Manifestations anti-passe sanitaire, à la façon des samedis des Gilets jaunes

« Des ressemblances assez troublantes » avec les Gilets jaunes, analysées par un politologue

La mobilisation actuelle contre le passe sanitaire est « inédite au cœur d’un été », mais « des parallèles peuvent être faits » avec le mouvement des Gilets jaunes, observe le politologue Jérôme Fourquet, invité de la matinale de LCI, ce jeudi 5 août.

« Nous sommes à un tournant ». A quelques heures du verdict attendu du Conseil constitutionnel sur le projet de loi visant à contrer la flambée de l’épidémie de Covid-19, avec l’extension controversée du passe sanitaire, Jérôme Fourquet a estimé qu’« évidemment, ces décisions vont influer sur la mobilisation » des anti-passe, qu’il juge « inédite au cœur d’un été ». 

Et de s’en expliquer : « Ces décisions du Conseil constitutionnel seront une étape importante dans la suite des évènements puisqu’on a potentiellement de nouveau des manifestations samedi ; et au cas où tout ou partie du texte serait retoqué cela donnerait du grain à moudre aux opposants qui sont très motivés et déterminés ».

Des « ressemblances troublantes » avec les Gilets jaunes

« On fait souvent la comparaison avec les Gilets jaunes alors je suis allé regarder les chiffres et c’est intéressant », a-t-il poursuivi, avant de les détailler. « Lors du troisième samedi de mobilisation des Gilets jaunes en décembre 2018, le ministère de l’Intérieur n’avait comptabilisé que 136.000 manifestants alors qu’ils étaient 205.000 samedi dernier, selon le même ministère », a-t-il souligné. Et de résumer : « c’est-à-dire que la mobilisation des Gilets jaunes était allée en descendant assez rapidement alors que là elle monte crescendo puisqu’on rappelle qu’ils étaient 114.000 il y a trois semaines ».

Si pour Macron, la mobilisation actuelle n’est pas comparable au mouvement des Gilets jaunes, Jérôme Fourquet note, lui, « un certain nombre de ressemblances assez troublantes », soulignant que « des parallèles peuvent être faits ». Tout en reconnaissant que « les sujets ne sont pas les mêmes et le public n’est pas exactement le même », le politologue note que ces deux mouvements ont tout de même en commun d’être « sans organisation syndicale et sans leader autoproclamé », et d’intégrer « ce climat de défiance vis-à-vis des media et du gouvernement » et « cette capacité à agréger des personnes d’horizons sociologiques et idéologiques très divers », énumère-t-il. Et d’insister : « comme il n’y a pas d’organisation à la manœuvre, chacun peut venir comme dans une auberge espagnole ».

Des citoyens « en face à face »

S’attardant sur le caractère inédit de la mobilisation actuelle contre le pass sanitaire, le politologue rappelle en outre qu' »historiquement, les quelques mouvements sociaux qui avaient entaché l’été », comme ce fut le cas des grèves chez Air France, Aéroports de Paris ou à la SNCF, « concernaient quelques salariés dans un secteur ponctuel ».

A Toulouse, ici , Montpellier ou Paris, la police débarque pour des banderoles anti-Macron

Selon lui, cela traduit, entre autres « une certaine défiance vis-à-vis du système et vis-à-vis de l’exécutif et surtout d’Emmanuel Macron (…) puisque c’est lui qui est ciblé sur les affiches et banderoles ». Or, analyse-t-il, « cette défiance ne nous a pas quittés depuis plusieurs années puisque, si on met de côté les confinements, nous avons eu en France, depuis les Gilets jaunes, des manifestations presque tous les samedis depuis près de trois ans ».

Mais cela traduit aussi une fracture « entre deux France », poursuit Jérôme Fourquet. Car « la spécificité de cette affaire, c’est qu’elle met en face à face des citoyens avec des citoyens et donc les dérapages peuvent être plus nombreux et moins contrôlés » que lorsque la confrontation a lieu uniquement avec le gouvernement. « Cette question de la vaccination et du pass sanitaire peut fracturer les familles », rappelle-t-il.

