par rapport à d’autres molécules. Le paracétamol a pris le dessus dans le champ médiatique alors que des ruptures d’approvisionnement en cascade étaient indiquées en avril 2020 : curares, propofol, midazolam, antibiotique augmentin sous tension.

Est-ce que l’APAP est l’avenir dans la chaine de valeur de l’industrie pharmaceutique française ? Enfin, et d’autant plus que le groupe Seqens est en vente, pourquoi n’a-t-on pas exigé un partenariat public/privé qui laisserait du poids à la participation de l’Etat ?

Le mot souveraineté à tout prix, sans stratégie industrielle, a également fait disparaitre la notion de projet commun et la dimension humaine du projet. C’est l’incapacité ou le refus de l’Etat à associer les représentants du personnel du secteur de la pharmacie – les syndicats – à la re construction du tissu industriel. Les salariés du Roussillon sont à nouveau pris en étau entre politique et industriel, et non come parties prenantes du projet.

Symbole de souveraineté en temps de COVID, l’avenir dira si le paracétamol est l’acte 1 de la bataille pour le re amorçage d’une politique industrielle dans le secteur pharmaceutique ou la continuité de la gestion du déclin guidée par des décisions politiques prises dans l’instant, et dont le plan de communication informationnel est au premier plan.

Deux laboratoires étrangers « intéressés par les capacités de Sanofi »

Mais le Français ne se résoud pas à la sous-traitance

Selon Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’Industrie, deux laboratoires "ont manifesté un intérêt pour les capacités" de production de Sanofi.

Deux laboratoires ont manifesté un intérêt pour avoir accès aux capacités de Sanofi. Pour l’un, son vaccin a été mis sur le marché, l’autre est en devenir.

De quels laboratoires Sanofi va-t-il devenir le sous-taitant dans la production de vaccins contre la Covid-19? Lors d’un entretien au Parisien ce lundi, Agnès Pannier-Runacher confirme que « deux [laboratoires, ndlr] ont manifesté un intérêt pour les capacités » de production de Sanofi.

L’exécutif n’en est plus à craindre un « déclassement de la France »

Sans dire leurs noms, la ministre déléguée à l’Industrie a donné un indice. Il y aurait un vaccin « qui a été mis sur le marché » et pour l’autre il « est en devenir ».

Le vaccin de l’américano-belge Janssen, dont on peut espérer une mise sur le marché au mois de mars ou avril, pourrait être l’une des pistes. La semaine dernière, la ministre déléguée chargée de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher avait déjà évoqué deux vaccins: celui de Pfizer et celui de l’américano-belge Janssen, dont les premiers retours s’avèrent très encourageants et dont on peut espérer une mise sur le marché au mois de mars ou avril.

Une « baisse de rendement »

AstraZeneca, qui doit obtenir une approbation fin janvier pour son vaccin, a également annoncé une « baisse de rendement » sur un site de fabrication. Le laboratoire a déjà prévenu l’Union européenne qu’il compte réduire ses livraisons de 60% au premier trimestre, à 31 millions de doses. La Commission européenne avait réservé jusqu’à 400 millions de doses de ce vaccin.

Sur CNEWS et aux Echos, le président du Conseil européen, Charles Michel, a réclamé dimanche que les entreprises pharmaceutiques fassent preuve de « transparence » sur les raisons des retards de livraison des vaccins contre le Covid annoncés par AstraZeneca et Pfizer.

En Italie, l’annonce de ces retards ne passe pas. Les services du Premier ministre ont activé le conseil juridique de l’Etat pour étudier les modalités d’une plainte éventuelle.

Aux Pays-Bas, deuxième nuit d’émeutes après l’imposition d’un couvre-feu pour lutter contre la pandémie

Le vaccin est-il distribué au faciès politique: Béziers l’attend toujours…

Le centre de vaccination de Béziers est prêt, mais les doses n’arrivent pas

La gestion jacobine de la crise sanitaire se double d’une discrimination politique

La réalité du terrain diffère de la propagande. Elle dit que, ce samedi 9 janvier, « à 8h ! », le docteur France Brel et son équipe – le service de santé publique de la caserne Saint-Jacques de Béziers – ont vacciné 18 professionnels de santé de plus de 50 ans ou à risque (ayant une comorbidité, une pathologie pouvant entraîner, en cas d’infection, une forme grave du coronavirus). Soignants, laborantins, secrétaires médicales, aides à domicile, professionnels du transport sanitaire ont donc été vaccinés ce samedi. Mais dire pour autant que la campagne de vaccination est lancée serait de la désinformation.

