Les perturbateurs perturbés du collectif «Dernière Rénovation» ont aspergé la pyramide du Louvre de peinture orange

Subventionnés par Climate Emergency Fund pour dégrader

Dégradations perpétrées ce vendredi 27 octobre

Ce vendredi 27 octobre, plusieurs militants du collectif Dernière Rénovation sont parvenus à monter sur la pyramide du Louvre. Une fois sur la structure, ces derniers ont jeté de la peinture orange fluo.

06/09/2023

Par ce geste, ces activistes ont pour «objectif» de défendre la cause de «rénovation thermique des bâtiments». «Tandis qu’à l’Assemblée nationale, le gouvernement continue sa politique destructrice pour notre humanité en refusant de voter des amendements favorables à la rénovation thermique et à des vies sauvées , Dernière Rénovation alerte : «La rénovation, c’est maintenant !»», a indiqué le collectif sur X.

Qui est Roger Hallam, l’inspirateur sulfureux de Dernière rénovation ?

   Le collectif Dernière rénovation est inspiré par un activiste britannique, Roger Hallam, aussi cofondateur d’Extinction Rebellion. Ce stratège du mouvement climat est animé par une idéologie controversée.


Ils ont interrompu la demi-finale de Roland-Garros, certaines étapes du Tour de France et bloquent régulièrement des autoroutes ou des périphériques, mais se veulent pacifiques. Ils revendiquent du gouvernement un plan majeur pour la rénovation thermique des bâtiments, mais ne font rien d’autre que de la com’. En France, le collectif climatique Dernière rénovation attire les media, énerve nombre d’automobilistes et questionne les autres acteurs de la lutte climatique. La « résistance civile non violente » est sa ligne, comme on peut le lire sur leur site internet, mais résister, en dérangeant ses concitoyens, c’est en réalité agresser. Concrètement, cela signifie que ses membres multiplient les actions hautement perturbatrices et répétitives — et prennent ainsi le risque théorique d’aller en prison. Pour comprendre d’où vient cette stratégie bien rodée, il faut traverser la Manche à la rencontre de celui qui en est le principal instigateur : Roger Hallam, 57 ans, qui estime que « même ceux qui pensent un peu de manière sexiste ou raciste peuvent nous rejoindre »…

Cet activiste britannique est un personnage central du mouvement climat. Cofondateur d’Extinction Rebellion, XR, le mouvement au sablier inséré dans un cercle, il a aussi inspiré la création de nombreux collectifs partout en Europe, comme Dernière rénovation donc, mais aussi Just Stop Oil — les jets de soupe sur les Van Gogh, c’est eux — au Royaume-Uni. La recette miracle de Roger Hallam ? Un discours catastrophiste, qui le fait comparer la crise climatique à… la Shoah (en la banalisant), des actions coups de poing qui séduisent une certaine jeunesse, et la constitution d’un réseau international. Hallam a été incarcéré et devait être jugé le 17 février 2020.

Entraver la libre circulation de ses concitoyens,
une action pacifique de désobéissance civile?

Comment est née cette stratégie ? Dès le début des années 2000, Roger Hallam, 56 ans aujourd’hui, a saisi la gravité du changement climatique. Le maraîcher bio dans le sud du Pays du Galles, près de Carmarthen, qui employait vingt-cinq personnes, était alors confronté à une météo imprévisible. Chaque année, les récoltes de sa ferme coopérative Organics to go — à laquelle il participe toujours — étaient durement abîmées par de longs mois de pluie.

Le signe, selon lui, d’un désastre global : si rien n’était fait, l’agriculteur en était persuadé, de grandes famines adviendraient et des guerres civiles, des grèves de la faim, éclateraient. Il décida alors d’abandonner sa ferme de quatre hectares pour reprendre des études au King’s College de Londres. Pendant quatre ans, il s’est plongé dans les plus célèbres contestations radicales, comme le mouvement indépendantiste lancé par Gandhi en Inde ou la lutte des suffragettes pour les droits des femmes au Royaume-Uni. Lui-même s’était déjà frotté au militantisme en participant, ado, aux marches contre l’armement nucléaire dans les années 1980. Derrière ce studieux épluchage théorique, il s’interroge sur le moyen de mobiliser les gens et les engager dans une contestation de masse ?

