Le groupe LREM perd  une nouvelle députée

Fiona Lazaar rejoint d’ex-Marcheurs dans un nouveau parti de gauche

Saccagé par Macron, le paysage politique se recompose.

Membre de l’aile gauche du groupe LREM, la trentenaire, élue du Val d’Oise, prend ses cliques et ses claques, ralliant «Les nouveaux démocrates», parti fraîchement fondé par d’ex-membres de l’aile gauche de LREM, Aurélien Taché et Emilie Cariou,  des socialistes fourvoyés, mais des sectaires, comme elle: selon certains, des islamo-gauchistes.

Mère de deux enfants et deux beaux-enfants, Fiona Lazaar vit à Argenteuil, socialiste jusqu’en 2014. Sa mère est française et son père marocain.

L’hémorragie continue au sein du groupe LREM à l’Assemblée nationale. Dans un entretien au Parisien mercredi 16 décembre, la députée Fiona Lazaar annonce qu’elle quitte le groupe majoritaire pour rallier «Les nouveaux démocrates», nouveau parti fondé par ses collègues Aurélien Taché et Émilie Cariou, ex-membres de l’aile gauche de LREM. Ce n’est pas moins que le 44e départ de La République en marche (LREM) depuis le début de cette législature.

«Cela fait un moment que je me pose des questions», explique la députée du Val-d’Oise, qui était pressentie pour rejoindre le groupe – finalement très éphémère – «Ecologie, Démocratie, Solidarité» (EDS) au printemps dernier, avant de se raviser. Dans un contexte de «crise sanitaire, sociale et économique comme on n’en a jamais vécu», «les Français ont besoin d’apaisement, de rassemblement, de se retrouver autour d’un projet d’union nationale», estime-t-elle. A l’Assemblée nationale, elle siégera «peut-être parmi les non-inscrits, en tout cas dans un premier temps».

Porte-parole du groupe LREM jusqu’à sa démission de ses fonctions, la parlementaire n’a pas digéré «la séquence sur la loi Sécurité globale», et le psychodrame autour de son article 24 qui vise à encadrer la diffusion d’images de forces de l’ordre en intervention. Selon elle, ce point n’a «pas suffisamment bougé malgré les amendements».

Contre le «tout sécuritaire»

«Il y a un malaise sur le texte mais encore plus sur le discours qui l’a accompagné, particulièrement par le ministre de l’Intérieur», regrette aussi la députée, visant par là Gérald Darmanin. Fiona Lazaar déplore «la gestion des manifestations avec des journalistes mis en garde à vue, qu’on interdit de filmer, les images des migrants délogés, comme je ne l’accepte pas dans une grande démocratie qu’est la France». La démocratie serait donc l’abolition des règles, réglements et des lois de la République !

Hostile à une politique du «tout sécuritaire», la députée estime également que les «lois qui sont votées actuellement» ne sont que «des lois régaliennes et sécuritaires». «Mais quid de la grande loi sur le grand âge et la dépendance qu’on ne voit pas venir? Quid d’un texte sur l’égalité des chances ?», interroge-t-elle. En concluant : «Je veux bien être l’aile gauche du parti, celle qui obtient des résultats, pas la caution».

Un nouveau député quitte le groupe LREM à l’Assemblée

Le groupe de la majorité présidentielle se déplume

Christophe Jerretie, député de Corrèze et urbaniste de 40 ans, reste pour l’instant membre du parti LREM, mais c’est désormais avec le groupe MoDem qu’il siégera au Parlement. 

Le groupe LREM à l’Assemblée perd ainsi un membre de plus. Le député Christophe Jerretie a justifié son départ pour le groupe MoDem, en défendant l’idée d' »un grand centre« . « J’y vais ! Je suis un centriste. J’ai besoin d’aller plus sur le fond des choses, des idées et des valeurs », a expliqué le député de Corrèze.

Il envisageait ce départ depuis fin 2019. 

Alors que le flux de départs de LREM n’a pas tari cette année, une trentaine d’élus étant partis, le groupe a perdu la majorité absolue à l’Assemblée. En mai, un 9e groupe politique a même été créé à l’aile gauche de LREM, fondé avec notamment des LREM dissidents, « Ecologie Démocratie Solidarité ». Un dixième groupe, « Agir ensemble », s’est aussi créé à l’aile droite. 

Jeudi, Patrick Mignola, le patron des députés MoDem, alliés de LREM, a « tendu la main » à ceux « de la majorité et de l’opposition » pour « élargir son groupe » et du même coup la majorité. Avec cette main tendue, « l’objectif n’est pas de faire du débauchage« , assure sans rire le député, « mais que les parlementaires se sentent à l’aise. Et d’éviter la création d’un onzième ou douzième groupe, quand quatre à cinq sont déjà issus de la majorité ! »

Cette initiative a provoqué de vives réactions de Christophe Castaner et François de Rugy, candidats à la présidence du groupe LREM après le départ prévu de Gilles Le Gendre. Le député LREM Bruno Bonnell a enfoncé le clou vendredi en jugeant cette main tendue « parfaitement inutile sur le plan politique »: « Certains collègues LREM sont tentés par un basculement vers le MoDem, ce qui revient à déshabiller Pierre pour habiller Paul« , a-t-il estimé sur franceinfo

Une hémorragie continue

Depuis la création du groupe « Ecologie Démocratie Solidarité », fondé par d’ex-Marcheurs en mai dernier, les effectifs sont tombés à 288, juste en dessous de la majorité absolue à 289 sièges. 

