Il faut sauver le soldat Hayer et, avec elle, la fin de mandat de Macron
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Une vingtaine de membres du gouvernement était en campagne des européennes, ce jeudi 9 mai 2024. Un déploiement tous azimuts pour soutenir la liste macronienne, créditée de deux fois moins d’intentions de vote que celle du RN de Jordan Bardella.
« Pas de jour férié quand on est en campagne. » Tel était le mot d’ordre de Matignon aux membres du gouvernement, en service commandé maximal dans la campagne des élections européennes, toute affaires cessantes, déficit public, dette publique, pouvoir d’achat, insécurité, etc…
Outre Gabriel Attal dans le Morbihan, où il visitera l’usine Olmix, spécialiste des solutions biosourcées pour l’élevage et l’agriculture, avant d’aller à la rencontre de Français à Vannes, une vingtaine de membres du gouvernement se sont répandys aux quatre coins du pays : Christophe Béchu (Transition écologique et Cohésion des territoires) en Loire-Atlantique, Amélie Oudéa-Castéra (Sports) et Sabrina Agresti-Roubache (Ville) à Marseille, Marc Fesneau (Agriculture) dans le Loir-et-Cher, Frédéric Valletoux (Santé) à Mayotte… Bruno Le Maire (Economie) se rendra, lui, dans une banque alimentaire, tandis que la tête de liste macronienne aux européennes, Valérie Hayer, donnera un meeting à Bordeaux.
« C’est maintenant que la campagne commence vraiment, maintenant que nous allons changer de dimension, aller frapper à toutes les portes, arpenter tous les marchés, convaincre chacun de nos concitoyens », a déclaré Attal au meeting de Valérie Hayer à Paris.
Matignon nie toute mise sous pression par l’Elysée et assure que la montée en puissance de Gabriel Attal, dans la dernière ligne droite de la campagne, était prévue, une assertion après coup… L’un de ses soutiens reconnaît toutefois des hésitations en admettant que « rester à l’écart aurait permis au Premier ministre de moins s’exposer aux conséquences politiques d’une lourde défaite lors du scrutin du 9 juin ».
Un mois de vacance du pouvoir ?
Le gouvernement a lancé sa campagne d’incitation au vote. Le ministre délégué chargé de l’Europe, Jean-Noël Barrot, a dévoilé mercredi 24 avril le dispositif d’information et de communication du gouvernement français à destination des 49,7 millions d’électeurs français, sur les modalités de ce scrutin européen du 9 juin. Jean-Noël Barrot, appelle de ses vœux un taux de participation d’au moins 50 % lors des élections européennes du 9 juin 2024
Or, certaines implications gouvernementales sont légitimes, d’autres, non.
8 millions d’électeurs français sont considérés comme “mal-inscrits”, à savoir qu’ils sont inscrits sur la liste électorale d’une commune dans laquelle ils ne résident pas. “40 % des jeunes âgés de 18 à 25 ans sont concernés” par ce phénomène, a précisé Jean-Noël Barrot. Pour y remédier, le gouvernement a d’abord axé sa communication sur l’inscription sur les listes électorales.
L’autre phénomène électoral que le gouvernement entend combattre est évidemment l’abstention. Depuis 1979 et les premières élections du Parlement européen au suffrage universel direct, la participation baisse régulièrement de scrutin en scrutin en France, passant sous la barre des 50% lors des élections de 2014. Mais cette désaffection grandissante n’est pas une simple affaire d’ignorance des modaliés de ce scrutin: la notion d’une Europe fédéraliste régresse sur l’idée d’une Europe des nations.
Néanmoins, la participation a connu un rebond lors des élections européennes de 2019 et atteint 50,1%, son niveau le plus haut depuis 1994. L’objectif pour le gouvernement est de faire au moins aussi bien le 9 juin prochain, qu’en 2019 avec une participation qui avait connu un rebond en restant au-dessus de la barre des 50 % de participation. Selon le dernier Eurobaromètre, 67 % des électeurs français sondés jugent “probable” d’aller voter lors de ce scrutin, contre 71 % pour l’ensemble de l’UE.
Les media traditionnels et le service public audiovisuel se mettront évidemment au service du pouvoir avec la diffusion de cette campagne d’information, mais également d’autres acteurs inédits. Ainsi, des partenariats ont été noués avec Konbini, détenu par l’éditeur du Gorafi, et Explore Media, qui a des partenariats avec France inter, deux supports d’information vidéo en ligne prisés de la jeune génération, mais également avec des influenceurs. L’objectif est clairement de toucher toute les parties de la population, y singulièrement les plus jeunes qui sont aussi ceux qui s’abstiennent le plus.
Difficile pour le pouvoir de stigmatiser les réseaux sociaux, puisque les grandes plateformes et réseaux sociaux tels que TikTok, X, Facebook ou Instagram, se sont engagées à relayer ces contenus pour mieux informer leurs dizaines de millions d’utilisateurs. Enfin, des acteurs privés diffuseront également cette campagne de communication de manières variées, à l’instar de la plateforme de covoiturage BlaBlaCar, du réseau de salles de fitness Basic-Fit, de l’application de rencontres Happn ou encore du festival de musique électro-pop We Love Green au Bois de Vincennes à Paris.
Le pouvoir est-il le mieux placé pour lutter contre la désinformation ?
Partie prenante, la macronie prétend néanmoins être un modèle d’objectivité.
Inciter à la participation au scrutin européen du 9 juin est un défi, en garantir la sécurité en amont en est un autre. Hormis le dispositif de communication et d’information à l’adresse des électeurs, le ministre délégué chargé de l’Europe a également présenté dans les grandes lignes les actions entreprises par le gouvernement pour éviter toute ingérence étrangère lors de la campagne électorale en cours.
Selon Jean-Noël Barrot, au vu des récentes élections nationales qui se sont tenues récemment sur le continent, il existe de sérieuses raisons pour craindre l’apparition de discours trompeurs sur internet et les réseaux sociaux, derrière lesquels se cacherait une puissance étrangère souhaitant influencer le scrutin. Et la Russie, en particulier, est pointée du doigt.
“Lors des six semaines qui viennent de s’écouler, on s’aperçoit que chaque semaine, la France a été la cible d’une campagne cordonnée détournant des sites du gouvernement ou propageant des nouvelles farfelues de manière à déstabiliser le débat public, ou affaiblir dans l’opinion le soutien à la résistance ukrainienne contre l’agression russe”, a indiqué le ministre délégué en guise d’exemple.
“Depuis le milieu des années 2010, pas un seul scrutin majeur dans une démocratie libérale n’a été épargné par une ingérence numérique étrangère ou par une manipulation de l’information”, a ajouté Marc-Antoine Brillant, chef du service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères (Viginum).
C’est pourquoi en cette année électorale essentielle, le gouvernement français et ses différents services concernés (ministère de l’Intérieur, SGDSN, Viginum…) font preuve d’une vigilance maximale pour assurer le bon déroulé de la campagne électorale.
Une vigilance dont doivent également faire preuve les géants du numérique et grands réseaux sociaux. Le DSA, pleinement entré en application en février dans l’Union européenne, responsabilise justement ces plateformes sur les contenus qui y sont postés, y compris les fausses informations. Ce que n’a pas manqué de rappeler Jean-Noël Barrot.
Une débacle de la liste Hayer scellerait la fin précoce de Macron.