Tout est bon à Macron et Attal pour agresser le Rassemblement national

Le RN les rend fous.

Après avoir marqué les esprits en intégrant le Rassemblement national à « l’arc républicain » dans ses premières déclarations depuis Matignon, Macron a contredit son premier ministre dans un entretien du 18 février. « Le RN ne s’inscrit pas dans l’arc républicain », tranche le président dans le journal communiste l’Humanité, ce qu’omet de souligner le HuffPost. Mais le premier ministre hausse le ton contre la droite nationale, sous la pression de la campagne pour les élections européennes. Récemment, à deux reprises, le premier ministre a expliqué que, selon lui, « l’arc républicain, c’est l’hémicycle », tout l’hémicycle donc, Rassemblement national et France insoumise compris. Des propos qui ont suscité l’émoi dans la majorité, alors qu’Elisabeth Borne prônait exactement l’inverse. Olivier Véran, désormais ancien ministre, se félicite de pouvoir désormais « la rouvrir » et, lui aussi, a taclé Attal et exclu le RN de l’arc républicain. C’est la cacophonie au sommet de l’Etat.

Et ils assurent qu’il ont une ligne politique : le zigzag…! En contredisant son premier ministre, Macron se contredit lui-même, malgré une « pensée complexe »qui lui permet de dire tout et don contraire. Interrogé il y a quelques jours à Bordeaux à la suite des propos de Gabriel Attal, Macron était allé dans son sens, jugeant tout à fait normales les discussions avec le RN. Le président était même allé jusqu’à assumer « de constituer des majorités qui puissent être complétées ou grossies par des voix venant du RN ». Des propos étranges quand on sait qu’au moment du vote de la loi immigration, Macron avait expliqué que le texte ne devait pas passer grâce aux voix du Rassemblement national. La macronie apprend à ses dépens que l’image de l’arc véhicule celle de flèches.

Depuis qu’il a proposé un débat à Marine Le Pen pour la coincer sur l’agriculture – débat refusé par l’intéressée, puisque ni elle ni lui n’est candidat aux Européennes – le chef du gouvernement multiplie les invectives sur de nombreux sujets. Son intention maligne est de débusquer les incohérences supposées du parti premier parti de France – en meeting ce dimanche à Marseille – et réagir au danger qu’il représente dans les urnes, à l’heure d’enquêtes d’opinions très prometteuses pour lui, après sept années de totalitarisme macronien.

Une stratégie qui revient à endosser pleinement le rôle « anti-Bardella » que certains taillaient pour lui au moment de sa nomination rue de Varenne, et à faire du RN son seul adversaire pour le 9 juin prochain.

« Passagers clandestins » de la crise, « troupes de Poutine »

Les nouveaux éléments de langage de l’exécutif ne valent pas tripette. Mardi 27 février, au Salon de l’agriculture, alors que Jordan Bardella vient d’enchaîner deux longues visites marquées par d’innombrables selfies et l’accueil bienveillant des exposants et visiteurs, le premier ministre est sur lq défensive et riposte. Depuis le studio de RTL, installé porte de Versailles pour l’occasion, il accuse le RN d’être les « passagers clandestins » de la crise agricole, pointant leur « incohérence absolue ». Des assertions inspirées d’un sentiment de défaite intégrée.

Les dirigeants du parti « viennent butiner sur cette crise, expliquer qu’ils auraient toutes les solutions », mais en « 40 ans », le RN n’a « absolument rien fait, rien proposé », assène Gabriel Attal, citant les variations de Marine Le Pen sur la PAC, lancée en 1962, sur l’assurance récolte portée en 2023 par le député Frédéric Descrozaille (Renaissance) et imposant une hausse de l’aide de l’Etat du contribuable à 70% du montant de la prime d’assurance payée par les agriculteurs, ou sur la loi Egalim, quatrième version de Macron pour lutter contre l’inflation.

Autre sujet, autres flèches, l’après-midi même, mais à l’Assemblée nationale. Alors que la cheffe de file du RN brocarde la dernière déclaration de Macron sur la possibilité, un jour, d’envoyer des troupes françaises en Ukraine, Gabriel Attal réplique avec une longue tirade pour rappeler les liens et la complaisance du parti lepéniste, comme Chirac, à l’égard du Kremlin, depuis qu’en 2014 les banques françaises ont refusé des prêts à la candidate RN à la présidentielle.

Le premier ministre s’est même offert une escapade à l’Assemblée, vers 15 h, pour répondre à une question posée par Marine Le Pen sur la mobilisation de militaires occidentaux envisagée par Macron face à la Russie. En ne faisant pas dans la demi-mesure, le locataire de Matignon s’est décrédibilisé : « Il y a lieu de se demander si les troupes de Vladimir Poutine ne sont pas déjà en France : je parle de vous et vos troupes », a-t-il lancé à l’ancienne candidate à la présidentielle, outrée « d’une telle injure ». Chaque agression verbale d’Attal fait écho à un délire de Macron.

« Passager clandestin »

A 103 jours du scrutin européen, le premier ministre entend s’ériger en rempart face à la poussée de la droite nationale et à sa forte avance dans les sondages. L’un de ses adversaires est Jordan Bardella, qui vient de passer deux jours au Salon de l’agriculture, multipliant les selfies. « Il ne faut pas être dupe, exhorte Gabriel Attal. Le RN est le passager clandestin de cette crise agricole. Il butine sur le malaise de la profession ». Une affirmation qui a agacé la députée du Rassemblement national, Hélène Laporte. « Il est loin le temps des premiers ministres à la hauteur », a-t-elle lancé.

Interpellé par des militants de la Coordination rurale, Gabriel Attal est revenu sur les incidents de samedi, lors des sifflets, huées et appels à la démission de Macron au Salon. « Ce que l’on a vu, c’est l’instrumentalisation de certains pour semer le chaos. Le RN a manipulé des forces syndicales, a-t-il accusé. Parmi ceux qui ont cherché à bousculer le chef de l’Etat, il y avait des militants », assure le premier ministre. Mais les preuves tardent à sortir… Des diffamations rejetées par l’électorat, selon les sondages. Manipulés par Poutine, selon les complotistes macroniens.