Nice : les habitants “ne se sentent plus en sécurité” dans le Quartier Saint-Roch

Fin octobre 2023, les riverains lançaient déjà une pétition contre l’extension du CRA de la Caserne Auvare

Des rassemblements étaient organisés devant de nombreux commissariats de police ce vendredi 19 avril 2019 pour dénoncer les conditions de travail des policiers. A Nice, devant la caserne Auvare, ils étaient plus de 50

Le CRA local devrait passer de 40 à 100 places disponibles. Le comité de quartier dénonce ce projet, tout comme le député Eric Ciotti qui souligne la trop grande vétusté du commissariat Auvare. Il a écrit au ministre de l’Intérieur le vendredi 27 octobre dernier.

« Le CRA existant, situé à la caserne Auvare, est gravement sous dimensionné… et est complètement vétuste », dénonce-t-il.

Un point également soulevé par le comité de quartier Saint Roch: « Il faudra d’abord le mettre aux normes notamment hygiène, sécurité, personne à mobilité réduite… »

Le comité de quartier a lancé une pétition contre l’extension du centre de rétention administrative (CRA) situé dans la caserne Auvare. Cette pétition a été adressée au préfet des Alpes-Maritimes, Hugues Moutouh.

Le CRA est un lieu fermé permettant de retenir « un étranger qui fait l’objet d’une décision d’éloignement [OQTF] dans l’attente de son renvoi forcé ». La capacité de celui de Saint Roch pourrait passer du 40 à plus de 100 places.

Toutefois, les riverains s’opposent fermement à ce projet en l’état. « Il faut faire vite avant que la décision du ministre soit irrévocable », lance le comité de quartier Saint-Roch sur les réseaux sociaux.

Le comité souligne qu’il « lutte sur ce dossier depuis plus de 10 ans » et qu’il ne baissera donc pas les bras.

Vers un CRA près de l’aéroport?

Le député LR souhaite la création de nouvelles places de rétention administrative, mais agrandir le centre dans une caserne niçoise déjà obsolète est donc pour lui une erreur. Il souhaiterait que les nouvelles places soient installées « au plus près de l’aéroport de Nice (…) à l’emplacement où se situait l’ancien centre de tri postal ».

Rien ne bouge depuis la pétition citoyenne

A l’Est de Nice, côté poste frontière de Menton avec l’Italie, le quartier Saint-Roch est pourtant réputé pour son esprit de village. Toutefois, en mars 2024, les habitants dénoncent “nuisances et délinquants”.

“Nous ne nous sentons pas en sécurité ici”, confie Gérard de Fenzo, habitant du quartier depuis une dizaine d’années. A propos du quartier Saint-Roch, on entend souvent parler de l’esprit de village, avec l’église, le marché, ou encore les petits commerces de proximité… Pourtant, les habitants subissent de plus en plus de problèmes, notamment ceux qui vivent autour de la place principale.

“Vrai ras-le-bol” 

“Il y a un problème de mauvais comportement mais aussi de tapage nocturne récurrent. Des groupes viennent s’installer sur place jusqu’à trois heures du matin,” continue Gérard de Fenzo.

“Parfois il y a eu jusqu’à 100 personnes qui se sont retrouvées. Ils mettent de la musique, ils crient… On appelle la police mais il ne se passe rien.” 

Au-delà de ça, “des groupes boivent sur la place et sont saouls. Ils laissent cet endroit dans un état lamentable. C’est nettoyé tous les jours après le marché et pourtant c’est toujours sale car il y a des personnes qui s’avinent et qui provoquent des disputes, même en journée.” 

La place est aussi régulièrement vandalisée. “Il y a eu un feu sur un banc, des plots électriques ont été cassés, les tentes du marché sont arrachées…” “On a également vu des gens qui trafiquent de la drogue. Ils se postent, il y a des voitures qui s’arrêtent… Il y a un vrai ras-le-bol.” 

“Dans l’après-midi, des jeunes, épaulés par des adultes, s’amusent aussi à lancer des pétards,” affirme un résidente du quartier depuis deux ans.

“En plus, ils le font devant des enfants, qui prennent peur. Quand on essaie de communiquer avec eux, ça ne fonctionne pas.” “Il y a des caméras, la zone est surveillée. Pourtant on ne voit pas beaucoup les policiers”.

Au-delà de la place Saint-Roch, c’est le quartier dans sa globalité qui est en réalité concerné. “C’est toute la zone qui est touchée,” insiste Géraldine Colinprésidente du comité de Saint-Roch. 

“On a une liste de personnes qui ont été attaquées, notamment pendant le mois d’août.” “Ça peut être au niveau tram, ou encore en rentrant chez elles”. Récemment, “une dame âgée s’est encore fait arracher son collier dans la rue.” “Il y a aussi du trafic de drogue un peu partout.”

