L’Allemagne n’accepte plus de migrants passant par l’Italie

Ce que l’Allemagne peut, la France ne le peut pas!

Berlin explique cette décision par « la forte pression migratoire actuelle vers l’Allemagne » et le refus de Rome d’appliquer les accords européens.

Le sujet devient très sensible en Allemagne, sur fond de montée en puissance de l’extrême droite dans les sondages et de hausse de l’immigration clandestine depuis plusieurs mois. Berlin a annoncé, mercredi 13 septembre, suspendre l’accueil volontaire de demandeurs d’asile en provenance d’Italie, prévu par les accords européens, en raison d’une « forte pression migratoire » et du refus de Rome d’appliquer ces mêmes accords. Le gouvernement allemand a informé Rome de sa décision « fin août », a déclaré un porte-parole du ministère de l’Intérieur.

Cette suspension « jusqu’à nouvel ordre » concerne le « mécanisme volontaire de solidarité européen » qui organise une relocalisation des demandeurs d’asile à partir du pays d’arrivée dans l’Union européenne (UE) vers d’autres Etats membres volontaires, afin de soulager des Etats comme l’Italie et la Grèce, qui sont des portes d’entrée de l’Europe.

Berlin explique cette décision par « la forte pression migratoire actuelle vers l’Allemagne », ainsi que par « la suspension persistante des transferts de “Dublin” par certains Etats membres », dont l’Italie, qui « renforce les défis majeurs pour l’Allemagne en termes de capacités d’accueil et d’hébergement ».

« La relocalisation est secondaire »

Le règlement de Dublin, très controversé parmi les Vingt-Sept, prévoit que le pays d’arrivée d’un migrant dans l’UE traite sa demande d’asile. Or, a écrit le journal allemand Die Welt, le gouvernement italien de Giorgia Meloni ne reprend plus les demandeurs d’asile que veulent lui transférer d’autres pays, ayant fait savoir en décembre 2022 à ses partenaires que l’Italie n’avait plus les capacités d’accueil suffisantes.

« Sur plus de 12.400 demandes de prise en charge faites à l’Italie cette année jusqu’à fin août, dix transferts ont été réalisés jusqu’à présent », a confirmé Maximilian Kall, le porte-parole du ministère de l’Intérieur allemand, au cours d’un point presse gouvernemental.

Giorgia Meloni, dont le parti, Fratelli d’Italia, a remporté les élections législatives il y a un an sur la promesse de mettre un terme à l’immigration massive, a assuré mercredi qu’elle n’était pas surprise par la décision de Berlin.

« Le problème de la relocalisation est secondaire », a-t-elle martelé dans un entretien qui sera diffusé jeudi et dont des extraits ont été publiés par les agences de presse italiennes. « La question (…) est d’arrêter les arrivées en Italie. Je ne vois toujours pas de réponses concrètes », a-t-elle déclaré. Elle a réitéré son appel à davantage d’aide de l’UE, ajoutant : « Nos sites d’accueil [des migrants] sont pleins. »

« Seuil critique »

L’Italie est, à son corps défendant, depuis des années l’une des principales portes d’entrée des migrants venant en bateau de l’Afrique du Nord en l’Europe. Le nombre de personnes arrivant par cet itinéraire sur le territoire italien a bondi cette année à près de 124.000 depuis janvier, contre 65.500 au cours de la même période en 2022, d’après les données du gouvernement.

Beaucoup se retrouvent sur l’île de Lampedusa, où le centre d’accueil a prévenu mercredi que sa capacité risquait d’atteindre un « seuil critique ». La Croix-Rouge italienne, qui gère depuis juin ces installations prévues pour moins de 400 personnes, a déploré que plus de 6.000 y soient désormais hébergées.

Dans le cadre du mécanisme volontaire de relocalisation, l’Allemagne a jusqu’à présent accepté le transfert de 1.700 demandeurs d’asile arrivés dans le sud de l’Europe, sur les 3.500 personnes qu’elle s’est engagée à accueillir. « Nous sommes aujourd’hui confrontés à une situation très tendue dans de nombreuses communes d’Allemagne », a insisté le porte-parole du ministère de l’Intérieur.

Macron oppose « un devoir de solidarité européenne » à Bardella qui l’appelle à ne pas accueillir «un seul migrant»

Jordan Bardella a expressément demandé au président Macron de ne pas accueillir un seul migrant en provenance de l’île italienne de Lampedusa.  « Emmanuel Macron doit prendre solennellement cet engagement : la France n’accueillera pas un seul migrant issu de l’opération concertée de Lampedusa », a déclaré la tête de liste du parti national pour les élections européennes de juin 2024.

Est-ce l’intérêt des Français et de leur économie, concernant les migrants arrivés en territoire italien, de s’opposer au voeu du RN au motif politique: « il faut instruire leur dossier (…) et voir si ce sont des personnes éligibles à l’asile ou si elles ont vocation à retourner chez elles », a-t-il argué.

Macron appelle à la « solidarité européenne » alors que l’Italie est confrontée à une crise migratoire sur l’île de Lampedusa, où 7.000 migrants sont arrivés en l’espace de 24 heures cette semaine.

Interrogé sur la crise migratoire à Lampedusa en marge de son déplacement à Semur-en-Auxois (Côte-d’Or), Macron a défendu ce vendredi « un devoir de solidarité européenne ».

« Nous agirons comme on a toujours fait, avec rigueur mais humanité », a promis le président de la République.

La situation sur l’île italienne montre que « les approches strictement nationalistes ont leurs limites », a-t-il estimé.

« Approche humanitaire »

Concernant les migrants arrivés en territoire italien, « il faut instruire leur dossier (…) et voir si ce sont des personnes éligibles à l’asile ou si elles ont vocation à retourner chez elles », a-t-il déclaré.

« La responsabilité » des Européens est aussi « de prendre soin » de ces migrants, a rappelé Emmanuel Macron qui promeut « une approche humanitaire ».