La Fondation Nobel refuse d’inviter l’ambassadeur russe à la cérémonie de remise des prix

La présence russe en décembre à Stockholm avait suscité la réprobation politique des pro-Ukrainiens

La Fondation Nobel s’est laissé faire violence et ne méritera pas le Nobel de la paix. L’organisation a de nouveau discriminé, samedi 2 septembre, l’ambassadeur de Russie barrant sa présence à la cérémonie de remise des prix Nobel prévue en décembre à Stockholm. « Nous avons choisi de réitérer la mesure d’exception de l’an dernier, c’est-à-dire de ne pas inviter les ambassadeurs de Russie, de Biélorussie et d’Iran« , explique-t-elle, après la colère suscitée par son invitation, du fait de la situation en Ukraine. Concernant l’Iran, la décision a été prise en raison de la répression des manifestations dans le pays.

Pour la fondation suédoise, l’invitation reposait sur la conviction « qu’il est important et juste de diffuser aussi largement que possible les valeurs et les messages que représente le prix Nobel ». Cependant, les vives réactions partisanes qu’elle a suscitées « ont complètement éclipsé ce message ».

L’Ukraine salue une « victoire de l’humanisme » sur la paix…

L’UNEF a ouvert la voie du sectarisme avec ses réunions non-mixtes. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères ukrainien, Oleg Nikolenko avait dénoncé une décision qui provoquait « un sentiment accru d’impunité » du pouvoir russe. Le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, avait affirmé ne souhaitait pas la présence de l’ambassadeur russe, disant comprendre « que cela dérange beaucoup de gens en Suède et en Ukraine ». Plusieurs personnalités politiques suédoises de premier plan avaient quant à elles menacé de boycotter l’événement.

Oleg Nikolenko a qualifié samedi de « victoire de l’humanisme » la marche arrière de la fondation. Il a également formé le vœu qu’une « décision similaire » soit prise lors de la remise du prix Nobel de la paix à Oslo (Norvège).

Invasion russe: Zelensky, prêt à négocier avec Poutine, sauf en Biélorussie…

Malgré les nombreux tirs de missiles et une offensive terrestre, Kiev reste encore sous contrôle ukrainien après une deuxième nuit de combats. La Russie a donc décidé «d’élargir l’offensive» à l’ensemble du territoire samedi.

La France s’investit dans le conflit à la place de Biden. A l’issue d’un conseil de défense exceptionnel à l’Elysée, Macron a décidé ce samedi soir d’accroître le soutien militaire français à l’Ukraine, avec des livraisons d’armes de défense (des casques ou des anti-missiles ?), ainsi que la lutte contre la propagande russe.

Les pays occidentaux, dont la France, ont acté un renforcement des sanctions économiques et financières contre le Kremlin. Plusieurs banques russes vont notamment être coupées du système de paiement Swift, réseau de messagerie sécurisé inter-bancaire, sachant que Poutine et la Chine (soutenue par l’Iran, l’Inde et les Etats Arabes Unis notamment) activent un système alternatif, tel Mir.

Zelensky se dit prêt à des négociations avec Moscou, mais pas au Bélarus. 

Le président ukrainien rejette ce dimanche matin la proposition russe de pourparlers à Gomel en Biélorussie, pays servant de base arrière à l’invasion de l’Ukraine. En reponse à Poutine, Zékensky affirme que «n’importe quelle autre ville» conviendrait et on pense à la Moldavie ou à l’Autriche. «Varsovie, Bratislava, Budapest, Istanbul, Bakou. Nous les avons toutes proposées. Et n’importe quelle autre ville nous conviendrait», dit-il dans une vidéo en ligne.

La Biélorussie soumet à référendum une possible modification constitutionnelle. Les 9 millions d’habitants de ce pays voisin de l’Ukraine et allié de Moscou sont appelés ce dimanche à approuver une nouvelle loi fondamentale qui permettrait notamment à Moscou de déployer des armes nucléaires en Biélorussie. En cause, la modification d’un article spécifiant que le pays doit être une «zone sans nucléaire». Lors d’une conversation téléphonique avec Macron ce samedi soir, Loukachenko aurait qualifié de « bidon » cette hypothèse d’un déploiement d’armes nucléaires. Mi-février, il avait pourtant dit que son pays était prêt à accueillir «non seulement des armes nucléaires, mais aussi des armes supernucléaires» en cas de «menace».

