«Le kérosène, c’est pour brûler les flics et les fachos», hurlaient des néo-féministes

Une journée internationale du droit des femmes plus politique qu’humaniste

Dans l’extrait vidéo, on entend la voix au microphone poursuivre la menace en mentionnant une autre cible. Certains entendant « pour brûler les flics et les patrons », d’autres « pour brûler les flics et les fachos ». Sollicité sur ce point, le ministère indique qu’il reviendra à la justice de statuer sur la teneur exacte des propos.

Plusieurs vidéos relayant ces slogans ont été diffusées sur les réseaux sociaux. Elles montrent aussi que des activistes brandissaient des drapeaux palestiniens, ce que les féministes pro-israéliens se sont abstenus de faire. Le secrétaire général d’Unité SGP Police, Grégory Joron, a signalé dimanche matin, selon le syndicat de police, ces appels au ministre, qui a décidé de saisir la justice.

Darmanin saisit la justice après des propos tenus lors de la manifestation du 8 mars

Le ministre de l’Intérieur a qualifié de «scandaleux» les propos tenus par des participants à la mobilisation pour la journée internationale du droit des femmes.

Gérald Darmanin a décidé dimanche de saisir la justice après des appels à tuer des policiers entendus dans la manifestation féministe du 8 mars à Paris. «Le kérosène, c’est pas pour les avions, c’est pour brûler les flics», ont scandé des manifestantes lors de ce rassemblement dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes.

Dans un message posté sur X (anciennement Twitter), Gérald Darmanin qualifie ces propos de «scandaleux»«Je saisis le procureur de la République de Paris», écrit-il en ajoutant: «Tout sera mis en œuvre pour retrouver les responsables de cette incitation à commettre un crime».

De nombreux drapeaux palestiniens étaient visibles lors de cette mobilisation du 8 mars qui, originellement organisée pour les droits des femmes, a été ternie par des tensions antisémites. Dans le cortège figuraient des militantes de l’association « Nous vivrons », créée après les massacres de juifs par des terroristes du Hamas sur le sol d’Israël, le 7 octobre, pour dénoncer les viols et violences sexuelles commis par les commandos de l’organisation islamiste. Des invectives ont été échangées entre les deux groupes, mais sans intervention des forces de l’ordre.

A leurs slogans «Libérez les otages» ont répondu ceux du collectif «Palestine vaincra» lancés par d’autres manifestants et dont le ministère de l’Intérieur annonça la dissolution (avec le Comité action Palestine) en conseil des ministres, le 9 mars 2022.

Deux associations pro-palestiniennes suspendues, mais sauvées par le Conseil d’Etat

Le gouvernement le⁷s compte-t-il au nombre de ses réalisations?

Le 9 mars dernier, le gouvernement a prononcé les dissolutions de l’association ‘Comité Action Palestine’ et du groupement de fait ‘Collectif Palestine Vaincra’. Saisi en urgence, le juge des référés du Conseil d’Etat suspend ces deux dissolutions : ni l’instruction, ni l’audience n’ont permis d’établir que les prises de position de ces associations, bien que tranchées, voire virulentes, constituaient un appel à la discrimination, à la haine ou à la violence ou des agissements en vue de provoquer des actes de terrorisme, assène-t-il. Les deux associations ont demandé au juge des référés du Conseil d’État de suspendre en urgence ces dissolutions. Nul ne sait sur quoi se fondent les magistrats administratifs pour contredire l’exécutif et donner satisfaction aux terroristes palestiniens.

« La dissolution du collectif ‘Palestine Vaincra’, et du ‘Comité Action Palestine’, » avait été ordonnée « à la demande du président de la République« , Emmanuel Macron, par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, avait-on appris fin février sur Twitter.

Le ministère de l’Intérieur avait motivé la demande du chef de l’Etat en dénonçant l« appel à la haine, à la discrimination, à la violence » et de « provocation à des actes terroristes » de ces deux associations.

Selon l’Intérieur, ce groupe ‘Collectif Palestine Vaincra’, basée à Toulouse, « sous couvert de défense de la cause palestinienne« , « cultive le sentiment d’oppression des peuples musulmans (…) dans l’objectif de diffuser l’idée d’une islamophobie à l’échelle internationale. »  

Le ministère lui reproche également ses appels « à la discrimination et à la haine envers Israël et les Israéliens », notamment à travers des campagnes de boycottage.

Parmi les dernières actions du collectif, une campagne « #Palestine2022 » qui vise à « dénoncer la collaboration des gouvernements français avec l’apartheid israélien » et à « inviter le sujet de la cause palestinienne dans les débats de l’élection présidentielle« , peut-on lire sur le site internet de la plus haute juridiction administrative.  

