Législatives 2024 : le LR Guilhem Carayon pressenti comme candidat soutenu par le RN

Guilhem Carayon, 25 ans

Dans le sillon de son mentor Eric Ciotti, Guilhem Carayon, porte-parole des Républicains, devrait être candidat dans la troisième circonscription du Tarn, comme en 2022 mais, cette fois, avec le soutien du Rassemblement national.

« C’est pas encore officiel, mais c’est ce qui se dit après la dernière réunion d’investiture cette nuit« , le député RN sortant du Tarn, Frédéric Cabrolier, confirme ce 12 juin 2024 sur France Bleu Occitanie que dans la troisième circonscription du Tarn, celle du député Renaissance Jean Terlier, le Rassemblement national devrait soutenir un candidat les Républicains, en la personne du vice-président du parti et patron des Jeunes Républicains, Guilhem Carayon, président des Jeunes Républicains, a eu les honneurs du JT de TF1, où il a été cité par Eric Ciotti comme un des premiers soutiens à la démarche d’alliance avec le RN.

Déjà candidat dans cette circo en 2022

Eric Ciotti a annoncé le 11 juin qu’il souhaitait faire alliance avec le RN, décision conspuée par une large partie des cadres du mouvement mais saluée par le jeune porte-parole de son parti. Guilhem Carayon, 25 ans, est l’une des étoiles montantes de la droite, promu en 2023 par Eric Ciotti, vice-président des Républicains.

Il était déjà candidat LR aux législatives en 2022 dans la troisième circonscription du Tarn, celle de Lavaur la ville que dirige son père, l’ancien député Bernard Carayon, qui lui aussi approuve les alliances avec le RN. L’intéressé, qui devrait faire une conférence de presse prochainement, n’a pas encore confirmé cette information.

En 2022, Guilhem Carayon était arrivé quatrième au premier tour avec plus de 16% des voix, juste derrière le RN (22%), sans se qualifier pour le second tour. Le second tour avait opposé le député sortant de la majorité Jean Terlier, qui a été réélu, et Julien Lassalle (LFI-Nupes).

Jordan Bardella anticipe que, sur les 577 circonscriptions, « des dizaines » de députés sortants ou candidats LR seront soutenus par le RN qui n’investira donc pas de candidat face à ces Républicains.

Législatives : le RN prépare un programme consensuel de droite

Un combo « Marine 2022 croisé Européennes 2024 »

Le « plan Matignon » du RN se déroule avec l’entrée en campagne pour les élections des 30 juin et 7 juillet. Une campagne éclair, réduite à seulement trois semaines… et pour laquelle le programme est encore à adapter à la necessité d’alliances pour s’assurer la majorité absolue. Le délai court pour tous ne laisse pas de temps à l’innovation : que ce soit Marine Le Pen ou Jordan Bardella, les têtes d’affiche du RN mettent en avant trois points forts sur lesquels ils fonderont la campagne : le pouvoir d’achat, la sécurité et l’immigration.

Jordan Bardella a détaillé rapidement sur RTL ce mardi matin quelques mesures qui seront défendues par son parti, avec une attention particulière sur les prix de l’énergie, alors que les prix du gaz vont flamber dès le 1er juillet. Une décision de l’Etat, actionnaire principal. « Le président de la République veut augmenter au 1er juillet de 10 % [en vrai, jusqu’à 11,7%] les prix du gaz, nous souhaitons y renoncer ».

Le président du parti a également rappelé une mesure défendue depuis plusieurs années par le RN : baisser la TVA sur les prix de l’énergie (l’électricité, le gaz, le fioul), mais aussi sur le carburant.

Pouvoir d’achat, sécurité et immigration

Alors que les milieux économiques s’inquiètent de la possible arrivée de son parti au pouvoir, Jordan Bardella a voulu mettre en avant une attention particulière aux entreprises, en comptant « déverrouiller toutes les contraintes qui pèsent sur la croissance. Nous devons redevenir un pays de producteurs », a-t-il affirmé. Avant de détailler quelques pistes programmatiques : « Je pense que l’économie, ce sont quelques convictions : la simplification, le besoin de patriotisme économique, la baisse de la fiscalité sur les entreprises, les classes populaires et les classes moyennes, la sortie des règles européennes de tarification des prix de l’électricité… »

Pas question pour le RN de ne pas faire campagne pour des mesures historiques du parti : « Je ferais du rétablissement de l’ordre et de la sécurité ma priorité absolue dans les trois ans », a ainsi annoncé le président du parti. Il a également réitéré son désir de mettre en place la préférence nationale pour le versement des allocations.

Rétropédalage sur les retraites ?