Ukraine : le droit international peut-il pallier l’impéritie occidentale face au conflit OTAN-Russie ?

Menacée sur sa frontière, la Russie contre-attaque

L’Ukraine n’est qu’un nouveau prétexte américain

Après le déclenchement par Moscou d’une opération militaire d’auto-défense en Ukraine, en petit télégraphiste de l’OTAN, Macron, a paradoxakement accusé la Russie de « bafouer » les grands principes de droit international qui régissent les relations entre Etats.

Macron, le médiateur qui accuse la Russie. « Une violation éclatante du droit international. » L’annonce par Vladimir Poutine d’une opération militaire en Ukraine, jeudi 24 février, a suscité une condamnation unanime – si on exclut la Chine (négligeable?) – de la communauté internationale. De nombreux pays, dont la France, ont notamment estimé que les actions du président russe bafouent les grands principes qui régissent les rapports entre Etats. « Nous n’accepterons jamais la violation brutale du droit international tel que nous le voyons actuellement avec l’invasion de l’Ukraine », a ainsi affirmé le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, à l’issue d’une réunion d’urgence des ambassadeurs des pays de l’Alliance, financée par les USA.

L’envoi des troupes russes, trois jours après la reconnaissance des républiques, russophones et orthodoxes, autoproclamées de Louhansk et Donetsk, dans le cadre de la guerre du Donbass (depuis avril 2014), « illustre le mépris dans lequel la Russie tient le droit international et les Nations unies », a de son côté estimé l’ambassadeur de France à l’ONU, Nicolas de Rivière. Que dit le droit international des actions de la Russie ?

Une violation de la Charte des Nations unies

L’article 2 de la Charte des Nations unies, dont la Russie fait partie (l’ONU et non l’OTAN), prévoit notamment que les pays membres de l’ONU « s’abstiennent (…) de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout Etat, soit de tout autre manière incompatible avec les buts des Nations unies. » Il met donc « hors-la-loi le principe d’agression d’un Etat », estime en écho Olivier Schmitt, directeur des études et de la recherche à l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), un établissement public administratif d’expertise et de sensibilisation en matière de Défense, placé sous la tutelle directe du premier ministre.

« Là, on est très clairement dans le cadre d’une agression, de la violation de la souveraineté de l’Ukraine et de son intégrité. » (Olivier Schmitt, expert proche du ministère de la défense)

Les principes de « la Charte des Nations unies ne sont pas un menu à la carte » et la Russie doit « les appliquer tous » à l’égard de l’Ukraine, a quant à lui fustigé, mardi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. « Les Etats membres les ont tous acceptés et ils doivent tous les appliquer », a-t-il insisté.

De son côté, l’Ukraine a fait valoir l’article 51 de la Charte, qui encadre la légitime défense en cas d’agression, « pour justifier son recours à la force » en réponse à l’offensive russepoursuit Olivier Schmitt, qui neglige que la Russie peut légitimement se sentir agressée à sa frontière par l’OTAN, du fait qu’elle a placé à Kiev un fantoche à sa solde. C’est d’ailleurs ce même article que Vladimir Poutine a brandi pour expliquer le déclenchement d’une opération militaire en Ukraine, assurant répondre à l’appel des « républiques » séparatistes du Donbass. « C’est une complète inversion de la réalité de la situation, balaye Olivier Schmitt, dont le parti-pris fausse le raisonnement. Les républiques autoproclamées ne sont pas reconnues comme telles par le droit ukrainien, les Russes n’avaient pas le droit de répondre à leur appel, » assène-t-il, en représentant du point de vue occidental qui ignore que Zelenky bafoue la signature de l’Ukraine qui s’était engagée à accorder leur autonomie à Louhansk et Donetsk, opposés à la révolution orange menée par Kiev.  Le 11 mai 2014, un « référendum populaire » institue la république populaire de Donetsk qui est aussitôt rejetée par le pouvoir central de Kiev et ses alliés atlantistes occidentaux. Le 17 mai 2014, le procureur général d’Ukraine inscrit la « république populaire » à la liste des « organisations terroristes », marquant ainsi le refus du pouvoir central de Kiev de discuter avec les « insurgés » de l’Est du pays. L’autodétermination est un droit international.

