La gauche tolère en revanche le groupe Hachette Livre, 1er en France et 3e éditeur mondial
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le 19 janvier 2022
Il détient le numéro deux de l’édition en France et va acquérir le numéro un. Mais le milliardaire Vincent Bolloré entretient le mystère sur ses projets pour le marché du livre, où il devra éviter une position dominante. L’actionnaire principal de Vivendi contrôle Editis, et s’apprête à lancer son offre publique d’achat sur Lagardère, maison mère d’Hachette Livre.
Or, les autorités de la concurrence européennes devraient s’opposer à la modification du périmètre actuel de ces deux rivaux.
« Ce serait des présences des deux grands groupes de l’ordre de 80% » dans certains secteurs: « 84% parascolaire, 74% scolaire… En littérature poche, ça serait autour de 65%. Donc c’est énorme », contestait cette semaine …Antoine Gallimard, le patron du numéro trois Madrigall, sur …France Inter.
Gallimard, c’est l’éditeur emblématique du groupe groupe Madrigall, holding éditoriale française – au capital duquel le groupe LVMH de Bernard Arnault est entré à hauteur de 30 millions d’euros, en 2013 – et maison mère de plusieurs maisons d’édition et sociétés de distribution dont Gallimard, Flammarion et Casterman
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Mais Vincent Bolloré, rompu aux acquisitions pour faire grandir ce qui est souvent qualifié d' »empire », ne se laissera probablement pas dicter par Bruxelles les conditions de celle-ci. Il arrivera, selon toute vraisemblance, avec ses propositions.
Lesquelles? Tenus au silence médiatique, les éditeurs au sein d’Editis disent tout ignorer des intentions de leur actionnaire. « C’est un sujet Vivendi », précise une source au sein du groupe d’édition.
L’UE renoncerait à concurrencer l’anglais Pearson (1er) et l’américain ThomsonReuters (2e)
« Personne n’est dans la tête de Vincent Bolloré », affirme la secrétaire générale du Syndicat national Livre-Edition CFDT, Martine Prosper. « On ne sait strictement rien. Mais on voit que pour les salariés des deux groupes, c’est un moment angoissant ».
Deux scénarios semblent envisageables. détenteur de maisons parmi les plus prestigieuses de Paris: Grasset, Calmann-Lévy, Stock, Fayard, Le Livre de poche, Larousse, etc. Les deux meilleurs vendeurs de la littérature française, Guillaume Musso et Virginie Grimaldi, ainsi que l’éditeur de la superstar Astérix, Albert René, entreraient ainsi dans l’écurie de Vincent Bolloré, une multinationale de transport (fret), de logistique (stockage), et de communication (groupe Canal+, Havas).
![Mystère autour des projets de Vincent Bolloré dans l'édition](https://i.la-croix.com/729x0/smart/2022/02/12/1301199919/L-entree-locaux-groupe-Hachette-Livre-Paris-2002_1.jpg)
Bolloré aime manifestement la dimension internationale de Hachette, dont moins d’un tiers du chiffre d’affaires est réalisé en France.
L’homme d’affaires a mis en avant cette ambition culturelle mondialisée devant les sénateurs qui enquêtent sur la concentration dans les media. « Un groupe capable de proposer à un auteur français de traduire son œuvre à l’étranger, de l’adapter en série ou en plus petits éléments digitaux pour les passer sur Dailymotion, Canal ou autre, me semble être un sujet passionnant pour ce fameux ‘softpower’, qui reste très important pour la France« , fit-il valoir.
L’autre scénario trahit un procès d’intention que Vivendi fasse son tri entre maisons d’édition à conserver et à céder.
C’est celui auquel croit Conor O’Shea, analyste financier qui suit le groupe pour Kepler Cheuvreux. « Le plus vraisemblable est qu’il vende les activités françaises de Hachette, ou alors les segments où les deux groupes ont une part de marché largement supérieure à 50% (scolaire, dictionnaires, livres de poche) », explique-t-il à la presse.
« Il aime les activités médias pour leur capacité à générer de la trésorerie rapidement et leur croissance stable », rappelle l’analyste. En s’offrant Lagardère, « il veut créer un Bertelsmann français, un groupe familial stable mêlant livres et audiovisuel ».
L’allemand Bertelsmann a tenté une opération du même type aux États-Unis, où il détient Penguin Random House. Il voulait acquérir Simon & Schuster, et le gouvernement a entrepris de bloquer ce qu’il qualifie de « fusion anticoncurrentielle ».
![Mystère autour des projets de Vincent Bolloré dans l'édition](https://i.la-croix.com/729x0/smart/2022/02/12/1301199919/journalistes-Europe-1-manifestentdenoncer-influence-grandissante-groupe-Vivendi-controle-Vincent-Bollore-radio-rapprochementla-chaine-television-CNews-30-2021-Paris_2.jpg)
En France, les gauches attachées à la ligne de Gallimard ou Flammarion s’opposent à la formation d’un groupe francais de taille internationale, brandissant une logique de sauvegarde de la concurrence hexagonale et distillant de forts a priori politiques. Le sauveteur du groupe Canal+ a présidé, chez des media qu’il détient, CNews et Europe 1, à l’instauration d’une indépendance du SNJ-CGT et de la macronie, le pluralisme.
Deux ex-ministres de la Culture soupçonnent Bolloré de poursuite du même but dans le livre.
Il « défend un projet idéologique d’extrême droite », accusait fin janvier la partisane socialiste Aurélie Filippetti, qui se dit également autrice. Il pourrait « soutenir un courant d’idées unique, qui est celui que nous connaissons », suppute Françoise Nyssen, ministre dans le premier gouvernement du président Emmanuel Macron, et par ailleurs patronne des éditions Actes Sud. Deux ministres socialistes aigries, privées de mandat électoral.
L’actuelle, Roselyne Bachelot, n’est pas la ministre de tous les Français:
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