IEP Grenoble : professeur suspendu par « erreur », selon Jean-Michel Blanquer

« La priorité n’est pas de sanctionner ce monsieur », estime le ministre, à côté de la plaque.

La directrice controversée, Sabine Saurugger, a été nommée par Frédérique Vidal…

Après trois jours de silence radio, consécutif à la suspension temporaire de l’universitaire Klaus Kinzler, accusé de « propos diffamatoires » par la direction islamo-gauchiste de Sciences Po Grenoble, le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a qualifié cette décision d’« erreur formelle », mercredi 22 décembre sur LCI. « La priorité n’est pas de sanctionner ce monsieur », a-t-il regretté.

Dans plusieurs entretiens accordés début décembre au site de l’hebdomadaire Marianne, au quotidien L’Opinion et à la chaîne CNews, K. Kinzler décrivait l’IEP comme un institut de « rééducation politique », dénonçant un « noyau dur » de collègues, clairement sous emprise des théories « woke », importées des Etats-Unis, d’endoctriner les étudiants, et la direction de l’IEP de laisser faire.

« L’histoire a commencé après qu’on ait lancé un appel à témoignages sur le cours de Vincent Tournier. Jeudi 25 février, on a reçu le fameux mail qui interdisait le cours aux étudiants de l’ « Union Syndicale » Grenoble (extrême gauche révolutionnaire, islamo-gauchiste). Ce qui s’est passé, c’est que pendant la semaine sur l’égalité, une semaine organisée par l’IEP et les étudiants, on a eu écho de propos tenus par un professeur qui niaient l’islamophobie et qui pouvaient être vus comme islamophobes. Ces propos n’étaient pas tenus par Vincent Tournier, mais comme ce professeur tient un cours sur l’islam, on a décidé de faire un appel à témoignages pour savoir si ce qu’il disait était problématique ou non. Cet appel, on l’a lancé sur nos réseaux sociaux, sur Facebook et sur Instagram. C’est absolument tout ce que nous avons fait. En gros, il s’agissait de dire, ce cours s’appelle « islam et musulmans dans la France contemporaine », si jamais vous avez écho de propos limites faites-les nous remonter et on verra ce qu’on fait, c’est une démarche qu’on a régulièrement. »[…]

« Quand Monsieur Tournier [l’autre professeur incriminé] envoie un mail à l’ensemble de ses étudiants, y compris ceux qui ne sont pas dans ce cours, quand il demande aux étudiants de l’Union Syndicale de ne plus jamais mettre les pieds dans ses cours, car on met sa vie en danger, il traumatise des militants, il nous diffame et il fait de la discrimination syndicale, accuse le jeune révolutionnaire. On a décidé de porter plainte pour diffamation et discrimination syndicale, car on n’a jamais mis sa vie en danger, c’est la première fois qu’on parle de lui et on ne l’a jamais attaqué. »[…] LIEN PaSiDupes, article du 9 mars 2021, consacré à la « fatwa » lancée par le syndicat islamo-gauchiste contre les professeurs de cet IEP

Vincent Tournier est  connu depuis longtemps pour ses positions rétrogrades et droitières, selon le patron étudiant de l’IEP de Grenoble. « Il a notamment signé l’appel de l’Observatoire du décolonialisme, proche de l’extrême droite, qui s’oppose à l’antiracisme politique ou au féminisme dans les sphères universitaires, signale le jeune coupeur de têtes. Le professeur aurait également souvent défendu des positions ouvertement islamophobes dans ses cours ou dans ses publications, tout en condamnant l’influence de la gauche dans l’université: assertion à vérifier ! Pourtant, ce n’est pas contre lui que l’Union Syndicale lance son appel à témoignage, précise Thomas Mandroux : « Nous, on a lancé cette campagne après que, pendant la semaine de l’égalité, des propos islamophobes aient été tenus [l’indicatif serait de bon aloi, même au goulag de l' »écriture inclusive »]. Ce cours qui porte sur l’islam, on n’a aucun militant dedans [aveu de boycottage idéologique sectaire ?], et on voulait vérifier qu’il n’y ait rien de problématique [un cours sous contrôle de la bien-pensance étudiante]. Ce n’est qu’après qu’on a découvert les liens du professeur avec l’extrême droite, notamment avec l’Observatoire du décolonialisme [« pour lutter contre la promotion de l’antisémitisme, du sexisme et du racisme par la pseudo-science et pour défendre les principes qui dépendent de l’Université: la langue, l’école et la laïcité »: rien n’échappe donc aux ayatollahs] . Il était connu pour être provocateur déjà, mais là il défend juste les positions de l’extrême droite en fait, » poursuit l’accusateur public?