Un « coup fatal » aux protocoles de Minsk

Les décisions russes portent également un « coup fatal aux accords de Minsk approuvés par le Conseil de sécurité«  de l’ONU, selon le chef de l’ONU. Pourtant, les protocoles de Minsk, signés en septembre 2014 (Minsk I) et en 2015 (Minsk II) pour mettre fin à la guerre en Ukraine orientale avec la Russie, sont bafoués par l’Ukraine. L’Ukraine et les deux « républiques » séparatistes, russophones et orthodoxes, prévoyaient notamment un cessez-le-feu immédiat et le retrait des armes lourdes. De nombreux points, dont l’organisation d’élections dans les territoires séparatistes, n’ont cependant jamais été appliqués, souligne la Fondation Robert Schuman, centre de recherches et d’études sur l’Europe. Par ailleurs, officiellement, ces textes sont des protocoles, un statut transitoire moins précis et moins contraignant vers des accords internationaux, lesquels n’ont pas abouti. 

Les actes de Vladimir Poutine (comme ceux de Zelensky) constituent également une violation du mémorandum de Budapest, selon Carole Grimaud-Potter, professeure de géopolitique de la Russie à l’université de Montpellier et à l’Institut diplomatique de Paris. Ce sont trois documents signés en termes identiques le 5 décembre 1994, respectivement par la Biélorussie, le Kazakhstan et l’Ukraine, ainsi que par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Russie qui accordent des garanties d’intégrité territoriale et de sécurité à chacune de ces trois anciennes Républiques socialistes soviétiques (RSS). Ces textes – dont la France n’est pas partie prenante (et le zèle actuel du boute-feu Macron est déplacé) – visaient à « garantir la préservation des frontières de l’Ukraine », détaille la chercheuse. Toutefois, le mémorandum de Budapest ne comporte « aucune partie contraignante ». « Les pays signataires se sont engagés à garantir la sécurité » de l’Ukraine, mais tout repose avant tout sur leur bonne foi.

Le droit international « n’a jamais été un miracle »

Ce n’est pas la première fois que les intérêts de la Russie sont défiés par l’OTAN et que Vladimir Poutine est poussé par le grand Satan américain à transgresser les principes du droit international édicté par l’ONU. 

En 2008, le Kremlin avait déjà reconnu l’indépendance de deux « républiques » séparatistes prorusses en Géorgie – ex-république soviétique mais culturellement, historiquement et politiquement parlant partie de l’Europe – l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, après une guerre éclair contre la Georgie qui, comme l’Ukraine, ambitionne de rejoindre l’OTAN. L’alliance atlantique renouvelle ainsi en Ukraine la stratégie américaine antérieure en Georgie ou en Crimée.

La Géorgie compte parmi les plus proches partenaires de l’OTAN. Elle aspire à devenir membre de l’Alliance. Au fil du temps, l’OTAN et la Géorgie ont mis en place une étroite coopération, en appui des intérêts américains dans la zone et des efforts de réforme du pays et de son objectif d’intégration euro-atlantique. La Géorgie contribue ainsi à l’opération Sea Guardian, dirigée par l’OTAN, et elle coopère avec les pays membres et les autres pays partenaires dans de nombreux autres domaines.

En janvier 2021, soit 13 ans après les faits, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a jugé que la Russie avait enfreint sa Convention.

En 2014, lors de l’annexion de la Crimée, le projet de résolution de l’ONU déclarant « invalide » le référendum populaire sur le rattachement de la république autonome à la Russie s’était vu opposer le veto de Moscou, membre permanent du Conseil de sécurité. A l’Assemblée générale, sur 193 membres, le projet de résolution avait ensuite recueilli 100 voix. Toutefois, les résolutions adoptées par l’Assemblée générale de l’ONU n’ont aucun caractère juridique contraignant en droit international, contrairement à celles validées par le Conseil de sécurité. Ce scénario risque une nouvelle fois de se produire, admet Olivier Schmitt, affaiblissant l’argument juridique brandi par les Atlantistes.

« Le Conseil de sécurité de l’ONU va être paralysé et ne pourra pas jouer son rôle de maintien de la paix et de la sécurité internationale. » (Olivier Schmitt, spécialiste de la défense)

Le droit international « n’a jamais été un miracle, c’est le résultat d’un consensus politique« , rappelle Jean-Marc Sorel, professeur de droit public à l’Ecole de droit de la Sorbonne. « Vous ne pouvez pas changer le monde avec le droit« , appuie-t-il.

