La France a inscrit l’IVG dans sa Constitution

Mathilde Panot (LFI) salue une « promesse faite à l’avenir« , dont sont exclus les bébés sacrifiés

La France est devenue ce lundi 4 mars le premier pays au monde à inscrire explicitement dans sa Constitution l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Après le vote des parlementaires, le sceau du Congrès a été apposé sur le texte dans une salle voisine.

Dans une ambiance solennelle, Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale et donc du Congrès, a signé la Constitution modifiée. Etaient réunis autour d’elle Gérard Larcher, président du Sénat, le premier ministre, Gabriel Attal, le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, Aurore Bergé, la ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, ainsi que Marie Lebec, la ministre chargée des Relations avec le Parlement. Une menteuse :

Ils se sont ensuite tous rassembléss autour d’une presse traditionnelle, un imposant appareil sous forme de balancier à vis qui a permis d’apposer le sceau de la République française en bas du docume et d’y fixer un ruban de soie tricolore.

Cérémonie de scellement le 8 mars

Après le vote du Congrès, Macron a annoncé une cérémonie de scellement pour la première fois ouverte au public, le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes.

« Célébrons ensemble l’entrée d’une nouvelle liberté garantie dans la Constitution par la première cérémonie de scellement de notre histoire ouverte au public. Rendez-vous ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes », a écrit le président dans un message publié sur les réseaux sociaux.

Prolongement d’une tradition française qui remonte aux Mérovingiens, mais qui n’est plus obligatoire depuis que la publication d’un texte au Journal Officiel fait foi, le « scellement » se déroule au ministère de la Justice. Après la cérémonie prévue vendredi à midi place Vendôme à Paris, le texte sera baptisé « loi constitutionnelle du 8 mars 2024 ».

Qui a voté quoi au Congrès?

Contrairement aux votes qui ont respectivement eu lieu à l’Assemblée nationale et au Sénat, il fallait cette fois-ci une majorité des trois cinquièmes parmi les 925 parlementaires – soit 555 voix – pour que soit adoptée cette révision constitutionnelle. 780 parlementaires ont voté pour, 72 contre.

Le 30 janvier dernier, les députés ont voté à une très large majorité (493 voix pour) en faveur d’une inscription « d’une liberté garantie » de recourir à l’IVG dans la Constitution. Un mois plus tard, ce sont les sénateurs qui ont voté le projet de loi du gouvernement avec 267 voix pour et 50 contre.

Votre député a-t-il voté pour l’inscription de l’IVG dans la Constitution lors du vote du Congrès à Versailles?

Le 30 janvier, 15 députés LR avaient voté contre et quatre se sont abstenus. Au RN, 12 avaient voté contre et quatorze se sont abstenus. Tous les parlementaires de la NUPES ont voté pour, comme un seul homme. Comme au MoDem et à Renaissance.

Analyse du scrutin n° 1
Première séance du 04/03/2024 : lien Assemblée nationale

Le NPA se fracture à son cinquième congrès

Deux forces d’attraction: LO et LFI

Une guerre de légitimité s’ouvre. « On était dans une situation, depuis longtemps, où il y avait plusieurs partis dans le parti, avec plusieurs orientations et plusieurs pratiques militantes« , a justifié l’ex-candidat à la présidentielle, Philippe Poutou.

Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) s’est scindé en deux à l’issue de son cinquième congrès, dimanche 11 décembre. Le courant des figures historiques Philippe Poutou et Olivier Besancenot, qui opte « pour une « gauche radicale qui peut travailler avec LFI », a pris acte de ses désaccords politiques avec les défenseurs d’une ligne jugée trop « sectaire ». 

« On était dans une situation, depuis longtemps, où il y avait plusieurs partis dans le parti, avec plusieurs orientations et plusieurs pratiques militantes, et nous avons pris l’initiative de la séparation. On ne pouvait plus, on ne voulait plus continuer comme ça », a expliqué dimanche, lors d’une conférence de presse, Philippe Poutou, candidat de ce petit parti d’extrême gauche trotskiste lors des trois dernières élections présidentielles. 

« Il y a ceux qui ne souhaitent que travailler avec Lutte ouvrière, et les partisans d’un parti plus ouvert », a résumé Julien Salingue, le responsable presse du parti.

« Nous décidons de continuer le NPA en actant de la séparation avec ces groupes », ont précisé dans un communiqué les délégués de son courant, celui de la plateforme B, qui avait recueilli 48,5% des suffrages des 2.000 adhérents du parti avant ce congrès.