« Une montée en puissance dès la semaine à venir »: il y a anguille sous roche dans ce commentaire…

Souligner que l’opération débute « trois jours avant la date initialement prévue » constitue un autre indice d’une possible entourloupette : « Nous devions recevoir les doses de vaccins mardi, explique Bénédicte Firmin, l’adjointe à la santé. Mais Robert Ménard a téléphoné au préfet jeudi soir, en lui demandant d’accélérer le processus et nous les avons reçues vendredi. » Vingt doses que certains maires doivent quémander et faire livrer en express…

« Immédiatement, » raconte Midi Libre, « le docteur France Brel et le personnel soignant du centre biterrois se sont mis au travail pour préparer la séance de vaccination de samedi. Tout s’est très bien passé et l’équipe va pouvoir monter en puissance dès la semaine à venir »: monter en puissance, à partir de 20 doses, voilà qui devrait être possible dans la sixième puissance mondiale… : les doubler ou les tripler ne serait encore pas un exploit jupitérien.  « Nous avons pu étudier le circuit à mettre en place, les différents protocoles, la manipulation des produits, se réjouit le médecin, qui officie au centre de vaccination de Béziers depuis 23 ans. Je suis vraiment très satisfaite. Nous allons rattaquer dès lundi ! » Au Royaume-Uni, ils vaccinent jour et nuit, 24h/24: pas question de prendre un weekend ! Les vétérinaires sont réquisitionnés: quiconque sait faire une piqure est au front: le problème est en France d’avoir les aiguilles de la bonne longueur: elle varie selon qu’on fait du sous-cutané ou de l’intra-musculaire et Véran n’a pas prévu ça, pas plus que les ARS…

Autre aspect de la campagne de désinformation: « les Français sont réfractaires », « rétifs » et «  » , diffusent les entreprises de sondage et les media. Ce qui justifierait que seulement 516 personnes aient été piquées au 1er janvier: la France ne disposait donc pas d’un nombre de volontaires à la hauteur de l’offre gouvernementale de vaccins ?

Peuplé par seulement 8 millions d’habitants, l’Etat hébreu a déjà vacciné 13,8 % de sa population, selon un tweet de la ministre de la Santé, Yuli Edelstein, posté le 4 janvier au matin.

Vaccination : Chine, Etats-Unis, Israël, Italie… Où en sont les autres pays dans leurs campagnes ?

« Où en sont les autres pays dans leurs campagnes ? », titre même le Parisien, semblant s’inquiéter des autres. En fait, pour ne pas s’attarder plus que nécessaire (du point de vue de l’exécutif) sur les lenteurs effarantes de la France et son retard humiliant, si dommageable soit-il pour la santé de sa population, le journal subventionné adopte un biais qui en dit long sur la manipulation médiatique de l’opinion.

Vaccination : Chine, Etats-Unis, Israël, Italie… Où en sont les autres pays dans leurs campagnes ?

Huit soignants par session de vaccination ! En temps normal, les vaccinations sont assurées au centre biterrois par un médecin et deux infirmières. Mais il peut recevoir le renfort de trois médecins vacataires et de deux infirmières. « Ce n’est pas de trop, » commente le quotidien régional, sans qu’on sache pourquoi: huit personnels pour dix-huit doses injectées !

De plus en plus de gens devraient vouloir se faire vacciner. En ayant pris soin d’avoir préalablement réservé un rendez-vous. Car, pour ne pas gaspiller de doses, les commandes de vaccins se font, en effet, en fonction du nombre de patients attendus« , insiste Midi Libre, avec une tendance macronarde marquée à culpabiliser les Français, d’autant plus qu’ils sont Biterrois : « Lors de la prise de rendez-vous, nous vérifions qu’il n’y a pas de contre-indication au vaccin, ajoute France Brel, qui s’attend à une nette montée en puissance [Des livraisons ou des volontaires? Pourvu donc que les doses arrivent au rythme des demandeurs… ]. Nous allons accueillir de plus en plus de monde [c’est l’aveu que les Biterrois attendent les vaccins]« . Et France Brel diffuse la doxa: « Plus les gens vont se faire vacciner et plus la crainte du vaccin va diminuer. C’est toujours le cas quand il y a un nouveau vaccin. » Elle est médecin généraliste au C.R.E.S (Comité Régional d’Education pour la Santé, association s’adressant à tous les professionnels du sanitaire, du social et de l’éducation de la région ) 39 Avenue Charles Flahault (SCE de Santé publique) à 34000 Montpellier. A la date du 12 janvier, dans l’Hérault, le taux d’incidence était de 177 cas positifs pour 100 000 habitants, le seuil d’alerte étant placé à 200 cas positifs. 