Animé par une haine rancie datant le l’URSS, le président américain diabolise Poutine.

Le président russe ne fait que protéger ses frontières et son peuple des agressions légalistes de l’OTAN.

En définitive, le coût pour la Russie est « principalement politique », relativise Olivier Schmitt, dans le concert des va-t’en-guerre qui appellent à des sanctions massives. « Mais il n’y a pas de tribunal pénal des Etats, donc au-delà des déclarations de condamnation des Etats, il n’y a pas de Cour vers laquelle ils peuvent se tourner », admet-il. En revanche, d’un point de vue juridique, la Charte des Nations unies, donne le droit d’ingérence aux pays de lui « venir en aide, de quelque manière qu’il existe », y compris militairement.

Guerre en Ukraine : le traitement du conflit par la chaîne russe RT est-il éclairant ?

Les démocrates exemplaires – presse ou élus – veulent la faire taire, en laissant Swift communiquer…

Berehynia, déesse slave,
monument de l’indépendance
(Maidan Kiev, Ukraine)

Interdite en Allemagne depuis début février, RT est désormais observée à la loupe par la France et la Grande-Bretagne qui pourraient aussi suspendre sa diffusion: au nom du pluralisme?

La guerre se fait aussi sur le terrain de l’information et c’est la censure. Alors que Vladimir Poutine a annoncé ce jeudi une « opération spéciale » (militaire) en Ukraine, la chaîne russe RT, ex-Russia Today, est dans le viseur de plusieurs pays européens. Anciennement connue sous le nom de CSA, l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) a annoncé ce jeudi « veiller avec une particulière vigilance » aux informations diffusées sur la version française de la chaîne et n’exclut pas l’usage d’outils pouvant aboutir à la suspension de sa diffusion. La veille, le gouvernement britannique a demandé un réexamen de la licence accordée à la chaîne publique russe en anglais, le ministre de la Défense jugeant que Vladimir Poutine a …« perdu la boule ».

Début février, l’Allemagne a interdit RT sur son territoire car RT n’avait pas obtenu, ni même demandé, l’autorisation nécessaire pour diffuser en Allemagne. En représailles, la Russie a fermé le bureau de la radiotélévision allemande Deutsche Welle à Moscou.

Comment RT, Souvent décrite comme un outil de propagande du Kremlin, à la différence de BFMTV ou Le Monde, chacune sur sa ligne, ou la paire The New-York Times et the Washington Post, comment RT,traite-t-elle le confit entre la Russie et l’Ukraine ?

Une adhésion au discours officiel russe

Dès son lancement en France en 2017, la chaîne, financée par le gouvernement russe pour répondre à une stratégie de soft power, a éveillé les soupçons. RT et Sputnik, autre medium russe considéré comme proche du Kremlin, avaient été accusés par Macron de s’être comportés durant la campagne présidentielle française « comme des organes d’influence (…) et de propagande mensongère ». A première vue, RT a pourtant tout d’une chaîne d’information en continu « normale » : un habillage semblable à celui de BFMTV ou de CNews, un flux continu d’actualités françaises et internationales, l’intervention d’experts sur des sujets variés, des bandeaux rouges d’alerte… C’est « une chaîne qui se présente d’abord comme un média alternatif dans l’espace médiatique international, décrivait Maxime Audinet, auteur de Russia Today, un média d’influence au service de l’Etat russe, sur France Inter début février. Ce qu’on observe, c’est que dans le cadre d’événements qui concernent la Russie sur le plan intérieur, la couverture est extrêmement partiale, voire manipulatoire ».

Et quelques heures après l’annonce d’une opération militaire contre l’Ukraine, ça ne loupe pas. Lorsqu’on navigue sur le site Internet, le choix des angles reprend très nettement la version du Kremlin. « On retrouve les mêmes motifs, les mêmes explications et souvent les mêmes titres que sur d’autres médias officiels russes. Cela laisse dubitatif sur l’indépendance éditoriale de cette chaîne », souligne Valentyna Dymytrova, maîtresse de conférences en Sciences de l’information et de la communication à l’université Lyon-3.

