Ukraine: Nicolas Sarkozy prône la diplomatie pour résoudre le conflit

Les bellicistes de gauche font flèche de tout bois

Depuis la publication de son livre intitulé Le Temps des combats, Nicolas Sarkozy est de retour sur le devant de la scène. À l’occasion de la sortie de ce nouveau tome de ses mémoires, l’ancien président de la République était l’invité de TF1 ce mercredi au journal télé de 20 heures. Il est revenu sur les grands thèmes de l’actualité et plus particulièrement sur le sujet brûlant de la guerre en Ukraine.

« Je ne prétends ni à la neutralité, ni à l’exhaustivité », a déclaré en préambule Nicolas Sarkozy. S’il affirme que Vladimir Poutine est « coupable » d’avoir envahi l’Ukraine, l’ancien chef de l’Etat a préféré la diplomatie à la surenchère par les armes pour résoudre le conflit. « Arrêtez de parler d’acheter des munitions, des avions, des chars », a-t-il exhorté. Face aux « va-t’en guerre », l’ancien chef de l’Etat met en garde, assurant que le monde « danse autour d’un volcan ». Nicolas Sarkozy préconise plutôt de trouver « une solution qui préserve les intérêts de l’Ukraine », tout en faisant « comprendre aux gens que la Russie ne déménagera pas ». « La voie de la diplomatie n’a pas été utilisée jusqu’au bout », a-t-il fait valoir.

Quand une solution pacifique déclenche la colère

Loin de subir l’influence des Etats-Unis déterminés à poursuivre la guerre froide en Europe, l’ancien chef de l’Etat avait déjà affirmé sa position à l’occasion d’un entretien fleuve avec Le Figaro, publié mercredi 16 août. Il avait déjà dit qu’il ne croyait pas à une résolution du conflit par les armes. « La diplomatie, la discussion, l’échange restent les seuls moyens de trouver une solution acceptable », avait-il affirmé avec convuction au journal. En outre, Nicolas Sarkozy avait considéré que l’Ukraine ne doit rejoindre ni l’Otan ni l’Union européenne, mais « rester neutre ».

Des déclarations dénoncées dans la foulée, ln l’imagine, par l’ambassadeur de l’Ukraine en France, Vadym Omelchenko. Dans un entretuen accordé à Ouest-France, l’Ukrainien a qualifié ces propos d’inacceptables « tant dans leur forme que sur le fond ». 

Julien Bayou traite Sarkozy d' »influenceur russe »

Le député écologiste Julien Bayou s’en est pris à Nicolas Sarkozy qui avait désapprouvé la veille la position de la France sur la Russie dans la guerre en Ukraine. Pour l’élu EELV, l’ancien président de la République est un « influenceur russe » et, du seul fait de ses liens avec une société d’assurance russe, a été « acheté par la Russie », selon l’activiste vert accusé de harcèlement moral par son ex-compagne.

L’ex-président Nicolas Sarkozy, qui plaide dans Le Figaro Magazine pour une Ukraine « neutre » et un référendum pour « entériner » le retour de la Crimée dans la fédération russe, commettrait, selon le brillant conseiller d’Eva Joly en 2012, « une faute terrible. » Et le soutien du rappeur antisémite Médine de conclure jeudi 24 août que Sarkozy « doit être considéré comme un influenceur russe ».

Jugeant « lunaire » et « choquant », l’entretien-fleuve de l’ancien chef de l’Etat, en amont de la parution d’un nouveau tome de ses mémoires, le petit clown Bayou à la langue fourchue a estimé sur LCI qu' »un ancien président ne devrait pas dire ça »…

Bayou au côté de DAL

Mais « on le comprend mieux quand on sait qu’il est acheté par les Russes », a accusé le complotiste vert, rappelant à plusieurs reprises des liens supposés flous entre Nicolas Sarkozy et une société d’assurance russe, Reso-Garantia, objet depuis 2021 d’une enquête du Parquet National Financier pour possibles « trafic d’influence » et « blanchiment de crime ou délit ». L’accusateur public dispose-t-il des éléments de preuves que le PNF s’acharne à rechercher depuis trois années, comme si le PNF avait été créé en 2013 pour Sarkozy?

Sarkozy, « un influenceur russe », selon l’influenceur vert ?

On reconnaît Julien Bayou (g)
et Karima Delli, en Dalton, et
futurs eurodéputés écologistes

En prenant « le contrepied de la position française sur l’annexion de la Crimée » et en « balay(ant) les crimes de guerre dont sont accusés les Russes et Vladimir Poutine », l’ex-président commet « une faute terrible », a insisté le Guignol du théâtre de marionnettes politiques qui tient pour vérités les assertions de la propagande du comique de Kiev.