« Voilà le prototype pour sauver le monde »

Autoroute M25, Londres,
bloquée par Insulate (isolez) Britain,
septembre 2021

De cette étude, Roger Hallam conclut en 2020 que « le moyen le plus efficace de provoquer un changement politique rapide [est] la désobéissance civile massive et non violente ». Le fauteur de troubles a une recette qu’il jugeait imparable pour faire plier les gouvernements : « Perturbations, sacrifices et respect [de l’adversaire] jusqu’à l’emporter. Ensuite, répète inlassablement et étends le mouvement. Voilà le prototype pour sauver le monde ». Pour que cela fonctionne, l’incarcération des militants est, selon lui, un ingrédient indispensable. Pour dramatiser les situations. Plus il y aura d’arrestations, plus le soutien de la population – et donc la pression sur l’Etat ou l’entreprise visée – serait important.

Fort de ces principes, Roger Hallam a cofondé Extinction Rebellion en octobre 2018. Le mouvement au logo de sablier a connu un vif succès, et est aujourd’hui présent dans quatre-vingt-six pays. C’est quasiment avec ces mêmes méthodes qu’il a fondé Insulate Britain, trois ans plus tard. En octobre 2021 un sondage révéla que 72% des sondés désappouvaient les manifestants et sa stratégie a quelque peu évolué.

Théâtralité de la manifestation d’Extinction Rebellion,
en 2020, à Londres, contre le pétrolier Shell. © Nina Guérineau de Lamérie/Reporterre
Théâtralité de la manifestation d’Extinction Rebellion,
en 2020, à Londres, contre le pétrolier Shell. © Nina Guérineau de Lamérie/Reporterre

Contrairement à XR, le collectif se dote d’une revendication ciblée : l’isolation des logements. Son organisation est aussi plus verticale pour améliorer l’efficacité dans les prises de décision. Enfin, il mise sur des petits groupes d’activistes pour mener des actions très perturbatrices, comme le blocage du trafic routier. Ce ‘soft power’ écolo est en vérité un terrorisme psychologique.

Provoquer un maximum de perturbation avec un minimum d’effort. Cette stratégie a rapidement essaimé outre-Manche et attiré une partie de la jeunesse éco-anxieuse et avide de changements. Extrêmement actif sur les réseaux sociaux, où des dizaines de milliers le suivent, Roger Hallam interpelle cette nouvelle génération dans une vidéo intitulée How to stop climate crisis in six months (chiche !), l’incitant à entrer en résistance malveillante. En France, Thibaut Cantet, un jeune homme de 28 ans, ancien militant dans la branche française d’Extinction Rebellion, l’a découverte par hasard.

Gourou écolo, sorte de prophète Philippulus,
ancien collaborateur illuminé du professeur Calys,
dans les Aventures de Tintin, L’Etoile mystérieuse  

Rodé aux codes de la désobéissance civile, le Parisien suivait déjà de près les actions d’Insulate Britain au Royaum6e-Uni. La vidéo de Hallam, postée en novembre 2021, a été un déclic. En quelques semaines, il a monté une équipe de quelques personnes – des anciens camarades d’XR France — et lancé Dernière rénovation (DR).

Le “réseau A22” : une organisation internationale

Habituellement discret, le cofondateur de DR a exceptionnellement accepté de s’exprimer. Quand on l’interroge sur ses liens avec Roger Hallam, il reste prudent et ne s’épanche pas : « J’ai regardé pas mal de ses vidéos, je me retrouvais dans sa pensée. » Le jeune homme admet toutefois avoir été en contact avec le stratège britannique et reconnaît qu’il les a aidés à intégrer le “réseau A22”, référence à avril 2022, date des premières actions. Cette organisation internationale regroupe tous les mouvements inspirés par les théories de Hallam, une nébuleuse.

