Risque de délestages: « les patients sous respirateurs  » seront pris en charge », rectifie Borne

La première ministre a critiqué les « propos maladroits » d’Enedis , éclaboussant au passage  ceux qui « agitent de fausses peurs ».

Restez calme !

Alors que le directeur exécutif du Réseau de transport d’électricité (RTE), Thomas Veyrenc, a récemment expliqué qu’il n’y aura pas « de coupures à très court terme », c’est-à-dire, royalement, dans les quinze jours à venir, l’exécutif a fait savoir qu’il a commencé à se préparer à de possibles délestages.

Elisabeth Borne a pris la parole pour tenter de rassurer les personnes à haut risque vital, stressées par les propos irréfléchis du porte-parole deshumanisé d’Enedis, notamment celles placées sous respirateur artificiel, en cas de délestage électrique. « Contrairement à ce que des propos maladroits ont pu laisser penser, nos hôpitaux seront toujours alimentés en électricité et les personnes malades à domicile seront toujours prises en charge », a expliqué l’occupante de Matignon, mardi, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Les hôpitaux sont dotés de groupes électrogènes et ne doivent donc rien à Elisabeth Borne. Restent les patients à domicile qu’Enedis a mis aux cent coups, puisque leur risque vital est engagé, mais qui ne peuvent bénéficier d’aucun régîme de faveur, selon le porte-parole.

Enedis recadré par Macron et Borne 

Le président français, Emmanuel Macron, lors de sa conférence de presse sur la crise énergétique, à Paris, le 5 septembre 2022.

L’exécutif change son fusil d’épaule après avoir angoissé les Français plongés dans la crise de covid. Elisabeth Borne a critiqué les « propos maladroits », pour le moins, de ce porte-parole d’Enedis refusant de faire exception pour les malades à domicile, notamment tributaires d’un respirateur artificiel, qui pourraient subir de plein fouet les éventuelles coupures d’électricité. Elle n’a pas hésité, sur un sujet aussi sensible, à détourner du sujet, épinglant plus largement ceux qui « agitent de fausses peurs », faisant montre d’un tact de polytechnicienne.

La mise au point de Borne met-elle un terme à la cacophonie anxiogène ?  Les « propos maladroits » évoqués par Elisabeth Borne sont ceux tenus lundi soir par Laurent Méric qui n’a pas craint d’affirmer que « les personnes qui sont à haut risque vital ne font pas partie des clients prioritaires définis par les préfectures et sont éventuellement délestables ». 

Ecoutons-le:

Une sortie qui, selon BFMTV, avait valu un premier recadrage de Enedis, dès mardi matin, par la première ministre. « En faisant cette sortie, il a agacé [c’est tout ?] le président et la première ministre », a fait savoir l’entourage anonyme d’E. Borne.

Macron n’agite plus les peurs: ce n’est pas son style !

Crise de l’énergie : jouer la peur, une stratégie de communication risquée
Après ses propos alarmistes sur la “fin de l’abondance” et le “prix de la liberté”, Emmanuel Macron se fait plus rassurant cette semaine, observe ce quotidien suisse, suite à la conférence de presse du chef de l’Etat sur la potentielle crise de l’énergie à venir. Un revirement qui s’explique peut-être par le souvenir de la crise de Covid-19.

Mardi à la mi-journée, Macron, qui ne redoute de rien, avait aussi critiqué « les scénarios de la peur » dénoncés par l’opposition et les réseaux sociaux face aux risques de coupures d’électricité cet hiver, en assurant que la France va « tenir » si chacun fait « son travail »: la balle est dans le camp des consommateurs… Mais, en même temps, il  se montre plus virulent. « Stop à tout ça ! Nous sommes un grand pays, nous avons un grand modèle énergétique, nous allons tenir cet hiver malgré la guerre », a-t-il asséné face à la presse, depuis l’Albanie, où il était en déplacement pour un sommet européen de plus.

