Insulter les religions, c’est «un appel à la haine» , prêche le grand imam d’Al-Azhar

Un imam lointain est plus respecté qu’un professeur de l’Education nationale française

Le grand imam sunnite égyptien

Le grand imam sunnite égyptien d’Al-Azhar, cheikh Ahmed al-Tayeb, a condamné mardi 20 octobre la décapitation d’un professeur en France, «un acte criminel odieux». « En même temps », il soutient cependant qu’insulter les religions au nom de la liberté d’expression constitue «un appel à la haine».

Lors de la rencontre interreligieuse du 4 février 2019, à Abu Dhabi, le grand imam Ahmad Al-Tayyib, cheikh d’Al-Azhar, avait pris la parole, introduisant la cérémonie par un long discours suivi de celui du pape François. Le grand imam avait appelé « les leaders mondiaux » (excluait-il la responsabilité de l’Etat islamique ?) à « arrêter l’effusion de sang, les pertes d’âmes innocentes et à mettre fin immédiatement à ce que nous vivons de conflits, de séditions et de guerres absurdes qui sont sur le point de nous mener vers un malheureux recul civilisationnel qui risque de déclencher une troisième guerre mondiale ». Bilan des propos solennels – édifiants et flous – de cette belle âme: en France, des séditieux assassinent des « âmes innocentes ».

Ce savant religieux s’exprimait à distance dans un discours lu à Rome, sur la célèbre place du Capitole, devant un prestigieux parterre de leaders religieux du christianisme, du judaïsme et du bouddhisme – dont le pape François, le patriarche oecuménique Bartholomée ou encore le grand rabbin de France Haïm Korsia – qui se sont retrouvés mardi pour signer un appel commun à la paix.

«En tant que musulman et grand imam d’Al-Azhar, je déclare que l’islam, ses enseignements et son prophète n’ont rien à voir avec cet acte criminel odieux», déclare en arabe le grand imam sunnite dans ce discours. Et pourtant, ces mots édifiants sont éculés, voire indécents, au regard des faits d’agressions et de crimes perpétrés au nom du Prophète en question.

N’ajoute-t-il pas dans la foulée: «Dans le même temps, j’insiste sur le fait qu’insulter des religions et attaquer leurs symboles sacrés au nom de la liberté d’expression est un double standard intellectuel et un appel à la haine»,

En France, à force de pratiquer le double-langage, l’exécutif se met dans l’incapacité de le déceler chez ses interlocuteurs. Et le message de l’imam n’est pourtant pas subliminal.

La réédition des caricatures, un «acte criminel»

«Ce terroriste ne représente pas la religion du prophète Mahomet», assène le grand imam d’Al-Azhar, au lendemain de l’assassinat d’un innocent, un professeur décapité par un « réfugié » politique indésirable en Russie et que les lois de la République n’ont pas imprégné en quinze ans passés sur le sol français et dans les écoles publiques dispensant un enseignement universaliste. Assertion aussitôt reprise par les musulmans français d’origines diverses, au sortir de la mosquée, et diffusée par les chaînes d’information en continu, toujours aussi irresponsables.

L’AFP a d’ailleurs pris soin d’assurer la traduction des propos de ce grand imam d’Al-Azhar, à l’attention des jeunes en souffrance qui attendent de Macron qu’il leur offre des cours d’arabe dans le cadre de l’Education nationale: des heures prises sur l’enseignement de la langue française ? L’institution islamique sunnite avait qualifié début septembre d’«acte criminel» la réédition en une du journal français Charlie Hebdo des caricatures du prophète Mahomet à l’occasion du procès des attentats djihadistes de janvier 2015 en France. Message subliminal ou menace ?

Et, en octobre, elle avait jugé «raciste» le discours du président français Macron contre le «séparatisme islamiste», dénonçant des «accusations» visant l’islam. Rappelons-le, le pape François a co-signé en février 2019 à Abou Dhabi (Emirats arabes unis) un «document sur la fraternité humaine» avec le cheikh Ahmed al-Tayeb. Ils y condamnent ensemble l’extrémisme religieux et le soutien aux terroristes.