Parmi eux, on retrouve notamment Just Stop Oil, le petit frère d’Insulate Britain, fondé et piloté par Roger Hallam lui-même, mais aussi Ultima Generazione en Italie, Letzte Generation en Allemagne, Renovate Switzerland en Suisse… Tous suivent la même ligne stratégique, résumée dans un manifeste au ton solennel, publié sur le site du réseau A22 : « Nous sommes ici pour forcer les gouvernements démocratiquement élus (ce que les agitateurs verts ne sont pas !) à réduire les émissions de carbone, rien de moins. […] Nous sommes ouverts et non violents. » Il existe une véritable synergie entre ces campagnes : « On a une identité commune et une stratégie commune », explique Pierre, un membre de Dernière rénovation qui connaît bien le fonctionnement du réseau A22.

Tous les jours, les différentes organisations sont en contact par Zoom. Elles partagent leurs expériences et leurs ressources dans différents domaines. Elles essayent aussi de se coordonner, d’où le nom A22, qui vient d’avril 2022 : la date de la première vague d’actions. Cependant, chaque mouvement conserve une certaine marge de manœuvre par rapport à A22 : « Personne ne nous dicte ce qu’on doit faire. Il n’y a pas de processus de validation du réseau », nuance Pierre, de DR. D’ailleurs, leurs revendications ne sont pas les mêmes en fonction des pays : rénovation des bâtiments en France, la fin de l’extraction des hydrocarbures au Royaume-Uni, la restauration des zones humides en Suède…

La dépendance est plus forte au niveau des ressources financières. Le réseau A22 leur permet d’accéder aux subventions du Climate Emergency Fund (le fonds d’urgence climatique) alimenté par de riches philanthropes américains, notamment la fondation Aileen Getty, petite fille de l’entrepreneur dans la filière du pétrole J. Paul Getty. En 2022, le CEF a déboursé plus de 4 millions de dollars (3,7 millions d’euros) pour soutenir quarante-trois groupes d’activistes climatiques non violents a leur mznière. « Au début, on a reçu 50 000 euros pour financer les six premiers mois de la campagne », confie Thibaut Cantet. Mais impossible de connaître le montant total des aides du CEF versées à Dernière Rénovation. On sait seulement qu’elles représentent quasiment les deux tiers de leur caisse, le solde provenant de dons de particuliers.

Le système de financement A22 reste opaque, comme le trajet de l’argent jusqu’à Dernière rénovation: la question est sensible. Le collectif juge confidentielles ces informations, comme si elles étaient inavouables. « Il y a un enjeu de sécurité assez fort », se justifie Pierre, qui reconnaît qu’il y a bien une coordination internationale des financements.

La Shoah n’est « qu’une connerie de plus dans l’histoire humaine »

Ainsi organisé, le réseau A22, impulsé par Roger Hallam, se veut le nouveau fer de lance de la lutte pour le climat. Et la recette fonctionne, puisque partout dans le monde, onze collectifs ont rejoint le réseau. Ce parcours rappelle celui du mouvement Extinction Rebellion (XR), qui s’est également internationalisé rapidement. Sauf que XR a ensuite pris ses distances de son charismatique leader. Pire, désormais, le nom du stratège est presque tabou chez XR au Royaume-Uni. Personne ne souhaite s’exprimer à son sujet, car « Roger ne fait plus partie d’XR depuis longtemps », se justifie l’une de ses porte-parole. Cela fait trois ans que l’organisation s’est définitivement désolidarisée de ce cofondateur devenu trop encombrant. En cause, des propos dans les media et sur les réseaux sociaux qui ont, à plusieurs reprises, choqué l’opinion et terni l’image du mouvement au sablier.

Le mouvement Extinction Rebellion s’est désolidarisé
de son cofondateur, à la suite de ses multiples propos choquants. © NnoMan Cadoret/Reporterre

La véritable rupture est survenue en 2019. Dans une interview à l’hebdomadaire allemand Die Zeit, Hallam a affirmé que la Shoah n’avait été « qu’une connerie de plus dans l’histoire humaine ». Deux jours plus tard, il récidivait dans les pages de Der Spiegel en affirmant : « Le changement climatique n’est que le tuyau par lequel le gaz pénètre dans la chambre à gaz. C’est juste le mécanisme par lequel une génération en tue une autre. »