En réaction, la direction a suspendu le professeur pour quatre mois, à cause de ces propos, qu’elle juge « diffamatoires ». Si la directrice de l’IEP, Sabine Saurugger, affirme que les « enseignants sont libres de s’exprimer », elle estime, dans un entretien avec le journal Le Monde, qu’il est de son « devoir d’intervenir lorsque la réputation de l’institution est prise pour cible, lorsque j’entends parler d’“un camp de rééducation politique” et lorsqu’on attaque personnellement le personnel de l’établissement ». L’image, plutôt que l’intégrité et les libertés dans l’institut. « Dans ce cadre, je joue mon rôle d’employeur face à un membre du personnel », se défausse-t-elle. De son côté, l’intéressé a répondu au Monde :  « J’ai été estomaqué par cette décision. La directrice m’a interdit de parler à la presse, mais je revendique le droit de m’exprimer. » A la différence de ses étudiants, cet universitaire n’est pas prisonnier des réseaux sociaux (Facebook et Instagram) qui ne renvoient rien d’autre à leurs fidèles, la génération des milleniaux, celle qui a grandi avec les écrans connectés que leur propre vision. Les jeunes spécialistes de la tonte sur la place publique ne sont quant à eux que des poissons (très) rouges dans leur bocal.

A la suite de cette décision, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez (Les Républicains) avait fait savoir sur Twitter qu’il suspendra les financements régionaux (environ 100.000 euros par an hors investissements sur projets) à l’IEP – dont le budget est de 5 millions d’euros. Il comptait dénoncer notamment la « longue dérive idéologique et communautariste », menée par des petits maoïstes nostalgiques de Pol Pot, qui vient de « franchir un nouveau cap » avec la suspension de l’enseignant.

« Sciences Po Grenoble est depuis trop longtemps dans une dérive idéologique et communautariste inacceptable. Ce n’est pas ma conception de la République : la Région @auvergnerhalpes suspend donc tout financement et toute coopération avec l’établissement.

Et d’ajouter: « une minorité a confisqué le débat » dans l’établissement« sans que la direction prenne la mesure de cette dérive préoccupante ».

En réponse, Mme Saurugger a regretté « la lecture erronée » de L. Wauquiez. « Sciences Po Grenoble n’est pas un établissement rongé par le wokisme ou la cancel culture” (déconstruction et effacement de la culture), tel qu’on veut bien le décrire », a-t-elle assuré. « Je pense qu’il faut, bien entendu, réagir », a de son côté estimé J.-M. Blanquer, avant toutefois d’ajouter que « ce n’est pas toujours des mesures spectaculaires qu’il faut prendre ».

Discrédit d’« islamophobie » jeté sur des universitaires

Depuis la fin de 2020, Sciences Po Grenoble connaît en effet un climat de tension. Tout a commencé quand K. Kinzler et une collègue historienne ont osé dire tout haut ce dont souffre cet établissement. Une journée de débats, intitulée « Racisme, antisémitisme et islamophobie », a suscité un échange de courriels explicites rendus publics, dans lesquels ils contestaient cette dernière formulation et l’islam radical des intégristes. Des critiques qui auraient pu alimenter le débat, mais qui ont suscité la censure de l’établissement universitaire.