Si l’allocution d’Emmanuel Macron enregistrée à l’Elysée est relayée sur le site de RT, des articles affirment que l’opération militaire ne menace pas la population civile, que les bombardements sont dirigés dans le Donbass. Or, selon un communiqué des gardes-frontières ukrainiens, des unités militaires russes ont pénétré dans la région de Kiev à partir de Biélorussie pour mener une attaque avec des missiles Grad sur des cibles militaires. « On ne parle pas du périmètre réel de l’action militaire, poursuit la spécialiste de l’Ukraine. Ils reprennent le discours prononcé par Vladimir Poutine selon lequel il faut « démilitariser » et « dénazifier » l’Ukraine », poursuit la spécialiste.

Taddeï, la caution impartialité

Pourtant, RT se vantait de compter dans ses troupes le journaliste Frédéric Taddeï, à la présentation de l’émission de débats Interdit d’interdire. Rompu à l’exercice du débat contradictoire avec Ce soir (ou jamais !) sur France Télévisions, il servait d’argument en faveur de la diversité des opinions. Mais devant l’accélération du conflit ces derniers jours, Frédéric Taddeï a décidé de quitter l’émission par loyauté pour la France. « Si on veut rester sur les ondes d’un pays, il faut respecter un certain nombre de principes propres à ce pays », note Valentyna Dymytrova. Il faut regarder l’ensemble de l’offre d’information et pas seulement une émission qui peut sortir du lot. D’ailleurs, RT version française, version allemande ou version espagnole n’ont pas tout à fait les mêmes lignes éditoriales. Elles s’adaptent à leur terre d’accueil et aux attentes des différentes populations.

RT pâtit également d’un taux de refus très important de la part des invités, comme l’expliquait la chaîne à France Inter, ce qui explique une certaine unanimité des opinions exprimées. Dans le contexte de tensions actuelles, le traitement de l’information de RT va être observé à la loupe. Si la France ou le Royaume-Uni venaient à interdire la chaîne, la Russie ne tarderait pas à répondre comme elle l’a fait en fermant le bureau de la radiotélévision allemande Deutsche Welle à Moscou après la décision de l’Allemagne. Doit-on s’attendre à une nouvelle guerre des ondes ? Tous les faisceaux concordent.

La Russie conserve son accès à Swift, réseau interbancaire

Un éventuel retrait de la Russie du réseau de messagerie interbancaire mondial, Swift, revient sur le devant de la scène comme possible sanction contre la guerre en Ukraine. La mesure serait coûteuse pour l’économie russe.

Après l’attaque de l’Ukraine par le président russe, Vladimir Poutine, les Occidentaux réfléchissent à une série de sanctions économiques contre la Russie. Depuis la reconnaissance des territoires pro-russes, antérieure à l’attaque de ce jeudi 24 février, cette représaille prend la forme de sanctions financières contre des personnalités et institutions russes de premier plan, et d’une suspension de l’autorisation du gazoduc Nord Stream 2. Américains et Européens avaient pour l’instant laissé de côté un autre instrument de sanction aux conséquences potentiellement majeures : couper l’accès des Russes au réseau interbancaire Swift. Mais le sujet revient dans le débat.

Une telle mesure, qui ralentirait fortement les transactions entre les banques russes et le reste du monde, aurait un effet dévastateur pour l’économie du pays. Evoquée à demi-mots par le président américain ces derniers jours, cette idée fait toujours partie de la palette des sanctions que les Occidentaux se disent prêts à prendre en cas d’escalade du conflit. « Nous sommes préparés à adopter des sanctions qui auraient un coût élevé pour l’économie russe, notamment son système financier, et des contrôles d’exportations sur des produits qui sont essentiels pour les ambitions du Kremlin et de Vladimir Poutine, a ainsi déclaré au journal Le Monde le sous-secrétaire d’Etat américain chargé de la croissance économique, de l’énergie et de l’environnement, José Fernandez, le 18 février. Aucune option n’est écartée. »

  • Comment fonctionne le réseau Swift

Swift (acronyme de Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) est une société coopérative de droit belge implantée à La Hulpe (Belgique), qui gère l’essentiel des ordres de paiement des transactions internationales.

Le réseau Swift regroupe un peu plus de 11.600 organisations financières et bancaires dans plus de 200 pays. Créé en 1973, il permet d’automatiser l’écriture et l’envoi des ordres de paiement entre les banques du monde entier. Il s’agit donc d’un système de messagerie électronique sécurisée qui permet les transactions bancaires entre les pays.