Ces propos ont indigné la branche allemande de XR et de la classe politique du pays, qui lui ont reproché de minimiser l’Holocauste et l’ont accusé d’antisémitisme. De nombreux militants ont alors claqué la porte d’Extinction Rebellion, et certains donateurs ont arrêté leurs financements. Acculé, Hallam s’est excusé du bout des lèvres : « Je suis désolé pour les mots utilisés. Mais je ne ressens pas le besoin de m’excuser d’avoir attiré l’attention sur le génocide [climatique] qui se déroule actuellement. » 

Des discours choquants censés tirer « les gens » de l’apathie

En réalité, ces sorties de route font partie d’une stratégie de communication savamment calculée visant à choquer, comme l’ont révélé le journal Les Jours (site web d’information lancé en 2016 par une équipe d’anciens journalistes de Libération) et l’hebdo d’outre-Rhin Der Freitag. L’activiste britannique ne s’impose d’ailleurs aucune limite. Pour rallier à la cause, réelle, de l’urgence climatique, il use abondamment de discours apocalyptiques. Famines, guerres, abus sexuels, etc… seraient l’unique avenir des sociétés occidentales, vouées à l’effondrement dans les prochaines années.

Roger Hallam va ainsi jusqu’à comparer le Royaume-Uni à un goulag anglais ou raconter un viol collectif dans ses moindres détails dans une vidéo destinée à la jeunesse : « Une bande de mecs défoncera ta porte et te demandera à manger. Ils verront ta mère, ta sœur, ta petite amie, et ils la violeront à tour de rôle sur la table de la cuisine. Ils te forceront à regarder, et se moqueront de toi. C’est ça, la réalité du changement climatique. » Le gars est dérangé, aurait-on dit jusqu’au 7 octobre dernier, sans le Hamas…

Ces terribles présages, crus et violents, ont un objectif bien précis : faire sortir les gens de l’apathie collective en les forçant à prendre conscience des terribles conséquences du changement climatique.

En 2020, des activistes ‘gore’ de XR 
dénonçaient, devant le ministère de l’Economie,
les « milliards d’euros investis dans des industries
qui tuent les écosystèmes planétaires et les vies humaines
 ».
 © NnoMan Cadoret / Reporterre

Dans une moindre mesure, cette technique est reprise par Dernière rénovation, lors des réunions publiques qui permettent de recruter de nouveaux activistes. Dans ces présentations de deux heures, les organisateurs invitent à sortir du « déni climatique léger » et à « regarder la vérité en face ». Pour ce faire, ils misent sur un savant cocktail d’émotions et d’informations scientifiques anxiogènes. « Avec les informations qu’on a eues, il y a des sentiments qui étaient latents et qui prennent le dessus, comme la tristesse et la colère, et vers la fin, la détermination de participer aux actions de blocage », témoignait l’une des participantes.

Cela peut aller très loin : il n’est pas rare de voir des membres de Dernière rénovation ou de Just Stop Oil se filmer en pleurs lors d’une action, intimant au gouvernement l’ordre d’agir. Dans une vidéo publiée sur Twitter, par exemple, Charlotte, 20 ans, membre de DR, déclare dans de gros sanglots : « J’ai envie de vivre et j’ai envie que mon petit frère puisse avoir une vie aussi. »

« Aucun espace pour le débat, sous prétexte qu’on vit la fin du monde »

Message de Hergé:
Ne pas trop écouter les prophètes de malheur

Un ton que critiquaient déjà certains activistes d’XR France, rodés à ces méthodes de communication. Hélène Assekour, qui a aujourd’hui pris ses distances avec XR pour ces raisons, raconte son malaise face au rabâchage des discours catastrophistes lors des réunions internes. « Voir des gens privilégiés à l’échelle de la planète se mettre dans des états incroyables pour des choses qu’ils n’ont pas vécues, c’était très gênant. La situation est déjà assez grave, pas besoin d’en rajouter », s’exaspérait-elle début janvier. Sur Twitter, elle dit retrouver ce côté « quasi millénariste »  chez Dernière rénovation. Clément, ex-membre d’XR France, met, lui aussi, en garde contre la stratégie de la peur : « Le risque, à valoriser un discours de fin du monde, c’est que ça va créer une génération de militants qui adhèrent à ces idées sans forcément les remettre en question, ni les critiquer. »

Durant leurs années à XR, les deux militants ont d’ailleurs relevé une sorte « d’orthodoxie vis-à-vis de Roger Hallam », rapporte Hélène Assekour. « C’était dur de remettre en question un mouvement qui apporte une “recette miracle”. Il n’y avait pas d’espace pour le débat, sous prétexte qu’on vit la fin du monde. » Les deux anciens de XR perçoivent les similitudes entre les deux organisations, et craignent que l’histoire ne se répète à Dernière rénovation.