Le 4 mars, le professeur avait été, ainsi qu’un autre enseignant, la cible d’affiches anonymes, accusant nommément les professeurs et placardées à l’entrée de l’école d’« islamophobie », et relayées sur les réseaux sociaux par des syndicats, dont . A l’époque, la direction avait condamné « très clairement » ces affiches, tout en estimant que la façon dont K. Kinzler parlait de l’islam était « extrêmement problématique ».

« Nous continuerons à demander des sanctions tant que ces deux professeurs ne se seront pas excusés« , avait insisté le président de l’Union syndicale de l’Institut d’études politiques (IEP) Thomas Mandroux, lors d’une conférence de presse. Des écrits de l’un des deux professeurs visés «ont été jugés par des personnes concernées – donc des personnes musulmanes ou affiliées à l’islam – comme islamophobes», a-t-il expliqué, ajoutant pour tenter de justifier cette exigence. « Ce n’est pas nous qui avons lancé la machine », s’est victimisé l’étudiant de 23 ans en défendant l’appel lancé par son organisation, le 22 février. Au lendemain de la décapitation de Samuel Paty, le site “Révolution Permanente” (NPA, révolutionnaire trotskiste) avait pratiqué une campagne médiatique pour dénoncer une “islamophobie.

A la fin novembre, seize des dix-sept étudiants incriminés ont été relaxés lors d’un simulacre de procédure disciplinaire menée, en interne, par l’université Clermont-Auvergne.

Sur LCI, mercredi, le ministre de l’Education a de nouveau pointé le « wokisme » (ou « cancel culture », culture de la déconstruction et de l’effacement) après ce dernier épisode : « C’est de l’idéologie à la place de la science », a-t-il déclaré le représentant de l’Etat. « J’entends la directrice de Science Po (Sabine Saurugger) dire que sa maison n’est pas infestée par le wokisme et que ce qu’elle veut, c’est de la sérénité ; on a envie d’être d’accord avec ces deux points », a-t-il douté.

Le ministre estime que des menaces de mort sont une réponse naturelles et légitimes dans un débat

Le ministre a insisté pour que ne soient pas confondus « victimes » et « coupables » dans cette affaire. Lui-même considère – dans un « en même temps » typique de l’idéologie macronienne foireuse – que les coupables sont « ceux qui ont fait des tags » visant le professeur et que les enseignants ne pouvaient ignorer qu’ils provoquaient « des menaces de mort sur quelqu’un ». Macron assume-t-il la légitimation, par son ministre, de la violence à l’université ? LIEN PaSiDupes, article du 9 mars 2021, consacré à la « fatwa » lancée par le syndicat islamo-gauchiste contre les professeurs de cet IEP

Face à cette situation, la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, dont on pensait qu’elle était confinée, a demandé à l’inspection générale de « renforcer son suivi » et au rectorat de « rester en contact avec la directrice pour accompagner l’établissement ».  Les dix IEP de France ont un statut d’établissement d’enseignement supérieur et les rectorats n’ont pas autorité sur eux: c’est à la ministre Vidal de faire la preuve de sa compétence et de son autorité, plutôt que de déléguer, comme sait si bien le faire Macron. Sabine Saurugger, professeure des universités en science politique, a été nommée directrice de Sciences Po Grenoble à compter du 1er février 2020, par arrêté du 30 janvier 2020 par la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation sur proposition du Conseil d’administration de Sciences Po Grenoble du 19 décembre 2019. Le locataire de l’Elysée a imprégné les acteurs politiques de sa stratégie de l’esquive et plus personne ne décide au sommet: le terrain est gagné par le lierre et les ronces.

