« C’est de la provocation », fustige Aurore Bergé
![](https://pasidupes.wordpress.com/wp-content/uploads/2023/07/image_editor_output_image-637693438-1688899763887.jpg?w=776)
Parmi les 2.000 personnes qui ont manifesté à Paris alors que le rassemblement était interdit, avec l’onction de la justice administrative, figuraient une dizaine de députés de la NUPES, Mathilde Panot, Eric Coquerel, Louis Boyard, Rachel Kéké, Maxime Laisney, Carlos Martens Bilongo, Thomas Portes, Antoine Léaument (LFI) et Sandrine Rousseau (EELV). Ils arboraient leur écharpe bleu blanc rouge, une incitation à défier les décisions gouvernementales.
![](https://pasidupes.wordpress.com/wp-content/uploads/2023/07/rachel-keke-presente-avec-dautres-deputes-lfi-a-la-marche-pour-adama-traore.jpg?w=616)
et Louis Boyard, députés LFI, encadrent Assa Traoré
Malgré aussi le contexte inflammable d’émeutes récentes, le Comité Adama n’a pas hésité à maintenir la marche pour les sept ans de la mort d’Adama Traoré (dont le père malien a eu quatre épouses et 17 enfants), décédé peu après son interpellation par des gendarmes en juillet 2016.
La manifestation anti-flics a été doublement interdite. D’abord par le préfet du Val-d’Oise puis par le préfet de police de Paris. Cela n’a pas empêché plus de 2000 personnes de se rassembler ce samedi 8 juillet en mémoire d’Adama Traoré, mort peu après un refus violent d’obtempérer en 2016. Des députés d’extrême gauche ont soutenu de leur présence une marche visant les forces de l’ordre républicain.
Des contrôles suivis de verbalisations ont été effectués ». A l’issue du rassemblement qui a eu lieu aux abords de la place de la République à Paris, la préfecture de police a annoncé …deux interpellations.
![](https://pasidupes.wordpress.com/wp-content/uploads/2023/07/az_recorder_20230709_115913_edited.jpg?w=1024)
Panot, Portes, Bilongo
Elle a indiqué aussi que « le délit d’organisation d’une manifestation non déclarée étant manifestement caractérisé, une procédure judiciaire est engagée à l’encontre de l’organisatrice ».
Il s’agit d’Assa Traoré, sœur d’Adama, qui avait annoncé sa présence à Paris après l’interdiction de la marche qu’elle organise tous les ans à Beaumont-sur-Oise (PS,puis DVG) et Persan (LR). « On ne devait pas se retrouver sur la place de la République, on devait se retrouver à Persan, Beaumont comme chaque année depuis la mort de mon petit frère », a-t-elle déploré.
![](https://pasidupes.wordpress.com/wp-content/uploads/2023/07/la-soeur-d-adama-traore-assa-traore-sandrine-rousseau-mathilde-panot-eric-coquerel-place-de-la-republique-a-paris-1671290.jpg?w=600)
Porte-parole officieux du Comité Adama, le HuffPost, filiale de la maison-mère wokiste américaine, n’aurait croisé que des personnes qui ne comprenaient pas les décisions préfectorales prises dans le contexte des émeutes urbaines: sur place, (très) peu étaient ceux susceptibles de comprendre… « En plus d’avoir enlevé la vie de quelqu’un, ils nous empêchent de manifester », dénonce par exemple Issa. « Cette interdiction participe d’un mouvement réactionnaire en France aujourd’hui », poursuit Miguel. « Interdiction ou pas, on est là », résume une femme venue dénoncer les violences policières.
Parmi les manifestants, une dizaine de députés de la NUPES avaient décidé de braver l’interdiction. « Comment est-ce possible qu’une marche pacifique organisée en hommage à quelqu’un qui est mort soit interdite ? Dans quelle démocratie vivons-nous ? », s’est interrogé Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale. Le gouvernement avait répondu par anticipation jugeant déplacée la présence d’élus à un rassemblement interdit, accusant plus particulièrement les Insoumis de « sortir de l’arc républicain ».
« On autorise la marche de néo-nazis mais on nous autorise pas à marcher. La France ne peut pas donner des leçons de morale. Sa police est raciste, sa police est violente », a aussi affirmé Assa Traoré.
D’interdiction en répression, de Pétain à Valeurs actuelles, le chef de l’arc républicain entraîne la France dans un régime déjà vu. Danger. Danger », a tweeté plus tôt Mélenchon, leader de LFI.