Après ses propos alarmistes sur la “fin de l’abondance” et le “prix de la liberté”, Emmanuel Macron se fait plus rassurant cette semaine, observe ce quotidien suisse, en réaction à la conférence de presse du chef de l’Etat sur la potentielle crise de l’énergie à venir. Un revirement qui s’explique peut-être par le souvenir de la crise de Covid-19.

Le chauffage est-il coupé
au Palais Bourbon ?
A croire que Bruno Le Maire gère le budget de l’Etat au sou près

Prenant le contrepied de son gouvernement, le « bad cop », le chef de l’Etat a joué au « good cop ». Il a voulu tenir un discours mobilisateur en demandant à chacun « de faire son travail »: de se mettre sur le pied de guerre. « Celui d’EDF, c’est de faire tourner les centrales, le travail du gouvernement, c’est qu’il y ait une planification [allo, Bayrou, es-tu là ? »], le travail de tout le monde, c’est qu’on déroule la sobriété. On reste tous unis et on avance », a-t-il lancé. Il avait déjà expliqué récemment que les coupures pourraient être évitées si les Français continuaient à baisser leur consommation électrique: il fallait enfiler les pulls à col roulé, sur le modèle de Borne, ou griller le pain d’un seul côté. Un tango élyséen déroutant.

E. Borne, seule, fait du zèle

En France, on a tellement intégré le risque de pénurie d’énergie, en plus de la pénurie de carburants, après la pénurie de masques, gel et respirateurs, et de médicaments, toujours actuellement (paracétamol ou amoxicilline) que l’on risque d’être déçu de ne pas avoir froid cet hiver. François Heisbourg, conseiller à la Fondation pour la recherche stratégique, le principal centre d’expertise français sur les questions de sécurité internationale, nous disait il y a quelques jours qu’en tenant son discours alarmiste sur “la fin de l’abondance”, Emmanuel Macron s’est “habilement” mis en situation de pouvoir dire à la fin de l’année : “On a bien géré l’affaire et c’est grâce à vos efforts, mes chers compatriotes, que nous avons réussi à surmonter la situation.” Ce faisant, le président s’est cependant peut-être aussi mis en situation qu’on lui dise : Après avoir crié au loup sur le Covid, vous nous avez fait peur sans raison sur le chauffage et l’électricité.”

Le col roulé,
ce n’est pas pour Macron
et le palais de l’Elysée
(28 nov. 2022)

Mauvais chiffres de la Covid-19 : les mesures de confinement de Macron résisteront-elles jusqu’au 15 décembre ?

On parle de 3e vague mais, officiellement, le déconfinement prévu le 15 décembre n’est pas encore remis en cause…

Quel est le verdict des sacro-saints chiffres ?

Le virus n’a rien perdu de sa capacité à rebondir. Alors que les « savants » assuraient qu' »il voyaient bien » qu’il était engagé sur sa pente descendante, depuis dix jours, il refuse de céder du terrain. « Malgré tous nos efforts, le risque de rebond épidémique est élevé », a concédé ce lundi soir l’oiseau de mauvais augure, Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé. Non seulement le nombre de contaminations quotidiennes ne diminue plus, mais il est « particulièrement » élevé chez les plus de 75 ans. Et alors que le gouvernement se faisait fort d’arriver à un nombre de cas « autour » de 5.000 par jour mi-décembre, c’est-à-dire dans une semaine, les courbes affichent le double de l’objectif (sauf ce lundi, en raison d’une panne informatique de données parcellaires liées …au week-end).

« Si ce ralentissement se confirme, nous n’aurons pas passé ce seuil », nous confiait l’épidémiologiste de l’Institut Pasteur Simon Cauchemez, dont les modélisations orientent les choix du gouvernement. « La diminution du nombre de cas positifs marque le pas », constate Salomon.

En réanimation, avec actuellement 3 198 occupants, les malades sont de moins en moins nombreux, mais là aussi, la situation s’améliore plus lentement que prévu. On devrait tout juste atteindre les 2.500 à 3.000 patients, la seconde condition fixée par Macron pour alléger le confinement à partir du 15 décembre.