Sciences Po Paris : Mathias Vicherat nommé directeur

Cet ex-dirigeant de Danone et de la SNCF est un ex-directeur de cabinet de Delanoë et Hidalgo à la mairie de Paris…

Cet énarque de 43 ans est issu de la même promotion que… Macron.

Près d’un an après la démission d’Olivier Duhamel puis de Frédéric Mion, Mathias Vicherat, 43 ans, a été désigné directeur de Sciences Po Paris par les deux instances dirigeantes de l’institution, a annoncé l’IEP, ce mercredi.

Le conseil d’administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), qui chapeaute Sciences Po, a désigné mercredi Mathias Vicherat parmi les trois candidats en lice, par 19 voix sur 23, a-t-on appris auprès de l’école. Mardi, le conseil de l’Institut, organe de gouvernance interne à l’établissement, avait également choisi cet énarque issu de la même promotion que Macron.

Un profil non universitaire

Il va succéder à Frédéric Mion, contraint de démissionner en février dernier pour avoir dissimulé les soupçons d’inceste visant le politologue Olivier Duhamel, alors président de la FNSP. Mathias Vicherat était le seul des trois candidats finalistes à présenter un profil non universitaire.

Il ne restait, en phase finale, que trois candidatures contre 23 au départ. Christine Musselin, 63 ans, sociologue et enseignante à Sciences Po, et Olivier Faron, 61 ans, historien et administrateur général du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) n’ont pas été retenus. Ils ont respectivement obtenu 3 voix et 1 voix lors du vote de la FNSP. La nomination du directeur « fera l’objet d’un décret du Président de la République et d’un arrêté de la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation » prochainement, écrit Sciences Po dans un communiqué.

En 2012, Dominique Reynié était candidat à la direction de l’IEP de Paris. Sa candidature fut rejetée, parce qu’i est classé au centre droit: il sera tête de liste LR-UDI aux Régionales 2015 en Midi-Pyrénées. Lien PaSiDupes En 2021, les candidats étaient l’administratrice provisoire de Sciences Po Bénédicte Durand , le politologue Dominique Reynié, les numéros deux des ministères de l’Enseignement supérieur et de l’Education nationale Anne-Sophie Barthez et Edouard Geffray, le patron du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) Olivier Faron, l’ancien président du conseil de l’Institut d’études politiques (IEP) Nicolas Metzger et le président de l’Ecole normale supérieure Paris-Saclay, Pierre-Paul Zalio, Agathe Cagé, ex-directrice adjointe du cabinet de Najat Vallaud-Belkacem à l’Education nationale, outre Vicherat, secrétaire général de Danone.

Inclusion et égalité des chances

Vicherat et Marie Drücker,
sa compagne depuis 2014

Le projet de Mathias Vicherat pour Sciences Po ? « Modèle de démocratisation », depuis la mise en place des conventions ZEP sous Richard Descoings, l’école doit « amplifier l’inclusion et la promotion de l’égalité des chances », a-t-il écrit dans son dossier de candidature de 10 pages, consultable sur le site internet de l’école. Et comment, s’il vous plaît? En dispensant de certaines épreuves les candidat(e)s issu(e)s de l’immigration ?

L’abandon du concours, qui a cédé la place à une sélection sur dossier est « une décision qu’il faut conforter car la fracture sociale est moins forte au moment de l’oral d’admission », poursuit Vicherat. Il insiste aussi sur le développement de la recherche, la nécessité de trouver des ressources budgétaires, l’internationalisation de l’école, mais aussi, dans le même panier politiquement correct, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

Sciences Po a en effet été l’an dernier secouée par les accusations d’inceste, classées sans suite pour cause de prescription, portées contre Olivier Duhamel. Cette affaire a causé les démissions d’Olivier Duhamel puis du directeur de Sciences Po Frédéric Mion, un de ses proches. Elle a aussi nourri le mouvement #sciencesporcs lancé par des étudiants se disant victimes ou témoins de comportements et de violences sexistes dans plusieurs Instituts d’études politiques de France.