Macron hésite à rendre le masque de nouveau obligatoire en France
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Le nombre de contaminations à la Covid-19 a pourtant dépassé 206.000 en début de semaine, selon les données de Santé Publique France publiées mardi 5 juillet 2022. Face à une septième vague épidémique qui se développe depuis plusieurs jours, le pouvoir peut-il rendre le masque obligatoire en France, au risque d’irriter les vacanciers assoiffés de liberté ?
Malgré la multiplication des cas positifs au virus, Macron ne s’engage pas.
Le gouvernement mise sur la vaccination et la responsabilité citoyenne de chacun, excluant à ce stade le retour de mesures sanitaires coercitives.
Mercredi 6 juillet, Elisabeth Borne a recommandé le port du masque dans les lieux clos et bondés, mais a exclu pour l’heure d’imposer « une mesure nationale d’obligation ».
« L’épidémie repart. Donc moi j’appelle chacun à la vigilance. Quand on est dans des espaces fermés, où il y a beaucoup de monde, il faut porter le masque, notamment dans les transports », mais « nous n’avons pas l’intention d’avoir une mesure nationale d’obligation » parce que « les Français connaissent aujourd’hui les bons gestes », a déclaré la première ministre sur TF1. Pour le moment, la Haute Autorité de santé (HAS) n’a d’ailleurs pas émis de nouvelle recommandation sur le port du masque.
Même s’ils sont nettement relâchés depuis la levée de toutes les restrictions, les gestes barrières demeurent encouragés. Le masque, « il faut vraiment que cela devienne un réflexe » dans chaque « situation à risque », a toutefois exhorté Isabelle Bonmarin, responsable de l’unité de prévention des risques infectieux chez Santé Publique France (SPF).
Un retour du masque dans les transports ?
Si beaucoup semblent l’avoir abandonné, le masque reste recommandé, notamment dans certains lieux particulièrement à risque. Raison pour laquelle plusieurs voix dans la communauté médicale, dont celle d’Alain Fischer, président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, à titre personnel, ou de la fédération des hôpitaux publics, plaident pour un retour du masque obligatoire dans les transports. Une mesure levée depuis le 16 mai 2022.
Et cette recommandation, Christian Estrosi l’a suivie. Le masque sera effectivement de nouveau exigé dans les transports en commun de la métropole de Nice (Alpes-Maritimes) à compter de lundi [11 juillet], a annoncé le maire. « J’ai pris mon arrêté avec d’autres maires de la métropole de Nice […] pour que chacun à partir de lundi porte le masque de manière obligatoire », sur les 2.500 km du réseau de bus et de tramways, a déclaré l’ancien LR, qui a rejoint Horizons, le parti d’Edouard Philippe.
Le maire de Nice a ainsi traversé la rue où bloque Macron. Le gouvernement ne fait en effet que recommander le port du masque dans les transports publics. Selon Christian Estrosi, le gouvernement « sera obligé d’y venir, parce que 200.000 cas de plus en moins de vingt-quatre heures, on voit bien que nous sommes sur une septième vague qui monte en flèche et qui nous amène vers une rentrée scolaire à haut risque ».
S’il faut « considérer un retour du masque dans les transports, on ne s’interdit rien », assurait justement Olivia Grégoire fin juin, alors porte-parole du gouvernement, avant de passer la main à Olivier Véran après le remaniement du gouvernement.
Les recommandations fusent, libre aux citoyens de s’yconformer. Ou non.
Alors que les vacances estivales ont déjà commencé pour certains Français, le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou a aussi appelé les voyageurs à porter de nouveau le masque dans les gares et les trains. « On est complètement dans la logique d’une vive recommandation, à la fois pour nos personnels comme pour les voyageurs, de porter le masque », a-t-il déclaré sur France Inter . « On voit bien qu’il y a un rebond de l’épidémie. Porter le masque dans les gares, porter le masque dans les trains, je pense que c’est la meilleure façon de se protéger », a-t-il ajouté.
Patrick Pelloux, le président de l’association des médecins urgentistes de France a d’ailleurs jugé, mercredi 6 juillet, au micro d’ Europe 1 que le choix d’enlever le port du masque obligatoire dans les transports est « une erreur » .
Estrosi ne pourra pas imposer le masque à Nice
A trois jours de son entrée en vigueur lundi 11 juillet, le tribunal administratif de Nice a considéré ce vendredi que le maire enfermiste Christian Estrosi n’avait pas de raison valable pour prendre son arrêté obligeant les Niçois à porter le masque dans les transports de la ville.
La mesure devait s’appliquer dans les bus et tramways de la préfecture des Alpes-Maritimes et les communes de la métropole sous peine d’une amende de 135 euros. Mais elle porte une “atteinte grave et manifestement illégale” à la “liberté d’aller et venir” et “au droit de chacun au respect de sa liberté personnelle”, peut-on lire dans le texte du tribunal.
Bien que le taux d’incidence soit particulièrement élevé dans les Alpes-Maritimes et que les vacances promettent un afflux de touristes, les magistrats ont estimé qu’il n’y a pas de raison propre à la ville ou la métropole de Nice qui permettait à l’édile de prendre une telle décision.
Jusqu’à présent le gouvernement se borne à recommander le port du masque dans les lieux bondés et clos mais n’envisage toujours pas de mesure obligatoire. C’est d’ailleurs l’un des points soulevés par l’arrêt du tribunal administratif. Le pouvoir de police conféré au maire aurait pu lui permettre d’imposer malgré tout le masque.
Mais la justice fait valoir le taux de remplissage en réanimation plutôt que le taux d’incidence. Le “taux de tension en réanimation” était au 7 juillet “de 14% dans le département des Alpes-Maritimes contre 20% au niveau national”.
En conséquence, note le juge, “l’existence de raisons impérieuses propres à la commune rendant indispensable l’édiction de cette mesure, en dépit de la situation particulière liée au tourisme en période de vacances scolaires d’été, n’a pas été démontrée”.
Christian Estrosi a la possibilité de faire appel devant le Conseil d’Etat. A ce stade, il a pris acte de la décision de justice. “Je reste préoccupé face au personnel hospitalier épuisé, la forte fréquentation de notre territoire en cette période estivale et au risque de tension hospitalière”, a fait valoir le maire de Nice qui appelle chacun à ses responsabilités. “Il en va à la fois de la santé des plus fragiles, de la préservation de notre activité économique et des conditions de préparation de la rentrée scolaire”, a-t-il réagi.