Régionales en PACA : Dupont-Aignan lance un appel à Ciotti

Muselier, bouée de sauvetage de LREM: LR n’est pas SOS Méditerranée

Jean Castex a annoncé le retrait de la liste LREM au premier tour des élections régionales en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, au profit du président LR sortant de la région, Renaud Muselier.

Jean Castex a annoncé l’agrégation de la liste LREM à la liste LR de Muselier dès le premier tour des élections régionales en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, mais le président LR sortant n’en avait pas besoin au second, face au RN.

« Ils ont osé l’inacceptable », « coup de poignard dans le dos ». Le député LR et conseiller départemental des Alpes-Maritimes Eric Ciotti ne décolère pas demuis que Myselier a accepté cet appoint de voix, des oeufs de coucou dans le nid Les Républicains.

Cette décision vient rebattre les cartes dans la région et secouer la scène politique sur le plan national. Le président des Républicains Christian Jacob a annoncé le retrait de l’ investiture du parti à Renaud Muselier. 

Invité du Grand Jury RTL, Le Figaro, LCI ce dimanche 2 mai, Nicolas Dupont-Aignan « appelle les électeurs LR, Eric Ciotti et les autres » à « rejoindre » la liste Debout la France en Provence-Alpes-Côte-D’Azur de Noël Chuisano.

« Quand il y a des LR qui sont clairs et qui refusent la dérive de certains dirigeants LR vers En Marche, je ne vois pas au nom de quoi, moi qui suis un ancien membre de leur famille (…) je les rejetterai« , a indiqué le président de Debout la France avant d’ajouter « combattre » Les Républicains qui vont vers En Marche.

Régionales: Muselier prend bouche avec LREM, alliance sans concertation à LR

Le sortant prend le risque d’une implosion de la droite

Le cas de la région PACA, dont le président sortant Renaud Muselier semble tenté par un accord avec LREM, sème la panique au sommet de LR. AFP/Nicolas Tucat
A-t-il vocation à se faire humilier comme un vulgaire député rallié ?

Muselier joue des cartes personnelles qui desservent LR en PACA où le principal parti de droite républicaine renonce à sa reconstruction. En se mettant au service de LREM, il se soumet et se saborde sur l’idée dépassée que le parti présidentiel aurait conservé une certaine dynamique qui s’est pourtant émoussée au vu de tous. LREM n’est toujours pas parvenu à s’implanter et instrumentalise Muselier: un marché de dupes.

Tentation d’accords avec LREM en PACA, avec Debout la France en Bourgogne-Franche-Comté. LR est miné par un manque de confiance autour des possibles alliances et le parti se déchire. La situation en PACA paraît inextricable depuis 2017, mais n’est pas une fatalité, comme le montre le maire de Chalon-sur-Saône Gilles Platret, tête de liste des Républicains aux Régionales en Bourgogne-France-Comté, qui a réalisé une alliance avec Debout la France.

Le cas de la région PACA, où le président sortant Renaud Muselier semble tenté par un accord avec LREM, sème la panique au sommet de LR.

Chez les Républicains (LR), le feu couvait depuis plusieurs semaines, mais les flammes sont désormais visibles de loin: reste à faire monter une fumée blanche qui serait fédératrice. « Eric Ciotti a dit que je pourrais avoir la défaite et le déshonneur aux régionales. En 2017, je les ai évités en appelant à voter Macron face à Le Pen. Lui pas. Nous n’avons clairement pas la même idée de la droite, ni de la France. »

Si Renaud Muselier attend un retour d’ascenseur de l’Elysée, il connaît mal Macron. Dans un tweet malheureux de mercredi 28 avril dans la matinée, le président (LR) sortant de Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) appelle la majorité présidentielle à le soutenir dès le premier tour aux élections régionales, en la personne de la Marseillaise Sophie Cluzel, que Macron a recrutée en 2017 pour être sa secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées depuis 2017.

Distancé dans les sondages par son ancien frère d’armes et ami, l’ex-UMP, Thierry Mariani, ancien député de Vaucluse, puis des Français de l’étranger (1993-2017), ainsi que secrétaire d’Etat puis ministre des Transports (2010-2012) et député européen (2019), qui sent le souffre après avoir fait un bout de chemin avec le FN, il est tenté par un rapprochement avec la liste LREM, laquelle lui mord électoralement les mollets.

Thierry Mariani est tête de liste RN aux élections régionales en Paca. Et, pour lui, l’alliance LR-LREM aux régionales en Paca ne fait aucun doute. « Il y a des signes qui ne trompent pas. On sait depuis des mois que Christian Estrosi appelle à une alliance avec LREM, on remarque aussi une dérive de Renaud Muselier vers Emmanuel Macron et on a appris mercredi que le siège de campagne de LR était l’ancien de LREM aux municipales à Marseille… l’histoire est écrite« , a expliqué Thierry Mariani. 