La députée écologiste Sandrine Rousseau s’est également rendue à la manifestation parisienne. « Il n’y aura pas de justice sans réforme profonde de la police », a relevé l’élue. « Petit à petit les libertés publiques perdent du terrain (…) Ne plus pouvoir manifester contre un pouvoir, c’est en accepter le discours (…) Là est la pente autoritaire », a-t-elle commenté sur Twitter. « Ces marches se sont toujours déroulées dans le calme. C’est justement le fait de l’interdire qui peut faire qu’il y a des tensions, car les gens sont en colère, il faut le comprendre », a relevé de son côté sur BFMTV Antoine Léaument, député LFI de l’Essonne.
![](https://pasidupes.wordpress.com/wp-content/uploads/2023/07/2106331.jpg?w=1024)
Rassemblement pour Adama Traoré: les participants quittent les lieux dans le calme, après l’appel d’Assa Traoré pic.twitter.com/UVGy0pw9Ix— BFMTV (@BFMTV) July 8, 2023
Pour le PS, » la gauche doit être républicaine, pas populiste « , a commenté le numéro 2 du parti, Nicolas Mayer-Rossignol.
Du côté présidentiel, on accuse La France insoumise de vouloir attiser une nouvelle fois les tensions. « Vous vous placez tout le temps du côté du désordre, contre l’Etat de droit. Vous n’avez jamais appelé au calme », a déploré Maud Bregeon, députée Renaissance des Hauts-de-Seine, dénonçant une « logique séparatiste » de La France insoumise. Une trentaine d’autres manifestations sont organisées ce samedi en France contre les violences policières et pour « le maintien des libertés publiques et individuelles ».
Arrestation musclée d’un frère Traoré
![](https://pasidupes.wordpress.com/wp-content/uploads/2023/07/000_33n949v.jpg?w=790)
Dans l’après-midi, un des frères d’Assa, Youssouf Traoré, a été interpellé. Cette arrestation musclée a été filmée par des participants. C’était l’objectif du frère aîné de médiatiser la marche et surtout les violences policières qu’il a provoquées, mais dont les extraits de vidéos omettent les causes.
Les vidéastes sont des pros de l’agit-prop. On voit Youssouf Traoré résister puis être plaqué et maintenu face au sol par plusieurs policiers. Il est accusé d’avoir porté un coup à un commissaire de police. Il a été placé en garde à vue pour violences sur personne dépositaire de l’autorité publique et rébellion.
« Des contrôles suivis de verbalisations ont été effectués », et « deux interpellations ont été effectuées, au moment de la dispersion, pour des violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique », a indiqué la préfecture de police dans un communiqué.
Les républicains sont frappés de stupeur
La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est dit, dimanche, « atterrée » par la présence de députés LFI et écologistes au rassemblement en mémoire d’Adama Traoré, interdit par les autorités. La cheffe de file des députés Renaissance, Aurore Bergé, a, elle, dénoncé « une provocation évidente ».
« Je suis atterrée de voir des élus de la Nation, arborant l’écharpe tricolore, mutiques et souriants en entendant des manifestants scander “Tout le monde déteste la police !” », a tweeté la titulaire du perchoir. « Cautionner l’irrespect et la haine envers nos forces de l’ordre, c’est abîmer sciemment la République », a ajouté l’élue Renaissance.
Eric Ciotti pointe « les factieux et dangereux députés de la Nupes »
Dans le contexte des émeutes qui ont suivi le décès de Nahel, 17 ans, lors d’un contrôle policier, « l’interdiction de la marche Adama était une provocation », a estimé dimanche la cheffe de file des députés insoumis, Mathilde Panot, présente au rassemblement. L’élue du Val-de-Marne a estimé que sa place était « aux côtés de la famille » Traoré, exhortant à « une refonte de la police de la cave au grenier ». « Il était très important que cette marche pacifiste ait lieu, j’y suis allée pour protéger les personnes » d’éventuelles violences policières, a commenté la députée écologiste Sandrine Rousseau.
Les patrons de la droite, qui depuis les émeutes surenchérissent de propositions sécuritaires parfois en phase avec l’extrême droite, sont eux aussi vent debout. « Les factieux et dangereux députés de la Nupes (…) ont une fois de plus piétiné nos lois et l’autorité de l’Etat. Insupportable », a tweeté le patron des Républicains, Eric Ciotti. « Honte à eux », a lancé le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau.