« A bas la mauvaise République » : Mélenchon franchit la ligne du rouge de l’appel à l’insurrection

Le discours de Mélenchon menaçant la République, le jour du 1er-Mai 2023, 13e mobilisation contre la réforme Macron des retraites

Dans la continuité du Mélenchon de 2012
et de son engagement trotskiste révolutionnaire de jeunesse:
trotskiste un jour, trotskiste toujours

Ni le parti présidentiel, ni ses partenaires de la Nupes n’ont apprécié un tweet de Jean-Luc Mélenchon évoquant la Révolution française avant la « marche » du 16 octobre.

Mélenchon s’était une nouvelle fois placé sous le feu des critiques avec un tweet polémique évoquant la Révolution française avant la « marche » du 16 octobre. « C’est un appel à la violence sociale », a dénoncé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, sur BFMTV et RMC, avant d’ajouter l’adjectif « déguisé » car, selon lui, l’ancien candidat à la présidentielle « pourra toujours dire: c’est pas ce que je voulais dire ». Inconscience de Véran, puisque cette technique est précisément celle de Macron qui n’hésite pas à accuser ses détracteurs qui ne comprennent pas sa « pensée complexe ».

Mélenchon était-il inspiré par le défi que lança Macron en juillet 2018, lors de l’affaire Benalla : «Qu’ils viennent me chercher ! {…] S’ils cherchent un responsable, le seul responsable, c’est moi et moi seul. C’est moi qui ai fait confiance à Alexandre Benalla. C’est moi qui ai confirmé la sanction» »

« Ce n’est pas la première fois qu’il dépasse les bornes, il est tout le temps dans l’outrance », avait estimé Véran, en soulignant néanmoins une « désolidarisation » de la part « de partis plus traditionnels au sein de la Nupes« , notamment celle du patron du PS Olivier Faure. Celui-ci a en effet été le premier à marquer dès jeudi ses distances avec le leader insoumis.

« Là Jean-Luc tu peux faire mieux. La provocation n’est pas toujours le meilleur moyen de se faire entendre. Il n’y a plus ni roi ni reine. Nous n’aurons ni pique ni fourche. Notre mobilisation sera non violente et sa force c’est son message : la justice contre le désordre social », lui avait répondu le socialiste Olivier Faure sur le même réseau social.

Mélenchon a appelé « les gens » à la révolution et les policiers et gendarmes à se retourner contre le pouvoir

Vendredi, dans une vidéo YouTube, Mélenchon a appelé les gendarmes et les policiers à « entrer dans la lutte » contre la réforme des retraites, lors de la manifestation du 1er mai.

Dans une allocution de 4 minutes, le leader de La France insoumise, LFI, dont les relations avec les syndicats de police sont houleuses, dénonce le « jeu un peu facile du pouvoir de faire croire que ceux qui sont en lutte pour les droits sociaux seraient des ennemis de la police. Ça n’a pas de sens ».

La réforme des retraites, « c’est aussi pour les policiers »

« Votre intérêt c’est d’entrer dans la lutte, d’être présent le 1er mai, de faire grève et de refuser d’accomplir les brutalités absurdes et cruelles que parfois on vous demande de faire, contre la déontologie de votre métier », affirme Jean-Luc Mélenchon en s’adressant directement aux policiers. Il les appelle à « tourner la page de controverses qui n’ont pas de sens entre la principale force d’opposition de gauche qu’est le mouvement des insoumis et (leurs) propres intérêts ».

La réforme des retraites « c’est aussi pour les policiers », et par conséquent « la lutte contre la retraite à 64 ans, ça les concerne aussi », poursuit-il, regrettant qu’ils soient « employés à persécuter de toute les manières possibles des gens qui ne font que manifester et défendre des droit sociaux que nous avons en commun« .

« Vous êtes appelés à ne pas avoir de vacances en région parisienne pour assurer la protection des lieux des jeux Olympiques » de 2024. « Vous n’aurez ni juillet, ni août. Vous laisserez faire? Non bien sûr, je suis sûr que non« , poursuit-il.

« Tout le monde à ses casseroles ! »

« Si vous croyez que le pouvoir qui vous caresse la tête vous protègera, vous vous trompez », affirme encore le leader d’extrême gauche, rappelant « comment ils ont méprisé les gendarmes, en disant que c’est parce qu’ils n’avaient rien compris qu’ils avaient confisqué les casseroles à des manifestants« .

Espérant « être entendu », Mélenchon appelle tout le monde dans la rue », le 1er mai. « Tout le monde à ses casseroles, tout le monde dans l’action », dit-il, souhaitant « un raz-de-marée ». Ce que le Larousse définit comme « phénomène brutal et massif qui bouleverse une situation sociale ou politique« . Un soulèvement ?