La liste du Rassemblement National (RN) conduite par Thierry Mariani en Provence-Alpes-Côtes-d’Azur arriverait en tête du premier tour des élections régionales devant la liste de Renaud Muselier (Les Républicains), selon un sondage Ifop pour La Tribune et Europe 1 publié le 15 avril. Toujours selon ce sondage, Renaud Muselier (LR) et Thierry Mariani (RN) seraient au coude-à-coude au second tour. Le président sortant de la Région l’emporterait de justesse – avec le soutien de LREM – dans l’hypothèse d’une triangulaire qui l’opposerait au candidat d’extrême droite et à liste d’union de la gauche. Si Mariani est fasciste, comme l’assurent ses opposants, ça ne se voit pas dans sa vie privée: il a épousé une Russe d’origine tatare et musulmane…

Mais s’acoquiner avec les Marcheurs, combattus sur la scène nationale, s’est pactiser avec le diable. Le médecin chiraquien enchaîne donc les pirouettes pour tenter de concilier l’inconciliable. Il a officialisé sa candidature ce mardi soir par communiqué, mais en jouant cartes sur table, annonçant qu’il constituerait « en toute liberté la liste la plus large possible, sans accord d’appareils ». Une faute de Bisounours débutant. Il doit également tenir une conférence de presse mercredi après-midi à destination de la presse régionale.

C’est d’abord la présence possible de deux parlementaires LREM sudiste sur sa liste – Loïc Dombreval et Alexandra Valetta-Ardisson – qui avait créé des remous côté Les Républicains. Une manière pour Muselier de montrer que s’il n’est pas leader, il a appris de Macron: il affaiblit l’adversaire en débauchant la liste concurrente, LREM. « Il veut avoir des personnalités marcheuses et garder l’étiquette LR, sans parler d’accord d’appareil, rapporte un LR des Alpes-Maritimes. Mais ils n’ont qu’à quitter leur parti. Ils ne nous apportent pas des voix, ils viennent profiter des nôtres ! » tente-t-il de faire comprendre à Muselier. Le président de région s’est visiblement déconnecté de la vie nationale et n’a rien su des manipulations, des humiliations et des claquements de portes dans le groupe En Marche! et parfois jusqu’au gouvernement: Gérard Collomb pourrait ainsi lui expliquer ce qu’il en coûte de croire en cette majorité…

Certains ont même monté le ton, menaçant Muselier du retrait du soutien LR, voire, d’une candidature contre lui. Mais le niveau de grogne est monté d’un cran lundi quand la presse a fait état d’une avancée vers un accord avec LREM… dès le premier tour. La cheffe de file désignée des Marcheurs, Sophie Cluzel, est par ailleurs une connaissance de longue date de Muselier : ils étaient dans « la même bande de potes » quand ils avaient 18 ans, à Marseille, rapporte l’un des deux. « Si tu la prends, moi je n’en suis pas », l’a menacé le député (LR) du Vaucluse Julien Aubert, qui tire la liste régionale dans son département. Elu régional sortant, il est sur une ligne intransigeante vis-à-vis de LREM.

« La connivence affichée LR-LREM y est beaucoup plus mortifère qu’ailleurs »

La ligne officielle de LR, c’est « zéro alliance » avec la majorité présidentielle : « Si on combat leur politique nationale et qu’on s’allie avec eux localement, on trompe l’électeur », fait valoir un vice-président du parti de droite. L’autre inquiétude est plus mathématique : « S’il y a alliance avec LREM, il y aura une déperdition d’électeurs sur notre droite », redoute un député (LR) européen. « La connivence affichée LR-LREM y est beaucoup plus mortifère qu’ailleurs », estime aussi un cadre du Rassemblement national, qui sait l’électeur de droite du sud-est plus radical.

En attendant, Sophie Cluzel, elle, poursuit sa campagne cahin-caha et reste discrète sur le sujet: elle a tout à gagner à cette situation: un déchirement de la droite républicaine pourrait la conduire au second tour inespéré. Mais, en même temps, toutes les listes n’ont pas été déposées, et tout demeure possible, si la droite républicaine se montre moins bête.

Candidat socialiste malheureux en 2015, le patron du groupe LREM à l’Assemblée, l’ancien ministre macronard Christophe Castaner, qui avait renoncé et appelé à voter Christian Estrosi (maire LR de Nice), pour parvenir à écarter le FN, œuvre à un rapprochement avec LR dès le premier tour. Et, s’il n’a pas lieu, la question se posera à nouveau entre les deux tours.

Ce mardi, Renaud Muselier était à Paris où le patron de LR, Christian Jacob, avait tenu à lui parler du pays. Il est en effet farouchement hostile à toute salade niçoise en PASA. Le maire (LR) de Nice, Christian Estrosi, ouvertement favorable à l’union, était aussi présent. Dans son communiqué de candidature, le Marseillais avait dévoilé un slogan : « Notre région d’abord, et avant tout. » Il fut reçu à Paris comme un rejet de consignes nationales, quelles que clarifiantes fussent-elles.