« Même si on s’inspire de sa pensée, on a quand même le sentiment d’être autonome par rapport à Roger Hallam, assure pourtant Lucio, un membre de DR. Personne ne tire les ficelles, on est indépendants et l’engagement des militants est sincère. » Et Thibaut Cantet (cofondateur du mouvement DR) de renchérir : « Roger Hallam le dit lui-même : on a le droit de ne pas être d’accord avec lui et de proposer autre chose. » Pour Pierre, lui aussi à Dernière rénovation, le lien avec Hallam est très indirect : « La dernière fois qu’on a été en contact avec lui, c’était il y a six ou sept mois. » Selon lui, le mouvement s’inspire aussi d’autres personnalités, dont il ne souhaite pas dévoiler le nom.

Cependant, il reconnaît les apports du stratège britannique, qui a « réactualisé le principe de la résistance civile ». Un souffle qui bouleverse le monde du militantisme climatique, selon l’universitaire britannique Oscar Berglund, spécialiste des mouvements de désobéissance civile et de l’activisme, pour qui  « ces mouvements n’ont pas besoin d’être populaires » : « Roger Hallam a modifié la façon dont les mouvements climats traditionnels se positionnent vis-à-vis de ce genre d’activisme. » Reste à savoir si cette stratégie n’est qu’une mode, vouée à sa ringardisation, ou si elle se pérennisera dans le mouvement climat français.

Savoir enfin si ce réseau d’agitateurs stériles va un jour devoir réparer les dégâts qu’il occasionne, plutôt que de les laisser à la charge des populations qui pourtant les condamnent.

L’autoroute A69 Castres-Toulouse, symbole de l’archaïsme des écologistes

La dictature d’associations et collectifs environnementaux

« Il y a au moins une cinquantaine de projets du même type en cours. Mais c’est du nôtre qu’on parle le plus ». C’est par ces mots que Laurent Prost, l’un des membres du collectif La voie est libre, résume le poids qu’a pris la lutte contre le projet d’autoroute entre Castres et Toulouse.

Les travaux de construction, dans les tuyaux, depuis plus de 20 ans, ont été lancés au printemps, malgré plusieurs recours d’associations environnementales. Ce week-end, plusieurs associations appellent à se réunir pour faire « le ramdam contre le macadam ».

Le gouvernement veut tenir bon

Alors que près d’une dizaine de milliers de personnes sont attendues sur place, Clément Beaune, le ministre des Transports, a annoncé sa volonté de mener la construction de l’autoroute « jusqu’à son terme » prévu en 2025.

Une gageure dans un contexte de fortes tensions entre les mouvements écologistes et les forces de l’ordre, quelques mois à peine après les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre lors d’une manifestation contre les méga-bassines à Sainte-Soline.

Dans un territoire marqué par la mort de Rémi Fraisse contre un projet de barrage à Sivens en 2014, ce sont d’abord les associations locales qui ont commencé à lutter contre ce projet d’autoroute qui devrait faire gagner une quinzaine de minutes de voiture entre Toulouse et Castres. Un enjeu crucial en matière d’accouchements à risque, notamment.

« Les émissions de gaz à effet de serre ne s’arrêtent pas aux frontières du Tarn »

Puis, des collectifs plus identifiés au niveau national se sont greffés à cette lutte contre la construction de ces 53 kilomètres autoroutiers, à commencer par Les Soulèvements de la Terre.

Ce collectif est dans le viseur de Gérald Darmanin depuis les affrontements à Sainte-Soline. Le ministre avait annoncé sa dissolution à l’été avant de se voir contredit par le Conseil d’Etat qui a suspendu sa décision.