Pour conclure, le politologue invite à « ne pas se tromper de débat ». « Derrière cette question du passe sanitaire, celle qui se pose, c’est celle de la vaccination », explique-t-il, rappelant que « le gouvernement a dit qu’il lèverait le pass sanitaire dès qu’il pourra, mais restera toujours cette question de la vaccination ».

Manifestations anti-passe sanitaire: la mayonnaise prend?

Les libertaires croient à une « montée en puissance »

A Paris, quatre cortèges défilent ce samedi contre le pass sanitaire, alors que l’épidémie de Covid-19 a repris en France. « Ça monte, c’est monté en puissance. J’ai confiance », a affirmé au micro d’Europe 1 l’un des contestataires. Dans la capitale, environ 10.000 personnes sont attendues par les autorités.

Ce weekend est marqué par le troisième samedi de manifestations contre le passe sanitaire obligatoire étendu en France. Les autorités s’attendent à ce que 160.000 réfractaires à toute obligation défilent dans 150 villes de France pour protester contre ce qu’ils estiment être une restriction de liberté malgré le contexte létal d’épidémie de Covid-19.

L’un des principaux cortèges parisiens emprunté par les Gilets jaunes et les syndicalistes allait du Nord-Est de la capitale et la Bastille. « Ça monte, c’est monté en puissance. J’ai confiance. Il y aura du monde », affirmait l’un des manifestants, Khaled, au micro d’Europe 1, quelques instants avant le début du rassemblement.

Macron cristalise les revendications hétéroclites des rebelles de tout poil

A Paris, quatre marches se sont déroulées ce samedi après-midi avec l’ambition de faire une démonstration de force qui ferait aterrir Macron. La marche organisée à l’appel de Florian Philippot, le président du parti Les Patriotes, a, elle, démarré à 14h30 de Montparnasse en direction du ministère de la Santé. Dans la manifestation, quelque 200 personnes étaient déjà présentes deux heures avant le départ. La « Marseillaise » se mêlait aux slogans réclamant plus de liberté, ainsi qu’aux arguments jugés complotistes, le terme rédhibitoire disqualifiant.

Pour tel manifestant qui, ces dernières semaines, a franchi le périphérique à chaque sollicitation contre le passe sanitaire, les quatre manifestations dans la capitale doivent permettre au mouvement de se faire entendre. « Les quatre vont en faire une. Cela mettra du temps mais on va en faire une« , espére-t-il. « Il faut compter partout en France. Il ne faut pas compter que Paris », ajoutait-il à propos du comptage des manifestants. « Il y en a plein qui sont en vacances. Nous, il y a deux semaines, on était à Montpellier et on a manifesté à Montpellier. »

« Il y a plein de choses à faire pour se fasse entendre ! »

« Dans toute la France, ça va bouger. Tout le monde peut venir, aller à la préfecture, aller à sa mairie, se réunir… Il y a plein de choses à faire pour qu’on se fasse entendre !, » insiste ce Maghrébin, partisan de la subversion. Rêve d’automne arabe?

A Paris, 10.000 manifestants sont attendus. 3.000 policiers et gendarmes sont mobilisés pour suivre les différentes manifestations.

Anti-passe sanitaire: nouvelles manifestations prévues dans toute la France, ce samedi

Une centaine d’appels à se rassembler a été lancée, notamment à Paris, Lille, Marseille, Toulon ou Saint-Etienne.

Les forces de l’ordre s’attendent «à de nouveaux affrontements»,

Le passe sanitaire continue d’agiter les foules. De nouvelles manifestations sont prévues ce samedi 31 juillet dans toute la France, alors que la nouvelle loi anti-Covid adoptée par le Parlement devrait entrer en vigueur le 9 août prochain. Selon les autorités, plus de 150.000 manifestants sont attendus sur l’ensemble du territoire, dont plus de 10.000 à Paris.

Dans les rangs de la police, que nous avons contactée, «on s’attend à de nouveaux affrontements entre contestataires et forces de sécurité, notamment au vu des derniers chiffres de l’ultra-violence et de la délinquance» révélés par Le Figaro . À Paris, près de 3.000 policiers et gendarmes seront donc mobilisés pour encadrer les rassemblements, a-t-on appris de source policière.