Vendredi 29 avril, le Conseil d’Etat a suspendu l’exécution des décrets de dissolution du « Comité Action Palestine » et du « Collectif Palestine Vaincra » publiés en mars. Selon Mediapart, à eux deux, ils seraient pas plus de cinquante…

Le « Collectif Palestine Vaincra », accusé par le ministère d’appel à la haine, à la discrimination et à la violence », « sous couvert de défendre la cause palestinienne », « cultive le sentiment d’oppression des peuples musulmans (…) dans l’objectif de diffuser l’idée d’une islamophobie à l’échelle internationale. »  Le Collectif est membre de l’organisation of the Samidoun Network in France

Le Comité Action Palestine, basé à Bordeaux, se voit reprocher de « relayer les communiqués » et de « rendre compte de l’activité d’organisations terroristes palestiniennes, notamment le Hamas, le Mouvement du Jihad islamique en Palestine et le Hezbollah ».  Il affirme « dans sa charte son soutien à toutes les organisations en lutte contre Israël, y compris quand elles font usage de la violence ou de méthodes terroristes », pointe le ministère.  Le « Comité Action Palestine » se présente comme une association œuvrant « pour la réalisation des droits nationaux du peuple palestinien », notamment « le droit au retour des réfugiés, c’est-à-dire la libération de la terre arabe de Palestine ». Ce comité dit également dénoncer « le sionisme en tant que mouvement colonialiste et raciste« .

Tom Martin, 35 ans
(Collectif Palestine Vaincra)

Le 24 février dernier, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin annonçait sur Twitter : « A la demande du président de la République,je vais demander la dissolution du ‘Collectif Palestine Vaincra », et du « Comité Action Palestine », pour appel à la haine, à la violence et à la discrimination et provocation à des actes terroristes. » La procédure de dissolution avait été lancée quelques jours plus tard, selon le ministère. La décision avait alors été dénoncée « fermement » par le « Collectif Palestine Vaincra », considérée comme « une attaque contre le mouvement de solidarité avec la Palestine, » avait déclaré son porte-parole Tom Martin. L’organisation anti-raciste racisée se définit comme « anti-raciste et anti-colonialiste ».

A Toulouse, plus de 250 personnes se rassemblent contre la dissolution du Collectif Palestine Vaincra

A Toulouse,x250 personnes se rassemblent contre la dissolution du Collectif Palestine Vaincra

Jeudi 21 avril à la sortie du métro Jean Jaurès à Toulouse, plus de 250 personnes se sont rassemblées à l’appel du Comité contre la dissolution du Collectif Palestine Vaincra afin de dénoncer la récente interdiction par le gouvernement français de cette organisation pro-palestinienne. Regroupant plus de trente organisations toulousaines, celui-ci organise du 15 au 25 avril 2022 une semaine de mobilisation à la veille de l’audience du recours au Conseil d’Etat qui devait a eu lieu le 26 avril prochain.

Scandant de nombreux slogans de soutien au peuple palestinien et contre la répression, les personnes solidaires se sont réunies en brandissant des banderoles et pancartes soulignant la nécessaire riposte unitaire contre l’offensive sécuritaire. De multiples organisations étaient représentées parmi lesquelles le Syndicat des Avocats de France – SAFMouvement de la PaixCGTUnion des Étudiants de ToulouseRévolution PermanenteNPAPOIPOIDAFA TolosaCollectif populaire contre l’extrême droiteComité Vérité et Justice 31CNTUCLSud/SolidairesPlanning FamilialSecours Rouge ToulouseBDS ToulouseBRICCDK, etc.

Avocate du collectif et membre du SAF, Maître Brandely est intervenue en affirmant : « Depuis plus de 6 mois, les dissolutions s’enchaînent. Nous avions manifesté il y a quelques mois contre la loi séparatisme et nous avions raison de le faire. Cette loi a ouvert un boulevard au gouvernement pour faire taire toutes les voix dissidentes, pour dissoudre les associations. […] Ce n’est pas au ministre de l’Intérieur de faire une chasse aux associations et d’ériger des délits d’opinion. »

D’autres organisations sont intervenues pour réaffirmer leur solidarité avec l’organisation pro-palestinienne récemment dissoute. À cette occasion, une représentante du Mouvement de la Paix 31 a souligné le long travail commun entre les deux structures et que jamais ils n’auraient travaillé avec une organisation antisémite et que ces attaques étaient infondées. De son côté, une représentante de Sud Éducation 31/65 a rappelé l’engagement de son organisation au côté du collectif et a souligné que la politique liberticide et autoritaire concerne tout le monde, au regard des menaces de dissolution contre Sud Éducation 93. Des militants de Révolution Permanente et du NPA ont par ailleurs souligné que la politique criminelle israélienne continue contre le peuple palestinien, d’Al Aqsa à Gaza, et qu’il fallait plus que jamais affirmer notre soutien au peuple palestinien, notamment en combattant la criminalisation du mouvement de solidarité avec la Palestine.

