Menaces visant Yaël Braun-Pivet: antisémitisme ou islamo-fascisme?

Castaner a tranché

Yaël Braun-Pivet à l'Assemblée nationale en mars 2019

La présidente de la commission des Lois de l’Assemblée nationale a reçu un courriel d’injures et de menaces à caractère antisémite. L’ensemble de ses collègues de la représentation nationale lui a apporté son soutien.

Les réseaux sociaux ne sont pas impliqués et l’affaire fait désormais objet d’une enquête du Parquet de Paris.

« ‘Youpine’, ‘prépare-toi, bientôt les camps à nouveau’. Face à de telles immondices: dénoncer, porter plainte, ne jamais rien laisser passer », a écrit la députée des Yvelines sur Twitter.

« Ces propos sont à vomir »

Le mail, reçu ce jeudi, devait faire l’objet d’une plainte dans la journée, selon son cabinet. En début de soirée, le parquet de Paris a indiqué avoir ouvert une enquête préliminaire confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).

Devant l’Assemblée, le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, avait lui-même annoncé le lancement de cette procédure. « Ces propos sont à vomir (…) ces injures sont adressées à la Nation toute entière », et « je le souhaite de tout coeur: justice sera faite », a-t-il ajouté devant Yaël Braun-Pivet.

Le président de séance David Habib avait tenu auparavant à dénoncer des « propos abominables », et proposé une suspension des travaux pour marquer la « désapprobation » des députés et en parler avec le ministre.

« Dans le pays, il y a des femmes et des hommes victimes des mêmes expressions de racisme, d’antisémitisme » et « il n’est plus question » de les accepter, avait ajouté le député socialiste.

« Le fascisme se banalise »

Préjugeant des résultats de l’enquête,
l’ancien ministre Castaner élimine d’office
la piste islamo-gauchiste

De l’extrême gauche à l’extrême droite, plusieurs députés ont ensuite pris la parole dans le même sens. « Le fascisme, il rampe (…), il se banalise », a jugé le patron des députés LREM Christophe Castaner, dans un réflexe partisan.

« Ma famille est venue en France pour fuir les nazis dans les années 30 », a retracé Yaël Braun-Pivet, se disant « particulièrement émue » de voir « la représentation nationale unie » ce jour.

« Infâme et insupportable. Tout mon soutien chère Yaël Braun-Pivet », a aussi tweeté le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Le tweet du président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand (LREM) n’a pas été diffusé avant 18h, mais le jour même néanmoins, une heure après l’annonce et quelques minutes seulement avant les mots de sympathie du garde des Sceaux qui a promis que justice serait faite :

En juillet 2018, Yaël Braun-Pivet, alors co-rapporteure LREM de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Benalla au Palais-Bourbon, avait déposé plainte pour des injures sexistes et des menaces à caractère antisémite, après des dizaines de messages, notamment sur Twitter. Trois personnes seulement avaient pu « être identifiées et avaient fait l’objet de contraventions de quatrième classe », indique l’entourage de l’élue des Yvelines.

Dix-huit mois plus tard, rien n’a été fait qui aurait pu dissuader ce genre d’initiative abjecte. Les coupables avaient été identifiés, pour certains, mais la sanction n’avait visiblement pas été suffisamment dissuasive: une contravention de quatrième classe, c’est une amende de 135 euros, laquelle peut être minorée… Le sujet est donc aussi une affaire entre la victime et ses collègues magistrats.