Ce mouvement qui défend des actions radicales face à l’accélération du réchauffement climatique a donné une visibilité nationale à la lutte contre l’A69, en mettant à l’honneur l’un des collectifs locaux.

« Quand on entend parler de ce projet, on peut se dire que ça ne nous concerne pas. Mais les émissions de gaz à effet de serre ne s’arrêtent pas aux frontières du Tarn« , avance Geneviève Azar, porte-parole des Soulèvements de la Terre.

« On a presque envie de dire merci Monsieur Darmanin »

Le diagnostic est partagé par le conseil national de la protection de la nature. Il a jugé dans un avis consultatif en septembre 2022 que ce projet autoroutier « s’inscrivait en contradiction avec les engagements nationaux de lutte contre le changement climatique ».

« Les opposants au projet plaquent sur lui des prérequis nationaux et calquent leur vision de la décroissance sur notre territoire qui parle à une partie des Français« , analyse de son côté le sénateur centriste du Tarn Philippe Bonnecarrère, soutien au projet.

La cause a également eu une chance: celle d’être critiquée par le ministre de l’Intérieur. Quelques jours après les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre à Sainte-Soline, le ministre de l’Intérieur est auditionné à l’Assemblée nationale. Il évoque alors « la volonté d’installer une ZAD » sur le chantier de l’autoroute Castres-Toulouse par le collectif « dissout » Les Soulèvements de la Terre.

« On a presque envie de dire merci Monsieur Darmanin qui nous a fait une publicité incroyable », raille l’un des porte-parole d’Extinction rebellion, financé notamment par le milliardaire américain Trevor Neilson ou Climate Emergency Fund (CEF), réseau créé en 2019 pour soutenir les activistes.

« Un concentré des maux de notre époque »

Suffisant pour faire venir le 22 avril au moins 4.500 militants, selon la préfecture du Tarn, et plus de 8.000 à Saïx, un petit village entre Albi et Toulouse ?

« Cette autoroute a tout d’une lutte emblématique qui est un concentré de tous les maux de notre époque et qui pousse à faire venir parfois de loin », décrypte le député LFI de Haute-Garonne Christophe Bex.

« Un projet sorti des cartons il y a 30 ans quand on ne parlait pas de réchauffement climatique et quand on était dans le tout-voiture, des ministres qui montrent les muscles parce qu’ils savent mieux que tous les autres, la création de futurs supermarchés près des sorties d’autoroute. C’est assez fou quand même que les travaux continuent », regrette ce proche de François Ruffin.

« Besoin de joie dans des luttes qui se durcissent »

Autre atout dans la manche des opposants: une lutte qui cherche à s’inscrire dans la joie. Trajet collectif en vélo pour les militants qui souhaitent venir, concerts, méditation, garderie…

Le tout sur fond de communication décalée avec par exemple une parodie de Forrest Gump quand les militants ont traversé à pied les 53 kilomètres du tracé autoroutier qui comptent notamment des terres agricoles et des terres naturelles.

« On a besoin de joie dans la militance dans des luttes qui se durcissent » avec l’accélération du réchauffement climatique, explique ainsi Geneviève Azar des Soulèvements de la Terre.

« Des actions spectaculaires »

« On a également eu la chance d’avoir un symbole très fort: Thomas Brail », reconnaît encore Laurent Prost de La voix est libre. Ce militant écologiste qui proteste contre la construction de cette autoroute, synonyme d’abattage d’arbres et de disparition de zones humides, a été en grève de la faim ces dernières semaines au sommet d’un platane à Paris.

Victime d’un malaise, celui qui a fondé le groupe national de la surveillance des arbres finit par être évacué. De quoi pousser la préfecture d’Occitanie à suspendre l’abattage d’arbres en cours, finalement repris.

« On a de la joie et des actions spectaculaires qui marquent les esprits, qui montrent qu’en se battant, on peut gagner« , sourit un militant écologiste qui sera présent samedi.

Extinction Rebellion a bloqué l’entrée du ministère de l’Ecologie

Gaspillage bon enfant d’activistes écolos et pollueurs

Blocage de la circulation

Des forces de l’ordre ont dû se rendre sur place pour déloger les activistes d’Extinction Rebellion France.