A cela s’ajoute le fait que de nombreux cambriolages ont été perpétrés, de manière récurrente. “On a eu plusieurs témoignages à propos de ça.”  Une situation qui devient de plus en plus difficile à vivre pour les habitants et qui s’accentue particulièrement depuis “environ deux ans”.

A l’échelle nationale, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a pour projet d’atteindre les 3.000 places disponibles d’ici 2027.

Christian Estrosi ne veut pas de ce CRA:

Darmanin dit qu’il a entendu les doléances d’Estrosi pour la construction d’un nouveau CRA de plus de 100 places. Le CRA de la caserne Auvare a une capacité d’accueil de 35 places et doit être déconstruit dans le cadre de l’ouverture de l’hôtel des polices à Saint Roch, d’ici 2025. Le ministre de l’Intérieur propose sa construction dans la commune voisine de La Trinité, sur un terrain propriété de la Ville de Nice, mais le maire, Ladislas Polski, s’en indigne.

Le terrain envisagé par le préfet de Darmanin est en fait celui sur lequel Ladislas Polski souhaite voir s’installer une future… brigade de gendarmerie. «Et certainement pas un centre de rétention ! Quel cynisme que de nous faire comprendre que le terrain proposé n’est pas assez bien pour les gendarmes mais idéal pour implanter un CRA » insiste-t-il. L’édile précise qu’une pétition a d’ores et déjà été lancée par ses administrés en opposition au projet du gouvernement.

Les étrangers, coupables de 54% de la délinquance sur la voie publique à Nice, révèle le préfet

Les Alpes-Maritimes sont sur le passage des clandestins débarqués notamment à Lampedusa

Menton, ville frontière

Le préfet du département a publié, à la demande du député RN des Alpes-Maritimes, les données sur la part des étrangers dans la délinquance dans son département.

A Nice, 54% de la délinquance sur la voie publique est le fait d’étrangers, 53% à Cannes. D’autres précisions indiquent que 82% des vols à la tire sont le fait d’étrangers dans la ville de Nice, d’après les données transmises par Hugues Moutouh, préfet des Alpes-Maritimes. 

Une surreprésentation face à laquelle le préfet souhaite agir fermement. «Pour combattre cette criminalité, 260 délinquants étrangers ont été expulsés depuis 2023, conformément aux instructions de Gérald Darmanin. Nous intensifierons nos efforts dans les prochains mois. On respecte les lois de la République quand on vit en France ! », a écrit le député sur X.

Les chiffres du 9 mars 2023, indiquaient, dans le détail, 1.602 cambriolages constatés en 2021 (contre 1.426 en 2022), 3.213 dégradations répertoriées en 2021, soit 415 de moins en un an et 674 vols violents sans arme déclarés en 2021, contre 620 en 2022.

Une histoire de « bon sens »

Une initiative d’élu très appréciée des habitants de cette grande ville, qui subissent cette délinquance au quotidien : «Ça fait des années que ça dure, c’est insoutenable. Les Niçois n’en peuvent plus, les Français n’en peuvent plus, il faut que le gouvernement fasse quelque chose», a grondé un habitant.

«Ces étrangers ne feraient pas ces délits dans leur propre pays, puisque dans leur propre pays, ils seraient sanctionnés de tout. Ici, en France, c’est ‘open bar’», a ajouté un autre habitant. Du côté de la police, cette transparence du préfet est considérée comme une bonne nouvelle. Ces expulsions leur facilitent la tâche au quotidien.

«Cela évite à nos collègues de réinterpeller les mêmes personnes aussi. C’est du bon sens, quand on est étranger et en situation irrégulière dans un pays, je trouve logique de retourner dans son pays d’origine», a déclaré Jean-Luc Bragato, syndicat SGP Police. Des expulsions parfois difficilement applicables, puisque certains pays d’origine ne veulent pas reprendre leurs ressortissants.

Réaction du député RN Julien Odoul

Certains pays refusent de reprendre leurs délinquants, malades mentaux et opposants politiques. Ce fut l’un des objets des visites de Gérald Darmanin en Russie, au Maroc ou en Algérie en novembre 2020. Dans certains de ces pays, le sujet fait polémique, notamment en Tunisie (pays d’origine de l’auteur de l’attentat de Nice) où la possibilité d’un retour au pays de Tunisiens ayant rejoint des groupes djihadistes en Syrie avait déclenché des manifestations hostiles en 2016…

Impuissant, Clément Beaune a insisté sur la nécessité d’une action concertée avec les autres pays européens, notamment de l’espace Schengen, pour une meilleure efficacité. « A un moment il faut être concret, efficace (…) On respecte nos partenaire, mais en Européens, avec nos partenaires européens, on doit mettre cette pression », s’est-il défaussé. « Là aussi il faut sortir de la naïveté, il faut passer par une action européenne parce que nous sommes plus forts dans ces pressions », a-t-il martelé. Depuis, il a été limogé du gouvernement.