Les Houthis, en seconde main derrière l’Iran, harcèlent les navires occidentaux

Les Chiites, alliés objectifs du Hamas sunnite contre Israël

Des Yéménites manifestent à Sanaa à la suite des frappes américaines et britanniques, à Sanaa le 12 janvier 2024.

L’Express a fait le choix de son camp. « Entre jeudi et samedi, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont bombardé plusieurs sites houthistes au Yémen. L’ONU craint « une escalade » militaire dans la région, ce que les deux pays tempèrent, » écrit l’hebdomadaire. Et ça continue le lendemain…

L’armée américaine a confirmé de nouvelles frappes au Yémen contre un site des houthis, ces rebelles qui ciblent le transport maritime en mer Rouge en « solidarité » avec Gaza.

La tension est encore montée d’un cran en mer Rouge. Entre jeudi 11 et samedi 13 janvier, les forces armées américaines et britanniques ont bombardé une dizaine de sites militaires des rebelles houthistes situés au Yémen. Une intervention militaire occidentale inédite dans ce pays du Moyen-Orient en proie à une guerre civile depuis bientôt dix ans.

Au 99e jour de guerre à Gaza, le conflit s’étend un peu plus au Moyen-Orient, alors que les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont mené de nouvelles frappes au Yémen, samedi 13 janvier, contre les rebelles houthis. En parallèle, les bombardements se poursuivent à Gaza, où les habitants sont désormais totalement privés de télécommunications, insiste L’Express, détenu depuis septembre 2023 à 100 % par l’homme d’affaires Alain Weill, ancien président-directeur général de SFR Group, renommé Altice France, du Libanais Patrick Drahi (SFR et BFM).

Vendredi, l’Otan a qualifié ces frappes de « défensives« , écrit L’Express suggérant qu’elles ne le seraient pas…. En cause, la multiplication des menaces houthistes ces dernières semaines dans la région. Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, le 7 octobre, les rebelles yéménites au pouvoir ont mené plus d’une vingtaine d’attaques de drones aériens et missiles contre des navires de pays alliés d’Israël et passant près de leurs côtes en mer Rouge.

Pourquoi la France n’a pas participé aux frappes

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont bombardé des sites militaires houthis au Yémen. Craignant une escalade, Paris s’en tient à une posture d’élimination des missiles ou des drones en cas d’attaque.

Il y a un mois, la marine française a toutefois été la deuxième à faire usage de ses armes contre la menace posée par les Houthis en mer Rouge, après la « Navy » des Etats-Unis. La frégate multi-missions (FREMM) Languedoc a ainsi abattu

Qui sont les protégés de L’Express ?

Les houthis sont une organisation armée, politique et théologique zaïdite, active initialement dans le nord-ouest du Yémen, puis à partir de 2014, dans tout le pays. 

Le mouvement des Houthis fait partie de « l’axe de la résistance » établi par l’Iran, qui réunit dans la région des groupes hostiles à Israël, notamment le Hezbollah libanais et des groupes armés en Irak et en Syrie.

Les rebelles Houthis, qui se disent solidaires du Hamas palestinien, ont prévenu qu’ils viseront des navires en lien avec Israël et naviguant au large des côtes du Yémen. Depuis le 1er novembre 2023, ils ont mené 27 attaques près du détroit de Bab el-Mandeb séparant la péninsule arabique de l’Afrique, qui donne accès à la mer Rouge depuis l’Asie, selon l’armée américaine.

Suite aux massacres d’Israéliens sur le sol d’Israël, le 7 octobre 2023, et à la mise sur pied d’une coalition occidentale alliée à Israël, depuis plus de deux mois, des rebelles Houthis attaquent des navires au large des côtes du Yémen perturbent fortement le commerce mondial. Vendredi et ce samedi, les Etats-Unis ont réagi par des frappes aériennes.

Les attaques des Houthis, menées avec des missiles et des drones, ont poussé de nombreux armateurs à délaisser le couloir de la mer Rouge entre Europe et Asie, où transite 12 % du commerce mondial. Pour éviter les risques d’attaque, qui se multiplient, les porte-conteneurs doivent emprunter un itinéraire alternatif autour du cap sud-africain de Bonne-Espérance, beaucoup plus long et coûteux. Le voyage entre l’Asie et l’Europe est rallongé de 10 à 20 jours.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, Tesla a été le premier constructeur à annoncer que sa production sera suspendue pendant deux semaines dans son usine européenne, entre le 29 janvier et le 11 février. Implantée près de Berlin, l’usine de Grünheide produit le Model Y, le SUV roi des ventes d’électriques sur le continent.

« L’allongement considérable des temps de transport crée un vide dans les chaînes d’approvisionnement », a écrit Tesla dans un communiqué. « Les conflits armés en mer Rouge et le déplacement des routes de transport entre l’Europe et l’Asie via le Cap de Bonne-Espérance ont également des répercussions sur la production à Grünheide », a expliqué le constructeur américain.

L’usine de Volvo à Gand, en Belgique, va également être fermée pendant trois jours durant la semaine du 15 janvier faute de boîtes de vitesses, dont la livraison a pris du retard à cause de « réajustements dans les voies maritimes », a indiqué le constructeur sino-suédois. L’usine produit notamment le SUV XC40, ainsi que l’électrique C40.