Par exemple, lorsqu’une entreprise française achète 1 000 dollars de circuits intégrés à une entreprise chinoise, la banque française de l’acheteur débite son compte, puis envoie un message Swift à la banque chinoise de l’entreprise vendeuse afin de créditer son compte de 1 000 dollars. L’entreprise chinoise peut choisir de recevoir le paiement en dollars américains ou le convertir en yuans, la monnaie chinoise. Le message Swift permet de réaliser les transactions de manière sécurisée et rapide, mais ne les exécute pas directement : au bout du compte, les banques clientes de Swift opèrent elles-mêmes les échanges lorsqu’elles reçoivent ou envoient des ordres de paiement.

En 2021, le réseau a transmis environ 10,6 milliards d’ordres de paiement dans le monde, avec un pic à plus de 50 millions par jour fin novembre.

  • Déconnecter la Russie du réseau Swift ?

C’est techniquement possible et c’est une option que l’administration américaine a visiblement considérée en réponse à une éventuelle agression militaire russe sur le territoire ukrainien. Mais, pour que ça soit possible, les Etats-Unis devront parvenir à un accord avec les autres administrateurs de Swift.

« La particularité de la gouvernance de Swift est que les petits pays sont représentés aussi bien que les grands. Ainsi, un pays ne peut pas avoir plus de deux administrateurs sur les 25, même s’il représente une part importante des flux de messagerie », explique Hervé Postic, consultant et directeur général du groupe Utsit, spécialisé des outils de gestion de trésorerie. Une éventuelle déconnexion des banques russes serait donc conditionnée à l’approbation d’au minimum 13 des 25 administrateurs de la société.

  • Impact sur l’économie russe, mais aussi européenne

L’ancien représentant des Etats-Unis en Ukraine en 2017, Kurt Volker, a qualifié le recours à cette sanction d’option « nucléaire ». Dans un entretien au Monde de décembre 2021, il précise que « l’impact économique serait sérieux et immédiat. C’est comme pour l’arme nucléaire : on ne veut vraiment pas aller si loin et y recourir, mais si on n’a plus le choix, si la Russie attaque ses voisins, tue des gens, occupe des territoires, et qu’on veut l’empêcher, cet outil peut servir en dernier recours ».

En effet, l’exclusion de la Russie du réseau Swift serait « dévastatrice, particulièrement à court terme », selon une note du think tank Carnegie Moscow Center, et perturberait fortement l’économie du pays en ralentissant les échanges commerciaux entre les entreprises russes et leurs partenaires occidentaux. Les établissements bancaires souhaitant réaliser des transactions seraient obligés de recourir à des modes manuels de traitement des transactions, de trouver leurs propres canaux de communications (messageries électroniques ou logiciels cryptés), ce qui ralentirait les délais des échanges. Le centre Carnegie de Moscou rappelle que lors de la précédente menace similaire en 2014, les prévisions envisageaient une chute du PIB russe de cinq points.

En 2020, la balance commerciale du pays était excédentaire de 92 milliards de dollars et comptait pour 6,2 % de son PIB. Parmi les 331,7 milliards de dollars d’exportations russes, près de la moitié (49,6 %) est constituée d’hydrocarbures et de produits pétroliers raffinés.

L’Europe, premier partenaire économique de la Russie

Destination des exportations russes
(331,7 milliards de dollars) 40,6 %,14,6 %,14,4 %,3,2 %,27,2 %

Provenance des importations russes
(239,7 milliards de dollars)35,5 %23,7 %10,7 %5,6 %24,5 %

Source : Ministère de l’économie

Le gaz russe constitue un enjeu géopolitique majeur derrière cette menace, lourde de conséquences pour le Kremlin, puisque les exportations d’hydrocarbures russes représentent près de la moitié du montant de ses échanges avec l’Union européenne, mais aussi pénalisantes pour l’UE, qui verrait probablement les prix de l’énergie augmenter alors qu’ils sont déjà au plus haut.

Enfin, cette sanction placerait des intérêts français dans une position délicate. La France est le deuxième investisseur étranger et le premier employeur étranger en Russie, avec 160 000 salariés. Les quatre grandes banques tricolores y sont présentes, et la Société générale détient même Rosbank, l’une des principales banques privées russes.

