Paris: une université suspectée d’«atteinte à l’intégrité de cadavres»

L’ancien président de Paris-Descartes mis en examen

Cette mise en examen intervient dans le cadre de l‘enquête sur les conditions indécentes de conservation des corps donnés à la science au Centre du don des corps.

L’ancien président de l’Université Paris-Descartes, Frédéric Dardel, a été mis en examen vendredi 7 juin pour «atteinte à l’intégrité d’un cadavre» dans l’enquête sur les conditions indécentes de conservation des corps donnés à la science au Centre du don des corps, a-t-on appris lundi de source proche.

Frédéric Dardel avait été entendu en garde à vue le 12 novembre par les enquêteurs de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) et était ressorti sans poursuites. Il avait ensuite été entendu une première fois le 6 mai par le juge d’instruction Adrien Lallement, chargé de cette information judiciaire ouverte en juillet 2020, avant d’être convoqué de nouveau vendredi dernier.

«Sur les sept années qu’aura duré son mandat», commencé début 2012, «Fréderic Dardel n’a été mis en examen en sa qualité de président que sur une période de deux ans», a relevé son avocate, Me Marie-Alix Canu-Bernard. «Pourtant il n’a eu de cesse de solliciter l’octroi de crédits… Notamment pour la réfection du Centre du don des corps, en vain, ce qui démontre comme pour d’autres services publics essentiels l’incurie manifeste de l’Etat», a-t-elle ajouté. «S’il y en a un qui a bougé, c’est bien lui», assurait-elle il y a quelques mois.

Locaux vétustes, dépouilles putréfiées et rongées par les souris, soupçon de marchandisation des corps… Dans un article publié fin novembre 2019, l’hebdomadaire L’Express avait dénoncé les «conditions indécentes» de conservation de dépouilles de «milliers de personnes ayant fait don de leur corps à la science». Ces révélations avaient conduit la ministre de la Recherche Frédérique Vidal à ordonner la fermeture du «temple de l’anatomie française», fondé en 1953 et qui accueillait chaque année plusieurs centaines de corps. Après cette fermeture, Frédéric Dardel est devenu en septembre 2019 «conseiller spécial» au cabinet de cette ministre, puis depuis septembre 2020, directeur d’une unité de recherche du CNRS.

«De graves manquements éthiques»

En juin 2020, une enquête administrative de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l’Inspection générale de l’éducation du sport et de la recherche (Igésr) avait estimé que l’Université Paris-Descartes était responsable de «graves manquements éthiques» dans la gestion du CDC. Le rapport évoquait «l’importance et la répétition» des alertes, «à différents niveaux et selon différents vecteurs, (qui) tranchent avec l’absence de réaction à la hauteur de la gravité des faits signalés jusqu’en 2018».

L’Université de Paris, nouvelle entité issue de la fusion en janvier 2020 de Paris-Descartes et Paris-Diderot, a été mise en examen le 15 avril pour «atteinte à l’intégrité d’un cadavre». Deux préparateurs ont eux été mis en examen en décembre et en avril.

Menaces visant Yaël Braun-Pivet: antisémitisme ou islamo-fascisme?

Castaner a tranché

Yaël Braun-Pivet à l'Assemblée nationale en mars 2019

La présidente de la commission des Lois de l’Assemblée nationale a reçu un courriel d’injures et de menaces à caractère antisémite. L’ensemble de ses collègues de la représentation nationale lui a apporté son soutien.

Les réseaux sociaux ne sont pas impliqués et l’affaire fait désormais objet d’une enquête du Parquet de Paris.

« ‘Youpine’, ‘prépare-toi, bientôt les camps à nouveau’. Face à de telles immondices: dénoncer, porter plainte, ne jamais rien laisser passer », a écrit la députée des Yvelines sur Twitter.

« Ces propos sont à vomir »

Le mail, reçu ce jeudi, devait faire l’objet d’une plainte dans la journée, selon son cabinet. En début de soirée, le parquet de Paris a indiqué avoir ouvert une enquête préliminaire confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).

Devant l’Assemblée, le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, avait lui-même annoncé le lancement de cette procédure. « Ces propos sont à vomir (…) ces injures sont adressées à la Nation toute entière », et « je le souhaite de tout coeur: justice sera faite », a-t-il ajouté devant Yaël Braun-Pivet.

Le président de séance David Habib avait tenu auparavant à dénoncer des « propos abominables », et proposé une suspension des travaux pour marquer la « désapprobation » des députés et en parler avec le ministre.

« Dans le pays, il y a des femmes et des hommes victimes des mêmes expressions de racisme, d’antisémitisme » et « il n’est plus question » de les accepter, avait ajouté le député socialiste.

« Le fascisme se banalise »

Préjugeant des résultats de l’enquête,
l’ancien ministre Castaner élimine d’office
la piste islamo-gauchiste

De l’extrême gauche à l’extrême droite, plusieurs députés ont ensuite pris la parole dans le même sens. « Le fascisme, il rampe (…), il se banalise », a jugé le patron des députés LREM Christophe Castaner, dans un réflexe partisan.

« Ma famille est venue en France pour fuir les nazis dans les années 30 », a retracé Yaël Braun-Pivet, se disant « particulièrement émue » de voir « la représentation nationale unie » ce jour.

« Infâme et insupportable. Tout mon soutien chère Yaël Braun-Pivet », a aussi tweeté le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Le tweet du président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand (LREM) n’a pas été diffusé avant 18h, mais le jour même néanmoins, une heure après l’annonce et quelques minutes seulement avant les mots de sympathie du garde des Sceaux qui a promis que justice serait faite :

En juillet 2018, Yaël Braun-Pivet, alors co-rapporteure LREM de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Benalla au Palais-Bourbon, avait déposé plainte pour des injures sexistes et des menaces à caractère antisémite, après des dizaines de messages, notamment sur Twitter. Trois personnes seulement avaient pu « être identifiées et avaient fait l’objet de contraventions de quatrième classe », indique l’entourage de l’élue des Yvelines.

Dix-huit mois plus tard, rien n’a été fait qui aurait pu dissuader ce genre d’initiative abjecte. Les coupables avaient été identifiés, pour certains, mais la sanction n’avait visiblement pas été suffisamment dissuasive: une contravention de quatrième classe, c’est une amende de 135 euros, laquelle peut être minorée… Le sujet est donc aussi une affaire entre la victime et ses collègues magistrats.