Mais Jordan Bardella a semblé hésiter sur la position qu’il adopterait sur la réforme des retraites s’il devait occuper Matignon. Alors que son parti s’était fermement opposé à la réforme des retraites imposée par Elisabeth Borne à coups de 49.3 en 2023, Jordan Bardella a balayé d’un simple « nous verrons », la question d’une éventuelle abrogation de la loi, à négocier avec ses prochains alliés. « J’ai la lucidité et l’honnêteté de dire aux Français que la situation économique dont nous allons hériter […] sera compliquée. Par conséquent, nous serons, dans le cadre d’une cohabitation, amenés à faire des choix. » a-t-il justifié. « Je souhaite que tous ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans puissent voir le dispositif de carrières longues renforcé et partir avec 40 annuités. »

Une première adaptation au contexte, pour pouvoir rencontrer les demandes de potentiels alliés politiques, comme Eric Ciotti qui, lui, s’était montré largement favorable à la réforme du système de retraites ? Pourtant, Marine Le Pen, interrogée à ce sujet sur le plateau de TF1, répondait qu’en cas de victoire aux législatives, ce serait « évidemment le programme du Rassemblement national » qui servirait de base de négociation. « Nous choisirons comme feuille de route toute une série de propositions que nous avons pu faire par le passé aux Français et qui nous apparaissent essentielles, dans le domaine du pouvoir d’achat, de la sécurité, de la maîtrise de l’immigration. » a-t-elle ajouté. Mais déjà lundi soir, la désormais ex-députée des Hauts de France avait évoqué la contrainte de la « situation désastreuse budgétaire laissée par Emmanuel Macron », comme pour devancer de futures critiques…

Difficile d’en savoir plus pour l’instant sur le contenu précis du programme du parti de Marine Le Pen. Selon Jean-Philippe Tanguy, député RN sortant de la Somme interrogé par Public Sénat, ce sera « le programme de Marine 2022 croisé avec les européennes 2024, avec les ajustements que l’actualité a pu créer depuis » deux années.

La privatisation de l’audiovisuel public a elle été confirmée par l’ex-député Sébastien Chenu sur le plateau de BFMTV dès lundi, avançant qu’elle permettrait de faire 3 milliards d’euros de revenus pour faire face à la dette. Une information qui a eu un impact rapide sur le cours en bourse des chaînes privées TF1 et M6, dont les cours affichaient respectivement -6,15% et -2,97% à la Bourse de Paris ce mardi.

Des mesures comme la mise en place d’un référendum sur l’immigration, la sortie de la tarification européenne de l’électricité ou encore la défense d’une « double-frontière », devraient aussi être de la partie.  

Les renégats Estrosi et Muselier font la leçon à Ciotti, allié du RN face au Front populaire

La pudeur de certains ne transparaît pas dans le miroir

Estrosi et Macron

Alors qu’Eric Ciotti a affirmé ce mardi 11 juin au 13h de TF1 que Les Républicains ont « besoin d’une alliance » avec le Rassemblement nationale pour les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet prochains, deux ténors du sud-Est de la France fustigent cette annonce, bien que parjures.


L’annonce d’Eric Ciotti de consentir à sceller une alliance avec le RN ne passe pas auprès de Christian Estrosi, ex-franc-maçon de la Grande Loge nationale française (GLNF), ex-RPR, UMP et LR, et Renaud Muselier, ex-RPR, UMP, LR, qui a été réélu à la Région PACA (SUD) grâce au désistement de LREM de Macron et qui ont planté le RPR pour le mouvement du président – telle Mme Roubache-Agresti (faite sous-ministre en 2023) – contre des postes importants. Le maire de Nice, qui fut un tenant d’une ligne droitière dans son parti, et le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur sont les derniers moralistes politiques qualifiés pour fustiger Eric Ciotti, ce mardi 11 juin.

Courbettes de Muselier 
à Macron

Le maire de Nice, Christian Estrosi, dénonce pourtant une « trahison » du président du parti des Républicains, Eric Ciotti qui « a dévoilé son vrai visage ». « Depuis plusieurs années déjà, je n’ai de cesse de dénoncer avec force la trahison enclenchée par Eric Ciotti et quelques-uns de ses affidés tous guidés par la peur », écrit le maire de Nice.

« Judas » et « ministre de l’Interieur de Madame le Pen »

De son côté, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, ancien des LR, dénonce un « Judas » complaisant « avec les extrêmes ».

« A présent, c’est clair: il a tué ce parti magnifique, trahi tous ses militants et piétiné nos valeurs. Tout ça pour être ministre de l’Interieur de Madame le Pen: honte à lui! », écrit-il sur X.

Le député des Alpes-Maritimes et chef de file des Républicains, Eric Ciotti se justifiait à 13h en observant qu’aujourd’hui LR « est trop faible pour s’opposer aux deux blocs qui sont les plus dangereux ».

Christian Estrosi appelle désormais à construire « une coalition de Français qui refusent le chaos ». Renaud Muselier, lui, parle de « bâtir notre avenir commun » avec « tous les raisonnables ».

Deux affidés de Macron dont les parcours identiques font craindre pour leurs sièges aux prochains scrutins, les municipales de 2026 et les régionales de 2027.