Qualifié de traître, « le Président joue avec le feu »
Il a pris une décision personnelle, incomprise de son camp : il doit s’expliquer, mais seulement auprès des siens. Et laisser du lest à Gabriel Attal, plutôt que de se mettre en avant: le temps jupitérien est passé. Si Macron prend une nouvelle claque dès le 30 juin, comment justifiera-t-il son maintien? Est-il prêt à la démission?
Nombre de politiques ont réagi à l’annonce de Macron de dissoudre l’Assemblée, certains jugeant que le Président fédéraliste « joue avec le feu », alors que le spectre de la droite souverainiste pèse sur le prochain gouvernement. Divers partis d’opposition appellent à la mobilisation pour les prochaines législatives prévues les 30 juin et 7 juillet prochains, certains rêvant de Matignon , d’autres appelant à faire barrage au parti que quelque 40% des électeurs leur ont préféré.
L’annonce brutale, dès le soir du scrutin, de la dissolution de l’Assemblée nationale après la victoire historique des tenants du souverainisme aux élections européennes, est ressenti comme un coup de théâtre, voire un accès de colère qui a entraîné de nombreuses réactions politiques, alors que vont être rebattues les cartes à l’Assemblée nationale.
Le RN « prêt » à gouverner
« Nous sommes prêts à exercer le pouvoir si les Français nous font confiance lors de ces futures élections législatives », a aussitôt réagi Marine Le Pen. « Nous sommes prêts à redresser le pays, prêts à défendre les intérêts des Français, prêts à mettre fin à cette immigration de masse, prêts à faire du pouvoir d’achat des Français une priorité, prêts à entamer la réindustrialisation du pays », a-t-elle poursuivi, après la victoire écrasante du RN aux élections européennes. « Nous sommes prêts à constituer une nouvelle majorité pour la France : j’appelle les Français à nous rejoindre et à s’engager », a renchéri le président du parti Jordan Bardella, qui postule Matignon.
Au parti Les Républicains, la décision de dissoudre l’Assemblée était « la seule solution », a déclaré Eric Ciotti, dont le parti LR est arrivé dimanche en cinquième position avec environ 7 % des voix. Il a d’abord annoncé que le parti se présenterait seul sous ses « couleurs » aux législatives anticipées, « sans aucune forme de coalition, de coopération, de collaboration avec ce pouvoir qui a tant abîmé la France », a-t-il balayé. « Nous allons mener cette campagne autour des valeurs de droite. La France a besoin de la droite républicaine et nous serons à ce rendez-vous. »
Mais le réalisme politique a voulu qu’il varie, puisque son parti pourrait se rapprocher début juillet des 5% fatitiques qui le priveraient de représentants à l’Assemblée. Ses opposants seraient donc prêts à passer à la trappe, dans l’honneur. L’électorat LR acceptera-t-il de voter pour rien?
« Une double trahison »
De son côté, le chef de file de la liste PS-Place publique Raphaël Glucksmann, a dénoncé sur TF1 un « jeu extrêmement dangereux », de la part la majorité présidentielle et du président de la République, qu’il juge « incapables de faire face à leur responsabilité historique ». Rappelant que la dissolution de l’Assemblée a été « exigée par Jordan Bardella », Raphaël Glucksmann estime qu’elle « restera une tache sur le quinquennat d’Emmanuel Macron, une de plus ».
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Selon Mélenchon (LFI), Macron « a eu raison de dissoudre l’Assemblée », jugeant qu’il « n’a plus de légitimité à mener sa politique de maltraitance sociale, d’inaction climatique et de va-t-en-guerre », a-t-il assené. « On ne craint pas le peuple », a-t-il aussi affirmé, appelant les Français à se rendre aux urnes. « Nous pouvons gagner de nouveau et tout changer en utilisant les bulletins de vote ! » Prétend-il arriver à Matignon?
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