« Et comme nos services d’infectiologie se vident de moins en moins, on craint un impact sur la réa dans les quinze jours à venir », alerte l’infectiologue Christian Rabaud, président de la commission médicale d’établissement du CHU de Nancy (Meurthe-et-Moselle).

Lundi soir, avançant à vue, Jérôme Salomon n’a rien exclu : « Notre stratégie s’adapte en continu et en temps réel. » Et le directeur général de la Santé de tenter de compenser, en ménageant la population, dont il a salué les « nombreux efforts », mais en appelant à son bon sens pour les fêtes de fin d’année.

Appelé en renfort, l’épidémiologiste Dominique Costagliola, a porté l’estocade :  » Je ne vois aucune raison d’alléger les mesures actuelles. Peut-être à Noël, mais quand on sait ce qui s’est passé à Thanksgiving… » « Compte tenu de la situation, je pense qu’on ne peut pas passer à l’étape 2 et qu’il faut s’en tenir à la 1, le confinement. » Sans aller loin, évoquer les grandes tablées familiales, à l’origine de bombes virales au Canada et aux Etats-Unis, la France a vécu le même laxisme, sous la pression des restaurateurs et de la campagne des alarmistes qui alertent contre le risque de dépression et de suicide, ou des complotistes qui accusent le pouvoir de répandre la peur. Ainsi, une vidéo largement relayée où Brian Pallister, le Premier ministre du Manitoba, Etat de l’Ouest canadien, implore, au bord des larmes, de ne pas se réunir durant les fêtes : « Je suis le gars qui vole Noël pour vous protéger, » assume-t-il difficilement, en responsabilité:

Pour l’infectiologue Gilles Pialoux, « c’est dur d’être l’élu de c*ns »?

En France, le but est de juguler et à tout prix, et à temps, l’épidémie pour ne pas en arriver à ce triste scénario. Pour Gilles Pialoux, patron de l’infectiologie à l’hôpital parisien Tenon, le coupable est tout trouvé, le relâchement des Français avant l’heure. « On parle de confinement mais quel confinement? Il n’y a qu’à se balader dans les rues de Paris pour constater que la plupart des gens ne le respectent pas. » Se gardant en revanche de pointer du doigt les Français frontalement, le professeur Salomon avance plutôt l’explication du thermomètre et du froid ou le virus se maintient sournoisement en vie avant de resurgir. « L’hiver est la saison idéale pour la transmission des virus respiratoires, dit le DGS. La saison sera très difficile, il faudra du temps pour contrôler l’épidémie. » Mais, en vérité, les raisons ne sont pas connues des sachants sachant « sacher ». Selon l’épidémiologiste Simon Cauchemez, « cela peut être dû à un relâchement, à un retour trop précoce au travail, ou avec ses amis… Il est trop tôt pour le dire. »

Quoi qu’il en soit, le feu vert du déconfinement vire donc à l’orange. Lundi soir, Jérôme Salomon, a préparé les Français à de nouvelles déconvenues : la politique de la marche à petits pas sur les troupes du général coronavirus conduit à des chiffres de l’épidémie moins bons qu’espéré. La courbe des chiffres du Covid-19 piétine au sommet du plateau de la stagnation et BFMTV prépare les esprits à un couvre-feu à partir de… 17h, et non plus 21h, et une soirée du Nouvel An compromise. Les macronards ne sont pas meilleurs face au virus que contre le chômage et les Français prennent les deux de plein fouet.

En France, « depuis quelques jours, le niveau de contaminations quotidiennes ne baisse plus et reste particulièrement élevé chez les personnes de plus de 75 ans », a-t-il mis en garde. La veille, dimanche 6 décembre, 11.022 nouveaux cas de contamination par le coronavirus ont été enregistrés en 24 heures, largement au-dessus de l’objectif des 5.000 cas fixé par le gouvernement pour lever les mesures de confinement le 15 décembre.


Après avoir atteint un pic à plus de 50.000, voir 60.000 cas certains jours fin octobre, ce niveau a diminué sensiblement jusqu’à atteindre 10 à 11.000 cas par jour en moyenne fin novembre. Mais la semaine dernière, ce nombre s’est maintenu autour de 10.000 par jour, selon les données de Santé publique France. Dans certains départements, l’épidémie repart même à la hausse, annonce Le Parisien.  