Une atteinte grave à la « liberté d’expression »

S’agissant du « Comité Action Palestine », la mesure de dissolution « porte une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’association et à la liberté d’expression », écrit dans sa décision le Conseil d’Etat, saisi en référé par l’association. Celle-ci s’était notamment vu reprocher par les autorités de « relayer les communiqués » et de « rendre compte de l’activité d’ organisations terroristes palestiniennes, notamment le Hamas, le Mouvement du Jihad islamique en Palestine et le Hezbollah ».

« Les prises de positions énoncées par les publications de l’association (…) ne peuvent (…) être regardées – pourquoi ? – comme provoquant à la discrimination, à la haine ou à la violence envers un groupe de personnes », selon la plus haute juridiction administrative. Elles ne peuvent pas non plus être « qualifiées d’agissements en vue de provoquer des actes de terrorisme », à ce stade de l’instruction, selon les magistrats. « Il s’agit d’une victoire précieuse pour l’Etat de droit, qui sanctionne l’instrumentalisation politique du conflit israélo-palestinien du ministère de l’Intérieur », a réagi Me Vincent Brengarth, l’avocat du « Comité Action Palestine ».

L’ « Etat » devra verser 3.000 euros à chacune des deux associations

Nouveau Parti Anticapitaliste (révolutionnaire trotskiste)

Concernant le « Collectif Palestine Vaincra », le ministère de l’Intérieur l’accusait de « cultiver le sentiment d’oppression des ‘peuples musulmans’ (…) dans l’objectif de diffuser l’idée d’une islamophobie à l’échelle internationale », « sous couvert de défendre la cause palestinienne ». Le ministère lui reprochait également d’appeler « à la discrimination et à la haine envers Israël et les Israéliens », notamment à travers des campagnes de boycott. L’appel au boycottage « traduit l’expression d’une opinion contestataire et ne saurait par lui-même (..) être regardé comme une provocation ou une contribution à la discrimination, à la haine ou à la violence envers un groupe de personne », jugent du Conseil d’Etat.

« C’est une première victoire (…) en attendant le jugement du recours en annulation » s’est réjoui sur son site le « Collectif Palestine Vaincra ». « Cette décision est un véritable camouflet contre le pouvoir et bat en brèche la propagande de l’extrême droite sioniste et ses amalgames entre antisionisme et antisémitisme », ajoute-t-il. 

Les contribuables, via l’Etat, devront verser 3.000 euros à chacune des deux associations. Le ministre Darmanin n’est pas sanctionné pour sa légèreté. Sollicité, le ministère de l’Intérieur n’a pas souhaiter faire de commentaires.

De 2000 à 2005, les membres de l’UJFP sont passés de 25 à environ 350.

Drapeau palestinien

L’UJFP, Union juive française pour la paix, est une organisation juive laïque, universaliste et antisioniste. Dans les manifestations pro-palestiniennes, un nouveau public a fait son apparition, même si l’extrême gauche – représentée par des organisations aussi diverses que la CGT, le Front de gauche (coalition de partis politiques mise en place par le Parti communiste français, le Parti de gauche et la Gauche unitaire), ATTAC, la fédération anarchiste, etc. – forme encore la partie la plus imposante des cortèges. Le changement le plus visible est l’arrivée en nombre de « jeunes d’origine maghrébine ». Ceux-ci défilent parfois avec des drapeaux de pays du Maghreb, ce qui peut susciter l’agacement des militants pro-palestiniens de longue date. Les signes de religiosité sont aussi de plus en plus visibles dans les défilés. Dans les manifestations les plus importantes, il n’est plus exceptionnel d’assister à des prières de rue, ce qui est d’ailleurs susceptible de créer des tensions avec les militants laïcs. Un autre facteur de tension est la présence de plus en plus marquée de symboles et slogans radicaux. Dans les manifestations qui ont eu lieu au moment de la guerre de 2008-2009 ou après l’arraisonnement sanglant de la « flottille pour la paix » en 2010 – dans laquelle l’organisme humanitaire turc de tendance islamiste IHH a joué un rôle clé – dans des dizaines de pancartes associant étoile de David et croix gammée étaient visibles. Certains arboraient aussi le slogan « sionisme = nazisme ». Les dirigeants des associations pro-israéliennes ne manquent pas d’utiliser les slogans de ce type pour démontrer que l’« antisionisme radical » est une forme d’antisémitisme. Ils cherchent ainsi à établir un lien entre le militantisme pro-palestinien et la hausse spectaculaire des actes antisémites observée sur le territoire français depuis le début de la deuxième Intifada. Ce lien n’est pourtant pas évident : les personnes arrêtées en France pour avoir dégradé des synagogues ou agressé des juifs n’étaient généralement pas membres d’associations pro-palestiniennes. Mais l’ultra-gauche, à l’instar des antifa (anti-fascistes fascisés), est pro-palestinienne.