Selon l’ancien agitateur de ‘Sauvons les riches’ ou de ‘Jeudi Noir’, Nicolas Sarkozy « ne doit plus être considéré comme un ancien président de la République mais comme un influenceur russe », au même titre que son ancien premier ministre François Fillon, qui a pour sa part été rémunéré par des géants russes de l’énergie.

« C’est pas n’importe qui, pas des consultants freelance », a relevé le député écologiste, évoquant également les liens entre Moscou et Marine Le Pen – qui a bénéficié d’un prêt d’une banque tchéco-russe quand les française la boycottaient – et dénonçant une « emprise des élites par la Russie, qui est un poison pour notre démocratie, » d’après l’ancien « directeur de la mobilisation » de la candidate Eva Joly à la primaire écologiste de 2011. Comme influenceur lui-même de l’ex-magistrate qui totalisera 2,31 % des voix (828 345 voix) au premier tour de la présidentielle de 2012, Bayou ne fera encore pas un exploit…

L’un de ses collaborateurs étrille Sarkozy

Les déclarations de l’ex-chef d’Etat ont aussi fait réagir son ancien collaborateur Jérôme Poirot, qui fut son conseiller à Bercy, puis adjoint de son coordonnateur du renseignement à l’Elysée et qui a fustigé des « propos honteux », toujours sur LCI.

Nicolas Sarkozy « n’a aucun recul sur ce qui s’est passé, » ni « sur ce qu’il a fait » durant son mandat, a estimé ce sous-chef de bureau, considérant que son intervention en 2008 contre les adhésions à l’OTAN de l’Ukraine et de la Géorgie n’avait pas empêché la Russie d’envahir ce pays du Caucase quelques mois plus tard.

Quand l’ancien président explique qu’il a eu raison parce qu’il « connaissai(t) les lignes rouges de Poutine’, mais on tombe de sa chaise », poursuit J. Poirot, interrogeant: « Quelles étaient les lignes rouges du président Sarkozy ? Quelle était la vision qu’il avait de la sécurité de la France ? (…) Simplement satisfaire les desiderata de Vladimir Poutine? ».

Quant à « l’argent perçu venant d’intérêts russes » – 3 millions d’euros pour son contrat avec l’assureur, mais aussi 300.000 euros pour une conférence fin 2018 – « c’est indigne d’un ancien président de la République », a jugé Poirot, ancien conseiller au cabinet de Nicole Belloubet, garde des Sceaux de François Hollande. Pour faire carrière, fidélité et convictions sont d’encombrants baluchons.

Poutine coupe le gaz à la France

La politique anti-Poutine de Macron met la pression sur les Français

La Russie réduit ses livraisons de gaz. Les flux gaziers de Russie vers l’Europe se sont effondrés de 60 %. Comme les prix des carburants, les cours du gaz bondissent. L’Allemagne ose dénoncer « une décision politique ». Après avoir coupé le robinet à de petits pays, Moscou riposte aux gros clients comme l’Allemagne, l’Italie et la France, qui se sont rendus à Kiev, affichant leur soutien à l’Ukraine. L’inquiétude des Français monte pour l’hiver prochain.

L’Europe parviendra-t-elle à remplir ses réserves souterraines de gaz pour l’hiver ? Le défi est encore plus difficile à relever désormais. La Russie a en effet drastiquement réduit ses exportations par gazoduc depuis le début de la semaine, franchissant une étape cruciale dans la guerre énergétique qui l’oppose à l’Occident.

Les marchés cèdent à la panique. Les cours européens du gaz ont dépassé 147 euros le mégawattheure jeudi après-midi, un niveau qui n’avait pas été constaté depuis début mars, peu après l’invasion de l’Ukraine. Les prix ont flambé de plus de 20 % en séance mardi, et de 60 % depuis le début de la semaine.

Le principal gazoduc

Les exportations de gaz via le pipeline Nord Stream 1, qui relie la Russie à l’Allemagne en passant sous la mer Baltique, ont chuté de 60 % depuis mardi. Or il s’agit du principal tuyau alimentant l’Union européenne, et aucune augmentation des flux n’a été constatée pour les autres gazoducs russes, qui passent par la Pologne et l’Ukraine.