Lorsque les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont bombardé, vendredi, les Houthis au Yémen, la déclaration commune de Washington, Londres et huit de leurs alliés – parmi lesquels l’Australie, le Canada et Bahreïn – a souligné que leur objectif est la « désescalade » en mer Rouge. En décembre, les Etats-Unis avaient déployé des navires de guerre et mis en place une coalition internationale pour protéger le trafic maritime. Cette semaine, le Conseil de sécurité de l’ONU a, lui, exigé l’arrêt « immédiat » des attaques.

La riposte américano-britannique est venue après le tir houthi, jeudi, d’un nouveau missile antinavire. « Ces frappes ciblées sont un message clair (indiquant) que les Etats-Unis et nos partenaires ne toléreront pas les attaques sur nos troupes (et) ne permettront pas à des acteurs hostiles de mettre en danger la liberté de navigation », a mis en garde Joe Biden.

Ce samedi, l’armée américaine a mené une nouvelle frappe contre des sites des rebelles Houthis au Yémen. Ces derniers ont menacé de riposter aux frappes américaines et britanniques en s’en prenant aux intérêts de ces deux pays, considérés désormais comme des « cibles légitimes ».

« Nous ne pouvons pas tolérer que des voyous harcèlent le transport international », a déclaré au Telegraph le ministre britannique de la Défense, Grant Shapps, appelant l’Iran à ce que ses « intermédiaires » dans la région « cessent leurs activités ».

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a, lui, souligné « l’importance de maintenir et de défendre les droits et libertés de navigation en mer Rouge » tout en évitant « une nouvelle escalade ».

Montée en puissance des Houthis en mer Rouge et dans le conflit entre Israël et le Hamas 

Les Houthis sont les membres de la communauté zaydite, qui est chiite et qui représente environ un tiers de la population du Yémen, majoritairement sunnite. Ils sont alliés de l’Iran, du Hamas palestinien et du Hezbollah libanais.

«Les Houthis veulent se transformer en puissance régionale». Depuis le début du conflit à Gaza, des attaques se multiplient contre des navires naviguant en mer Rouge et des missiles sont lancés en direction d’Israël. Les Houthis en sont les auteurs. Ces rebelles, qui contrôlent l’ouest du Yémen en guerre, ont intégré « l’axe de la résistance » promu par l’Iran, aux côtés du Hamas et du Hezbollah.

Une image de la capture par les Houthis du Yémen du cargo Galaxy Leader en mer Rouge (image d'illustration).
Une image de la capture par les Houthis du Yémen du cargo Galaxy Leader en mer Rouge

L’Express n’explique pas comment les Houthis sont montés en puissance en mer Rouge et dans le conflit entre Israël et le Hamas. Les Houthis se sentent en confiance et sont de plus en plus ambitieux. Ils sont la puissance dominante de facto au Yémen, ils ont gagné la guerre civile sur le plan militaire et ils contrôlent la capitale Sanaa. Les Houthis veulent maintenant se transformer en puissance régionale. Cette volonté se traduit par leur relation avec les Emirats arabes unis, leurs frappes sur Israël avec des missiles et des drones. Désormais, les rebelles s’attaquent aussi à des navires marchands en mer Rouge. Ils portent une voix anti-saoudienne, anti-américaine et anti-israélienne.

L’objectif était d’abord local. Les Houthis sont certes dominants au Yémen – 60% de la population yéménites vit dans les territoires contrôlés par les rebelles – mais certaines formes de contestations se développent, à travers des factions et des groupes tribaux. L’administration est cependant extrêmement répressive, brutale, corrompue et obscurantiste. En frappant Israël et en ciblant les navires en mer Rouge, les Houthis mobilisent le sentiment propalestinien, très fort au Yémen.

L’objectif est ensuite régional. Ils envoient un message politique de soutien au Hamas. C’est une façon pour eux de se positionner comme un acteur important de « l’axe de la résistance », le réseau de groupes armés non-étatiques soutenu par l’Iran, qui inclut notamment le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban.

En l’absence de soutien iranien, les Houthis ne seraient pas capables de perturber le trafic maritime en mer Rouge et de frapper directement Israël à presque 2.000 kilomètres, avec des missiles et des drones. A ce niveau-là, l’aide de l’Iran est essentielle. En revanche, il ne faut pas faire de mauvaises interprétations : les Houthis sont un acteur autonome. Ce ne sont pas les marionnettes de l’Iran, même s’ils vont continuer à recevoir beaucoup d’aide.

Depuis que la guerre fait rage dans la bande de Gaza, les Houthis lancent des assauts contre des bateaux en mer Rouge, répétons-le. Ils visent des navires commerciaux ayant des liens avec Israël pour dénoncer l’offensive militaire israélienne contre le Hamas à Gaza.

Depuis fin novembre, ils ont attaqué près de vingt-sept navires en mer Rouge, rendant la circulation extrêmement périlleuse dans cette mer stratégique où transite 12% du commerce mondial. Ils ont également ciblé Israël à plusieurs reprises avec des tirs de missiles. Et c’est en réponse à cette menace que les Etats-Unis ont mis en place cette coalition internationale pour protéger le trafic maritime en mer Rouge contre toute attaque venue du Yémen ou d’ailleurs.