« Dès » le lundi 18 janvier, la deuxième phase de la campagne de vaccination débutera. Elle s’étendra aux personnes âgées de 75 ans et plus, hors Ehpad. Pour cette vaccination, le ministre de la Santé a annoncé six centres de vaccination par département en dehors des hôpitaux, évoquant un choix de proximité, à raison d’un centre pour 100 000 habitants. Pour certains, comme pour le professeur Reynes, il en faudrait bien plus : « Pour moi, il va être difficile de vacciner une portion on négligeable de la population avec seulement quelques sites par département. » Avant d’ajouter : « Il en faut dans les petites villes et dans les grands villages comme Béziers, Sète, Lodève, Gignac, Clermont l’Hérault. On ne peut pas laisser les gens faire des centaines de kilomètres pour se faire vacciner. »

Trois centres (et bientôt six, un jour) dans le département. « La prise de rendez-vous permet également d’éviter tout engorgement de la structure. D’autant qu’il n’y a que trois centres de vaccination dans le département : le CHU de Montpellier, le centre départemental, lui aussi situé à Montpellier et celui de Béziers qui va d’ailleurs devoir songer à s’étendre en créant une antenne dans un autre lieu. Ses locaux dans la caserne Saint-Jacques, où l’on ne vaccine pas seulement que contre le Covid, ne sont pas adaptés à la vaccination de masse ». En sachant qu’à terme, ce sont des milliers de personnes qui devront être vaccinées dans le Biterrois, soit, on peut le dire, plus de 92.000 citoyens.

Poudre aux yeux, selon le maire? Robert Ménard : « Le premier jour il y avait seulement 20 vaccins »

« Le premier jour d’ouverture du centre vaccinal à Béziers, il y avait seulement 20 vaccins », révèle Robert Ménard, invité de La Matinale de CNEWS, ce matin. Le maire de Béziers déplore le manque de doses de vaccins disponibles. LIEN Facebook

54% des Français affirment avoir l’intention de se faire vacciner contre le coronavirus, selon un sondage exclusif Ifop-Fiducial pour CNEWS et Sud Radio, dévoilé ce jeudi 14 janvier.

« Rush sur la vaccination », titre Ouest France. Mais, d’ajouter « le premier ministre Jean Castex demande aux Français d’être patients« . Le locataire de Matignon a-t-il choisi le bon endroit, Metz (Moselle), et le bon moment, jeudi 14 janvier, en visite à un centre de vaccination et à un centre de prise de rendez-vous ?

«La lenteur de la vaccination française est un symptôme de notre déclassement»

Tribune d’Antoine Levy dans Le Figaro

Le Royaume-Uni a déjà vacciné 1 million de personnes alors que la France au soir du 30 décembre n’en était qu’à 138, rappelle Antoine Levy. L’économiste et doctorant au MIT dresse une liste des différents dénis de notre administration qui expliquent ce retard ainsi que huit solutions potentielles pour le combler.

Au soir du 30 décembre, après 4 jours de vaccination, 138 personnes avaient reçu une dose d’immunisation contre le Covid en France. En une dizaine de jours, les États-Unis ont vacciné près de 3 millions de personnes. Israël, dans le même temps, a administré la première dose du vaccin à 7.5% de sa population (l’équivalent de près de 5 millions de Français), dont près de 30% des plus de soixante ans, les plus fragiles, ce qui lui permet d’entrevoir la fin de l’épidémie pour le début du mois de février. Le Royaume-Uni, un pays comparable au notre en population, a déjà vacciné près d’un million de personnes. L’Allemagne, handicapée par la même lenteur d’approbation du vaccin que la France (celle de l’Agence Européenne du Médicament et de sa coupable négligence) et armée de doses attribuées de manière symétrique, a commencé sa campagne le même jour : elle a vacciné, en trois jours, près de 80 000 citoyens, à un rythme qui s’accélère chaque jour.
L’ampleur surréaliste de l’échec français interroge ; elle ne devrait pourtant pas surprendre. La lenteur de la campagne de vaccination française, n’est que la suite logique de notre gestion des masques, des tests, du traçage, de l’isolation. C’est le symptôme d’un déclassement et d’un appauvrissement organisationnel et technologique effarant. C’est aussi le produit de l’arrogance d’un État imbu de lui-même et imperméable à la critique, de la suffisance d’une administration et d’une classe politique auto-satisfaites, boursouflées, et incapables de la dose d’humilité nécessaire pour faire machine arrière et s’inspirer simplement de ce qui fonctionne ailleurs. C’est en somme la révélation de la disparition totale de notre state capacity, la faculté de l’action publique à agir efficacement tout en préservant les libertés, la simple capacité d’accomplir quelque chose en commun.