Avec la plateforme C, qui avait obtenu 45,3% des suffrages, il y a désormais « une bagarre de légitimité » autour du NPA, a reconnu lors de cette conférence de presse la porte-parole Christine Poupin, tout en soulignant que son courant B était « le plus nombreux » et en revendiquant la « légitimité historique et politique ».

Présidentielle : LR désignera son candidat par un congrès

Les militants LR rejettent ainsi la primaire

Paris: Bureau politique des Republicains.

Les 80.000 adhérents LR étaient appelés à se prononcer ce samedi sur le mode de désignation de leur candidat pour la présidentielle. La base a préféré un congrès fermé plutôt qu’une primaire ouverte. Une mauvaise nouvelle pour Valérie Pécresse: la décision arrange Xavier Bertrand, à la condition qu’il participe au congrès.

Les adhérents LR ont décidé que le ou la candidat(e) soutenu par Les Républicains pour la présidentielle sera désigné par les mêmes adhérents LR, lors d’un congrès fixé au 4 décembre. 58 % des suffrages se sont en effet portés sur ce mode de désignation, lors d’un congrès dématérialisé, ce samedi.

L’autre option, que la direction du parti avait décidé de soumettre au choix des militants, était une primaire semi-ouverte aux sympathisants de droite et du centre. Solution prônée notamment par Valérie Pécresse, Gérard Larcher ou Bruno Retailleau. Elle n’a recueilli que 40,4 % des voix. Il y a 1,6 % de votes blancs. La participation s’élève à 50,28 %, soit un peu plus de 40.000 votants. C’est plus que lors des derniers votes.

Ce sont donc les seuls militants LR qui auront voux au chapître pour décider du candidat. Certains, dont les soutiens de Valérie Pécresse, voulaient ouvrir le congrès aux partis amis, comme les centristes de l’UDI et du Nouveau Centre, ou les mouvements Libres ! et La manufacture de Valérie Pécresse et Xavier Bertrand. Mais, lors d’un vote interne en bureau politique, ils ont été mis en minorité.

Quatre candidats, ou cinq?

Les adhérents devront choisir entre les candidats déclarés : Valérie Pécresse, Michel Barnier, Eric Ciotti et Michel Juvin. Mais Xavier Bertrand sera-t-il l’invité de dernière minute ? S’il a toujours refusé la primaire ouverte, ses soutiens ont annoncé cette semaine que le président des Hauts-de-France serait prêt à participer si l’option congrès était retenue. Mais pour compliquer un positionnement déjà confus, ses proches expliquent qu’il ne souhaite pas pour autant se confronter aux autres candidats lors d’un vote… Explication : Xavier Bertrand accepterait de se présenter devant le congrès, à condition qu’il s’agisse de l’adouber! Lui, et lui seul…

En annonçant les résultats, samedi soir, le président des LR, Christian Jacob, a d’ailleurs eu une formule ambigüe, qui pourrait aller en ce sens : « Version 2 pour le congrès, soutien réservé aux adhérents, 58 % ». Un « soutien » n’est pas forcément une compétition entre plusieurs candidats, suivi d’un vote pour les départager…

Savoir si Valérie Pécresse peut tomber d’accord. Les deux favoris de la droite ont cependant assuré qu’à la fin, il n’en restera qu’un. Un vrai remake du film Highlander, la primaire LR. On attend juste de savoir qui remplacera Christophe Lambert.

« Xavier Bertrand sollicitera le soutien de sa famille politique par un courrier »

Samedi soir, dans le camp Bertrand, on pouvait s’estimer heureux. « Les militants ont envoyé un message clair et sans ambiguïté », salue la sénatrice LR Dominique Estrosi Sassone, ex-épouse de Christian Estrosi, porte-parole de Xavier Bertrand, « ils avaient vu comment la primaire de 2016 avait pu être dévoyée, au travers de personnes qui ont voté sans partager nos valeurs, pour empêcher d’autres candidats ».

C’est la sénatrice qui a annoncé cette semaine la participation du candidat à un congrès. « Ce que j’ai dit exactement, c’est que dans la mesure où les adhérents choisissaient le congrès, ce qui est fait, Xavier Bertrand sollicitera le soutien de sa famille politique par un courrier. Car c’est comme ça que la procédure est prévue », explique la sénatrice LR des Alpes-Maritimes.