LES EXCLUSIONS 


– Sébastien Nadot (Haute-Garonne) : en décembre 2018, le député issu du Mouvement des progressistes de l’ex-dirigeant communiste Robert Hue, est le premier « marcheur » à être exclu du groupe après avoir voté contre le projet de budget 2019. Il a rejoint le nouveau 9e groupe avec 16 autres élus.

– Agnès Thill (Oise), farouchement opposée à la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes les femmes, est exclue en juin 2019, pour ses propos jugés « pernicieux ».
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– Sabine Thillaye (Indre-et-Loire) subit le même sort en janvier 2020, après avoir refusé de céder son poste de présidente de la commission des Affaires européennes. Elle rejoint le 9e groupe.

– Martine Wonner (Bas-Rhin) est exclue en mai 2020, après avoir voté contre la stratégie de déconfinement du gouvernement. Elle rejoint le 9e groupe.

LES DEPARTS VOLONTAIRES 

– Premier départ du groupe en septembre 2017 : M’jid El Guerrab (député des Français établis hors de France, Maghreb et Afrique de l’Ouest), mis en examen pour « violences volontaires avec arme » pour avoir frappé à coups de casque un cadre PS. Il a rejoint le groupe Libertés et Territoires à sa création, en octobre 2018. 

– L’ex-PS Jean-Michel Clément (Vienne), qui avait voté contre la loi immigration, a rejoint le même groupe. 

– Frédérique Dumas (Hauts-de-Seine) annonce son départ en septembre 2018, évoquant des « déceptions profondes ». Elle rejoint d’abord UDI-Agir puis Libertés et Territoires.

– Paul Molac (Morbihan) et François-Michel Lambert (Bouches-du-Rhône), issus des rangs écologistes, rejoignent eux aussi Libertés et Territoires en octobre 2018.

– Joachim Son-Forget (Suisse et Liechtenstein) part en décembre 2018, après des propos polémiques sur Twitter. Il rejoint UDI-Agir puis les non-inscrits.

– Matthieu Orphelin (Maine-et-Loire), proche de Nicolas Hulot, annonce son départ en février 2019. Il invoque notamment des avancées insuffisantes sur les « enjeux climatiques, écologiques et sociaux ». Il rejoint Libertés et Territoires en septembre 2019, puis le 9e groupe.

– Sandrine Josso (Loire-Atlantique) quitte LREM en juin 2019, ne trouvant « plus le sens initial » de son engagement. Elle rejoint Libertés et Territoires.

– Jennifer de Temmerman (Nord) claque la porte en novembre 2019, ayant perdu « espoir » après le vote de mesures sur l’immigration, et rejoint les non-inscrits puis le 9e groupe.

– Paula Forteza (Amérique Latine et Caraïbes) part à son tour en janvier 2020, critiquant un mouvement « verrouillé ». Elle rejoint le 9e groupe.

– Frédérique Tuffnell (Charente-Maritime) quitte le groupe début février. Elle invoque notamment son refus de « creuser davantage le fossé » créé par la réforme des retraites entre les Français et la majorité. Elle rejoint aussi le 9e groupe.

– Après le décès de François André (Ille-et-Vilaine), apparenté LREM, sa suppléante Claudia Rouaux rejoint le groupe PS.

– Delphine Bagarry (Alpes-de-Haute-Provence) quitte le groupe début mars, expliquant ne pas se retrouver « dans la méthode du gouvernement et l’utilisation inappropriée du 49-3 » sur les retraites. Elle rejoint le 9e groupe.

– Déjà en retrait depuis septembre 2019, Albane Gaillot (Val-de-Marne) part définitivement début mars, après avoir protesté contre le 49-3 et voté la motion de censure de la gauche. Elle rejoint le 9e groupe.

– Olivier Gaillard (Gard), en lice pour les municipales, annonce début mars sa volonté d’abandonner son mandat. Il siège chez les non-inscrits en attendant.

– Exclu du parti fin janvier, Cédric Villani rejoint le 9e groupe. Il était resté jusqu’alors membre du groupe LREM malgré son exclusion, pour avoir maintenu sa candidature dissidente à Paris pour les municipales. 

S’ajoutent à ce nouveau groupe Emilie Cariou, Annie Chapelier, Guillaume Chiche, Yolaine de Courson, Hubert Julien-Laferrière et Aurélien Taché.

EN DESACCORD MAIS APPARENTES LREM !

– Aina Kuric (Marne) quitte le mouvement en juin 2019 en raison d’un « désaccord avec la ligne », mais reste apparentée au groupe.

– Marion Lenne (Haute-Savoie) part en novembre 2019 en raison d’un « désaccord sur le fonctionnement » du parti. Elle reste au groupe à l’Assemblée.

– Pascale Fontenel-Personne (Sarthe) annonce qu’elle quitte le mouvement en novembre 2019, dénonçant « une résurgence de la vieille politique » au niveau local. Elle reste apparentée au groupe.

– Valérie Petit (Nord), qui n’avait pas obtenu l’investiture LREM pour les municipales à Lille, quitte le mouvement en janvier 2020 pour « retrouver sa liberté politique ». Elle reste apparentée.

– Frédérique Lardet (Haute-Savoie), qui n’a pas obtenu l’investiture à Annecy pour les municipales, annonce fin janvier qu’elle quitte le mouvement. Elle reste au groupe LREM.

– Xavier Batut (Seine-Maritime) annonce début février se mettre « en retrait » du parti, qui reproduit selon lui « le fonctionnement des autres partis politiques ».

– Patricia Mirallès (Hérault) quitte le mouvement fin février sur fond de désaccord pour les municipales. Elle reste au groupe parlementaire.

En juin 2017, le groupe des députés La République en marche comptait 314 membres et apparentés.