  • Risque de développement de systèmes concurrents

Exclure même temporairement la Russie du réseau Swift n’est pas forcément la mesure la plus stratégique, en raison du risque de voir le Kremlin accroître son indépendance des outils occidentaux comme Swift. A la suite des menaces européennes qui ont suivi l’annexion de la Crimée, en 2014, la Banque de Russie a développé son propre système concurrent, le SPFS (Système de transfert de messages financiers). A la fin de 2020, il permettait de connecter 23 banques étrangères à la Russie en Arménie, Biélorussie, Allemagne, Kazakhstan, Kirghizistan et en Suisse. Des accords sont en cours de discussion pour intégrer le réseau russe au système chinois Cross-Border Inter-Bank Payments System et connecter le système russe SPFS à l’Inde, l’Iran et aux pays de l’Union économique eurasienne.

Pour le consultant Hervé Postic, « ce qui est sûr, c’est que tant que les banques ne sont pas interdites de travailler avec leurs contreparties russes, elles trouveront une solution de messagerie pour s’entendre sur les transactions à réaliser ».

Outre l’option de couper l’accès à Swift, d’autres sanctions sont évoquées. Le chancelier allemand a suspendu, mardi 22 février, la certification du gazoduc Nord Stream 2, indispensable à « sa mise en service » et qui devra faire l’objet d’une « réévaluation » politique par le ministère de l’économie. La construction de ce gazoduc est achevée depuis cet automne. Aussi, il pourrait être question d’interdire la compensation en dollars avec des banques russes, ce qui reviendrait à interdire les opérations en dollars américains avec les entreprises russes.

L’UE demande à l’ONU d’agir contre le contrôle des clandestins par la Biélorussie

Des membres de l’UE s’opposent à la Biélorussie qui se protège des clandestins venus du Moyen-Orient

Quatre pays de l’Est de l’Union européenne ont exhorté lundi 23 août l’Organisation des nations unies (ONU) à prendre des mesures contre la Biélorussie qui encourage ses émigrants à passer illégalement sur le territoire de l’Union européenne, qualifiant cette action d’«attaque hybride».

De son côté, le ministre de la Défense de Pologne a annoncé sur Twitter la construction d’une «clôture solide», haute de 2,5 mètres, à la frontière polono-bélarusse longue de 407 km, pour empêcher les migrants de pénétrer sur le sol polonais.

Les premiers ministres d’Estonie, de Lettonie, de Lituanie et de Pologne ont estimé dans une déclaration commune que l’afflux de migrants avait été «planifié et systématiquement organisé par le régime d’Alexandre Loukachenko», ex-membre de l’ex-Parti communiste de l’Union soviétique et frontalement critiqué: il est catalogué « dernier dictateur d’Europe » et interdit de séjour par… l’Union européenne et… les Etats-Unis..

«Des mesures actives» demandées

Des milliers de clandestins, pour la plupart originaires du Moyen-Orient, ont franchi la frontière bélarusso-européenne ces derniers mois, ce que l’Union européenne considère comme une forme de représailles du régime face aux sanctions de plus en plus sévères que l’UE lui impose. «Il est grand temps de porter la question du mauvais traitement infligé aux migrants sur le territoire bélarusse, à l’attention des Nations unies, notamment du Conseil de sécurité des Nations unies», indique la déclaration.

«Nous demandons au Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés de prendre des mesures actives en vue de faciliter la résolution de cette situation et d’exiger de la Biélorussie qu’il se conforme à ses obligations internationales», ajoute le texte.

Les quatre pays déclarent qu’ils accorderont toute protection nécessaire aux réfugiés traversant la frontière, conformément au droit international, mais ils demandent également «d’éventuelles nouvelles mesures restrictives de la part de l’UE pour empêcher toute nouvelle immigration illégale organisée par l’État bélarusse». «Utiliser les réfugiés et les immigrés comme une arme menace la sécurité régionale de l’Union européenne et constitue une grave violation des droits de l’Homme», ont écrit les quatre premiers ministres.

Les trois pays de l’UE qui partagent la frontière terrestre avec la Biélorussie- la Lettonie, la Lituanie et la Pologne – tentent de bloquer ou de repousser les migrants qui essaient de la traverser illégalement. Dans de nombreux cas, les autorités de Minsk repoussent les migrants vers la frontière de l’UE, ce qui a conduit à des situations d’impasse. Un groupe de migrants afghans reste ainsi bloqué depuis deux semaines sur une section de la frontière entre la Pologne et la Biélorussie.