Des agités d’Extinction Rebellion France ont mené une action médiatique, déguisés en faux pères Noël, devant le ministère de la Transition écologique, ce mardi matin.

Né au Royaume-Uni en octobre 2018, ce mouvement écologiste radical revendique déjà 6.000 militants inadaptés en France.

Des militants d'Extinction Rebellion France ont recouvert des peluches de pétrole, de sang et de pesticides devant le ministère de l'Écologie à Paris.
Des militants d’Extinction Rebellion France ont recouvert des peluches de pétrole, de sang et de pesticides devant le ministère de l’Ecologie à Paris.
(photo de propagande Extinction Rebellion France)

Une petite trentaine de sauveurs de la planète s’est regroupée boulevard Saint-Germain, vers 9 heures ce mardi, à la veille de la COP15 – sommet mondial sur la biodiversité qui s’ouvre mercredi 7 décembre à Montréal, jusqu’au 19.

Des militants d’Extinctionrebellion
ont aspergé de faux pétrole la Banque de France pour dénoncer les investissements dans les combustibles fossiles, à Paris le 1er avril 2021. 

Peluches éventrées arrosées de pétrole et de pesticides

Prétendûment écolos, ces activistes sont plus rouges que verts. Ils ont protesté déguisés en père Noël, sur fond de musique de Mariah Carey, en éventrant, « sans les étourdir », des peluches arrosées de pétrole, de sang et de pesticides, devant l’entrée du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu.

Une manière selon eux de rendre « au gouvernement les cadeaux destructeurs et mortifères que sa politique fait à notre planète ». Ces justiciers animent un mouvement social international qui, sous couvert d’écologie, vise à déstabiliser les gouvernements démocratiquement élus. Ils ont recours aux stratégies de désobéissance civile non violente et de manipulation médiatique pour faire pression sur les gouvernements faibles.

Ils ont aussi déroulé une banderole, comportant l’intitulé « stop écocide », sur la voie publique située devant le ministère, bloquant la circulation aux automobilistes.

« Non violents », mais
accusateurs et haineux

Les activistes expliquent également à travers leur compte Twitter, vouloir remettre une lettre au gouvernement. Celle-ci contient une liste de demandes d’actions immédiates. « Nous ne voulons pas d’un monde mort et pourtant c’est ce que nous sommes en train de créer… Un monde sans vie, sans espèces sauvages, sans oiseaux, sans insectes et de fait à terme sans humanité… », écrivent-ils en dénoncent un « écocide ».

Les forces de l’ordre ont délogé ces activistes, spécialistes de la déstabilisation politique, à peine une heure suivant leur blocage de la libre circulation.

Le 9 octobre 2019, la maire de Paris, Anne Hidalgo, apporte son soutien au mouvement malgré le blocage de la circulation automobile au centre de Paris. L’élue PS-PCF-EELV-G·s
déclare sur BFM TV : « je soutiens toutes les actions pacifiques. Sur la place du Châtelet, l’action est totalement pacifique [si on admet que la privation de la liberté de circuler n’est pas une violence]. Par ailleurs, le théâtre du Châtelet poursuit son activité sans aucun problème », en ajoutant : « Je soutiens ces actions dès lors qu’elles sont non-violentes […]. »

Le mouvement fonctionne selon une organisation holacratique, permettant de disséminer les processus de prise de décision au travers d’une organisation avec une autorité distribuée et des équipes auto-organisées, se distinguant des modèles pyramidaux du haut vers le bas plus classiques. Il est aussi décentralisé, les groupes régionaux et locaux sont libres d’agir de manière autonome. Une organisation proche du mode de fonctionnement d’un black bloc, à côté duquel Génération identitaire, pourtant dissout, fait figure d’enfant de choeur. Il y est fait appel à la désobéissance civile pour frapper les esprits. Le mouvement n’a pas non plus de porte-parole fixe, il n’a que des porte-parole ponctuels pour communiquer sur certaines actions.

L’homme d’affaires américain (WasteFuel, bio-méthanol, etc) Trevor Neilson est un des financeurs d’Extinction Rebellion par l’intermédiaire du Climate Emergency Fund