Cette alliance qui ignore Debout la France prétexte une volonté vertueuse de contrer le Rassemblement national (RN). Sauf que le poids grandissant du Rassemblement National pourrait faire basculer la région. Ne serait-ce que si les électeurs de Mariani apportait leurs voix au RN…

Tête de liste dans le Vaucluse, le député Julien Aubert sent venir le danger. Il a fait savoir qu’il ne faudra pas compter sur lui dans ce scénario. Lui comme le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti réclament de la « clarté », convaincus que faire ami-ami avec LREM provoquera la fuite d’électeurs de droite, notamment vers le parti de Marine Le Pen.

En réunion de direction mercredi, le président de LR Christian Jacob a redit qu’il occupe « ses jours et ses nuits » à la question PACA, pour que le premier parti de la droite républicaine reste l’opposant historique aux socialistes maquillés en centristes En Marche, doigt sur la couture du pantalon. Au point de menacer Renaud Muselier de lui retirer son soutien. « Cela va être compliqué, si on a une alliance dans une région, d’interdire de le faire dans d’autres », redoute un membre de la direction LR, pour qui le président sortant de la région Sud devrait tirer les leçons de « l’histoire politique récente » des municipales : « ceux qui ont checké avec LREM se sont cassé la gueule ».

«Notre avenir est-il de récupérer des électeurs à droite ou chez Macron ?»

Et, qu’on ne s’y trompe pas, la menace vient plutôt de la droite de LR. Vice-président du parti, maire de Chalon-sur-Saône et tête de liste en Bourgogne-Franche-Comté, Gilles Platret vient de passer un accord avec Debout la France, le parti de Nicolas Dupont-Aignan, allié de second tour… Autant de voix qui manqueront à Marine Le Pen en 2021, mais aussi, à moyen terme, à la présidentielle de 2017. Ligne rouge ? Lui s’en défend. « Ils n’ont pas vocation à travailler avec le RN, et sont très proches de la droite gaulliste », confie-t-il, estimant que le président de DLF est « un homme sincère dans ses idées ».

Mais localement, ça ne passe mal de tous côtés. Alors que le responsable des Jeunes Républicains, Wilfried Baron, a annoncé qu’il démissionne de son poste et de son parti pour soutenir les listes RN aux deux futures échéances électorales, sans y adhérer, Jacques Baudhuin, secrétaire départemental (LR) de la Nièvre, 40 ans de parti derrière lui, voit venir le danger. « Tout a été fait derrière notre dos. Gaulliste, je ne peux pas accepter ce genre de choses », raconte-t-il à qui veut l’entendre. Dénonçant une « alliance avec l’extrême droite » – certains membres de DLF sont des anciens du RN, comme des LREM sont d’ex-socialistes de la gauche du PS (typiquement, Aurélien Taché, ex-socialiste qui s’est donné à Macron, pour se refuser à lui et créer son groupuscule, Ecologie démocratie solidarité, à partir du croupion de #NousDemain, par sept membres frondeurs), J. Baudhuin vient, avec sa présidente, de démissionner de ses fonctions.

L’ancien ministre et figure de la région François Sauvadet, 68 ans, a aussi désavoué Gilles Platret, 46 ans : « Tout n’est pas permis en politique et l’envie de victoire n’excuse pas l’abandon des repères et des valeurs qui forgent les parcours politiques. » « Ça passe mal auprès de certains en interne. Qu’est-ce que ça apporte, à part nous aliéner des voix de centre droit ? » s’inquiète un haut dirigeant de LR.

Deux cas d’école qui résument la situation inextricable de LR depuis quatre ans. « Le débat est récurrent depuis 2017 : notre avenir est-il de récupérer des électeurs à droite ou chez Macron ? » soupèse un stratège LR: un dilemme qui n’a pas provoqué d’états d’âme chez Macron pour se faire élire en 2017, par ruse, à la déloyale, contre François Fillon. Une question qui se pose aussi dans le Grand Est où le président (LR) sortant Jean Rottner diabolise Nadine Morano pour diriger la liste en Meurthe-et-Moselle. Un « problème de ligne » pour le Mulhousien. Ce dernier risque d’être concurrencé en Alsace par une transfuge de Brigitte Klinkert, qui portera les couleurs de LREM et avec laquelle il pourrait être contraint de se rapprocher dans l’entre-deux-tours pour bloquer une victoire du RN. « On pensait que les régionales affaibliraient LREM. Mais elles continuent à foutre la merde à droite aussi », conclut en soupirant un député.

La droite républicaine animée par de vieilles lunes et de vieilles badernes fait le lit d’un Macron stérile, capable d’un petit coup par-ci, par-là avec le première rombière qui passe.