Coïncidence malheureuse, l’Europe est en même temps privée d’une partie du gaz liquéfié importé des Etats-Unis. L’une des sept unités de production de GNL américaines est à l’arrêt pour au moins trois mois à la suite d’un incendie qui a endommagé les infrastructures. Les volumes en question sont beaucoup moins importants, mais cet incident ajoute à la tension.

Les Atlantistes bellicistes s’étonnent du retour du boomrang

La diplomatie russe assure que cette baisse des livraisons provient de problèmes techniques. Gazprom, qui détient le monopole des exportations de gaz vers l’Europe, invoque des difficultés avec des turbines de… l’allemand Siemens, provoquées par les sanctions occidentales : les Allemands se sont tirés une balle dans le pied., alors que Macron pense que ça fait les pieds aux Français, nouvelle preuve qu’il ne les aime toujours pas. « Aujourd’hui, il n’y a aucun moyen de résoudre » le problème, a déclaré le patron de Gazprom. « Oui, nous avons une diminution des approvisionnements vers l’Europe », mais « nous avons rempli nos obligations envers vous », a-t-il ajouté à l’adresse des Vingt-Sept.

Les Européens rejettent ces explications. Ce sont «des mensonges», a dit Mario Draghi, le premier ministre italien. « Il s’agit d’une décision politique, les raisons techniques ne sont que des prétextes », a estimé le ministre allemand de l’Economie et du Climat, Robert Habeck. « Même si les problèmes techniques étaient avérés, Gazprom pourrait très bien augmenter les flux via les autres gazoducs pour compenser, dénonce une source industrielle floutée par transparence en France. Or, ce n’est absolument pas le cas. »

Poutine rend coup pour coup

Vladimir Poutine avait jusqu’à présent coupé le gaz aux importateurs qui refusaient de payer en roubles . Il s’agissait de volumes relativement faibles car les pays concernés – Pologne, Bulgarie, Danemark, Pays-Bas et Finlande – sont de petits clients de Gazprom. C’était un signal adressé aux grands.

En réduisant massivement les flux de Nord Stream 1, Moscou fait maintenant ressentir leur dépendance aux ingérents et pourtant gros consommateurs d’Europe de l’Ouest, l’Allemagne, l’Italie et la France, bien que ces Etats aient accepté son nouveau système de paiement . « C’est une décision d’une autre nature, beaucoup plus inquiétante », se plaint la même source anonyme.

Biden ne souffre pas des représailles gazières infligées à ses féaux européens

« Nous sommes entrés dans un processus d’effondrement progressif de la relation gazière entre la Russie et l’Europe, analyse Pierre Noël, consultant spécialiste de l’énergie au Lantau Group. Gazprom sait maintenant qu’il n’y aura jamais de retour à la normale, même si la guerre cesse enfin. Leur intérêt économique est de maximiser la rente en faisant exploser les prix. »

Si on manque de vision à moyen terme, on peut tenter de rassurer les électeurs français du 19 juin et affirmer que les Vingt-Sept ne courent pas un danger immédiat. En été, la consommation de gaz est beaucoup plus faible, et les importations de gaz liquéfié permettent de faire face à court terme.

Depuis l’automne 2018 et en catimini, Macron importe du gaz de schiste américain (sous forme de gaz naturel liquéfié, appelé GNL) : l’Américain Biden a intérêt à exciter les tendances bellicistes des petits guerroyeurs européens.

Pour l’hiver prochain en revanche, l’incertitude règne. Si les flux de Nord Stream 1 ne remontent pas d’ici à la fin de l’année, 27 milliards de mètres cubes de gaz manqueront à l’appel, ont calculé les analystes d’UBS. Si l’on y ajoute l’impact de l’incendie aux Etats-Unis, l’équivalent de 27 % des capacités de stockage du Vieux Continent resterait vide à l’arrivée de la saison froide.

L’Allemagne sonne l’alarme

En Allemagne, très dépendante du gaz pour son industrie et sa production d’électricité, la réduction des livraisons de Gazprom a sonné l’alarme. « Elle peut nous mettre tous, consommateurs et industriels, dans une situation très grave », a prévenu jeudi le chef de l’Agence fédérale des réseaux, Klaus Müller. Le gouvernement vient de lancer une campagne d’économie d’énergie à destination du grand public. « Chaque kilowattheure compte. La situation est sérieuse », a dit le ministre Robert Habeck.

« Nous constatons effectivement une réduction des livraisons – et nous suivons cette situation avec attention – qui n’a pas d’impact sur l’approvisionnement de nos clients », a déclaré de son côté Engie, principal importateur de gaz russe pour la France. L’énergéticien français a perdu plus de 7 % en Bourse sur la séance de jeudi.