Cinq raisons s’imposent, d’évidence, pour expliquer cet échec, cinq dénis de réalité.

Le premier des dénis, c’est celui du primat absolu de la logistique. « L’intendance suivra », aime-t-on à répéter en France depuis le Général, et l’on semble fier d’y confier son ignorance de ces questions bassement matérielles. Voilà que, comme un symbole, l’on entend le présumé grand ordonnateur de la stratégie vaccinale française, Alain Fischer, se gausser à la télévision en avouant, sans y voir la moindre contradiction avec son rôle, qu’il « ne connaît pas grand-chose à la logistique », comme s’il s’agissait là d’un domaine bien trop vulgaire pour un homme de sa trempe. Il faut voir dans ce mépris de l’organisation concrète l’origine de l’échec français dans l’approvisionnement en masques, qui n’a fonctionné que dès qu’il a été confié aux acheteurs de la grande distribution, dont c’est le métier ; ou dans la réquisition des laboratoires vétérinaires, dont on n’a pas su dès février inventorier la capacité en tests. La gestion publique de la Santé n’est pas organisée pour peser et arbitrer des contraintes de ressources en temps réel. Dans l’une des économies les plus administrées et socialisées du monde développé, où l’on aime à multiplier les commissariats au Plan et autres conventions citoyennes, on demeure parfaitement incapable de dépasser les incantations, et, si l’on sait bien y théoriser l’économie de guerre, on semble n’avoir aucune idée de comment en impulser la pratique.

Le second déni, c’est celui des fautes par omission. A force de vouloir à tout prix éviter de commettre des erreurs spécifiques qui risqueraient de la mettre face à leurs responsabilités pénales (le syndrome du « sang contaminé »), l’administration et le gouvernement ont fait le choix délétère d’une inaction facile, mais non moins hautement coupable. Ne pas agir, et surtout ne pas agir à temps, c’est condamner à mort (du Covid, mais aussi d’autres pathologies non détectées par des hôpitaux encombrés) des dizaines de milliers de français supplémentaires, tout en se lavant les mains de la moindre culpabilité, puisque l’on n’a rien fait. Il est évidemment confortable de se rassurer en se convaincant que personne n’est mort des effets secondaires d’un vaccin que l’on n’a pas distribué, sans se rendre compte que cette non-assistance à un pays en danger est elle-même responsable de milliers de morts et de pathologies graves qui s’accumulent chaque jour.

Le troisième déni, c’est celui des proportions. Quand il s’agit d’assigner des mois durant un pays à résidence, le « quoi qu’il en coûte » s’imposerait, et l’on n’aurait que faire des libertés publiques – mais l’on s’en préoccupe soudain de façon obsessionnelle pour refuser l’obligation vaccinale, pourtant la norme pour onze autres inoculations. Dans un plan de relance qui se chiffre en centaines de milliards d’euros, nul n’a jugé utile de dédier des investissements aussi immenses qu’indispensables à ce que des le mois de mars, l’on savait être la seule solution durable à la pandémie : le déploiement d’un vaccin aussi vite et efficacement qu’il est humainement possible sur l’ensemble du territoire. Si le vaccin ne permettait que d’en finir une journée plus tôt avec les confinements à répétition, il serait un investissement au rendement social chiffrable en milliards d’euros, mais après avoir dépensé sans compter pour financer chômage partiel et prêts garantis, on semble réticent a investir ne serait-ce que quelques centaines de millions dans le financement de l’infrastructure logistique indispensable à l’immunisation collective – congélateurs, centres de vaccination, transport réfrigéré, collecte informatisée des données. Cette absence totale de sens des proportions, ce refus de l’arbitrage coûts-bénéfices, c’est aussi la conséquence logique d’une inculture quantitative grandissante, dont témoignent les résultats du pays en mathématiques dans les enquêtes internationales, et qui se retrouve au plus haut niveau de l’Etat.