 En comparant les semaines du 19 au 25 novembre et la suivante, jusqu’au 3 décembre 2020, dans les Vosges, le nombre de tests positifs a bondi de 47% en une semaine. Le Lot, les Landes, le Gers, la Nièvre, l’Ariège et les Pyrénées-Orientales connaissent également une hausse du taux d’incidence supérieure à 10%. Le Finistère, l’Ille-et-Vilaine, le Maine-Et-Loire, le Loir-et-Cher, la Côte d’Or, le Jura, les Hautes-Pyrénées, le Lot-et-Garonne, la Dordogne, la Charente et la Haute-Vienne, connaissent également une augmentation des cas positifs, mais inférieure à 10%. 

Les hospitalisations en hausse dans 20 départements. Les hospitalisations sont également en hausse dans 20 départements. Elles sont inférieures à 10% dans les Côtes-d’Armor, le Maine-et-Loire, l’Indre-et-Loire, le Loir-et-Cher, la Somme, les Yvelines, les Ardennes, l’Yonne, la Côte-d’Or, le Jura, le Haut-Rhin, les Landes, le Lot, le Tarn-et-Garonne et le Tarn. Cette augmentation est plus préoccupante dans la Sarthe, (+24,9%), le Territoire de Belfort, la Haute-Vienne, le Cher, et la Lozère.

Cela remet-il en cause le déconfinement et donc les fêtes de Noël ? Les règles sanitaires vont-elles encore changer après quinze jours ? La question devrait être tranchée lors d’un nouveau « Conseil de défense » prévue mercredi, avant la désormais traditionnelle conférence de presse du jeudi du gouvernement. Selon le président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde, le Premier ministre Jean Castex a assuré lundi matin lors d’une réunion avec les parlementaires qu’il y aurait « des décisions à prendre » et qu’il serait « cohérent et constant », même s' »il sait que c’est pas très populaire ». 

La réouverture des théâtres, musées et cinémas compromise?


Selon franceinfo, le déconfinement ne serait pas, pour l’heure, remis en cause. En revanche, la réouverture prévue des théâtres, musées et cinémas pourrait être reportée. Une décision qui se justifierait par la volonté de réduire les risques de contamination liée aux déplacements.

BFMTV affirme d’ailleurs que l’attestation pourrait être conservée après le 15 décembre, pour que sortir de chez soi reste une exception. La chaîne privée proche du pouvoir assure également que l’exécutif envisage la mise en place d’un couvre-feu à 17 heures, précisément pour limiter les flux de personnes et non pas 21h comme initialement prévu. En fait, si l’heure du couvre-feu est bel est bien abaissée, l’exécutif voudrait donner le sentiment de sa compréhension et couper la poire en deux en le décrétant à 19 heures: une avance de deux heures sur le virus !

Et la fête chrétienne de Noël ?

A cette heure, il ne serait pas question d’empêcher les gens de se réunir en famille à Noël, assure par ailleurs une source au sein de l’exécutif. Mais, la soirée du Nouvel An pourrait être compromise. Les autorités sanitaires réfléchirait à l’idée de la mise en place d’une attestation dérogatoire ce soir-là, pour éviter les rassemblements.

Un peu de réconfort dans ce monde de sachants ignorants

Ce réconfort aura l’effet du grand verre de vodka pour se réchauffer: le froid sera d’autant plus grand après. Le vaccin sera gratuit pour tous les Français, mais une gratuité inscrite à la dette publique que les générations à venir devront régler:

Mais une « morosité ambiante » est déjà palpable à l’hôpital. « Les soignants ont clairement l’impression qu’ils n’auront aucune bouffée d’oxygène avant la nouvelle explosion, aucun répit, lâche l’infectiologue de Nancy Christian Rabaud. Non seulement ils savent qu’ils vont bosser très dur à Noël, mais qu’en plus, ce même Noël va impacter le mois de janvier! Les fêtes, c’est le début de l’aggravation annoncée. »