Discours subversif de Mélenchon le jour du 1er-Mai 2023

En appelant à mettre fin à la 5e République, sans la citer précisément, l’insoumis a suscité la colère de la majorité présidentielle. Le passage à une 6e République était pourtant dans son programme présidentiel.

Une expression qui déplaît à la macronie mais qui n’a pourtant rien de surprenante. « A bas la mauvaise République », a lancé Mélenchon dans le cortège parisien du 1er mai, faisant grincer des dents la macronie.

Selon Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, le fondateur de La France insoumise « excite tout le monde » et « appelle quasiment à la sédition ». « Tout est bon pour de la démagogie« , a encore tancé le locataire de la place Beauvau, ce mardi matin sur BFMTV. Mais rien de « nauséabond » ?

Même son de cloche du côté de Prisca Thevenot, la porte-parole des députés Renaissance. « De quelle République parle-t-il ? Celle qui lui a permis de cumuler 30 ans de mandat[s] ? S’il n’est pas devenu président, ce n’est pas à cause de la République mais parce que les Français lui ont dit non », a tancé l’élue des Hauts-de-Seine sur Sud-Radio, ce mardi 2 mai au matin.

« Une mauvaise Constitution »

« Le Conseil constitutionnel ne peut pas valoir plus que la Constitution qu’il défend. Il n’y pas de bon Conseil constitutionnel aussi longtemps qu’il y a une mauvaise Constitution. A bas la mauvaise République« , a expliqué l’ancien député lors de sa harangue.

Les Sages ont validé mi-avril l’essentiel de la réforme des retraites, dont le passage à 64 ans, tout en rejetant la première demande de référendum d’initiative partagée déposée par la gauche. Une seconde demande est actuellement évaluée et les Sages rendront leur verdict ce mercredi 3 mai.

Et Mélenchon de poursuivre: « Ne cédez pas. Ne vous laissez pas domestiquer, quoi qu’il en coûte. Si vous êtes des insoumis, soyez-le jusqu’au bout. La lutte continue jusqu’au retrait« , a encore lancé l’insoumis.

Un élément central du programme de Mélenchon

Marche pour la 6eme République
(samedi 18 mars 2017)
à l’appel du candidat Mélenchon à la présidentielle

Les déclarations de l’ancien candidat à la présidentielle sont dans la droite lignée de ses précédents propos. Son programme appelle à rédiger une nouvelle Constitution pour passer à une 6e République. « La nouvelle Constitution dont la France a besoin doit radicalement être nouvelle. Elle ne peut être un simple rafistolage de la 5e République. C’est le peuple lui-même qui doit s’emparer de la question et s’impliquer tout au long du processus constituant« , peut-on lire dans le programme de l’Avenir en commun. Il fait ainsi référence à l’assemblée constituante nationale française de 1789-1791 qui fixa les grands principes de la Constitution de 1791. Le pays entra dans une économie de pénuries, d’où une fureur populaire suivie de répressions et le développement du marché noir. Les têtes tombèrent et arriva la Grande Terreur, que Mélenchon ne mentionne pas.

En mars 2022, le mouvement avait d’ailleurs organisé une marche pour la 6e République avec 130.000 personnes place de la Bastille, selon Public Sénat.

« Apprendre » à Macron « le mot insurrection »

Le candidat Macron avait publié un bouquin intitulé ‘Révolution’ présentant sa vision (?) de la France et de son avenir (?), dans un monde nouveau qui vit une « grande transformation » comme il n’en a pas connu depuis l’invention de l’imprimerie et la Renaissance. Aujourd’hui, Mélenchon appelle ses « combattants » de rue à un grand chamboule-tout en France. Ils étaient faits pour s’entendre…

Pour « récupérer la retraite à 60 ans », comme l’espère celui qui se voyait premier ministre lorsque les législatives privèrent Macron de la majorité, l’élu de nulle part a encore appelé lors de son discours du 1er mai « le dernier rang des combattants » à se mobiliser, se félicitant des « Macron démission », souvent scandé lors des concerts de casseroles.

« Le 14 juillet, nous lui apprendrons la signification du mot insurrection », a encore lancé Méluche, place de la République. Les insoumis devraient organiser une grande action le jour de la fête nationale. Une sorte de clin d’œil à Macron qui a promis lors de son allocution de faire le bilan de la période des « 100 jours d’apaisement », dévoilant trois chantiers prioritaires, que sont le travail, la justice et le progrès : l’environnement, l’immigration, l’école, l’hôpital et l’inflation sont donc, pour lui, des préoccupations subalternes.

La France Insoumise (LFI) veut faire du « 14 juillet une très grosse fête de la révolution française ». D’ici là, il y aura un nouveau rendez-vous fixé le 3 mai, jour où les « Sages » doivent se prononcer sur une deuxième demande de référendum, et une nouvelle journée d’action, le 6 juin.