Le quatrième déni, c’est celui de la responsabilité, qui a désormais laissé place à une omniprésente culture de l’excuse. Le Covid, c’était d’abord la faute des pangolins et des marchés en plein air. Puis ce fut celle la Chine, avant d’être celle du capitalisme. C’est la faute de la mondialisation, celle de Bruxelles, celle des Français eux-mêmes, querelleurs et indisciplinés… cette fois, plus d’excuse. Cet échec, il est celui de l’État, de notre État. Assumons-le pleinement, il n’y a plus d’arbre derrière lequel cacher la forêt de notre incompétence administrative, technique, industrielle, scientifique. La France est le seul parmi les membres du Conseil de Sécurité de l’ONU (Chine, États-Unis, Royaume-Uni – sans compter l’Allemagne) à ne pas avoir développé son propre vaccin. Elle n’a pas su organiser un système de quarantaine centralisée, pas su se procurer à temps masques et tests pendant la première vague. Elle se place aujourd’hui en dernière position dans le déploiement des vaccins, parmi les pays ayant débuté leur campagne. Comment esquiver, cette fois encore, nos responsabilités ?

Le dernier déni, le plus grave, c’est celui du réel. Le gouvernement, fasciné par la pédagogie, passionné par la communication, semble avoir oublié, tout à sa performativité obsessionnelle, que face à une crise véritable et non pas fantasmée, seule l’action sauve. Il faut, nous dit avec solennité le Ministre de la Sante, se battre contre la désinformation – et si on se préoccupait plutôt, d’abord, de se battre contre le Covid ? Le gouvernement semble tourner à vide dans une logorrhée sans adversaire clairement identifié. Les fameux « modèles » épidémiologiques, jamais mis à disposition du public, de l’institut Pasteur, qui motivent les confinements et re-confinements successifs, sont un exemple parmi d’autres de ces mantras discursifs. L’obsession maladive du discours poli et sans aspérité, pour ne jamais déplaire, au détriment de la sobre confrontation aux choix que le réel impose dans toute sa difficulté, est le plus grave de nos oublis.

Mais alors, que faire ? Voici huit mesures simples, sans aucune originalité, inspirées simplement de ce qui se pratique dans les pays qui ont su efficacement vacciner leur population.
1. Affirmer le principe de « La première dose avant tout ». Les résultats des essais cliniques de tous les vaccins jusqu’ici mis sur le marché semblent confirmer que l’essentiel de l’immunité vaccinale est acquise après la première dose. Le rapport coûts-bénéfices est clair : il faut vacciner un maximum de citoyens avec une première dose, même si l’on n’est pas absolument certain de pouvoir leur administrer la seconde dans le délai initialement prévu. Cette stratégie est d’ores et déjà celle du Canada et du Royaume-Uni, qui ont su avec agilité changer de braquet devant les données cliniques. Deux fois plus d’individus vaccinés avec une seule dose est infiniment préférable, du point de vue de la réduction de la mortalité et des pathologies graves, que de laisser des doses inutilisées par souci absurde de perfectionnisme sans justification scientifique.
2. Rendre immédiatement la vaccination obligatoire pour les publics fragiles. La vaccination doit être rendue obligatoire pour les plus de 80 ans, et en particulier au sein des EHPAD, comme elle l’est déjà pour bien des maladies au sein des crèches et des écoles, puisque les non-vaccinés exercent dans ces lieux de rassemblement et de contamination une externalité négative. Le pays entier, au nom de la fameuse « nation d’individus solidaires », a accepté de mettre pendant un an sa vie en suspens pour sauver la vie des seniors, qui représentent l’essentiel des décès et des cas graves, en attendant l’arrivée d’un vaccin. Il est maintenant indispensable que les personnes âgées se mettent, elles aussi, au service du bien commun, et rendent au reste du pays la pareille.

Antoine Levy, normalien, diplômé d’HEC et de la Paris School of Economics, est économiste et doctorant au Massachusetts Institute of Technology, où il a reçu la Castle Krob Fellowship et la Kenan Sahin Presidential Fellowship.