Le camp Pécresse, douché

Chez les soutiens de Valérie Pécresse, c’est un coup dur. Si elle voulait une primaire ouverte, sur Twitter, la candidate a youtefois assuré de sa participation au congrès. « Les adhérents LR se sont exprimés et ont choisi la primaire interne. Respectueuse de leur volonté et constante dans mon engagement de jouer collectif, j’en serai ! Que le… ou la meilleure gagne ! » a-t-elle lancé.

« Cette décision, ce n’est pas mon choix. Mais je ne suis pas complètement surpris. Dans mon département, je voyais bien qu’il y avait une tendance naturelle pour un vote fermé en forme de congrès. Dont acte », réagit le sénateur LR Philippe Mouiller, l’un des porte-parole de Valérie Pécresse. Cette semaine, un responsable LR, favorable à la primaire, faisait le même pronostic. Il ne cachait pas sa crainte, quant à l’issue : « Vous allez demander aux militants s’ils sont importants pour déterminer le candidat… Je connais d’avance le résultat. Vous aurez un vote des militants pour les militants, car ils veulent peser ». Une analyse que partage Dominique Estrosi Sassone :

« Les militants ne voulaient pas voir leur pouvoir de décision, quelque part, noyé. Avec la primaire, ils savaient qu’ils ne seraient pas complètement maîtres du jeu. Ils ont voulu garder la maîtrise du jeu politique. »

« Les modalités du congrès » restent à définir: du sur-mesures?

Et maintenant ? Ce n’est pas tout à fait fini. « Dès mardi, nous aurons un conseil stratégique qui se réunira en tant que commission des statuts pour valider le formulaire de recueil des parrainages (il faudra 250 parrainages d’élus, ndlr), et ensuite un bureau politique, le 6 octobre, qui mettra en place l’instance de contrôle et le comité d’organisation », a détaillé Christian Jacob, président de LR, qui était opposé aux primaires depuis le début. Il espère bien « le 4 décembre avoir arrêté les choses ».

« On connaît les règles du jeu maintenant. La question c’est comment faire campagne auprès des militants dans les fédérations. Et comment gérer nos relations avec nos partenaires et alliés, qui ne sont pas dans le choix du candidat », explique Philippe Mouiller, pro Pécresse.

Reste que les règles ne semblent pas si évidentes pour tout le monde. Le vote des militants pour départager les candidats est-il automatique ou pas ? « Non. Il y a d’abord les modalités à définir, qui ne passent pas uniquement par le vote. Ensuite, potentiellement, il y aura un vote. Le congrès est prévu d’ici le 4 décembre. On verra d’ici là comment les choses vont se cristalliser, on verra aussi les sondages », répond Dominique Estrosi Sassone. La porte-parole de Xavier Bertrand espère que l’entente, annoncée entre les deux candidats, arrivera « avant le 4 décembre. Ça montrera l’esprit de responsabilité ». Elle ajoute :

« Il faut un congrès de rassemblement et non d’affrontement. »

« Un certain nombre de nos amis, partis des LR, font leur retour… »

Chacun va maintenant faire campagne auprès de la base. « Il y aura une campagne d’adhésion. Un certain nombre de nos amis, partis des LR, font leur retour », glisse un parlementaire. L’ironie de l’histoire serait que Valérie Pécresse et Xavier Bertrand reprennent eux-mêmes leur carte après l’avoir déchirée…

Autre enjeu : la bataille de l’opinion. Elle se joue dans les prochaines semaines entre les candidats. Car les sondages, au final et encore une fois, seront le juge de paix. Xavier Bertrand va ainsi se prononcer sur la valeur travail la semaine prochaine.

Christian Jacob : « Eric Zemmour ne fait pas partie de notre famille politique »

On l’a compris, il faudra encore attendre un peu pour voir la fumée bleue. Rien de mal à cela, selon Christian Jacob. Il répète que le candidat n’est jamais connu avant l’automne ou l’hiver. Mais pour une partie des LR, un sentiment d’urgence se fait sentir depuis plusieurs semaines.

La précampagne présidentielle est bien lancée. Un certain Eric Zemmour, toujours pas officiellement candidat, l’a bien démontré. Une chose est sûre : s’il veut pousser la porte du congrès et participer au départage, ce sera non. Une clause anti-Zemmour a aussi été soumise au vote des adhérents ce samedi. Elle est maintenant adoptée et permet au parti de rejeter un candidat s’il ne partage pas les valeurs de la droite et du centre. Sur ce point, Christian Jacob s’est montré clair samedi soir : « Eric Zemmour ne fait pas partie de notre famille politique ».