Pour mémoire, le passe sanitaire élargi, mesure phare du texte de loi, concernera notamment les bars, cafés et restaurants, mais aussi les avions et les trains longue distance. Il est déjà en vigueur dans les établissements culturels et de loisirs rassemblant plus de 50 personnes, comme les cinémas, lesquels sont actuellement aux trois-quarts vides.

Quatre cortèges à Paris

Plusieurs rassemblements sont programmés à Paris, indique la même source policière au Figaro. Le premier, organisé notamment à l’initiative de l’ex-membre du Front National Florian Philippot, est prévu à 14h30 au départ de la station de métro Montparnasse. Le cortège devrait se rendre en direction du ministère de la Santé, «sous les fenêtres d’Olivier Véran» comme l’affirme le fondateur du parti Les Patriotes. L’arrivée est prévue place de Fontenoy (7e arrondissement).

Le second s’élancera à midi de la place du Palais-Royal (1er arrondissement) pour rejoindre la place Pierre-Laroque (7e arrondissement).

Le troisième arrivera sur cette même place du Palais-Royal, après un départ prévu place Joachim-du-Bellay (1er arrondissement) à 14h. Enfin, le quatrième partira à 14h de la place Prosper-Goubaux, près du métro Villiers (17e arrondissement), vers Bastille. Plusieurs rassemblements sont également annoncés en région parisienne : à Versailles, à Melun, à Coulommiers…

Samedi 24 juillet, 11.000 manifestants avaient battu le pavé dans la capitale. Aux côtés de «gilets jaunes» et de soignants en colère, plusieurs personnalités anti-passe ont rejoint les rangs ces dernières semaines, tels que le chanteur Francis Lalanne ou le député Nicolas Dupont-Aignan. De son côté, le président de l’Union populaire républicaine (UPR) François Asselineau, testé positif au Covid-19, a indiqué qu’il ne pourrait «malheureusement» pas aller manifester «personnellement», mais a appelé les Français à «descendre dans la rue pour le libre choix vaccinal et contre le passe sanitaire».

Le Conseil constitutionnel tranchera le 5 août

Au total, une centaine de manifestations sont prévues dans toute la France. À Lyon, où 900 personnes s’étaient réunies place Bellecour samedi 24 juillet, la marche débutera à 14h place Carnot. À Toulon, c’est sur la place des Libertés qu’elle sera initiée. À Marseille, le Vieux-Port se remplira dès 14h contre 13h pour la place Kléber de Strasbourg. À Lille, l’appel est lancé pour 14 heures sur la place de la République. De nombreuses autres villes moyennes seront concernées, dont Périgueux, Caen, Saint-Malo, Châteauroux, Poitiers, Saint-Étienne, Montpellier, Carcassonne…

Dimanche dernier, au lendemain des manifestations qui ont rassemblé plus de 160.000 personnes, le Parlement a adopté définitivement, par un ultime vote de l’Assemblée, le projet de loi qui prévoit aussi l’obligation vaccinale pour les soignants. Les députés ont ainsi mis fin aux débats électriques par un large vote, avec 156 voix pour, celles de la majorité et de la droite, 60 contre, venues de la gauche et du RN et 14 abstentions. Le Conseil constitutionnel, saisi par Matignon mais aussi par des députés de gauche, tranchera sur la loi controversée le 5 août.

Manifestations anti passe sanitaire: le 29 juillet, Alain Minc dénonce le «refus d’un minimum de solidarité dans une société» LIEN

Manifestations anti-passe sanitaire : Parler de dictature « n’a aucun sens » à propos de la loi anti-passe sanitaire, estime Alain Fischer

Depuis les annonces de Macron lundi soir, quelques manifestations ont eu lieu partout en France pour protester contre l’extension du passe sanitaire. Les décisions du chef de l’Etat ont été qualifiées de dictatoriales à plusieurs reprises. Pour Alain Fischer, président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, « la dictature ce n’est pas ce qu’il se passe en France ».